Prévenir les cancers liés au travail

Pour limiter les facteurs de risque de cancers liés au travail, une réglementation stricte a été mise en place. Les entreprises sont tenues de mettre en œuvre des mesures de prévention pour protéger leurs salariés. La lutte contre les expositions professionnelles aux substances cancérigènes fait aussi l'objet de plusieurs plans nationaux et européens. Le Plan cancer 2014-2019, en particulier, comportait un volet qui y est dédié.

Évaluer les risques professionnels pour mieux les maîtriser

Les expositions professionnelles à des agents cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) peuvent avoir un impact important dans la survenue d'un cancer, même si, le plus souvent, ce ne sont pas les seuls facteurs en cause.

La prévention des cancers d'origine professionnelle passe principalement par la mise en application des mesures réglementaires existantes dans les entreprises concernées. Des organismes spécialisés (INRS, Carsat...) et les professionnels de la santé au travail peuvent accompagner les employeurs dans la mise en place d'actions visant à protéger les travailleurs.

La prévention des risques cancérigènes en milieu professionnel est avant tout de la responsabilité de l'entreprise. Or, plusieurs études ont montré que cette prévention est encore imparfaitement mise en œuvre.

Première étape : l'évaluation des risques, qui consiste à mesurer régulièrement l'exposition des travailleurs aux différents produits et substances cancérigènes et à veiller au respect des valeurs limites d'exposition professionnelle. Il est également du ressort de l'entreprise d'informer ses salariés sur les risques liés à leur activité professionnelle et sur leur prévention, notamment au travers de formations.

La liste des travailleurs exposés doit être tenue à jour et préciser, pour chaque personne, la nature de l'exposition, sa durée et son importance (estimée par des contrôles atmosphériques). Cette fiche individuelle doit être transmise au médecin du travail.

Enfin, lorsqu'un salarié quitte une entreprise, il devrait recevoir une attestation pour permettre de tracer ses expositions à des agents cancérigènes tout au long de son parcours professionnel. Dans les faits, ce n'est pas souvent le cas.

Des outils pour réduire les expositions professionnelles au maximum

Certaines substances cancérigènes sont désormais interdites, comme l'amiante, qui reste néanmoins un danger pour les travailleurs. Pour les autres substances, la réglementation française impose aux entreprises de substituer tout produit cancérigène par un produit moins dangereux.

Des outils d'aide à cette substitution et à la recherche de solutions alternatives existent ; ils sont proposés notamment par l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) : il s’agit des fiches d’aide au repérage et d’aide à la substitution des cancérigènes. Cet institut développe aussi le logiciel MiXie qui permet d’évaluer les risques liés à la combinaison de plusieurs expositions.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) fournit également des éléments à ce propos.

Santé publique France a lancé, avec ses partenaires, plusieurs outils d’aide à l’évaluation des expositions professionnelles. Ils sont mis à disposition sur le portail Exp-Pro.

Le logiciel Seirich, développé en partenariat avec des acteurs publics et professionnels, aide les entreprises à évaluer les risques liés aux produits chimiques qu’elles utilisent. Il les informe sur les démarches de prévention et les obligations réglementaires.

Si l'entreprise ne peut pas remplacer tous les produits cancérigènes utilisés, elle doit réduire au maximum les expositions de ses salariés, au moyen de dispositifs de protection collectifs ou, à défaut, individuels : système clos, meilleure aération, récupération des polluants à la source, balisage des zones à risque, étiquetage des contenants. En cas d'utilisation de rayonnements ionisants et d'agents biologiques, des obligations particulières s'appliquent : conception des locaux, radioprotection, mesures d'hygiène...

Des mesures nationales et européennes pour la protection des travailleurs

En France

Le troisième plan Cancer2014-2019, comportait un volet sur la prévention des cancers liés au travail. Il visait, entre autres, à renforcer la prévention en milieu professionnel, notamment par le biais de la substitution, ainsi que la surveillance médicale des personnes exposées aux facteurs de risque cancérigènes.

Le plan Santé au travail met l'accent sur la prévention des risques liés aux agents CMR.

Le programme Risques chimiques pros 2018-2022 de l’assurance maladie. Il présente deux objectifs :

  • accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de mesures de prévention pour les risques prioritaires identifiés lors de l’évaluation des risques chimiques ;
  • assurer une veille et améliorer la connaissance des risques et des mesures de prévention mises en place dans des situations mal connues.

En Europe

Au niveau européen, le règlement REACH sur l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les restrictions des substances chimiques est appliqué depuis le 1er juin 2007. Ses principaux objectifs sont d'assurer au mieux la protection de la santé humaine et de l'environnement contre les risques que peuvent poser les produits chimiques. REACH limite la fabrication et l'importation de substances cancérigènes dans l'Union européenne. La Commission européenne elle-même peut aussi prendre des mesures supplémentaires concernant des substances extrêmement dangereuses, si cela s'avère nécessaire.

Au 31 mai 2018, plus de 20 000 substances chimiques sont connues et leurs risques potentiels établis.

 

Les cancers liés au travail : interview de Thierry Philip, directeur du département Cancer et environnement, Economie de la santé, Centre Léon Bérard (Lyon).


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