Cancers de la sphère ORL (voies aérodigestives supérieures) : les médicaments anticancéreux (chimiothérapie et thérapies ciblées)
Plusieurs types de traitements reposant sur l’administration de médicaments sont utilisés pour traiter les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), et plus particulièrement les cancers de la bouche, du larynx, de l’oropharynx et de l’hypopharynx :
- des molécules de chimiothérapie classique (parfois aussi appelés chimio) ;
- une thérapie ciblée.
Ils sont regroupés sous le terme de traitements médicamenteux.
Ce sont des traitements généraux, dits aussi traitements systémiques, car ils agissent dans l’ensemble du corps.
Cela permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation : même si elles sont isolées et n’ont pas été détectées lors du diagnostic.
Tabac et alcool
L’arrêt du tabac et/ou de l’alcool est primordial pour limiter le risque de complications pendant et après les traitements. Il existe de nombreux recours pour vous aider. Parlez-en avec l’équipe qui vous suit.
Des associations de patients peuvent vous accompagner à tout moment de votre parcours de soins en vous apportant informations, écoute, partage d’expérience. N’hésitez pas à les contacter. Pour les retrouver, rendez-vous sur la carte interactive des associations.
Vous pouvez également bénéficier d’une aide à distance.
Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?
Quelle différence entre chimiothérapie classique et thérapies ciblées ?
La chimiothérapie classique et les thérapies ciblées n’ont pas le même mode d’action :
- les médicaments de chimiothérapie classique agissent sur les mécanismes de la division cellulaire. Ils détruisent les cellules cancéreuses ou ralentissent leur croissance ;
- les thérapies ciblées bloquent la croissance ou la propagation (l’augmentation du nombre) des cellules cancéreuses. Elles agissent en se servant des anomalies dans l’ADN des cellules cancéreuses (altérations moléculaires). Ces thérapies peuvent aussi parasiter les mécanismes à l’origine du développement et de la dissémination des cellules cancéreuses.
Pour en savoir plus sur les modes d’action des thérapies ciblées, consultez la page dédiée dans le dossier Se faire soigner.
Avant de démarrer le protocole de traitement, votre médecin vous explique :
- le principe ;
- les objectifs ;
- les effets indésirables possibles dans votre situation.
Il vous indique aussi les solutions qui permettent d’ anticiper ces effets indésirables ou de les limiter.
Il réalise également un bilan préthérapeutique.
N’hésitez pas à lui soumettre toutes les questions que vous vous posez au sujet de ce traitement.
Précautions si vous avez besoin de recevoir d’autres traitements médicamenteux
Vous devez informer tous les professionnels de santé qui vous suivent du traitement que vous recevez pour les cancers des VADS. Cela leur permettra d’évaluer le risque d’interaction avec d’autres traitements pour une autre maladie.
Dans quels cas un traitement médicamenteux est-il indiqué ?
Utilisation de la chimiothérapie ou thérapie ciblée associée ou avant un autre traitement
Dans les traitements des cancers de la sphère ORL, les médicaments anticancéreux sont utilisés :
- en association à une radiothérapie. On parle de radiochimiothérapie concomitante, ou en concomitance. Elle vise à augmenter les effets de la radiothérapie utilisée en traitement principal ou après une chirurgie ;
- seuls avant une chirurgie ou une radiothérapie. On parle de chimiothérapie néo-adjuvante. Plusieurs molécules sont alors administrées ensemble (polychimiothérapie). Cette chimiothérapie a, par exemple, pour but de réduire la taille de la tumeur afin de pouvoir pratiquer une chirurgie moins mutilante.
L’administration d’un traitement médicamenteux pour limiter la propagation de la maladie
Des traitements médicamenteux (une ou plusieurs molécules) peuvent également être proposés pour contenir la maladie. Ils visent alors à améliorer la qualité de vie des patients dans les cas l’extension de la tumeur est trop importante. Ils peuvent être aussi utilisés pour des patients qui présentent des contre-indications aux autres traitements.
Quels sont les médicaments utilisés ?
Les médicaments de chimiothérapie les plus fréquemment utilisés sont :
- les sels de platine (notamment le cisplatine) ;
- le 5-FU (fluoro-uracile) ;
- le docétaxel.
Toxicité rare due au 5-FU
Il existe des toxicités rares et précoces, survenant généralement au cours des deux premiers cycles de chimiothérapie à base de 5-FU, qui peuvent être dues à un déficit (manque) en une enzyme, la dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), intervenant dans l’élimination du 5-FU de l’organisme. Une recherche de ce déficit vous sera proposée avant le lancement d’un traitement comportant du 5-FU.
Le cétuximab peut également être prescrit. Il s’agit d’un anticorps monoclonal appartenant à la famille des thérapies ciblées.
Qu’est-ce qu’un anticorps monoclonal ?
Les anticorps sont des protéines fabriquées par le système de défense de l’organisme (système immunitaire).
Leur rôle est de repérer et de neutraliser certaines substances étrangères comme les virus, les bactéries ainsi que les cellules anormales ou cancéreuses. Pour les neutraliser, l’anticorps se fixe sur une molécule, l’antigène présent sur la surface de la substance étrangère ou de la cellule anormale ou cancéreuse, et permet son élimination par le système immunitaire.
Les anticorps monoclonaux sont des anticorps produits en laboratoire, à partir d’un clone de cellule (plusieurs cellules identiques, d’où le terme monoclonal). Grâce à la recherche médicale, des anticorps monoclonaux « anticancer » ont pu être fabriqués. Ces anticorps ont la capacité de repérer et de bloquer certains mécanismes spécifiques de croissance des cellules cancéreuses ou de récupérer la cellule cancéreuse elle-même pour qu’elle soit détruite.
Pour en savoir plus sur ces médicaments et leurs effets indésirables, vous pouvez consulter la base de données publique des médicaments www.base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr du ministère chargé de la santé.
Les médicaments employés, les doses administrées, ainsi que le rythme des cures (ou la durée du traitement pour une thérapie ciblée) varient d’une personne à l’autre.
Comment se déroule le traitement médicamenteux en pratique ?
Le déroulement du traitement est planifié par l’équipe médicale en fonction de votre situation. Le plan de traitement est déterminé au cas par cas, en fonction des caractéristiques du cancer, de votre état de santé général, des effets indésirables connus et de la tolérance au traitement.
Le médecin qui vous suit vous remet un calendrier qui détermine le lieu et les jours de traitement, ainsi que les noms des médicaments utilisés.
Combien de temps dure une chimiothérapie ou une thérapie ciblée ?
La durée totale du traitement est variable. On parle de cure pour désigner les séances de traitement. Ainsi, le traitement se déroule par cures successives. Chaque cure est suivie d’une période sans traitement (intercure).
Avant chaque cure, un examen clinique et des examens de sang sont effectués pour vérifier que votre état de santé permet de poursuivre le traitement. En cas d’anomalie (baisse importante du taux de globules blancs par exemple), le traitement peut être repoussé ou modifié.
L’administration du traitement de chimiothérapie par perfusion
Administrer les traitements médicamenteux dans des petites veines comme celles du bras peut être difficile. Elles sont fragiles. Les injections répétées deviennent vite douloureuses. Aussi, avant de commencer le traitement intraveineux, la pose d’une chambre implantable percutanée (CIP) peut être nécessaire (voir schéma ci-dessous).
La chambre implantable percutanée
Ce dispositif est composé d’un petit boîtier, la chambre implantable, et d’un tuyau souple et fin, le cathéter. Il est entièrement placé sous la peau, au cours d’une courte intervention chirurgicale et sous anesthésie locale. Si une chirurgie est prévue avant la chimiothérapie, le chirurgien peut en profiter pour installer le dispositif pendant l’intervention, sous anesthésie générale. Le boîtier est placé en haut du thorax et relié au cathéter, lui-même placé dans une veine. Après l’intervention, une radiographie du thorax est réalisée pour vérifier que le dispositif est placé correctement.
Dans le cas d’une chambre implantable, les médicaments sont injectés à chaque perfusion, directement dans le boîtier, à travers la peau.
Ce système limite les douleurs liées aux piqûres répétées car celles-ci sont beaucoup moins profondes.
Un inconfort lié à la chambre implantable
Il reste en place pendant toute la durée du traitement. Vous pouvez avoir une activité physique normale, vous baigner, voyager, etc.
Le plus souvent, le cathéter et la chambre implantable sont bien supportés. Une gêne peut néanmoins être ressentie en voiture à cause de la ceinture de sécurité, cependant son port reste obligatoire.
Il existe aussi un faible risque de thrombose, d’infection du cathéter ou encore de migration du boîtier qui peut se déplacer légèrement. Ces phénomènes sont surveillés par l’équipe médicale.
Lorsque le dispositif n’est plus utile, il est enlevé lors d’une courte intervention chirurgicale sous anesthésie locale.
D’autres dispositifs pour faciliter les perfusions ?
D’autres dispositifs sont employés, notamment le cathéter veineux central inséré par voie périphérique. Il est posé dans une veine périphérique profonde du bras. Son extrémité est placée au niveau de la terminaison de la veine cave supérieure.
Pour en savoir plus sur le cathéter et la chambre implantable, vous pouvez consulter le guide Comprendre la chimiothérapie.
Où se déroule le traitement ?
La chimiothérapie se déroule généralement dans un établissement de santé (à l’hôpital ou à la clinique).
Lorsque le protocole le permet, le traitement est réalisé en ambulatoire, c’est-à-dire que vous rentrez chez vous le soir même. On parle aussi d’hospitalisation de jour.
Dans certains cas, une partie de la chimiothérapie peut se terminer à domicile (c’est le cas avec les protocoles comportant du 5-FU). Une infirmière vient retirer le dispositif à la fin du traitement.
Lorsque le protocole comprend notamment du cisplatine (sels de platine), une hospitalisation d’un ou deux jours pour chaque cure de chimiothérapie peut être nécessaire.
Quels sont les effets indésirables possibles ?
Les effets indésirables des traitements médicamenteux varient selon les médicaments utilisés, les dosages et les personnes.
Peut-on limiter les effets indésirables des chimiothérapies ?
Certains effets indésirables peuvent être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques.
S’ils deviennent trop importants ou si vous ne supportez pas l’un des médicaments utilisés, le traitement peut être modifié ou interrompu pour permettre à votre organisme de récupérer.
Il est important de signaler tout symptôme inhabituel au cours d’un traitement afin que le médecin puisse prendre les mesures adéquates.
Signaler les effets indésirables inattendus
Afin de garantir une amélioration continue de la sécurité des traitements pour les patients, il vous est possible de signaler les effets indésirables susceptibles d’être dus à un médicament, directement au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) dont vous dépendez.
Cette démarche concerne uniquement les effets indésirables inattendus, c’est-à-dire dont la nature, la sévérité ou l’évolution ne correspondent pas aux informations réglementaires du médicament. Elle n’a pas pour objectif une gestion individuelle de vos effets indésirables.
La procédure ainsi que les formulaires de déclaration sont disponibles sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) : http://ansm.sante.fr
Quels sont les effets indésirables les plus fréquents ?
Les effets indésirables les plus fréquents des médicaments utilisés pour traiter les cancers des voies aérodigestives supérieures sont présentés ci-dessous.
Cette liste n’est pas exhaustive (pour plus de détails, vous pouvez consulter la notice du médicament qui vous a été prescrit).
En fonction de votre traitement, votre médecin vous indique de façon précise les effets indésirables qui peuvent vous concerner. Il vous informe sur les moyens d’y faire face.
Les effets indésirables ne sont pas le signe d’un manque d’efficacité du traitement
La présence ou l’absence d’effets indésirables n’est pas liée à l’efficacité de la chimiothérapie. Ne ressentir aucun effet indésirable ne signifie pas que le traitement est inefficace sur vous.
Inversement, ressentir de nombreux effets indésirables ne signifie pas qu’il est particulièrement actif.
Les nausées et vomissements
Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements. Un traitement anti-nauséeux vous sera proposé.
Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l’entrée dans le lieu de soin (l’hôpital ou la clinique), avant le début de la perfusion.
Ces nausées sont liées à l’anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.
Il arrive que pendant la chimiothérapie, des personnes ressentent un mauvais goût dans la bouche ou soient particulièrement sensibles aux odeurs. Cela entraîne parfois l’apparition de nausées. Diverses alternatives sont alors proposées :
- sucer des bonbons mentholés diminue le goût désagréable ;
- pratiquer des exercices de relaxation avant et pendant la perfusion de chimiothérapie. Sollicitez des conseils à ce sujet auprès des soignants ;
- regarder la télévision, écouter la radio ou de la musique, jouer à des jeux de société, lire, discuter, etc. pendant la perfusion. Ces activités contribuent parfois à diminuer la sensation de nausées.
Comment réduire les nausées et vomissements ?
Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger.
Un traitement est le plus souvent prescrit avant, pendant et après la chimiothérapie pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s’agit de médicaments appelés antiémétiques.
Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.
À faire | À éviter |
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Privilégier les aliments froids ou tièdes, qui sont moins odorants que les aliments chauds | Consommer des aliments lourds, difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés |
Privilégier plusieurs petits repas plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer | Boire pendant les repas |
Boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées | Boire de l’alcool |
Manger lentement en mastiquant bien afin de faciliter la digestion | Fumer |
Manger légèrement avant et après le traitement |
Les diarrhées
Un risque de diarrhées est possible pendant la chimiothérapie. Un traitement dit antidiarrhéique peut vous être prescrit afin de les limiter.
Conseils pratiques pour limiter les diarrhées
Privilégier une alimentation pauvre en fibres, à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.
En cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre, des douleurs abdominales, des vomissements ou à du sang dans les selles, en particulier dans la semaine suivant la dernière administration de votre traitement médicamenteux, contactez en urgence votre médecin.
La baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes
Les médicaments utilisés dans le traitement des cancers des VADS ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse.
Ils peuvent entraîner :
- une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
En cas de fièvre ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), contactez immédiatement votre médecin.
- une diminution du nombre des globules rouges et de la quantité d’hémoglobine (nécessaire au transport de l’oxygène). Elle provoque, lorsqu’elle est importante, une anémie. Les principaux signes de l’anémie : une pâleur, un essoufflement, une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos ;
- une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie). Les plaquettes participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’ecchymoses et de saignements.
Avant chaque cure, des prises de sang permettent de vérifier le nombre de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, le traitement peut être remis à plus tard.
Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance (qui régulent la fabrication de certaines cellules) lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante.
Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être faite.
Surveillez votre température
La « neutropénie fébrile » est une des complications possibles chez les patients traités par chimiothérapie. Elle est le signe de la diminution du taux de polynucléaire neutrophile (PNN), une cellule impliquée dans les premiers temps de la réponse immunitaire.
Cette cellule intervient dans la destruction des agents pathogènes, susceptibles de causer une maladie. La diminution de leur taux, appelée neutropénie, expose donc aux infections.
Le caractère fébrile de la neutropénie est défini par une température supérieure ou égale à 38,5°C.
En cas de température supérieure ou égale à 38,5°C ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), contactez immédiatement votre médecin.
Les lésions de la bouche
Certains médicaments de chimiothérapie classique (5-FU par exemple) et le cétuximab (thérapie ciblée) peuvent entraîner des lésions, des blessures, à l’intérieur de la bouche. Elles peuvent aussi apparaître le long du tube digestif (avec des aphtes, des rougeurs, des douleurs). On parle de mucite (inflammation d’une muqueuse) ou encore de stomatite (mucite de la bouche).
À faire | À éviter |
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Faire des bains de bouche prescrits par le médecin, après chaque repas | Les aliments qui favorisent l’apparition d’aphtes, comme les noix, le gruyère ou l’ananas |
Se brosser les dents 2 fois par jour avec une brosse à dents souple | Les bains de bouche à base d’alcool : ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure |
Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l’eau et des sorbets, des bonbons à la menthe | Le tabac et l’alcool, surtout dans les semaines qui suivent le traitement |
Boire beaucoup (eau minérale, thé, tisane) | Les aliments trop épicés ou acides (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs, croquants ou durs |
Privilégier les aliments sans acidité, mous voire mixés | |
Se graisser les lèvres en appliquant un lubrifiant gras (vaseline, beurre de cacao) | |
Porter les gouttières de fluoration en cas de radiothérapie concomitante à la chimiothérapie |
Dès que vous constatez des aphtes ou des douleurs, prévenez votre médecin afin de recevoir un traitement antidouleur adapté.
Les sensations d’engourdissement ou de fourmillement
Certains médicaments de chimiothérapie classique comme le cisplatine (sels de platine) ont des effets toxiques sur les nerfs.
Ils peuvent entraîner des troubles de la sensibilité, appelés paresthésies, qui se manifestent par des sensations d’engourdissement, de fourmillements ou de picotements. Ces sensations peuvent être douloureuses et handicapantes.
Les effets toxiques peuvent également se manifester par des troubles de la coordination ou une perte de force dans les muscles. Ces symptômes sont nommés troubles neuropathiques périphériques.
Si ces symptômes persistent entre deux cures de chimiothérapie ou s’ils entraînent une gêne fonctionnelle (difficulté à saisir un objet ou difficulté à marcher, par exemple), votre médecin peut décider de modifier ou suspendre votre traitement.
La perte d’appétit
Parfois, les traitements médicamenteux entraînent une perte de l’appétit. Vous pouvez aussi connaître une modification de la perception du goût, notamment au cours de traitement par docétaxel.
Si la perte d’appétit se prolonge, elle peut entraîner un amaigrissement et à terme une situation de dénutrition. La dénutrition a de nombreuses conséquences, comme une fonte des muscles ou une fatigue importante. Elle peut également empêcher le bon déroulement de votre traitement, c’est pourquoi il faut la limiter le plus précocement possible.
La chute des cheveux et le système pileux
La chute des cheveux, appelée alopécie, peut être difficile à vivre car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est souvent progressive et habituellement temporaire. Elle commence en général 2 à 3 semaines après la première perfusion. Les cheveux commencent à repousser environ 6 à 8 semaines après la fin du traitement. Les cils, les sourcils et les poils pubiens peuvent aussi tomber provisoirement.
Que faire pour réduire la chute des cheveux ?
Des casques réfrigérants visant à limiter la chute des cheveux peuvent vous être proposés dans certains centres et hôpitaux. Ils sont à porter pendant les séances. Le casque est parfois mal supporté par le patient, provoquant sensation de froid intense, maux de tête, douleurs oculaires ou cervicales.
Pour en savoir plus sur la chute des cheveux et les conseils pratiques pour lutter contre ce phénomène, vous pouvez consulter le dossier Prendre soin des cheveux et de la peau.
La fragilisation et affections des ongles
Avec le docétaxel, les ongles peuvent devenir cassants, striés et ondulés et finir, plus rarement, par tomber.
Il est conseillé de porter des chaussures confortables et des gants de protection pour le jardinage et les travaux ménagers, de se couper les ongles courts, afin d’éviter qu’ils se fissurent ou se soulèvent.
Certains centres mettent parfois à disposition des patients, lors de l’administration du traitement, des gants ou des chaussons réfrigérants, ou proposent des bains des orteils dans de l’eau froide. Ces mesures ont pour effet de réduire l’afflux sanguin dans les extrémités et donc la quantité de produit de chimiothérapie qui affecte les cellules des ongles. Cela aide parfois à limiter la fragilisation des ongles.
Certaines équipes conseillent par ailleurs d’utiliser un vernis au silicium pour protéger les ongles tout au long de la période des traitements. Vous pouvez solliciter votre équipe soignante à ce sujet pour en savoir plus et demander si une socio-esthéticienne est disponible dans l’établissement où vous êtes suivi.
L’inflammation de la peau
Avec le cétuximab, une inflammation de la peau autour de l'ongle (paronychie ou périonyxis) peut également survenir. Elle peut être douloureuse et récurrente.
Se ronger les ongles ou s’arracher la peau qui les entoure sont des facteurs aggravants de cette affection.
Pour limiter le risque d’apparition de cette inflammation, il est conseillé de garder les mains hors de l’eau et au sec, d’éviter tout traumatisme sur les ongles (notamment lors des manucures ou pédicures personnelles) et d’effectuer une coupe courte et droite des ongles mais jamais à ras.
Pour obtenir plus de conseils pour prendre soin de la peau et de ses ongles, vous pouvez consulter le dossier Prendre soin des cheveux et de la peau.
Les troubles cutanés et le syndrome main-pied
Certains médicaments de chimiothérapie classique (5-FU, docétaxel) et le cétuximab (thérapie ciblée) peuvent entraîner des troubles au niveau de la peau : rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillements ainsi que des éruptions cutanées aussi appelées rash cutanés.
Parmi ces troubles, le syndrome main-pied se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Il se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques.
À faire | À éviter |
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Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras) | Exposer ses mains et ses pieds à la chaleur (soleil, bains chauds) |
Faire une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne) | Pratiquer des activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…) |
Porter des vêtements amples et des chaussures souples | Les pansements adhésifs ou les bandages serrés |
Marcher de manière prolongée ou courir |
Si votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent.
Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux administrés par une manucure et/ou un pédicure-podologue peuvent les soulager.
La fatigue
La fatigue peut être causée par la maladie elle-même, par l’appréhension des examens ou encore par les déplacements quotidiens.
Mais la fatigue peut être liée à la chimiothérapie. Elle dépend de votre tolérance à ce traitement, du nombre de cures et des effets indésirables. En effet, une anémie, une perte d’appétit, une dénutrition, des nausées et des vomissements, une fièvre ou encore des douleurs peuvent contribuer à cette fatigue.
Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit contrôlée le mieux possible.
Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements. Parlez-en avec votre équipe soignante.
Les troubles rénaux
Certaines molécules, notamment les sels de platine, peuvent avoir une incidence sur la fonction rénale. Afin de diminuer la toxicité de ces médicaments au niveau des reins, une hyperhydratation avant et pendant la chimiothérapie est parfois proposée.
L’hyperhydratation consiste à perfuser au patient du liquide physiologique en quantité abondante et à lui faire boire beaucoup d’eau. Ceci permet de diluer le médicament dans l’eau, ce qui diminue sa toxicité, mais pas son efficacité.
Cette technique nécessite le plus souvent une hospitalisation d’un ou deux jours pour chaque cure de chimiothérapie.
Une surveillance des reins est systématiquement prévue avant chaque cure de chimiothérapie afin d’évaluer leur fonctionnement. En général, cette surveillance s’effectue par une prise de sang.
Les troubles auditifs
Des troubles auditifs comme des difficultés à entendre ou des bourdonnements d’oreille peuvent apparaître. Ils sont plus fréquents en cas de traitement par sels de platine.
Il est important de les signaler à l’équipe soignante. Un audiogramme, permettant de contrôler la fonction auditive, peut être effectué en cas de besoin.
Les affections oculaires
Une inflammation de l’œil peut survenir ou s’aggraver au cours du traitement par cétuximab. Elle se manifeste par des larmoiements, une sensibilité à la lumière, une vision trouble ou des douleurs. Il est très important de signaler ces problèmes rapidement à un médecin afin de procéder à un examen ophtalmologique complet.
La sensibilité au soleil
Avec le traitement au 5-FU, votre peau peut devenir plus sensible au soleil (photosensibilisation).
Quelques conseils pratiques pour vous prémunir de cette sensibilité :
- limiter les expositions solaires notamment entre 12h et 16h ;
- porter des vêtements couvrants ;
- se protéger avec une crème solaire d’indice 50 au minimum en renouvelant l’application toutes les 2 heures.
En cas de réactions importantes, contactez votre médecin.
Les réactions allergiques
Comme tout médicament, les médicaments de chimiothérapie classique et de thérapies ciblées peuvent être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de :
- gonflement du visage, des lèvres et de la langue ;
- difficultés à respirer ;
- essoufflement ;
- fièvre ;
- réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons) ;
- tout autre trouble inhabituel.
La sexualité
La libido peut être modifiée pendant le traitement et quelque temps après. Les effets indésirables des médicaments comme la modification de l’image de soi, la fatigue physique et psychologique, les nausées et les vomissements peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique.
Cette diminution de la libido est normale et généralement temporaire.
En cas de difficultés, n’hésitez pas à en parler à votre équipe médicale qui vous orientera vers une solution adaptée à votre situation. Par exemple, une aide psychologique dédiée peut être mise en place pour vous accompagner, à laquelle votre partenaire pourra être associé.
Pour en savoir plus sur les traitements des cancers et sexualité, consultez la page dédiée aux questions de sexualité.
La fertilité
Il est très important de parler de la fertilité avant de commencer un traitement si vous envisagez d’avoir des enfants. Certains médicaments de chimiothérapie ou de thérapie ciblée sont en effet susceptibles de provoquer une baisse de la fertilité voire une infertilité.
Celle-ci n’est pas forcément définitive. Cela dépend notamment de votre âge et du type de traitement employé.
Une consultation au Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS) le plus proche de chez vous peut vous être proposée. Cette structure spécialisée assure le recueil et la conservation des gamètes (spermatozoïdes et ovules) et des tissus germinaux (c'est-à-dire du tissu testiculaire ou ovarien).
En outre, certains traitements provoquent des malformations fœtales. Une grossesse est donc formellement contre-indiquée pendant les traitements. Une contraception adaptée doit être observée, pour les femmes susceptibles de procréer comme pour les hommes. Elle doit être poursuivie pendant toute la durée des traitements et jusqu’à plusieurs semaines après leur fin.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site Internet des CECOS
Vous y retrouverez une liste de questions fréquentes et une information détaillée et pratique sur la préservation de la fertilité.