Tests prédictifs dans le cancer du sein

Dernière date de mise à jour : 11/05/2016

Le développement des marqueurs biologiques pronostiques ou prédictifs a pour objectif de mieux identifier les patients pour lesquels un traitement par chimiothérapie adjuvante pourrait être évité ou a contrario indiqué. Plusieurs tests ont été développés dans le champ du cancer du sein. Certains d’entre eux ont fait l’objet d’une évaluation par l’INCa dans le cadre d’un rapport publié en décembre 2013.

Intérêt des biomarqueurs, valeurs pronostique et prédictive

Dans la prise en charge des cancers du sein invasifs, les indications de traitement adjuvant par hormonothérapie et/ou chimiothérapie tiennent compte des données cliniques  et anatomopathologiques. Bien que le bénéfice du traitement adjuvant ait été largement démontré sur la réduction du risque de rechute et du taux de mortalité, les indications de la chimiothérapie adjuvante dans certains groupes ont été probablement portées en excès. En effet, toutes les femmes n’ont pas le même risque de rechute.

La recherche des marqueurs biologiques, qu’ils soient déterminés par des méthodes anatomopathologiques (immunohistochimie ou hybridation in situ), biochimiques ou par biologie moléculaire, permettrait de mieux identifier les femmes qui ne vont pas rechuter et  donc pour lesquelles un traitement par chimiothérapie ne serait pas nécessaire et pourrait être évité. Une telle stratégie poursuit donc un objectif important d’amélioration de la qualité de prise en charge des patientes, par l’évitement d’une chimiothérapie pour des femmes qui n’en tireraient  pas bénéfice et en subiraient les effets indésirables.

Ces biomarqueurs peuvent être caractérisés par leurs valeurs pronostique et prédictive :

  • La valeur pronostique d’un biomarqueur correspond à sa capacité à prévoir l’évolution clinique de la maladie en l’absence de traitement et donc à identifier les patients à fort ou faible risque de rechute ;
  • La valeur prédictive d’un biomarqueur renvoie à sa capacité de prédire la réponse à un traitement donné et donc de distinguer les patients pouvant tirer bénéfice de ce traitement de ceux pour lesquels aucun bénéfice n’est a priori attendu. Démontrer le caractère prédictif d’un marqueur équivaut ainsi à démontrer l’utilité clinique du test l’identifiant, c’est-à-dire son aptitude à améliorer le devenir clinique des patients en aidant à la prise de décision dans le cadre de leur prise en charge thérapeutique.

Un marqueur peut être considéré comme prédictif si deux conditions sont remplies :

  • Être un « modificateur » de l’effet d’un traitement, c’est-à-dire prédire, en fonction de sa valeur, l’effet d’un traitement donné pour un critère de jugement donné ;
  • Montrer l’utilité clinique  de la sélection des patients à traiter, par l’identification du marqueur : optimisation de l’efficacité du traitement pour les patients portant le marqueur et absence d’intérêt du traitement chez les autres patients, à qui il est donc inutile de l’administrer.

L’évaluation des biomarqueurs dans le cancer du sein réalisée par l’INCa

En 2013, l’INCa, en collaboration avec la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM), a publié un nouveau rapport sur les valeurs pronostique et prédictive de 3 biomarqueurs tissulaires : uPA/PAI-1, Oncotype DX™ et MammaPrint® pour une utilité clinique dans la prise en charge du cancer du sein. Ce rapport visait à actualiser les données du rapport de 2009, à la suite de la parution de nouvelles publications et dans le cadre de la diffusion de messages divergents sur les signatures moléculaires.

Ce rapport conclut que, sur la base des données disponibles,  la valeur prédictive de ces trois tests n’a toujours pas atteint le niveau de preuve qui permettrait à l’INCa de les considérer comme des outils d’aide à la décision pour les femmes atteintes de cancer du sein. Les réserves portent notamment sur la valeur ajoutée de ces tests par rapport aux critères actuels d’évaluation du risque de rechute (cliniques, biologiques, anatomo-pathologiques) et donc de décision dont les professionnels disposent déjà.

Le rapport appelle à des études complémentaires, prospectives, pour asseoir de façon plus robuste l’intérêt de ces tests.

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