Les Rencontres 2019

L’Institut national du cancer a organisé ses 7es Rencontres le 4 février dernier au Palais Brongniart à Paris. Plus de 400 acteurs de la lutte contre les cancers se sont rassemblés pour cette nouvelle édition portant sur le thème "Innovation et cancer, quelles orientations pour la lutte contre les cancers de demain ?".

Lors de son discours d'ouverture Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer, a rappelé que le troisième Plan cancer prenait fin en 2019. Il a ainsi souligné que l'enjeu désormais serait de définir la stratégie de la lutte contre les cancers pour les années à venir tout en rappelant que "le fil rouge de notre action doit être les personnes malades. Notre volonté est de les aider à mettre en œuvre une vie normale ".

D'hier à aujourd'hui, des histoires de lutte

La matinée portait sur une rétrospective des avancées majeures réalisées dans la lutte contre les cancers mais également aux défis qui restent aujourd’hui à relever.

Après l'intervention du philisophe Raphaël Enthoven, la matinée s'est poursuivie avec la projection d'un film documentaire retraçant le chemin parcouru dans la connaissance de la maladie dont les premiers stigmates remontent à l’Égypte ancienne. Il esquisse aussi les premiers contours de ce que sera la lutte contre les cancers demain.

Une histoire d’innovations pas à pas et de ruptures

La matinée s'est poursuivie avec l'intervention du Pr Laurent Degos (ancien Président de la HAS et membre de l’Académie de médecine). Revenant sur plusieurs décennies d'innovations médicales et de recherche, selon lui "c'est par les recherches pas à pas et les sauts technologiques que nous pourrons vaincre le cancer".

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Une histoire de succès et de défis

Deux analyses ont permis de poursuivre la réflexion, pointant les contrastes dans les avancées en matière de traitement :

  • Le Pr André Baruchel, chef du Service d’onco-hématologie pédiatrique de l’hôpital Robert Debré (Paris), a pris l’exemple des traitements de la leucémie aiguë de l’enfant, marqués par des progrès considérables ces dernières années. « On note une amélioration de la survie des adolescents entre 15 et 20 ans lorsqu’ils suivent un protocole pédiatrique plutôt adulte. […] Aujourd’hui, on traite de mieux en mieux chaque enfant, en adaptant le traitement à la gravité du cas. On travaille aussi à améliorer leur futur. »
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  • Le Pr Pascal Hammel, chef du service d’oncologie digestive de l’hôpital Beaujon (Clichy) a exposé les défis que présente le cancer du pancréas. Encore dans une impasse thérapeutique, cette maladie se caractérise trop souvent par un mauvais pronostic. Les progrès sont lents pour ces tumeurs sans symptômes spécifiques, profondes et difficiles d’accès. « Les signaux de la maladie sont assez silencieux, le laps de temps entre les premiers signaux et le diagnostic peut être long. » Les traitements personnalisés forment des « sources d’espoir raisonnables » pour améliorer la survie des patients. « La France n’est pas en retard dans ce domaine. […] L’INCa a notamment permis le développement du Programmes d'actions intégrées de recherche (PAIR) pancréas. »
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Allocution de Madame Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a tenu à souligner lors de son allocution concluant cette matinée d’exposés. Parmi les progrès marquants, elle a rappelé « la baisse de la prévalence tabagique avec près d’un million de fumeurs quotidiens en moins entre 2016 et 2017. » La ministre s’est aussi félicitée du « déploiement à l’ensemble du territoire, du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, qui devrait faire reculer ce cancer évitable et parmi les plus inégalitaires socialement ». 

Résolument tournée vers l’avenir, la ministre s’est penchée sur la future stratégie : « Sans présager du futur, il nous faudra consolider notre action. [Les trois plans cancer] ont mis en place des dispositifs, des outils, des actions au service des patients. Il faudra repousser les limites : notre action doit être guidée par la nécessité d’améliorer la santé de nos concitoyens et de lutter sans relâche contre les pertes de chance et les inégalités. Il est impératif de permettre à chacun de réduire son risque de cancer par des choix adéquats au quotidien. Il faudra que notre future stratégie reflète cette grande priorité du gouvernement, qui est le grand changement de paradigme à opérer, et je pense évidemment à la prévention et au retard que nous avons pris dans ce domaine. L’un des combats qu’il nous faudra poursuivre avec la dernière énergie, c’est aussi la limitation des séquelles de la maladie, pour offrir aux personnes touchées par le cancer une meilleure qualité de vie. La stratégie future devra s’attaquer aux cancers de mauvais pronostic, notamment chez l’enfant. »

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Allocution du Pr. Norbert IFRAH, président de l’Institut national du cancer

Lors de son allocution Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer, a notamment retracé l’histoire des actions menées à travers les Plans cancer et souligné le rôle de l'intelligence collective : « Il n’y aurait pas eu de Plans cancer sans les Etats généraux de la fin des années 90. Il faut que nous enrichissions de ce partage d’expériences et de données. » Ajoutant : « Les inégalités sociales représentent un combat essentiel et permanent notamment dans le champ de la santé. […] L’avenir nous réserve de nouveaux défis qu’il nous faudra relever collectivement ; nous avons le devoir d’être ambitieux. Nous abordons l’avenir avec détermination et courage, confiance et humilité. » 

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L'intelligence artificielle au service de nos ambitions

La seconde partie de la journée étant résolument tournée vers la cancérologie de demain, une table-ronde transdisciplinaire a été organisée sur le thème « Comment l’intelligence artificielle peut-elle nous aider à repousser les frontières de l’incurable ? ». Six personnalités : chercheurs, mathématiciens et philosophe ont échangé et apporté leur regard sur la question de l’intelligence artificielle en santé :

  • Eric Deutsch, médecin chercheur, oncologue-radiothérapeute ;
  • Alexandre Gramfort, chercheur Inria, spécialiste du machine learning et de la neuroimagerie ;
  • Jean-Philippe Vert, chercheur Google IA et Mines ParisTech, spécialiste du machine learning et de la bioinformatique ;
  • Nikos Paragios, professeur des Mathématiques et responsable des formations en IA à CentraleSupélec, PDG de TheraPanacea ;
  • Marc Bonneville, Président de l’Alliance pour la Recherche et l’Innovation des Industries de Santé / ARIIS, immunologiste et directeur scientifique et médical de l’Institut Mérieux ;
  • Eric Fiat, philosophe.

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Allocution de Madame Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

La journée s'est conclue avec l'allocution de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. « Certains cancers sont incurables, heureusement il y a des succès notables grâce à la recherche, la solidarité et la science. La recherche en cancérologie est un exemple de l’efficacité d’une vraie programmation et d’une coordination rigoureuse des efforts de recherche. […] Mon ministère consacre près de 70 millions d'euros annuels à des programmes de recherche en cancérologie et ceci n'inclut pas le financement des laboratoires et de leurs chercheurs », a-t-elle déclaré.

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Remerciements

L'Institut national du cancer tient à remercier chaleureusement l'ensemble des intervenants mais également Yann Gauduel. Directeur de recherche Inserm / Ecole Polytechnique – ENSTA et membre du conseil scientifique de l’Institut national du cancer, M. Gauduel a activement contribué à l'élaboration des Rencontres et à la construction du programme de la journée.