Les pesticides
Mis à jour le
Les pesticides, ou produits phytosanitaires, sont tous les produits qui permettent de protéger les plantes cultivées. Largement utilisés à partir de la seconde moitié du vingtième siècle, en particulier par l'agriculture intensive, ils suscitent des inquiétudes quant à leurs effets sur la santé humaine. D'autant plus qu'ils font également partie de notre vie quotidienne comme par exemple les produits ménagers ou insecticides. Avant leur mise sur le marché, ils sont soumis à une demande d’autorisation sur la base d’une évaluation scientifique.
Sommaire de page
Les pesticides, qu'est-ce que c'est ?
Le terme « pesticides » désigne principalement les substances ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes (plantes, animaux, champignons ou bactéries) jugés indésirables car provoquant des dommages aux denrées alimentaires, aux produits agricoles, au bois ou aux aliments pour animaux.
Ce terme générique désigne principalement les produits à usage agricole, dans le langage technique : les produits phytopharmaceutiques : insecticides, fongicides, herbicides.
L'usage des pesticides a entraîné la présence de résidus dans l'environnement, notamment dans l'eau des rivières et des nappes phréatiques, dans l'air et dans les eaux de pluie. Les pesticides se retrouvent également dans les aliments tels que les fruits, les légumes, les céréales et les produits d'origine animale (œufs, lait, viande, poisson...), sous forme de résidus.
Le terme « résidus » désigne les produits de dégradation des pesticides présents dans les différents milieux, dont certains sont issus de molécules aujourd'hui interdites, quelquefois depuis de nombreuses années mais qui, du fait de leur persistance dans l'environnement (eau, sol), peuvent conduire à une exposition des populations.
Sources et voies d'exposition
L'exposition aux pesticides peut se produire dans un cadre professionnel, lors de la fabrication ou de l'utilisation de ces produits, ou concerner l'ensemble de la population lors des usages domestiques, le contact avec des milieux contaminés (sol, air extérieur et intérieur, poussières, surfaces, etc.) ou la consommation d'eau ou de denrées alimentaires contenant des résidus. Cette exposition peut ainsi être liée à l'alimentation, à des activités domestiques, à la proximité de zones agricoles traitées ou à la rémanence de contaminations passées. Elle peut se faire par voies respiratoire ou cutanée, ou par ingestion.
En milieu professionnel, les sources potentielles de contamination sont nombreuses. Toutefois, les activités agricoles représentent les principales sources d'exposition.
Pesticides et cancers
Les professionnels utilisant des pesticides dans le cadre de leur activité y sont les plus exposés mais la population générale est également concernée, à des niveaux variables. Les conséquences de cette exposition sont souvent difficiles à apprécier car les effets des faibles doses, des mélanges ou des expositions de longue durée sont mal connus.
Toutefois, des études indiquent la possibilité d'un lien entre l'utilisation prolongée de pesticides et un sur-risque de cancer chez les adultes et les enfants.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a évalué et classé une soixantaine de pesticides dont on estime qu'ils sont cancérogènes pour l'homme. Seuls les insecticides arsenicaux sont considérés comme certainement cancérogènes. Trois autres familles de pesticides entrent dans la catégorie des cancérogènes probables et 19 dans celle des cancérogènes possibles.[RM1] [RM2]
Cinq pesticides sont classés comme probablement cancérogènes : le malathion (utilisé aux Antilles pour la prévention du chikungunya), le glyphosate (principe actif du "Round Up" de Monsanto), le parathion, le diazinon et le tetrachlorvinphos.
En 2021, l’Inserm a publié une expertise collective qui dresse un bilan des connaissances sur les liens entre exposition aux pesticides et santé humaine au travers d’une analyse critique de la littérature scientifique internationale. Elle aborde entre autres les cancers de l’enfant et de l’adulte. L’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome multiple ainsi que le cancer de la prostate.
Elle permet de préciser le type de leucémies de l’enfant concernées lors d’une exposition de la mère pendant la grossesse : leucémies aiguës et usages domestiques (présomption de lien forte) et leucémie aiguë myéloïde et exposition professionnelle. Un nouveau lien a été mis en évidence entre le risque de leucémie aiguë lymphoblastique en cas d’exposition professionnelle paternelle en période préconceptionnelle (présomption moyenne).
Concernant les tumeurs du système nerveux central, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle des parents aux pesticides (sans distinction) pendant la période prénatale. D’autre part, les résultats conduisent à une présomption forte d’un lien entre les tumeurs du système nerveux central et l’exposition domestique aux pesticides (sans distinction) pendant la grossesse ou pendant l’enfance.
En revanche, il n'a pas été démontré, pour le moment, que les traces de pesticides retrouvées dans notre alimentation pouvaient entraîner des maladies. À l'inverse, les études montrent que les gros consommateurs de fruits et légumes sont les mieux protégés contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers.
Or, les études démontrant cet effet protecteur sont menées sur les consommations réelles, c'est-à-dire avec la présence éventuelle de résidus de pesticides sur les végétaux. Pour en limiter davantage l'ingestion, il est conseillé de laver les fruits et légumes et de peler ceux qui s'y prêtent.
Manger « bio » permet-il de diminuer le risque de cancers ?
Le bénéfice aujourd’hui prouvé d’une alimentation « bio » est son impact sur l’environnement. Vous pouvez évidemment consommer ces produits, toutefois pour réduire le risque de cancer, ce qui est aujourd’hui démontré, c’est de :
- limiter la consommation d’alcool, de boissons sucrées, de « fast-food » et de produits transformés, de viande rouge et de charcuterie ;
- consommer des aliments riches en fruits, légumes frais mais aussi secs, et des céréales complètes.
Il est également préconisé de ne pas fumer, de maintenir un poids « santé » (sans surpoids ni obésité), d’éviter la sédentarité et de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique par jour.
Il est démontré scientifiquement que le changement de nos habitudes permet de réduire le risque de cancers, ce qui n’est pas encore le cas de la consommation de produits « bio ».
Lire notre article Manger « bio » permet-il de diminuer le risque de cancers ?
Agir contre les pesticides
Les pouvoirs publics ont pris de nombreuses mesures pour réduire la présence des pesticides :
- La nouvelle stratégie Écophyto 2030 poursuit l’objectif de réduction de l’utilisation des pesticides de 50% d’ici à 2030
Conformément au droit européen, la stratégie Écophyto 2030, qui prend la suite du plan Écophyto II+, constitue la feuille de route de la France pour atteindre un objectif ambitieux de réduction de l’utilisation et des risques globaux des produits phytopharmaceutiques tout en respectant l’objectif de souveraineté alimentaire.
- La phytopharmacovigilance, créée par la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014 a remplacé l’Observatoire des Résidus de Pesticides (ORP).
Le dispositif de phytopharmacovigilance est un système de vigilance qui collecte et analyse des données de surveillance sur les produits phytopharmaceutiques. L'objectif est d’identifier au plus tôt d'éventuels effets indésirables liés à l’utilisation de ces produits et ainsi de protéger la santé des êtres vivants et des écosystèmes.
Pesticides et jeunes enfants
L'exposition aux pesticides pendant la grossesse pourrait être à l'origine de leucémies et de tumeurs cérébrales chez l'enfant, suggèrent plusieurs études. Si les enfants peuvent ainsi être exposés avant même leur naissance, les nourrissons peuvent être en contact avec des résidus de pesticides qui se retrouvent dans le lait maternel.
Une ingestion non alimentaire par les poussières est également possible, surtout chez les enfants en bas âge qui jouent par terre et ont tendance à porter tout ce qu'ils trouvent à la bouche. C'est pourquoi une vigilance particulière est recommandée si vous êtes enceinte ou que vous allaitez, ou si vous avez de jeunes enfants.