Pollution de l'air intérieur

Certains agents polluants peuvent contribuer, notamment, à l’apparition d’un cancer. Des mesures individuelles et collectives visent à réduire ce risque sanitaire.

Nous passons en moyenne 80 % de notre temps dans des espaces clos (domicile, bureau, école, espaces de loisir en intérieur, commerces, transports…). La qualité de l’air intérieur concerne donc l'ensemble de la population et plus particulièrement les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées et les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques.

La pollution de l’air intérieur peut avoir des effets sur le confort et la santé, depuis une simple gêne jusqu'au développement ou l'aggravation de diverses pathologies et l’apparition de certains cancers (comme les cancers du poumon ou certaines leucémies).

Quels sont les polluants cancérogènes présents dans l'air intérieur ?

Afin d'améliorer la connaissance des polluants présents dans l'air intérieur et d'apporter aux pouvoirs publics les éléments nécessaires à l'évaluation et à la gestion des risques, un Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a été créé en 2001.

L’OQAI a notamment réalisé une classification des polluants les plus rencontrés dans l’air circulant à l’intérieur d’un espace clos ou confiné, en particulier dans les logements.

Ces polluants sont présentés selon leur degré de toxicité : cette dernière varie selon l'humidité, la température et le débit de l'air à l’intérieur d’une pièce donnée.

On y trouve ainsi :

  • les substances « hautement prioritaires » : formaldéhyde, benzène, acétaldéhyde (substances contenues, notamment, dans la fumée de tabac), particules fines, radon, di-éthylhexyl-phtalate (DEHP) et dichlorvos ;
  • les substances « très prioritaires » : dioxyde d'azote, allergènes de chien et de chat, acariens, toluène, trichloréthylène, plomb, tétrachloro-éthylène, dieldrine, aldrine, paraffines chlorées à chaîne courte et monoxyde de carbone ;
  • les substances « prioritaires » : composés organiques volatils, biocides, éthers de glycol, endotoxines, phtalates, organo-étains, fibres minérales artificielles... ;
  • les substances « non prioritaires » : 1,1,1-trichloroéthane, biocides, phtalates (DMP), alkyls phénols, autres organo-étains...
Substances Effets sur la santé
Aldéhydes (produits de construction, de décoration, ménagers, de bricolage, fumée de tabac)

Irritants pour la peau, les muqueuses et les voies respiratoires.

Le formaldéhyde est un cancérogène certain (source : CIRC), également mutagène et reprotoxique (CMR).

Ce polluant peut aussi provoquer des défaillances neurologiques : fatigue accrue, angoisses, migraines, nausées, vertiges.

Éthers de glycol (peintures, encres, vernis, teintures; colles, adhésifs, produits d’entretien, cosmétiques)

EGBE génotoxique, cancérogène chez la souris.

Ethers de glycol de la série E interdits dans l’UE depuis 2005.

Certaines séries P et D sont suspectées de toxicité rénale (souris), de génotoxicité, de cancérogénicité. Elles sont aussi irritantes pour les  yeux, la peau et les voies respiratoires.

Hydrocarbures aromatiques (solvants de peintures, vernis, encres, liquides volatils à température ambiante) benzène, toluène, éthylbenzène, styrène

Irritation de la peau et des muqueuses, atteinte du système neurologique.

Le benzène est un cancérogène certain (source : CIRC) : il entraîne des lymphopathies et des hémopathies malignes.

HAP (produits de combustion de biomasse, chauffage, cuisine, fumée du tabac)

Irritation des de voies respiratoires, inflammation chronique, cancer du poumon.

Le naphtalène et le benzo(a)pyrène peuvent aussi entraîner des troubles neurocomportementaux et du développement intellectuel, ou un faible poids de naissance.

Octylphénol et Nonylphénol (alkyl phénols, dans le plastique, les cosmétiques ou agents de surface) Perturbateurs endocriniens
Phtalates (plastifiants, retrouvés dans l’air intérieur de logements) Perturbateurs endocriniens
Triclosan (antibactérien)

Perturbateur endocrinien.

Favorise la résistance bactérienne.

Trichloroéthylène (solvant industrie textile, nettoyage du coton, de la laine et fabrication des adhésifs, des peintures, des vernis et des pesticides)

Le trichloréthylène est inhalé et capable de passer la barrière placentaire. C'est un cancérogène avéré pour le cancer du rein (source : CIRC).

Perturbateur endocrinien ; effet sur toute la durée de la grossesse au vu des fenêtres d’exposition associées aux effets décrits précédemment.

Tétrachloroéthylène (solvant pour nettoyage à sec; produits de décoration, adhésifs, vernis, peintures, tapis)

Le tétrachloroéthylène est classé cancérogène probable pour l’Homme par le CIRC (groupe 2A). Il est principalement inhalé et se cumule dans les tissus riches en lipides. Il est très peu métabolisé.

Il est suspecté d’être un perturbateur endocrinien, avec des effets sur la fertilité de l’homme adulte. Son inhalation par des femmes enceintes pendant ou 3 mois avant la grossesse entraine un surrisque de fausses couches.

Une étude parue en septembre 2016 dans le Bulletin de veille scientifique (BVS) évoque par ailleurs la possibilité que l'exposition résidentielle des enfants en bas âge à la circulation sur des routes à fort trafic soit associée à un risque de leucémie infantile.

Une autre étude parue en mars 2015 dans le Bulletin de veille scientifique (BVS) fait également le point sur les risques de l’exposition aux résidus de la nicotine et ses dérivés dans les poussières des ménages.

Quelles recommandations pour vos patients ?

En premier lieu, il convient de rappeler l’importance de l’éviction de la cigarette dans les logements, notamment en présence d’enfants.

En plus des mesures visant à limiter les polluants à la source, il est important que les locaux soient largement aérés (notamment par ouverture des fenêtres), au moins dix minutes par jour et en particulier lors d’activités susceptibles de dégrader la qualité de l’air intérieur :

  • pendant et après des travaux et activités de bricolage ou de nettoyage ;
  • après une douche ou un bain ;
  • pendant ou après avoir cuisiné ;
  • pendant le séchage du linge ;
  • pendant le stockage, le montage et l’installation de nouveaux meubles.

Les entrées d’air, les grilles et bouches d’extraction et les VMC (ventilation mécanique contrôlée) contribuent à bien ventiler l’air intérieur. Il convient de les nettoyer régulièrement et de ne pas les obstruer.

Pour les femmes enceintes ou allaitantes et les jeunes enfants, des recommandations supplémentaires sont nécessaires :

  • éviter autant que possible les atmosphères enfumées ;
  • éviter les solvants et les produits de nettoyage « non naturels » ;
  • préparer la chambre d'un futur bébé au moins deux mois avant le terme prévu.

Quelles mesures collectives sont mises en œuvre pour assainir l’air intérieur ?

Contrôle des émissions des matériaux et produits de construction

En ce qui concerne spécifiquement les matériaux et produits de construction, dont plusieurs sont des CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) connus, divers dispositifs complémentaires ont été prévus dans le cadre des différents Plans nationaux santé environnement (PNSE) et des engagements du Grenelle de l’environnement (2009) :

Exemple d'étiquetage portant sur les émissions de composés organiques volatils
  • un étiquetage obligatoire des produits de construction et de décoration, portant sur leurs émissions de composés organiques volatils (COV), a été mis en place. Ce dispositif vise à permettre une information objective des concepteurs et des utilisateurs sur les produits rencontrés dans le bâtiment. Le niveau d’émission est indiqué selon une échelle allant de A+ (émissions très faibles) à C (émissions fortes) ;
  • les substances classées cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégories 1 et 2 ont été interdites dans les produits de construction et d’ameublement, ainsi que dans les revêtements muraux et de sol, les peintures et vernis et l’ensemble des produits ayant pour objet ou pour effet d’émettre des substances dans l’air ambiant ;
  • en complément, un seuil d’émission maximal pour quatre substances prioritaires dans les matériaux de construction (trichloréthylène, benzène et deux types de phtalates) a été fixé.

Surveillance de l'air intérieur

Depuis le 1er janvier 2018, une surveillance de l’air intérieur est obligatoire dans les lieux d’accueil d'enfants de moins de 6 ans (crèches, écoles maternelles…) et les écoles primaires, dans le cadre du PNSE 3.

Depuis le 1er janvier 2020, cette surveillance est obligatoire dans les collèges, lycées et accueils de loisirs.

Elle sera obligatoire dans tous les autres établissements recevant du public à compter du 1er janvier 2023.

En quoi consiste cette surveillance ?

Tous les 7 ans, le propriétaire ou l’exploitant de l’établissement doit procéder, d’une part, à l’évaluation obligatoire des moyens d’aération de l’établissement et d’autre part, pour les polluants réglementés (formaldéhyde, benzène, dioxyde de carbone et dans certains cas le tétrachloroéthylène) :

  • à la réalisation de campagnes de mesures des polluants par des organismes accrédités ;
  • à la mise en œuvre d’un plan d’actions de prévention, à la suite d’une évaluation portant sur les sources d’émissions potentielles et les systèmes de ventilation et moyens d’aération en place.

Un guide de bonnes pratiques "Pour une meilleure qualité de l’air dans les lieux accueillant des enfants et adolescents" est aussi mis à la disposition des acteurs concernés, par les ministères en charge de la santé et de l’écologie. Pour en savoir plus, consultez le site du ministère en charge de la santé.


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