Évaluation des investissements de la recherche en cancérologie
L'évaluation des politiques publiques permet de mesurer l'efficacité des actions de l'État, d'aider à la prise de décision et d'informer la population. Face à la pression sur les budgets publics, les financeurs doivent prouver que leurs investissements sont utiles. Les agences de financement sont ainsi incités à analyser l'impact de leurs actions.
L'Institut national du cancer s'engage dans cette démarche en évaluant les impacts de ses financements de recherche. Cette évaluation régulière des investissements vise à maximiser leurs bénéfices pour la société, comme une meilleure espérance de vie.
En collaboration avec d’autres institutions nationales, l'INCa utilise des méthodes variées pour évaluer la pertinence et l'efficacité de ses projets. Cette approche collective permet de partager les meilleures pratiques et de renforcer l'impact des recherches.
Elle permet aussi à la France de rester parmi les premiers pays en termes de publications et de brevets en cancérologie, malgré une forte concurrence internationale, selon une étude INCa-OST de l’HCERES visant à analyser les tendances mondiales de la recherche sur le cancer entre 2000 et 2020.
Pourquoi doit-on évaluer les investissements en recherche ?
La capacité d’un pays à mener des activités de recherche et de développement technologique de pointe repose à la fois sur les chercheurs, les idées novatrices, les collaborations, les structurations et les outils nécessaires. Grâce à ces investissements, la recherche génère notamment des bénéfices pour la population (retombées socio-économiques, amélioration de l’espérance de vie...).
L’évaluation des politiques publiques est indispensable pour examiner le degré de réussite des politiques mises en place par l’État, dans le but notamment d’apporter des connaissances pour aider à la prise de décision, rendre compte aux parties prenantes et à la population générale, éclairer le débat public... L’évaluation des politiques scientifiques (programme, dispositif...) n’échappe pas à cette réflexion. C’est d’ailleurs un besoin exprimé par les décideurs, aussi bien au niveau national qu’international, car la pression croissante sur les budgets publics conduit les financeurs de la recherche à démontrer leur utilité sociale (c’est-à-dire que la recherche apporte effectivement des avantages à ces bénéficiaires).
C’est dans ce contexte que les agences de financement ou les organismes caritatifs sont incités à produire des analyses permettant d’apprécier de façon quantitative ou qualitative les impacts de leurs actions (pertinence, efficacité...).
Groupe de travail institutionnel coordonné par l’INCa sur l’évaluation de l’impact
L’Institut avait entamé une réflexion sur la définition et les modalités d’évaluation de l’impact des actions de recherche soutenues financièrement dès le Plan cancer 2014-2019. L’INCa devait en effet adapter ses modes de financement aux défis de la cancérologie, plus précisément en maintenant un haut niveau d’exigence dans les choix de financement de la recherche, en promouvant notamment une recherche d’excellence et en renforçant le suivi et l’évaluation des projets financés via des outils partagés.
Pour répondre à ces ambitions, l’Institut a mis en place un groupe de travail avec plusieurs partenaires institutionnels, associatifs et caritatifs impliqués dans la mise en place de projets de recherche biomédicale, afin d’échanger sur les différentes méthodes et les outils mis en œuvre pour l’évaluation de l’impact des actions de recherche.
Un grand nombre d’institutions partenaires se sont engagées avec nous pour lancer cette réflexion nationale : l’Agence nationale de la recherche (ANR), l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales devenue ANRS-MIE, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES), la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, la Fondation de France, la Fondation pour la recherche médicale (FRM), I’Institut national de la santé et de la recherche médicale/Aviesan-ITMO Cancer, la Ligue contre le cancer, l’Institut Pasteur... Depuis 2017, nous travaillons de manière concertée, en partageant nos expériences et la mise en commun des problématiques et des méthodologies, au-delà du seul domaine de la cancérologie.
L’évaluation des travaux scientifiques et leur résultat constituent un enjeu majeur. La bibliométrie est l’une des méthodes établissant des points de repère de productivité scientifique. C’est également un outil d’appui aux politiques publiques permettant notamment des comparaisons internationales.
Analyse des publications et des brevets sur le cancer dans le monde et en France (2003-2020)
D’après le dernier rapport sur l’état de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en France, pour la période 2019‑2022, la France est le 9e pays participant le plus à des publications scientifiques, loin derrière les États-Unis et de la Chine qui comptent plus de 6 fois plus de publications scientifiques, mais également de l’Allemagne, du Royaume-Uni, et aussi de l’Inde, qui émerge comme puissance scientifique (entre 1,5 et 2 fois plus de publications scientifiques).
En 2017, l’Institut national du cancer a pu disposer de données spécifiques sur la recherche française en cancérologie (publications et brevets) pour la période 2003-2015. Cette étude avait notamment permis de montrer que, malgré une concurrence accrue ces dernières années, la France était toujours l’un des pays les plus compétitifs dans le domaine de la recherche en cancérologie, la mise en œuvre des Plans cancer ayant sans aucun doute participé à cette dynamique. En effet, la visibilité internationale de la cancérologie française semblait s’être affirmée depuis le lancement du premier Plan cancer.
Une nouvelle étude menée en 2023 en collaboration avec l’OST et un groupe d’experts (Pr Isabelle Boutron ; Sophie Gourgou ; Pr Marie Préau ; Claude Sardet et Pr Virginie Westeel) a permis de disposer d’une mise à jour quinquennale des données sur les publications et les brevets pour la période 2000-2020. Une partie de ces résultats a été mise en avant au sein du rapport annuel sur l’état de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France (2024). Afin de compléter ces résultats, l’Institut publie l’ensemble de l’étude.
Étude concernant la cancérologie pédiatrique française (2008-2018)
L’Institut organise chaque année, en moyenne, une vingtaine d’appels à projets compétitifs, menés dans tous les champs de la recherche (recherche clinique, biologie, sciences humaines et sociales, épidémiologie, etc.), ainsi que de l’organisation des soins et de la santé publique. Il assure également le suivi scientifique des projets ainsi sélectionnés et financés.
Afin de fournir des informations de qualité́ et d'assurer un accès égal aux connaissances à l’ensemble des parties prenantes, de diffuser les données de recherche issue de programmes financés par appels à projets sur fonds publics et d’améliorer l’impact de la recherche au bénéfice de tous les patients, l’INCa a commandé une étude permettant :
- d’analyser le portfolio de projets de recherche en cancérologie pédiatrique française financés par l’INCa sur la période 2008-2018, les thèmes financés et la contribution de la France à cette thématique ;
- de décrire la communauté scientifique française en cancérologie pédiatrique (forces en présence, collaborations internationales, etc.) ;
- de comparer les publications et les données de financement au niveau national et international.
Cette étude menée par la société Technopolis, en collaboration avec l’équipe néerlandaise du CWTS, a permis trois types d’analyses :
- une analyse scientométrique des bases de données internationales recensant les publications et les brevets ;
- des entretiens ciblés ;
- une enquête auprès des bénéficiaires d’un financement de l'Institut.
Cette étude a permis de confirmer que l’Institut est le principal financeur français en cancérologie pédiatrique. Bien que modeste en volume, la recherche financée par l’INCa est spécialisée et visible au niveau international. Il s’agissait de la première étude menée à partir de notre portefeuille de projets en cancérologie pédiatrique, et ces résultats sont un premier aperçu avant l’obtention de la subvention complémentaire de 5 millions d’euros consentie en 2019.
Ces travaux seront mis à jour tous les 5 ans afin d’observer les effets (éventuels) des dotations supplémentaires accordées à l’Institut pour soutenir la recherche en oncologie pédiatrique.
Évaluation du plan cancer 2014-2019 : des enseignements pour la Stratégie 2021-2030
L’évaluation conjointe IGAS/IGESR du Plan cancer 2014-2019 s’est inscrite dans une logique évaluative globale de l’impact des actions menées sur les cinq années de ce plan. Le rapport complet et sa synthèse ont été rendus publics en juillet 2020. Les préconisations de ce rapport ont nourri la rédaction de la stratégie décennale de lutte contre les cancers. Cette stratégie décennale fera également d’une évaluation à mi-parcours, en 2025.
Cette évaluation a inscrit dans les avancées majeures notre action en faveur de l’évaluation d’impact et de la science ouverte : en effet, en lien avec le Plan national pour la science ouverte, l’INCa demande aux bénéficiaires de subventions allouées à un projet de recherche l’élaboration d’un plan de gestion des données pour les projets financés au 1er janvier 2021, conformément à son règlement des subventions N°2020-01 (article 6.3).