Le programme de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus

Le programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus a été généralisé depuis 2018. Il cible toutes les femmes de 25 à 65 ans, sauf cas particuliers. La fréquence et l’examen de dépistage primaire diffèrent en fonction de la tranche d’âge dans laquelle se situe la femme.

En tant que professionnel de santé assurant le suivi gynécologique de vos patientes, vous jouez un rôle fondamental pour les informer et les sensibiliser sur l’importance de ce dépistage.

Le programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus

Le cancer du col de l'utérus est une pathologie due à une infection persistante causée par un ou plusieurs papillomavirus humains (HPV) oncogènes. Chaque année en France, près de 3 000 cas de cancers invasifs sont diagnostiqués et 1 100 femmes en meurent.

Pourtant, ce type de cancer est un candidat idéal au dépistage précoce : la lenteur avec laquelle une lésion précancéreuse évolue jusqu'au stade de carcinome – entre 10 et 20 ans en moyenne – laisse une fenêtre d'action importante pour le dépistage et la détection précoce des anomalies. De plus, les lésions précancéreuses sont spontanément régressives, ou curables, et les tests de dépistage disponibles sont à la fois fiables et acceptables par la population.

Le dépistage de ce cancer constitue donc un enjeu fort de santé publique : on considère que 90 % des cancers du col de l’utérus pourraient être évités. C’est pourquoi un programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus a été généralisé depuis 2018.

Population cible

La population cible de ce programme se fonde sur les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS)  relatives au dépistage du cancer du col de l’utérus, à savoir toutes les femmes asymptomatiques âgées de 25 à 65 ans, sauf cas particuliers. Le dépistage du cancer du col de l’utérus concerne donc 17,8 millions de femmes.

Le principal mode d’entrée dans ce programme est la proposition de réalisation d’un dépistage du cancer du col de l’utérus par les professionnels de santé[CA1]  assurant un suivi gynécologique (gynécologue, médecin généraliste, sage-femme). Les médecins biologistes exerçant en laboratoire de biologie médicale et les anatomo-cytopathologistes peuvent également le réaliser, sur prescription médicale.

Les femmes n’ayant pas réalisé de dépistage du cancer du col de l’utérus dans les délais recommandés sont invitées par leur CPAM à consulter leur gynécologue, médecin traitant ou sage-femme afin d’effectuer un test de dépistage, qu’elles sont libres d’accepter ou non. Une relance est adressée 12 mois après l'envoi de la première invitation aux femmes si elles n'ont pas encore réalisé de test de dépistage.

 Découvrez notre outil interactif pour visualiser les étapes de votre intervention dans ce programme de dépistage, en fonction de votre corps de métier.

Objectifs du dépistage du cancer du col de l’utérus

Le programme de dépistage organisé du cancer du col utérin a trois principaux objectifs :

  • réduire l'incidence et le nombre de décès de 30 % en 10 ans ;
  • atteindre 80 % de taux de couverture dans la population ciblée ;
  • réduire les inégalités d'accès au dépistage du cancer du col de l’utérus. En effet, plusieurs catégories de femmes ont été identifiées comme sous participantes, parmi lesquelles celles de plus de 50 ans, issues des catégories socio-économiques les moins favorisées, en ALD ou en situation de comorbidité, homosexuelles, en situation de handicap…

Ce programme vise aussi à améliorer les pratiques de ce dépistage et à optimiser les pratiques professionnelles (intervalles entre deux tests, suivi des femmes présentant un résultat anormal/positif...).

Sur la période 2018-2020, le taux de participation au dépistage est de 59 %. Il existe des disparités dans le recours au dépistage en termes d’âge et au plan géographique. C’est pourquoi le programme prévoit, par ailleurs, la mise en place d’actions spécifiques ou de stratégies complémentaires en direction des populations vulnérables et/ou éloignées du système de santé (accompagnement au dépistage, médiation sanitaire, auto-prélèvements, unités mobiles).

En pratique : un dépistage par tranches d'âge, de 25 à 65 ans

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de réaliser des dépistages périodiques entre 25 et 65 ans. En effet, une stratégie de dépistage ciblant les femmes dans cette tranche d’âge est considérée comme la plus efficace pour réduire le taux d'incidence et la mortalité de ce cancer.

Ces recommandations s’appliquent à toutes les femmes entre 25 et 65 ans, qu’elles soient vaccinées ou non, même après la ménopause ou après plusieurs années sans rapports sexuels.

Sauf cas particuliers, un dépistage par prélèvement cervico-utérin aux intervalles recommandés est suffisant. En effet, des dépistages trop fréquents peuvent exposer à un risque de surdiagnostic et de surtraitement, avec un risque de conisations en excès. Le traitement par conisation peut entraîner à court terme des hémorragies, des douleurs post-opératoires sévères ou des pertes vaginales inhabituelles. À long terme, des dysménorrhées et une sténose du col de l’utérus peuvent survenir. Des effets indésirables sur les grossesses ultérieures ont également été rapportés, avec un risque plus important d’accouchement prématuré, de césarienne et de faible poids de naissance.

À noter : certaines femmes ne relèvent pas de cette stratégie de dépistage, temporairement ou définitivement, et nécessitent donc un suivi particulier.

Deux types de tests, en fonction de l'âge de la femme

Deux types de tests sont recommandés en dépistage primaire du cancer du col de l’utérus :

  • l’examen cytologique, qui consiste en l’analyse morphologique des cellules du col de l’utérus pour détecter précocement la présence de cellules anormales et de cellules précancéreuses qui pourraient évoluer en lésions cancéreuses ;
  • le test HPV-HR, qui est une méthode moléculaire permettant de détecter les acides nucléiques des génotypes d’HPV à haut risque. 

Le choix du test à réaliser se fait selon l’âge de la femme :

  • de 25 à 29 ans : le dépistage est fondé sur la réalisation de deux examens cytologiques à un an d’intervalle, suivis d’un nouveau test de dépistage (cytologie ou test HPV-HR selon l’âge de la femme) 3 ans plus tard si le résultat des deux premiers est normal ;
  • à partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans : le dépistage est fondé sur la réalisation d’un test HPV-HR tous les 5 ans, à débuter 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat était normal, ou dès 30 ans, en l’absence d’examen cytologique antérieur.

À noter : en raison de la prévalence élevée des infections transitoires par le HPV chez les moins de 30 ans et de l’absence de preuve d’une meilleure efficacité du dépistage par test HPV-HR dans ce groupe d’âge, ce test n’est pas recommandé en dépistage primaire chez les 25-29 ans.

Prélèvement et milieu de recueil

Quel que soit l’examen de dépistage effectué, l’analyse est réalisée à partir d’un prélèvement cervico-utérin. Il est recommandé d’utiliser un milieu de cytologie liquide validé pour la recherche d’HPV-HR permettant, le cas échéant, la réalisation d’un test HPV-HR ou d’une cytologie réflexe ne nécessitant pas de reconvoquer la femme. En lien avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le Centre national de référence des papillomavirus publie une liste à jour des milieux validés pour la recherche d’HPV-HR et des trousses compatibles pour la virologie et la cytologie.

La vaccination, un moyen d'agir complémentaire

La vaccination contre les HPV constitue un moyen de prévention complémentaire avec le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l'utérus. 

La vaccination permet de prévenir jusqu’à 90 % des infections à papillomavirus responsables du cancer du col de l’utérus. Pourtant, la couverture vaccinale reste basse en France, à 37,4 % pour des filles âgées de 16 ans avec un schéma complet. 

Les arguments scientifiques démontrent l’efficacité et la sécurité des vaccins contre les HPV en vie réelle.

La vaccination est recommandée pour toutes les filles et tous les garçons, dès 11 ans et jusqu’à 14 ans, et en rattrapage de 15 à 19 ans.


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