Cancer du col de l’utérus : quels sont les effets indésirables possibles de la radiothérapie ?

En irradiant une tumeur ou la zone où elle était située (le lit tumoral), on ne peut pas éviter totalement d’irradier et donc d’altérer des cellules saines des tissus situés à proximité. C’est ce qui explique l’apparition des effets indésirables.

Ils varient selon la zone traitée, la dose de rayons délivrée, la technique utilisée, l’effet cumulé des autres traitements et votre propre sensibilité. Le traitement est soigneusement planifié et administré de façon à les réduire le plus possible. L’équipe médicale vous informe sur ceux qui peuvent se produire dans votre cas et sur les moyens d’y faire face. Un suivi régulier permet de les détecter et de réajuster le traitement si nécessaire.

L’action de la radiothérapie externe, même si elle reste ciblée, touche une région étendue. Dans le cas du cancer du col de l’utérus, c’est le pelvis et parfois la partie supérieure de l’abdomen (région lombo-aortique) qui sont irradiés. Les effets indésirables peuvent alors concerner l’ensemble des organes de cette région et leurs fonctions.

On distingue :

  • les effets indésirables immédiats, aigus ou précoces, qui se produisent pendant le traitement et les quelques semaines qui suivent. Ils sont souvent temporaires ;
  • les effets indésirables tardifs, appelés aussi complications, qui peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard. Ils peuvent être durables (on parle alors de séquelles).

Quels sont les effets indésirables immédiats, aigus ou précoces de la radiothérapie externe ?

Troubles digestifs

Les troubles digestifs sont les plus fréquents, notamment des diarrhées (définies par l’émission d’au moins trois selles liquides par jour). Les diarrhées apparaissent généralement après les deux premières semaines de traitement. Si une diarrhée survient et persiste plus d’une journée, ou si elle est accompagnée de fièvre ou de vomissements, contactez rapidement votre médecin.

D’autres troubles digestifs, comme des douleurs abdominales ou des crises hémorroïdaires, peuvent survenir.

Des nausées et des vomissements peuvent apparaître si l’irradiation a été étendue à la partie supérieure de l’abdomen. Un médicament antinauséeux vous sera prescrit dans ce cas précis, à prendre avant chaque séance de radiothérapie.

Des médicaments peuvent être prescrits pour améliorer ces différents troubles intestinaux. Cependant, une alimentation adaptée est également indispensable. N’hésitez pas à en discuter avec votre radiothérapeute. De manière générale, il est recommandé de ne pas prendre de médicaments sans avis médical.

Conseils pratiques pour limiter la diarrhée 

  • Buvez beaucoup pour éviter le risque de déshydratation, surtout si la diarrhée est importante, au moins 2 litres de liquide (eau, thé, tisane, eau de riz, bouillon de légumes, jus de carottes ou boissons gazeuses à température ambiante).
  • Privilégiez une alimentation pauvre en fibres, notamment riz, pâtes, pommes vapeur, bananes bien mûres, gelée de coings, biscottes et carottes.
  • Évitez l’alcool, le café, les fruits crus sauf les bananes, la salade, les crudités, les céréales, le pain complet et le lait.

Troubles sexuels ou urinaires

Les rapports sexuels ne sont pas contre-indiqués, vous êtes libre de choisir d’en avoir ou pas. Ils peuvent être source de douleurs ou de saignements. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en parler à votre équipe soignante. Il n’y a pas de risques particuliers pour votre partenaire.

Parfois, une irritation de la vessie (cystite) survient, entraînant une douleur, une sensation de brûlure et une envie fréquente d’uriner. Il est recommandé de boire suffisamment et de ne pas prendre de médicament contre ces troubles sans avis médical.

Troubles cutanés

Des troubles cutanés sont possibles, bien que rares, et se manifestent par la perte transitoire des poils pubiens ou par une rougeur de la peau (érythème).

Conseils pratiques pour limiter les rougeurs de la peau 

  • Utilisez un savon surgras.
  • Séchez-vous la peau sans frotter (pli interfessier).
  • Portez des sous-vêtements larges en coton et évitez le frottement au niveau de la zone irradiée.
  • Appliquez une crème hydratante entre les séances (mais jamais juste avant la séance de radiothérapie), en concertation avec l’équipe médicale.
  • Ne prenez pas de douches et de bains trop chauds.
  • Ne savonnez pas directement la zone irradiée.
  • Ne frictionnez pas la zone irradiée avec de l’eau de toilette, de l’alcool, du déodorant, du talc, de la crème.
  • Évitez de raser ou d’épiler la zone.
  • Évitez d’exposer la zone irradiée au soleil, surtout la première année qui suit la fin du traitement.

Inflammation de la muqueuse du vagin

Une inflammation de la muqueuse du vagin se produit systématiquement le plus souvent sans provoquer de symptôme. La vulve et la peau ne sont pas traitées pour la plupart des tumeurs du col utérin, vous n’aurez donc pas de symptôme à ce niveau-là. En revanche, lorsque le vagin a été irradié en totalité du fait de l’extension de la tumeur à ce niveau, des réactions cutanées au niveau de la vulve peuvent se produire en fin de traitement. Elles sont traitées par des soins locaux qui vous seront conseillés par votre oncologue radiothérapeute. Parlez-en dès l’apparition des symptômes.

Fatigue

La découverte du cancer, l’appréhension des examens et des traitements, les déplacements fréquents, l’attente lors des rendez-vous et la radiothérapie elle-même peuvent provoquer une fatigue physique ou morale. La fatigue dépend de votre tolérance à ce traitement et des autres effets indésirables. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit contrôlée le mieux possible. Des conseils adaptés à votre situation personnelle vous seront donnés. Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements.

Quels sont les effets indésirables tardifs de la radiothérapie ?

Les progrès des techniques de radiothérapie ont rendu rares les effets indésirables tardifs. Cependant, certains symptômes peuvent apparaître plusieurs mois ou plusieurs années après la fin du traitement. Il est important de les signaler à votre médecin afin que des soins adaptés puissent vous être proposés.

Troubles digestifs : diarrhée, inflammation

Le trouble digestif le plus fréquent est la persistance de diarrhées. Les diarrhées se manifestent à la suite de l’ingestion d’aliments qui contiennent des fibres ou qui ont des vertus laxatives. Elles peuvent parfois intervenir après des périodes de constipation et sont souvent accompagnées de ballonnements importants. Pour faire face à ce trouble, le régime alimentaire doit être adapté. Ce trouble digestif s’améliore souvent avec le temps.

Une inflammation du rectum, aussi appelée rectite, peut se produire et entraîner des saignements lors de l’évacuation des selles. Si les saignements sont importants au point de modifier le taux des globules et des plaquettes*, les vaisseaux sanguins impliqués peuvent être traités par laser (cautérisation).

Plus rarement, une inflammation de l’intestin grêle peut engendrer une occlusion intestinale : les selles et les gaz sont bloqués. Cette complication, extrêmement rare, nécessite le plus souvent une hospitalisation.

Troubles sexuels

La radiothérapie peut fragiliser les muqueuses de la zone pelvienne et entraîner une sécheresse vaginale et des douleurs lors des rapports sexuels. Des hydratants vaginaux, voire un traitement hormonal local à base d’œstrogènes, sont proposés pour prévenir ces troubles. L’activité sexuelle, si elle a été interrompue pendant la durée de la radiothérapie, peut reprendre après la fin du traitement quand vous le souhaitez. Des lubrifiants, à utiliser de façon systématique, sont recommandés. N’hésitez pas à poser des questions à votre médecin.

La curiethérapie a pour principal effet d’augmenter les risques de sécheresse et de cicatrisation du vagin, pouvant entraîner un rétrécissement du vagin, appelé sténose vaginale, qui s’installe en plusieurs mois. Pour éviter cet effet secondaire, vous pouvez reprendre les rapports sexuels ou réaliser une rééducation vaginale à l’aide de dilatateurs vaginaux. Parlez-en à votre curiethérapeute ou oncologue radiothérapeute, afin qu’il vous oriente sur le type de dispositif à utiliser.

Ménopause post-traitement

L’irradiation de l’utérus ou des ovaires rend impossible toute grossesse ultérieure et est responsable d’une ménopause post-thérapeutique précoce. Elle se manifeste par l’arrêt définitif des règles et par des symptômes tels que des bouffées de chaleur, une prise de poids ou des troubles du sommeil. En l’absence de contre-indications, un traitement hormonal de substitution est proposé, en fonction de votre âge, afin de soulager ces symptômes et retarder les effets à plus long terme de la ménopause précoce. Il est donc très important de parler de ce sujet avec votre équipe soignante avant de commencer un traitement, si vous envisagez d’avoir des enfants.

Troubles urinaires : cystite, incontinence, fistule

La radiothérapie peut provoquer une irritation de la vessie (cystite) qui se traduit par une douleur et/ou une envie fréquente d’uriner, parfois associée à la présence de sang dans les urines. Si les saignements sont importants au point de modifier le taux des globules et des plaquettes, les vaisseaux sanguins impliqués peuvent être traités par laser (cautérisation).

La radiothérapie peut entraîner ou aggraver une perte de contrôle des muscles qui retiennent les urines dans la vessie. Cette incontinence urinaire est traitée par des séances de kinésithérapie et par des médicaments antispasmodiques urinaires qui permettent de contrôler la contraction des muscles de la vessie.

Il arrive qu’une fistule, c’est-à-dire une ouverture anormale, se crée entre le rectum et le vagin ou entre la vessie et le vagin. C’est une complication rare, mais grave. Le traitement des fistules dépend de leur étendue. Elles nécessitent généralement une intervention chirurgicale.