Faire prendre conscience des dangers du tabac

Le tabac est responsable de 46 000 décès par cancers chaque année en France, soit un quart des décès par cancers recensés annuellement. Ne pas commencer à fumer, ou s'arrêter, constitue la meilleure stratégie pour réduire son risque individuel de cancer. Votre rôle est important pour faire prendre conscience à vos patients des dangers du tabac et leur recommander le sevrage tabagique.

En 2020, plus de trois Français de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8 %) et un quart déclarait fumer quotidiennement (25,5 %).

La prévalence du tabagisme, dont le tabagisme quotidien, ne varie pas significativement par rapport à 2019. Les inégalités sociales restent très marquées en 2020, avec 15 points d'écart entre les plus bas et les plus hauts revenus. Après une baisse du tabagisme en France métropolitaine de 2014 à 2019, la prévalence se stabilise en 2020.

Le premier facteur de risque de cancers

Première cause de mortalité évitable, le tabagisme actif est considéré comme responsable de 75 000 décès prématurés chaque année en France, dont 46 000 estimés à la suite d'un cancer (Bonaldi et al, 2016).

Il provoque plus de 8 cancers du poumon sur 10, près de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), 50 % des cancers de la vessie et 30 % des cancers du pancréas. Il est aussi impliqué dans les cancers des voies urinaires et du rein, du col de l'utérus, de l'estomac, des ovaires, du colon et du rectum, ainsi que dans les leucémies myéloïdes. Il pourrait également être en cause dans l'apparition de cancers du sein. Au total, 17 localisations cancéreuses différentes peuvent y être attribuées.

En cause : 70 substances chimiques reconnues comme cancérigènes sur les 7 000 contenues dans la fumée de tabac : benzène, arsenic, chrome, goudrons... (Surgeon General Report, 2014).

La nicotine, en revanche, est addictogène mais non cancérigène.

Les différents modes de consommation

La cigarette manufacturée est le mode de consommation du tabac le plus habituel mais il en existe d'autres, qui peuvent donner la fausse impression de fumer en encourant des risques moindres :

  • la chicha : elle accroît fortement les risques de cancer du poumon, des lèvres, de la vessie et des VADS. La fumée de chicha libère près de 4 000 substances chimiques, dont plusieurs sont cancérogènes. Une étude a montré qu'un gramme de tabac à chicha libérait 24 à 80 mg de goudrons, contre un gramme au plus pour une cigarette manufacturée ;
  • le tabac à chiquer ou à priser : le CIRC le classe comme cancérigène certain pour l'Homme, au même titre que les autres produits du tabac. Parmi les 2 000 substances chimiques qu'il contient, 28 ont été identifiées comme cancérigènes, en particulier les nitrosamines, susceptibles de jouer un rôle important dans le développement du cancer buccal et du cancer du pancréas ;
  • le cannabis (joint) : un joint est le plus souvent composé d'un mélange de tabac et de cannabis. La fumée en est beaucoup plus toxique que celle du tabac seul. La consommation de joints fait inhaler six à sept fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone que celle de cigarettes. Le risque de cancer du poumon serait multiplié par 5,7 chez les forts utilisateurs par rapport à des non-consommateurs.

Le tabagisme passif

Le tabagisme passif est défini comme l'exposition à la fumée de tabac dans son environnement. Même s'ils sont moins élevés que pour le fumeur actif, ses dangers sont prouvés et largement reconnus : chaque année en France, près de 1 100 décès seraient liés au tabagisme passif, dont 150 par cancer du poumon. Les enfants de fumeurs y sont particulièrement exposés.

Le Baromètre santé 2014 a fait état d'une légère diminution de l'exposition passive au tabac de non-fumeurs à leur domicile : 15,6 % des personnes interrogées disent en faire l'objet, contre 19,4 % en 2010. En revanche, cette exposition passive reste stable chez les fumeurs.

Le sevrage tabagique, toujours bénéfique

Il existe toujours un bénéfice à l'arrêt du tabac, quels que soient l'âge du patient, la durée et l'importance de sa consommation de tabac. Ce gain s'avère d'autant plus important que le sevrage tabagique intervient tôt. Une étude a ainsi estimé, en moyenne, le gain d'espérance de vie à 3 ans chez un fumeur s'arrêtant à 60 ans ; ce gain atteint 6 ans si l'arrêt a lieu à l'âge de 50 ans, 9 ans à 40 ans et serait proche de celui des non-fumeurs avant 35 ans (Peto et al, 2004).

Le CIRC a montré par ailleurs qu'un bénéfice significatif de l'arrêt du tabac, augmentant avec la durée de l'abstinence, a été observé pour tous les cancers majeurs associés au tabagisme. Toutefois, il n'atteint qu'à titre exceptionnel le niveau de risque des personnes n'ayant jamais fumé.

Enfin, l'arrêt du tabac après un cancer du poumon améliore le pronostic de survie à 5 ans et la qualité de vie. Il réduit aussi le risque de récidive et celui de développer un second cancer primitif.


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