Prothèses mammaires et risque de cancer

La pose d'implants mammaires n'est pas anodine, qu'il s'agisse de chirurgie reconstructrice ou à visée esthétique. Comme pour toute opération, il existe des aléas liés à la douleur, à une mauvaise cicatrisation, ou encore à l'anesthésie générale. On peut aussi observer un risque d’inflammation ou de rupture de la prothèse et, exceptionnellement, un risque de développer une forme très rare de lymphome qui ne touche que les femmes porteuses de prothèses mammaires, appelé « lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire » (LAGC-AIM).

Qu’est-ce qu’une prothèse mammaire et quand est-elle utilisée ?

Les prothèses mammaires sont utilisées en France depuis plusieurs décennies. En 2017, on estime qu'environ 400 000 femmes sont porteuses ou ont porté ces implants. Il s'agit d'enveloppes de différentes formes et pouvant contenir du gel de silicone ou une solution saline (sérum physiologique). Elles sont utilisées en chirurgie reconstructrice, notamment après une mastectomie, ou pour augmenter le volume de la poitrine dans le cadre d'une chirurgie esthétique. Ces prothèses sont dites « internes » car elles sont implantées dans le corps, sous la glande mammaire ou sous les muscles du thorax. Au bout de quelques années, elles peuvent se dégrader et il est alors nécessaire de les changer.

Les prothèses mammaires, qui sont considérées comme des dispositifs médicaux à risque, font l'objet d'une surveillance particulière assurée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Depuis la survenue de l'affaire des prothèses mammaires de la société PIP en 2010, les pouvoirs publics ont renforcé les actions pour suivre les femmes porteuses d'implants mammaires et s'assurer de la qualité de ces produits.

Les implants mammaires existant en France

La plupart des implants mammaires sont constitués d’une enveloppe de silicone. La surface externe peut être lisse, microtexturée ou macrotexturée selon les terminologies utilisées par les fabricants. Cette enveloppe est remplie d’un sérum physiologique, d’hydrogel ou de gel de silicone. Certains implants sont recouverts de polyuréthane.

Pas de risque accru de cancer du sein

Les données actuellement disponibles montrent que les femmes porteuses d'implants mammaires n'ont pas de risque accru de développer un cancer du sein (adénocarcinome) par rapport aux femmes qui n'ont pas d'implant.

Par ailleurs, le fait d'avoir des implants mammaires ne constitue pas un obstacle au dépistage du cancer du sein par mammographie, même s'il est nécessaire d'en informer votre radiologue au préalable.

Quel risque de développer une forme de lymphome anaplasique à grandes cellules ?

Dans le cadre de cette surveillance particulière, 59 cas d'un cancer rare, le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC), ont été signalés à l'ANSM entre 2011 et mars 2019. Ces cas ont été confirmés par le réseau national expert LYMPHOPATH, spécialisé dans la double lecture anatomopathologique de tous les types de lymphomes. À ce jour, aucun cas n’a été identifié en France avec les implants à enveloppe lisse.

Le LAGC-AIM est une forme de lymphome non hodgkinien, c'est-à-dire un cancer qui se développe à partir des cellules du système lymphatique. Ce cancer n'a été observé à ce jour que chez des femmes porteuses d'implants mammaires. En mars 2015, l’Institut national du cancer a réuni un groupe d’experts qui a confirmé l'existence d'un lien entre la survenue d'un LAGC et le port d'un implant mammaire, tout en soulignant que la fréquence de cette survenue restait rare.

En février 2019, le groupe d'experts a de nouveau été réuni par l'Institut national du cancer afin de mettre à jour les conduites à tenir sur les LAGC-AIM émises en 2016.

Quelles recommandations pour les femmes porteuses d’implants mammaires ?

Des implants mammaires macrotexturés et à surface en polyuréthane retirés du marché

Par mesure de précaution, l’Agence nationale de santé du médicament et des produits de santé (ANSM) a décidé, en avril 2019, de ne plus autoriser la commercialisation des implants mammaires macrotexturés, de texture équivalente à l’enveloppe Biocell d’Allergan, ceux à surface recouverte de polyuréthane. La liste des implants mammaires concernés est disponible sur le site de l’ANSM.

Si vous ne savez pas quels implants mammaires vous portez, adressez-vous au chirurgien ou à l’établissement qui a réalisé l'opération. Ces informations vous seront communiquées.
Pour répondre à vos interrogations, l’Agence a mis en place un numéro vert : 0 800 71 02 35.

Infographie de l'ANSM - Que dois-je faire si je suis porteuse d'implants mammaires retirés du marché ?

Vous portez des implants mammaires macrotexturés ou recouverts de polyuréthane mais n’avez pas de symptômes ou de signes anormaux ?

Si vous portez des implants mammaires macrotexturés ou recouverts de polyuréthane, parlez-en à votre professionnel de santé (médecin généraliste, chirurgien, oncologue, gynécologue, radiologue, sage-femme...).

En l’absence de signe clinique au niveau des seins, votre suivi est basé sur un examen clinique annuel des seins complété d’une exploration radiologique éventuelle adaptée.

Si vous n’avez pas de symptômes ou de signes cliniques au niveau des seins (augmentation du volume, douleurs, inflammation, épanchements importants autour de la prothèse, masse, ulcération, altération de l’état général), l’ANSM ne recommande pas d’explantation de ces implants mammaires préventive, compte-tenu de la rareté du risque de survenue de LAGC-AIM et de l’avis de son groupe d’experts.

Vous portez des implants mammaires macrotexturés ou recouverts de polyuréthane, que faire en cas de symptômes ou de signes anormaux ?

Si vous avez des symptômes ou des signes cliniques, signalez-les sans tarder à votre médecin.

Les seuls éléments objectifs justifiant l’explantation seraient la présence de signes cliniques (augmentation du volume des seins, douleurs, inflammation...) et/ou radiologiques évocateurs d’une altération. Seul le chirurgien peut juger de cette nécessité devant des signes anormaux.

Vous souhaitez vous faire poser des implants mammaires ?

Si vous réfléchissez à vous faire poser des implants mammaires, après une mastectomie ou pour des raisons esthétiques, il est important que vous puissiez faire ce choix en en connaissant les éventuels risques.

L’ANSM recommande d’utiliser de préférence des implants mammaires à surface lisse en chirurgie esthétique ou reconstructrice. Votre médecin pourra vous informer et vous aider dans votre prise de décision. Vous pouvez aussi trouver des réponses à vos questions sur le site de l'ANSM

Avant la pose d’implants mammaires, une fiche d'information vous est remise. Vous y lirez qu’il ne faut pas considérer la mise en place d’un implant comme quelque chose de définitif, « à vie ». Y sont également précisés les différents effets indésirables ou signes qui doivent vous faire penser à une possible rupture de l’implant nécessitant son remplacement. La fiche évoque également le risque de survenue d’un LAGC-AIM, ainsi que les symptômes qui doivent vous inciter à consulter.

Après l’intervention, une carte mentionnant les caractéristiques de votre implant doit vous être fournie (vous y trouverez notés l’identification de l’implant, le lieu et la date de la pose, le nom du chirurgien, l’existence d’une durée de vie limitée de l’implant et l’éventuelle nécessité de ré-intervention qui en découle, ainsi que le suivi médical particulier).

À savoir : si vous avez eu une mastectomie, différentes techniques de reconstruction existent, dont certaines peuvent être une alternative aux implants mammaires.


Documents à télécharger


Liens utiles