La pollution de l'air intérieur
Les sources de pollution de l’air intérieur (domicile, lieu de travail ou de loisirs, transport…) sont multiples et certaines d’entre elles présentent un risque cancérigène.
Des moyens de prévention simples à mettre en œuvre permettent de limiter son exposition personnelle à ces polluants.
À la maison, au travail, à l’école, dans les magasins ou les transports… Nous passons en moyenne 80 % de notre temps dans des espaces clos ou mi-clos. L'air que nous y respirons peut avoir des effets sur notre confort et notre santé, depuis la simple gêne (odeurs, irritation des yeux et de la peau) jusqu'à l'aggravation ou le développement de diverses maladies, dont certains cancers.
La pollution de l’air intérieur concerne ainsi tout le monde, en particulier les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées et les personnes souffrant de maladies pulmonaires chroniques (asthme, BPCO, insuffisance pulmonaire…).
Pollution de l'air intérieur et cancers : quelles sources de pollution ?
Les sources de pollution de l’air intérieur sont multiples. L’air ambiant est notamment contaminé par de composés organiques volatils (COV), des gaz et des vapeurs qui s’échappent de nombreux produits et matériaux qui composent notre habitat et qui, pour certains, sont cancérigènes.
Les polluants peuvent être émis par :
- les activités humaines : tabagisme, activités de ménage, cuisson des aliments, bricolage, séchage du linge, parfums d’intérieur, utilisation de bougies et d’encens… ;
- l’occupation des locaux : animaux et plantes (allergènes, pesticides et engrais) ;
- les matériaux de construction et de décoration : moquettes, peintures, vernis et colles qui contiennent un irritant des voies respiratoires supérieures reconnu comme cancérigène, le formaldéhyde ;
- les équipements : meubles (attention en particulier au mobilier en bois aggloméré ou contreplaqués), ventilation et climatisation mal réglées ou mal entretenues, appareils à combustion (chaudières, cheminées et poêles) qui, mal entretenus, peuvent émettre du monoxyde de carbone ;
- l’air en provenance de l’extérieur : pollution atmosphérique, radon…
Certains de ces polluants peuvent contribuer à l’apparition d’un cancer (poumon, leucémie).
Les garages situés sous les habitations constituent une source intérieure de pollution : les gaz d'échappement des véhicules et les émissions des équipements à moteur à essence peuvent s'infiltrer dans les habitations et y répandre du benzène, reconnu comme cancérigène. Le benzène serait responsable de leucémies, notamment dans le cadre d’une exposition professionnelle.
Par ailleurs, vivre à proximité de routes à fort trafic est associé à la survenue de leucémies chez l’enfant (alors exposé, notamment, au benzène).
À noter : l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur.
La fumée de tabac, la plus dangereuse source de pollution
La fumée de tabac constitue la source la plus dangereuse de pollution de l’air intérieur en raison de sa concentration élevée en produits toxiques. Elle est reconnue comme cancérigène pour les humains depuis 2002 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
L’interdiction de fumer est aujourd'hui actée dans les espaces publics et de travail. Mais l’environnement domestique constitue une source d’exposition importante à la fumée du tabac. Cette exposition ne s’arrête pas une fois la cigarette éteinte car d’une part, la fumée reste longtemps dans l’air intérieur et d’autre part, les gaz et particules dégagés contribuent à contaminer les logements. La nicotine émise au cours de la combustion se dépose sur les surfaces (moquettes, rideaux, canapés…). Elle est ensuite « relarguée » dans l’air intérieur et réagit avec certains de ses composants pour produire des substances toxiques, dont certaines sont reconnues comme cancérigènes pour l’être humain.
En savoir plus sur les risques de l'exposition aux résidus de la nicotine et ses dérivés dans les poussières des ménages (Bulletin de veille scientifique de l'Anses, mars 2015)
L’amiante
L’amiante est un minéral naturel fibreux intégré dans la composition de nombreux matériaux de construction. Il est reconnu comme cancérigène depuis longtemps. Interdit en France depuis 1997, il reste pourtant présent dans de nombreux bâtiments et équipements. Les expositions à ce facteur de risque sont surtout identifiées dans le cadre professionnel.
Les fibres d'amiante sont invisibles dans les poussières de l'atmosphère. Inhalées, elles peuvent se déposer au fond des poumons et provoquer des maladies respiratoires graves : plaques pleurales, cancers du poumon et de la plèvre (mésothéliome), fibroses (ou asbestose)… Certaines maladies peuvent survenir après de faibles expositions mais la répétition de l’exposition augmente la probabilité de tomber malade.
Un cadre réglementaire très strict fixe les dispositions à mettre en œuvre pour :
- la protection de la population, avec notamment le repérage des matériaux contenant de l'amiante (Code de la santé publique – en savoir plus sur le site du ministère en charge de la santé) ;
- la protection de l'environnement avec, en particulier, les modalités d'élimination des déchets ;
- la protection des travailleurs susceptibles d’être exposés.
Les particules fines
Les particules fines en suspension dans l’air sont aussi présentes dans les bâtiments.
Elles peuvent :
- provenir de la pollution extérieure (trafic automobile, garage sous la maison…) ;
- être émises par la combustion à l’intérieur (tabac, chauffage, encens…), la cuisson des aliments ou les activités de ménage.
Elles peuvent contribuer à une aggravation de l’asthme et des bronchites chroniques, ainsi qu’à un risque accru de maladies cardiovasculaires ou de cancer du poumon.
Le radon
Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle qui provient des sous-sols rocheux et peut s’infiltrer dans les habitations. Inoffensif à l'air libre, il peut s'accumuler dans une pièce close et mal ventilée, en quantité suffisante pour avoir des effets néfastes sur la santé à long terme. Il constitue notamment le deuxième facteur de risque de cancer du poumon, après le tabac.
Comment réduire la pollution de l'air intérieur ?
Il est primordial d’éviter de fumer dans votre logement, en particulier en présence d’enfants, même avec les fenêtres ouvertes.
Il est important que les locaux soient largement aérés :
- aérez en ouvrant les fenêtres au moins dix minutes par jour ;
- aérez également lors de certaines activités susceptibles de dégrader la qualité de l’air intérieur :
- pendant et après des travaux et activités de bricolage ou de nettoyage ;
- après une douche ou un bain ;
- pendant ou après avoir cuisiné ;
- pendant le séchage du linge ;
- pendant le stockage, le montage et l’installation de nouveaux meubles.
Les entrées d’air, les grilles et bouches d’extraction et les VMC (ventilation mécanique contrôlée) contribuent à bien ventiler l’air intérieur. Pensez à les nettoyer régulièrement et à ne pas les obstruer.
Il est aussi conseiller de limiter l’usage de sources de pollution (encens, bougies, parfums d’intérieur), choisir des produits d’entretien, de bricolage ou des meubles émettant moins de substances polluantes, contrôler les appareils de combustion.
Quels risques pour les femmes enceintes et les enfants ?
Pour les femmes enceintes ou allaitantes et les jeunes enfants, des précautions supplémentaires sont nécessaires :
- ne jamais rester dans une atmosphère enfumée ;
- éviter les solvants et les produits « non naturels » : préférer le savon noir pour nettoyer le sol, par exemple ;
- préparer la chambre de votre bébé au moins deux mois avant son arrivée effective.
Retrouvez les conseils de Santé publique France sur les bons gestes pour améliorer l’air intérieur, dans le contexte d’arrivée d’un bébé.
Pour améliorer la connaissance des polluants présents dans l'air intérieur et apporter les éléments nécessaires à l'évaluation et à la gestion des risques qu’ils constituent, un Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) existe depuis 2001.
Depuis le 1er janvier 2018, dans le cadre du Plan national santé environnement (PNSE 3), la surveillance de la qualité de l’air intérieur est obligatoire pour les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans et pour les écoles maternelles et élémentaires. Elle est également devenue obligatoire dans les collèges, lycées et accueils de loisirs en janvier 2020.
À compter du 1er janvier 2023, cette surveillance sera également obligatoire dans tous les lieux recevant du public.
Le Plan national santé environnement (PNSE 4) portant sur la période 2020-2024, propose de faire de la qualité de l’air intérieur un thème prioritaire.
En savoir plus sur la pollution de l'air intérieur
- Le dossier sur le site de l'observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI)
- L'infographie interactive sur l'usage des produits d'entretien de l'Agence de la transition écologique (Ademe)
- Le quiz "Un bon air chez moi" (ministère de la Transition écologique)
- Le guide pratique "Un air sain chez soi" (Ademe)
- Le guide de la pollution de l'air intérieur (Santé publique France)
- Le dossier sur l’amiante pour mieux s’en protéger (INRS)