Recherche clinique en cancérologie : le PHRC-K
Le financement de la recherche clinique académique sur le cancer est organisé à travers un appel à projets national et annuel spécifique, géré par l’Institut et financé par la DGOS : le programme hospitalier de recherche clinique national en cancérologie (PHRC-K).
Le PHRC-K soutient aussi bien des essais cliniques de phase précoce que des essais de phase III randomisés. Il permet ainsi d'offrir au plus grand nombre de malades la possibilité d'être inclus dans un essai clinique de qualité. Des essais de recherche clinique en dépistage peuvent aussi être soutenus, ainsi que certaines études de type épidémiologique.
Depuis 2005, la majorité des projets financés comprend des recherches biomédicales thérapeutiques de type « Loi Jardé » (médicament, radiothérapie, chirurgie). Un peu plus d'un tiers d'entre eux concernent des études portant sur une thérapie médicamenteuse, illustrant le fait que le PHRC finance également les recherches non médicamenteuses, peu financées par d'autres sources que le public.
Découvrez quelques avancées récentes de la recherche financées par des PHRC-K
> Cancers ultra-rares : résultats de l’étude FIRSTMAPPP (interview du Dr Eric Baudin)
> Cancer rectal avancé : l'étude PRODIGE 23 (interview du Pr Thierry Conroy)
> Cancers du poumon : l'essai clinique LungART (interview du Dr Cécile Le Péchoux)
> Sarcomes radio-induits : l'essai clinique SARI (interview du Pr Philippe Maingon)
> Lymphomes T cutanés avancés : l'essai clinique CUTALLO (interview du Pr Adèle De Masson)
> Cancers précoces du col de l’utérus : l’étude internationale SHAPE (interview du Dr Gwenaël Ferron)
> Gliomes cérébraux en rechute : l'étude REVOLUMAB (interview du Dr Caroline Dehais)
Objectifs et orientations du PHRC-K
Le programme PHRC cancer finance des projets de recherche ayant comme objectifs :
- la mesure de l’efficacité des technologies de santé : les recherches prioritairement financées sont celles qui parviendront à des recommandations ayant un fort impact au moyen de méthodes comparatives contrôlées, randomisées ou non ;
- l’évaluation de la sécurité, de la tolérance ou de la faisabilité de l’utilisation des technologies de santé chez l’être humain.
En accord avec la Stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 et les Plans cancer précédents, les objectifs du programme PHRC cancer sont notamment les suivants :
- la réduction de la toxicité des traitements à moyen et long terme et l’évaluation de celle-ci chez les adultes, les jeunes adultes et les enfants (essais de désescalade) ;
- les domaines relatifs aux formes avancées des maladies tumorales, à l'oncogériatrie et à l'oncologie pédiatrique ;
- les projets de recherche portant sur des modifications de comportement individuel ou collectif, ou explorant des approches médicamenteuses dans la prévention des risques de cancer ;
- les projets intégrant l'évaluation de la qualité de vie des patients (pendant et/ou après la maladie) ;
- les associations médicamenteuses entre plusieurs molécules ciblées ou entre molécules ciblées et chimiothérapie et/ou radiothérapie ;
- la validité clinique de l'efficacité des technologies de santé innovantes dans les domaines thérapeutiques ou diagnostiques ;
- l’augmentation de la survie des patients ;
- l’évaluation des séquelles liées aux traitements ou à la maladie, et les moyens de les réduire ;
- les soins de support, les soins palliatifs et la fin de vie ;
- les méta-analyses abordant des questions controversées sur l'efficacité des traitements ;
- la recherche en soins primaires et en prévention (Stratégie nationale de santé).
Une forte participation des intergroupes coopérateurs est attendue, en particulier dans la proposition et la conduite d’essais cliniques visant à répondre aux grandes questions thérapeutiques : augmentation de la survie, réduction des effets indésirables, notamment tardifs, des traitements.
Le PHRC cancer en 2022
La réduction de la toxicité des traitements à moyen et long terme s'inscrit dans une démarche visant à réduire les séquelles et à améliorer la qualité de vie des patients. Cette approche est l'une des priorités clés de la Stratégie décennale de lutte contre le cancer. Les essais de désescalade thérapeutique sont particulièrement attendus et, dans le contexte de la Stratégie décennale, traités comme une priorité.
En 2021-2022, 176 lettres d'intention ont été soumises au PHRC cancer et 36 projets ont été sélectionnés pour un financement total de 26,7 millions d'euros (taux de sélection : 20 %).
Pour l'année 2022, l'analyse CSO des projets financés montre que la majorité de ces projets relèvent de la catégorie "traitements" (77,8 %), et plus particulièrement l’application clinique des traitements systémiques et localisés (respectivement 66 % et 14,3 %). Les autres catégories étudiées concernent le diagnostic précoce (8,3 %), la prise en charge des patients et la survie (13,9 %).
Source : rapport scientifique de l'INCa 2022
Chiffres clés 2022 :
> 36 projets de recherche clinique finances sur les 176 soumis pour un budget total de 26,7 M€.
> Parmi les projets finances, 7 sont des essais de désescalade thérapeutique (6,5 M€).
Suivi des projets financés depuis 2011
Depuis 2011, les projets sélectionnés au PHRC cancer obtiennent les différentes tranches de financement prévues sur la base de justificatifs de leur état d’avancement. Ce processus de financement permet de suivre l’avancée des projets financés chaque année et d’obtenir une vue générale du flux d’études cliniques du PHRC cancer.
Le financement est fractionné en cinq tranches correspondant aux cinq étapes clés du déroulement des études cliniques :
- la tranche n° 1 est versée à la sélection du projet ;
- la tranche n° 2 est demandée lorsque toutes les autorisations nécessaires ont été obtenues et que l’étude est enregistrée dans un registre de recherche clinique (ClinicalTrials, Prospero ou équivalent) ;
- la tranche n° 3 est demandée lorsque 50 % des inclusions prévues ou 50 % du recueil des données ont été atteints ;
- la tranche n° 4 peut être demandée lorsque 100 % des inclusions de patients ont été atteintes et que le suivi de l’ensemble des patients a été réalisé ;
- la tranche n° 5 peut être demandée lorsqu’un article scientifique a été soumis auprès d’une revue à comité de lecture.
Sur la période 2011-2021, 420 projets ont été suivis selon ces tranches de financement.
Répartition des projets financés en fonction de leur avancement et de l’année de sélection (A) et pourcentage du total des projets financés selon le statut de la tranche (B)
Source : rapport scientifique INCa 2021
- 32 % des projets ont demandé la tranche 2, correspondant à l’étape d’obtention des autorisations règlementaires ;
- 25 % des projets ont atteint la tranche 3, correspondant à l’étape des « 50 % d’inclusion » ;
- 7 % des projets ont soumis un article ou ont publié sur leurs critères d’évaluation principaux, ce qui correspond à 30 projets sélectionnés au cours de la période 2011 à 2016 ;
- 22 % des projets financés n’ont pas débuté leur étude clinique car ils n’ont pas encore reçu les autorisations réglementaires nécessaires ou rencontrent des obstacles (moins de ressources en personnel, désengagement d’un industriel pour la fourniture du médicament, etc.).
Cette analyse met en lumière plusieurs points d’améliorations afin de faciliter la mise en œuvre d’essais cliniques et de promouvoir l’accès à l’innovation. Les premiers défis pourraient être :
- de réduire le délai d’obtention des autorisations : l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) travaille à cette amélioration avec des procédures accélérées (« fast track ») pour commencer les inclusions ;
- de développer des études multicentriques pour réduire la durée d’inclusion des patients ;
- de solliciter les promoteurs et/ou les investigateurs de projets afin d’obtenir des informations sur les difficultés rencontrées, tout en renforçant le pilotage des essais cliniques lancés, pour une meilleure évaluation de la faisabilité à l’avenir.
Une enquête a été menée en 2021 afin d’identifier les raisons pour lesquelles les projets sont encore bloqués dans la tranche 4, à l’état de 100 % des patients inclus et avec un suivi terminé depuis plus de 2 ans sans aucune publication sur les résultats de la recherche financée. Sur la période 2011-2016, 37 projets étaient concernés et pour plus des deux tiers de ces études, les résultats avaient déjà été publiés ou étaient en cours de publication.
Un séminaire annuel de restitution pour valoriser la communication autour du PHRC-K
Un séminaire de restitution thématique est organisé chaque année dans le but de valoriser et d’améliorer la communication concernant les projets financés par le PHRC-K.
Retour d'expérience: le PHRC-K de 2007 à 2020
En 2020, 188 lettres d’intention ont été soumises au programme PHRC-K et 36 projets ont été financés à la hauteur de 21,9 millions d’euros.
L’analyse CSO (pour "Common Scientific Outline", système de classification organisé en six grands domaines d'intérêt scientifique dans la recherche sur le cancer) de ces projets montre que la majorité d’entre eux appartient à la catégorie « traitement » (69,4 %), particulièrement à l’application clinique des traitements systémiques et localisés (respectivement 42,8 % et 33,2 %). Les autres catégories étudiées concernent le « diagnostic précoce » (12,5 %) et « la prise en charge des patients et la survie » (18,1 %).
Depuis 2007, 2 915 projets ont été soumis au PHRC-K et 668 sélectionnés, pour un budget total de plus de 272 M€ (figure ci-après) :
Source : rapport scientifique de l'INCa 2020
L’analyse CSO des projets financés (figure ci-dessous) montre que la majorité d’entre eux appartient à la catégorie traitements (65,6 %) et plus particulièrement à l’application clinique des traitements systémiques et localisés (respectivement 52,7 % et 25,7 %). Les autres thèmes étudiés sont le diagnostic précoce (20 %) et la prise en charge des patients et la survie (12,6 %).
Source : rapport scientifique de l'INCa 2020
Sur la période 2007-2020, les projets financés selon la phase de développement étaient majoritairement des projets de phase II (de 23 à 52 %) et de phase III (de 39 à 58 %).
Depuis 2014, les maisons de santé et centres de santé peuvent déposer leurs propres projets de recherche.