Indications

Les rayonnements ionisants sont des faisceaux de particules qui transportent une énergie qui leur permet de traverser la matière et de la modifier. Cette modification de la matière s’appelle l’ionisation, d’où le qualificatif de rayonnements ionisants.

Dans le domaine médical, les rayonnements ionisants font l’objet de nombreuses applications ; ils sont en particulier à la base des techniques de radiothérapie. Dans ce cas, ils sont produits par un accélérateur, un appareil qui accélère les particules (des photons dans la grande majorité des cas) à une très grande vitesse ce qui leur confère une forte énergie ; c’est le principe de la radiothérapie externe. On peut aussi utiliser des matériaux radioactifs dont la propriété est d’émettre spontanément et en continu des rayonnements ionisants ; c’est le cas de la curiethérapie.

La radiothérapie externe, utilisée seule, est un des traitements de référence des cancers de la prostate localisés à risque faible.

Pour les formes localisées à risque intermédiaire, la radiothérapie externe peut être associée, dans certains cas, à une hormonothérapie courte (jusqu’à 6 mois).

Une radiothérapie externe est un des traitements possibles des formes localisées à haut risque ; elle est le traitement de référence des cancers localement avancés. Dans ces deux situations, elle peut être, dans certains cas, précédée d’un curage ganglionnaire et associée à une hormonothérapie de longue durée (jusqu’à 3 ans).

Enfin, une radiothérapie externe peut aussi parfois compléter un traitement par chirurgie, dans certains cas de cancers à haut risque.

Une radiothérapie peut parfois être utilisée pour traiter des métastases osseuses.

Le déroulement

Le déroulement d’une radiothérapie repose sur un travail d’équipe entre des manipulateurs, un physicien médical, un dosimétriste, coordonnés par un oncologue radiothérapeute.

Avant le traitement proprement dit, une radiothérapie comporte une étape de repérage de la zone à traiter (appelée simulation) et une étape de calcul de la distribution de la dose (dosimétrie). C’est pourquoi il existe toujours un temps d’attente entre la prise de décision d’un traitement par radiothérapie et le début effectif du traitement.

Pour les cancers de la prostate, on utilise la radiothérapie conformationnelle en trois dimensions (3D). Cette technique consiste à faire correspondre le plus précisément possible (autrement dit à conformer) le volume sur lequel vont être dirigés les rayons au volume de la prostate. Elle utilise des images en 3D de la tumeur et des organes avoisinants. Ces images peuvent être acquises par scanner ou grâce à une fusion des images obtenues par scanner avec celles qui proviennent de l’IRM. Des logiciels simulent, en 3D, la forme des faisceaux d’irradiation à utiliser pour s’adapter au mieux au volume de la tumeur et calculent la distribution des doses. Dans certaines situations, l’oncologue radiothérapeute peut utiliser des techniques d’irradiation avec intensité modulée du faisceau. On parle alors de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI).

La simulation

Durant la phase de simulation, parfois appelée repérage, l’oncologue radiothérapeute, assisté d’un manipulateur, repère la cible sur laquelle les rayons vont être dirigés et les organes à risque à protéger (intestin grêle, dernier segment de l’appareil digestif : rectum et canal anal, vessie…). Pour cela, un scanner est réalisé afin d’obtenir une simulation en trois dimensions de la zone à traiter et des organes voisins. Certains centres de traitement peuvent recourir à la mise en place de grains d’or dans la prostate pour la localiser précisément. L’oncologue radiothérapeute détermine les types de rayons à utiliser, la dimension des faisceaux et leur orientation pour irradier la tumeur en épargnant les organes sains voisins.

Pendant cette phase de simulation, la position que vous devrez reprendre à chaque séance est soigneusement définie. Un marquage sur la peau et différents accessoires (contentions…) spécialement adaptés sont réalisés.

Afin de reproduire au mieux les conditions initiales de la simulation, des conseils adaptés vous sont délivrés par votre équipe médicale. Souvent, il est notamment demandé de vider le rectum et de remplir la vessie avant la réalisation d’un scanner et avant chaque séance de radiothérapie externe. Tout au long du traitement, il pourra vous être demandé d’éviter les aliments qui produisent des gaz.

La dosimétrie

Outre la dimension et l’orientation des faisceaux, l’étape de dosimétrie consiste à déterminer, par une étude informatisée, la distribution (autrement dit la répartition) de la dose de rayons à appliquer à la zone à traiter. Avec l’oncologue radiothérapeute, le physicien médical et le dosimétriste optimisent ainsi l’irradiation, de façon à traiter au mieux la tumeur ou, après une chirurgie, la zone où se situait la prostate, tout en épargnant les tissus sains voisins. Cette étape ne nécessite pas votre présence.

Le plan de traitement définitif établit notamment la dose totale de rayons et ses modalités de délivrance (dose par séance, nombre de séances, espacement des séances…).

La dose de rayons en radiothérapie est exprimée en gray (abrégé en Gy), du nom d’un physicien anglais. 1 Gy correspond à une énergie de 1 joule absorbée dans une masse de 1 kg.

Les doses totales habituellement délivrées lors d’une radiothérapie externe d’un cancer de la prostate sont de 70 à 80 Gy. La radiothérapie est le plus souvent administrée pendant 4 à 5 jours consécutifs (à raison d'une séance par jour, habituellement du lundi au vendredi), et ce, durant 7 à 8 semaines.

Le traitement

Le plus souvent, la radiothérapie externe est réalisée en ambulatoire, ce qui signifie que vous rentrez chez vous quand la séance est terminée. Néanmoins, une hospitalisation complète est possible si votre traitement est réalisé loin de votre domicile ou si votre état général le nécessite.

La salle dans laquelle se déroule la radiothérapie est une pièce qui respecte les normes de protection contre les rayonnements ionisants.

Vous êtes installé par le manipulateur sur la table de traitement dans la position qui a été déterminée lors de la phase de simulation. Les rayons sont dirigés de façon précise vers la région à traiter et vous devez rester immobile.

Pendant la séance, vous êtes seul dans la salle mais vous restez en lien continu avec les manipulateurs : vous pouvez communiquer avec eux par le biais d’un interphone et vous êtes surveillé par une caméra vidéo. La salle reste éclairée pendant la séance. En cas de besoin, le traitement peut être immédiatement interrompu.

Le temps de présence dans la salle de traitement est généralement de quinze minutes environ. Le temps d’irradiation lui-même est de courte durée, de l’ordre de quelques minutes. L’appareil tourne autour de vous sans jamais vous toucher. L’irradiation est invisible et indolore. Vous ne ressentez aucune sensation particulière.

Il est désormais obligatoire de mesurer directement sur vous la dose réelle de rayons que vous recevez lors de la première ou de la deuxième séance, ainsi qu’à chaque modification du traitement. On parle de dosimétrie in vivo. Elle permet de s’assurer que la dose délivrée ne diffère pas de façon significative de la dose prescrite. La dosimétrie in vivo est mise en place dans tous les centres de radiothérapie.

Les séances de radiothérapie externe ne rendent pas radioactif ; il n’y a donc pas de précaution à prendre vis-à-vis de votre entourage une fois la séance terminée.

Le suivi

Durant toute la durée du traitement, des consultations avec l’oncologue radiothérapeute sont programmées régulièrement (environ une fois par semaine). L’objectif est de s'assurer que le traitement se déroule dans les meilleures conditions. Des visites de contrôle sont également planifiées à l'issue de la radiothérapie.

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