La prévention et le traitement des symptômes du myélome multiple
Les traitements symptomatiques désignent l’ensemble des techniques médicales et des traitements utilisés pour prendre en charge les symptômes engendrés par la maladie. Souvent réalisés dans le même temps que les traitements du myélome, ils n’ont cependant pas pour objectif de traiter la maladie elle-même.
Les symptômes du myélome sont générés par la prolifération progressive des plasmocytes malades dans la moelle osseuse et la production excessive d’immunoglobuline monoclonale.
Les traitements spécifiques du myélome, par leur action directe sur les plasmocytes malades, contribuent également à soulager les symptômes.
Les lésions osseuses
L’os n’est pas un tissu figé : il est constamment détruit et reconstruit par des cellules spécialisées. Les ostéoblastes sont les cellules qui construisent l’os et les ostéoclastes sont celles qui détruisent ce tissu. La plupart du temps, l’os reste solide car un équilibre est maintenu entre l’activité de ces cellules.
Dans le myélome, l’action des plasmocytes anormaux dans la moelle osseuse est responsable de deux anomalies à l’origine de la destruction du tissu osseux des zones atteintes :
- une inhibition des ostéoblastes qui le construisent ;
- une stimulation des ostéoclastes qui le détruisent.
Des molécules appelées bisphosphonates peuvent être prescrites. Elles agissent en bloquant les cellules normalement chargées de la destruction de l’os et préviennent ainsi l’apparition ou l’aggravation de lésions. Elles sont administrées le plus souvent par perfusion intraveineuse et parfois par voie orale.
L’utilisation de bisphosphonates peut générer des effets indésirables, tels qu’un état pseudo-grippal (pour les bisphosphonates en intraveineux) ou des complications gastro-intestinales (pour les formes orales). Ces molécules peuvent aussi engendrer comme effet indésirable une ostéonécrose des maxillaires, c’est-à-dire une destruction de l’os de la mâchoire. Pour la prévenir, la réalisation d’un bilan bucco-dentaire et si besoin de soins dentaires est nécessaire avant le début du traitement. Au cours du traitement, il est important de consulter un dentiste au moins une fois par an afin de recevoir des soins adaptés, le cas échéant. Si vous remarquez une anomalie dentaire, comme une dent qui bouge, ou bien des problèmes au niveau des gencives (douleur, gonflement), il est très important de le signaler à votre médecin ou à votre dentiste.
La fragilisation des os conduit parfois à des fractures des zones atteintes par le myélome.
La prévention et la prise en charge des fractures
Lorsqu’un os est endommagé et présente un risque de fracture, ou lorsqu’une fracture survient, une prise en charge spécifique est mise en œuvre par votre équipe médicale. Il peut s’agir d’un traitement par bisphosphonates ou d’une intervention chirurgicale pour aider à la consolidation de l’os.
D’autres techniques sont parfois utilisées, notamment l’injection dans l’os fragilisé ou fracturé, d’un ciment adapté au corps humain, selon deux possibilités :
- la cimentoplastie : cette intervention a pour objectif la consolidation d’une fracture. Pour cela, sous anesthésie locale ou générale, le ciment est introduit dans l’os grâce à une aiguille et sous contrôle d’imagerie. Lorsque cette intervention concerne les vertèbres, on parle de vertébroplastie.
- la cyphoplastie (ou kyphoplastie) par ballonnets, s’applique dans certains cas aux fractures des vertèbres. Sous anesthésie locale ou générale, un ballonnet est introduit dans la vertèbre, puis gonflé doucement afin de créer une cavité. Le ballonnet est retiré et la cavité est ensuite remplie avec le ciment.
Une stratégie de prise en charge de la douleur vous sera également proposée.
En général, ces prises en charge sont complétées d’une radiothérapie. Son objectif est de détruire les plasmocytes anormaux dans la ou les zones traitées, afin d’éviter l’apparition ou l’aggravation de lésions. Cela a aussi pour effet de diminuer la douleur. Selon les situations, il peut s’agir d’une séance unique ou bien de plusieurs séances, au rythme de cinq jours par semaine pendant une à deux semaines.
Consulter le guide Cancer info Comprendre la radiothérapie
Dans certaines situations, lorsque les vertèbres sont fragilisées, le port d’un corset ou d’une minerve peut vous être recommandé.
La compression médullaire et le syndrome de la queue de cheval
La moelle épinière est située dans le canal formé par l’empilement des vertèbres de la colonne. Elle appartient au système nerveux et a pour fonction de faire transiter les commandes qui permettent de bouger et de ressentir, du cerveau vers les nerfs.
Lorsqu’une fracture des vertèbres survient, il arrive qu’elle comprime la moelle épinière ou ses terminaisons au niveau du bas de la colonne vertébrale (zone appelée « queue de cheval »). On parle alors, selon la partie qui est touchée, de compression médullaire ou de syndrome de la queue de cheval.
La compression médullaire peut se manifester par une faiblesse dans les jambes, qui peut notamment être remarquée en cas d’impossibilité à monter des escaliers. Cette faiblesse se distingue de la seule fatigue, cas dans lequel monter les escaliers est physiquement épuisant, mais possible. Dans certains cas, la compression médullaire peut également provoquer une paralysie. Le syndrome de la queue de cheval provoque, quant à lui, divers symptômes, comme la perte ou au contraire la rétention des urines ou des selles, ou une douleur de sciatique très douloureuse.
Ces symptômes doivent vous amener à alerter au plus vite votre équipe médicale afin de bénéficier d’une prise en charge adaptée en urgence.
La douleur
La douleur peut avoir différentes causes : elle peut être liée à la maladie, aux symptômes qu’elle génère (lésions osseuses notamment), aux traitements contre le myélome ou à leurs effets indésirables.
Des antalgiques seront prescrits afin de la prendre en charge.
Dans le cas de douleurs osseuses, les traitements des lésions osseuses ou réalisés en complément de la prise en charge des fractures (comme les bisphosphonates et la radiothérapie) les diminuent.
Les douleurs, quelles que soient leurs causes, ne doivent pas être minimisées, surtout si elles durent et même si elles sont peu intenses. Signalez-les sans attendre à votre équipe médicale afin qu’elles soient prises en charge. Si nécessaire, votre médecin peut vous orienter vers un spécialiste du traitement de la douleur
Consulter le guide Cancer info Douleur et cancer
L’hypercalcémie
Le calcium libéré par la destruction des os circule dans le sang en quantité anormalement élevée : c’est l’hypercalcémie. Elle se manifeste par des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, une sensation de bouche sèche, des urines très abondantes, des maux de tête, voire, lorsqu’elle est très élevée, une confusion et des troubles du rythme cardiaque. Lorsqu’elle provoque ces symptômes, l’hypercalcémie nécessite une hospitalisation en urgence. Le traitement repose notamment sur une hyperhydratation par voie veineuse, qui permet une réhydratation et l’élimination rapide de l’excès de calcium. Des bisphosphonates, qui agissent en 24 à 48 heures, empêchent la destruction anormale des os. Enfin, des corticoïdes sont également prescrits.
Thrombose, phlébite
La formation d'un caillot sanguin dans une veine, appelée thrombose veineuse ou phlébite, se produit parfois. Elle peut être due à la maladie elle-même ou bien aux traitements.
En savoir plus sur la formation de caillots sanguins et sa prise en charge.
La baisse des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes
Lorsque la maladie évolue, les plasmocytes anormaux envahissent la moelle osseuse et l’empêchent de produire en quantité suffisante les cellules du sang (globules rouges, globules blancs et plaquettes). Des symptômes apparaissent alors et notamment une grande fatigue, un essoufflement, une pâleur (liés à l’anémie), une sensibilité accrue aux infections (liée à la leucopénie) ou encore un risque augmenté d’hémorragie (lié à la thrombopénie). Une prise en charge adaptée vous sera proposée.
Ces symptômes peuvent également être provoqués par les traitements du myélome.
L’insuffisance rénale
Le rôle des reins est essentiel puisqu’ils fonctionnent comme un filtre qui élimine de l’organisme par l’urine, les déchets circulant dans le sang.
Dans le myélome, deux éléments présents dans le sang s’accumulent dans les reins et en perturbent le fonctionnement. Il s’agit :
- du calcium issu de la destruction des os,
- de l’immunoglobuline sécrétée par les plasmocytes malades, notamment les chaînes légères libres.
Une insuffisance rénale survient alors : les reins ne peuvent plus faire correctement leur travail d’épuration de l’organisme. Dans cette situation, une prise en charge adaptée est mise en place.
Conseils pratiques pour prévenir l’insuffisance rénale :
- Boire suffisamment (au moins 2 litres d’eau par jour).
- Éviter certains médicaments toxiques pour les reins, comme les anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS), certains antibiotiques et certains médicaments contre l’hypertension. Vous devez informer tous les professionnels de santé de votre maladie et de votre traitement.
- Éviter les produits de contrastes iodés parfois administrés lors d’examens d’imageries. Informez le radiologue de votre myélome afin qu’il puisse adapter la prise en charge si besoin.
Les infections
Le myélome provoque un affaiblissement du système immunitaire qui peut être aggravé par certains traitements. Ainsi, le corps est plus sensible aux infections. Lorsqu’une infection est détectée, des antibiotiques sont généralement prescrits. En prévention, des immunoglobulines sont parfois administrées par voie intraveineuse ou sous-cutanée.
Le plus souvent, il est recommandé de se faire vacciner contre la grippe saisonnière et contre le pneumocoque. Pour les patients en cours de traitement, la vaccination n’est pas systématique. Pour les vaccins habituels (la diphtérie, le tétanos et la polio), un rappel pourra être réalisé par votre médecin si nécessaire.
Enfin, les vaccins vivants, tels que la fièvre jaune par exemple, sont contre-indiqués au moins six mois après la fin des traitements médicamenteux du cancer. En cas de voyage dans des pays dits « à risques », questionnez votre hématologue et/ou votre médecin traitant.
Il peut être conseillé à l’entourage d’une personne malade du myélome de se faire vacciner contre la grippe, afin de limiter le risque de lui transmettre le virus. Pour les proches, le vaccin ne sera pris en charge par l’assurance maladie que dans le cas où ils font eux-mêmes partie des personnes pour lesquelles la vaccination est remboursée (personnes âgées de 65 ans et plus, personnes atteintes de certaines affections…). Parlez-en avec votre médecin.