Vie professionnelle et cancers

Retrouver les interventions d’Anne-Sophie Tuszynski, membre du Comité des usagers et des professionnels (COMUP) de l’Institut national du cancer, Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT chargé des questions de santé au travail, Jean-Michel Monnot, vice-président de la Commission Richesse des diversités au MEDEF et Jean-Denis Combrexelle, directeur général du travail au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Anne Burstin (Institut national du cancer)

C’est aussi aux soignants d’aider leurs patients à revenir à la vie professionnelle. Le monde de l’entreprise et les partenaires sociaux sont également concernés par le cancer.

Anne-Sophie Tuszynski (membre du COMUP de l’Institut national du cancer)

Atteinte d’un cancer en 2011, j’ai mis à profit mes 20 ans d’expérience RH en entreprise pour fonder Cancer@work, dont l’objectif est le maintien dans l’emploi des personnes atteintes d’un cancer. Le président de cette association est le patron d’Altran. Chaque jour, mille personnes apprennent qu’elles ont un cancer et 400 d’entre elles sont en activité. Avec l’allongement de la durée de vie et du temps travaillé, nous sommes appelés à être de plus en plus confrontés au cancer en milieu professionnel. Nous avons créé un programme pionnier visant à sortir d’une gestion de ces personnes au cas par cas, en mobilisant l’ensemble des parties prenantes : la personne malade, ses collègues, son équipe, ses supérieurs. Nous avons aussi à cœur de soutenir et d’accompagner les jeunes malades et de leur offrir un avenir, y compris professionnel. Nous nous intéressons enfin aux personnes qui ne pourront plus travailler après leur cancer, ou qui étaient au chômage, en profession libérale, agriculteurs, intermittents, au moment du diagnostic, et qui sont encore plus vulnérables. L’enjeu du nouveau Plan cancer sera de travailler ensemble sur ce thème très rassembleur. Pour mieux le cerner, Cancer@work va lancer des Etats généraux sur les cancers et le travail.

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Hervé Garnier (CFDT)

Aujourd’hui, la dégradation de la santé inhérente aux conditions de travail n’est plus perçue comme une fatalité. L’exposition à des substances cancérigènes, notamment, est mieux reconnue. Selon la dernière enquête SUMER, 10 % des salariés restent fortement exposés : on constate une stagnation de la politique de prévention, avec un manque d’information sur les cancers professionnels. Depuis 2005, la fourchette de chiffrage retenue est de 5 600 à 11 000 cas par an. Les entreprises sont réticentes à évaluer un risque parfois difficile à estimer, faute de données scientifiques. S’y ajoute une inégalité sociale : les petites sociétés, sans CHSCT et payant parfois leurs employés au noir, sont très exposées à des risques que les grandes entreprises ne prennent plus. Il faut favoriser la participation active et éclairée des salariés à leur santé en entreprise, mieux reconnaître les cancers d’origine professionnelle et travailler sur la discrimination et le maintien dans l’emploi des personnes atteintes. La CFDT ne désespère pas d’être un jour entendue sur ces grands chantiers. La question de la santé au travail doit devenir « une priorité prioritaire ». Nous espérons beaucoup du nouveau Plan cancer, dont c’est l’un des objectifs.

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Jean-Michel Monnot (MEDEF)

Quand une personne franchit la porte de son entreprise, elle vient avec tout ce qu’elle est, y compris avec son état de santé, ce qui représente un risque potentiel d’inégalité. Partant du constat qu’un salarié heureux contribue mieux à la santé de sa société, je prône une culture « inclusive », avec un environnement qui prenne en compte le caractère unique de chaque personne et réponde à ses attentes, pour développer sa confiance et lui permettre de poser des mots sur ses maux. Il peut s’agir d’un cancer ou d’un handicap « invisible », comme la surdité. Pour aider les salariés dans leur choix de partager, ou de garder pour eux, des informations concernant leur santé, il faut des managers bienveillants, soutenus par un engagement fort de la direction. Une personne atteinte d’un cancer doit pouvoir être entendue et bénéficier d’un accompagnement personnalisé ; ses collègues également. En effet, le cancer touche tout le monde : nous sommes tous légitimes pour en parler, pour agir et pour préserver le capital humain au sein des entreprises.

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Jean-Denis Combrexelle (ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social)

Le nouveau Plan cancer veut s’attaquer aux inégalités sociales et promouvoir la place centrale de la prévention et l’implication des parties prenantes. La question du cancer en milieu professionnel est précisément un point sur lequel ces enjeux doivent aboutir concrètement. Le travail ne devrait être ni une cause de cancer, ni un endroit discriminant parce qu’on a un cancer. Beaucoup a déjà été fait mais il reste du chemin, notamment sur l’accompagnement professionnel des malades. Nous avons une marge de manœuvre conséquente, avec les lois-cadre et les accords collectifs, l’histoire et les pratiques de l’entreprise, pour apporter une réponse individuelle et adaptée à chacun. Utilisons le monde de l’entreprise pour mener des actions fortes contre les cancers. En prévention, faisons passer les exigences de santé sur les produits cancérigènes dans les PME et menons des actions ciblées sur certains publics : jeunes, personnes précaires, femmes enceintes. Sensibilisons aussi les entreprises au maintien ou au retour à l’emploi des personnes atteintes d’un cancer, et améliorons leur parcours de manière à ce que les ruptures de carrière ne soient plus imputables à la maladie.

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Dossier participant : rencontres annuelles 2014 - PDF 638,17 ko