Les Rencontres 2016

L’Institut national du cancer a organisé ses 6èmes Rencontres le 4 février dernier à la Maison de la Mutualité à Paris. Cette journée de conférences et débats a rassemblé professionnels de santé, acteurs institutionnels, scientifiques et associations.

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Les 6èmes Rencontres de l’INCa, organisées à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, ont réuni près de 800 personnes. Les échanges ont porté sur la prévention des cancers liés à l’environnement, la recherche et l’accès à l’innovation, ainsi que sur les questions soulevées par les nouveaux traitements anticancéreux. Les Rencontres ont également permis de faire le point sur les avancées du Plan cancer 2014-2019 et d’en réaffirmer les priorités.

Pour clore cette journée, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a annoncé la publication de la première grille de référence pour six pathologies (hépatite C, cancer du testicule, cancer de la thyroïde, certains cancers du sein, mélanome de la peau et cancer du col de l’utérus) dans le cadre du droit à l’oubli. Cette grille sera actualisée tous les ans sur la base des propositions de l’Institut.

Ouverture

Après l'introduction du Pr. Agnès Buzyn, présidente de l'Institut, Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a ouvert ces Rencontres en saluant les efforts et l’engagement des acteurs impliqués dans le Plan cancer 2014-2019 et en rappelant, notamment, l’avancée que constitue le « droit à l’oubli », avenant à la convention AERAS (s'Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) signé en septembre 2015.

La journée s'est ensuite rythmée autour de quatre sessions principales.

Session 1 : cancers et environnement, comprendre pour agir

  • Introduction : Dr Jérôme Viguier, responsable du pôle Santé et Soins à l’Institut national du cancer
  • Pr Robert Barouki, directeur de l’unité Inserm Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire : «L’exposome et les facteurs de risque environnementaux de cancers»
  • Marc Mortureux, Direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère de l'Écologie : «Le Plan national santé environnement (PNSE 3) et la question du cancer»
  • Gérard Lasfargues, Directeur général adjoint scientifique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) : «Les évolutions de la recherche en santé et environnement»

Cette session rend compte de la complexité, pour les scientifiques, d’établir un lien prouvé entre certains cancers et l’exposition à de multiples substances polluantes présentes dans notre environnement, depuis la vie fœtale jusqu’au décès (exposome).

A l’inverse, les intervenants ont réaffirmé le rôle cancérigène d’agents connus comme le tabac et l’amiante.

 

Session 2 : l’impact du numérique dans la santé et ses perspectives dans le champ des cancers

Benoît Thieulin, ancien président du Conseil national du numérique (CNNum) et président-fondateur de l'agence Netscouade

L’émergence du numérique entraîne une révolution dont l’impact est comparable à celui de l’imprimerie au XVème siècle. L’évolution des mentalités bouscule également l’univers de la santé et pousse ses métiers à se renouveler. Le numérique appliqué au domaine de la santé soulève aussi des questions ayant trait à nos libertés fondamentales : éthique, utilisation des données personnelles, surveillance et observance… Au final, c’est à la société de choisir ce qu’elle veut faire de cette révolution. 

 

Session 3 : les perspectives de la médecine personnalisée, aujourd’hui et à 10 ans

  • Introduction : Frédérique Nowak, responsable du département Recherche en biologie, transfert et innovation à l’Institut national du cancer
  • Pr. Fabrice André, chercheur en oncologie médicale à l'IGR : «L’analyse du génome complet, les tests génomiques, les essais adaptatifs»
  • Dr Anne Cambon-Thomsen, unité Inserm-Université Paul Sabatier "Génomique, biothérapies et santé publique" (UMR 1027) : «Les enjeux éthiques de la médecine personnalisée»
  • Patricia Blanc, présidente de l’association Imagine for Margo : «L’accès à l’innovation pour les enfants et adolescents»

On sait aujourd’hui qu’il existe une multitude de sous-types de cancers qui se caractérisent par des anomalies particulières, et non par l’organe concerné. Cette évolution a permis l’avènement de la médecine personnalisée, également appelée médecine de précision. Porteuse de nombreux espoirs, cette médecine soulève aussi des enjeux de recherche, d’éthique et d’organisation, notamment d’accès à l’innovation, à la fois pour les adultes et pour les enfants et adolescents.

 

Session 4 : les questions que posent les nouveaux traitements anticancéreux

  • Introduction : Dr Chantal Belorgey, responsable du département « Recommandations, Médicament et Qualité Expertise » à l’Institut national du cancer
  • Dr Andrew Hill, Head of Pharmacology Department at Liverpool University (Royaume-Uni) : «Les enjeux économiques des nouveaux traitements»
  • Pr Jean-Yves Blay, directeur du centre Léon Bérard : «Faciliter l’accès à l’innovation des médicaments anticancéreux : les leviers à actionner»

Cette session a permis d’aborder plusieurs sujets touchant à l’évolution des traitements anticancéreux (molécules ciblées, chimiothérapie per os) : une nouvelle vision de la maladie cancer, l’accès des patients à l’innovation, les enjeux éthiques et économiques soulevés par le coût de ces nouvelles molécules, mais aussi des questions sur l’amélioration de l’articulation hôpital-ville, le rôle des médecins généralistes et la place des associations de malades et d’usagers de la santé dans les dispositifs mis en place.

 

Dans le cadre de cette session, une table ronde portant sur «Chimiothérapies per os : comment mieux accompagner patients et professionnels de santé ?» a permis un débat animé avec trois intervenants :

  • Estelle Lecointe, présidente de l’association Sarcoma Patients Euro Net
  • Dr Martine Rousseau, Réseau ville-hôpital soins palliatifs et cancérologie d’Argenteuil
  • Jérôme Sicard, pharmacien, président de l’association Actions croisées

 

Conclusion

Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer, s'est ensuite exprimé sur les principales avancées du Plan cancer 2014-2019 : l’année 2015 a été rythmée par plusieurs temps forts répondant aux objectifs du Plan cancer 2014-2019, dans tous les domaines de la cancérologie : accompagnement des professionnels de santé dans leur pratique avec la parution de nouvelles recommandations, facilitation du dépistage du cancer colorectal grâce au test immunologique, amélioration de la qualité de vie après un cancer notamment avec la signature du «droit à l’oubli»…

Une frise chronologique permet de mesurer et d’apprécier l’engagement de l’Institut et de ses partenaires sur ce Plan.

Plan cancer 3_Frise chronologique 2015 (février 2016)

Télécharger la Sélection des réalisations 2015 (frise) - PDF 1,45 Mo

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, est revenue sur l’année 2015 en se félicitant des nombreuses avancées réalisées, notamment en matière de démocratie sanitaire mais aussi de prévention et de dépistage, «fers de lance de la lutte contre le cancer».

Elle a également salué la mobilisation des experts et des associations autour du droit à l’oubli et annoncé la publication de la première grille de référence des pathologies cancéreuses, qui fixe les délais au terme desquels les anciens malades peuvent souscrire un contrat d'assurance dans les mêmes conditions que les personnes n'ayant jamais déclaré ces maladies.