Cancers du rectum : les médicaments anticancéreux (chimiothérapie et thérapies ciblées)

Il existe plusieurs types de traitements médicamenteux pour traiter les cancers du rectum :

  • des molécules de chimiothérapie conventionnelle,
  • des molécules de thérapie ciblée.

Il s’agit de traitements généraux, dits aussi traitements systémiques, car ils agissent dans l’ensemble du corps.

Arrêter de fumer fait partie du traitement de votre cancer

Il est fortement recommandé d’arrêter de fumer afin de réduire le risque de complications pendant et après les traitements anticancéreux et d’améliorer la qualité de vos soins. Les études montrent l’importance de l’arrêt du tabac en termes de pronostic, de récidive, de second cancer et de qualité de vie pour le patient atteint de cancer du rectum.

Pour obtenir plus de conseils sur les aides disponibles à l’arrêt du tabac, rendez-vous sur notre page Tabac, alcool, réduire une consommation.

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Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?

La chimiothérapie conventionnelle et les thérapies ciblées permettent d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n’ont pas été détectées lors du diagnostic.

Ces traitements n’ont pas le même mode d’action :

  • les médicaments de chimiothérapie conventionnelle agissent sur les mécanismes de la division cellulaire ;
  • les thérapies ciblées bloquent la croissance ou la propagation des cellules cancéreuses, en interférant avec des mécanismes qui sont à l’origine de leur développement et de leur dissémination.

Dans la suite de cette page, le terme « traitement médicamenteux » est employé pour désigner ces différents médicaments, qu’ils soient associés entre eux ou non.

Dans quels cas un traitement médicamenteux est-il indiqué ?

À noter : seules les principales indications des traitements médicamenteux sont mentionnées ici.

Des traitements médicamenteux peuvent être prescrits dans les situations suivantes.

Pour les tumeurs du haut rectum

  • pour les cancers de stade II, une chimiothérapie peut être discutée après la chirurgie pour réduire le risque de récidive. On parle de chimiothérapie adjuvante ;
  • pour les cancers de stade III, une chimiothérapie adjuvante est proposée dans un délai de 8 semaines après la chirurgie et durant 3 à 6 mois ;
  • pour les cancers de stade IV (métastatique), une chimiothérapie pouvant être associée à un traitement par thérapie ciblée est discutée au cas par cas. En cas de réponse à ce traitement (réduction de la taille de la tumeur située sur le rectum et/ou des métastases), le recours à une chirurgie est ensuite discuté.

Pour les tumeurs du moyen et du bas rectum

  • pour les cancers de stades II et III, une chimiothérapie associée à une radiothérapie (radiochimiothérapie) est le traitement de référence. Elle est effectuée avant l’intervention chirurgicale. Selon les situations, une chimiothérapie adjuvante, c’est-à-dire réalisée après l’intervention chirurgicale, peut également être préconisée ;
  • pour les cancers de stade IV (métastatique), le choix du traitement est discuté au cas par cas en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

Que se passe-t-il avant de commencer le traitement ?

Avant de démarrer le protocole de traitement, votre médecin vous en explique le principe, les objectifs, ainsi que les effets indésirables possibles dans votre situation. Il vous indique aussi les solutions qui permettent de les anticiper ou de les limiter. Il effectue également un bilan préthérapeutique.

N’hésitez pas à noter et à lui soumettre toutes les questions que vous vous posez au sujet de ce traitement.

Important : en cas de traitement pour une autre maladie

Informez les professionnels de santé qui vous suivent du traitement que vous recevez pour le cancer du rectum afin qu’ils évaluent le risque d’interaction avec d’autres traitements que vous pourriez prendre pour une autre maladie.

Exemples de questions à poser à l’équipe médicale

  • Quel type de traitement médicamenteux me sera administré ? De quelle façon ?
  • Quels sont les objectifs du traitement ?
  • Quels sont les effets indésirables ? Que puis-je faire pour les limiter ? Comment sont-ils traités ?
  • Le traitement se passe-t-il à l’hôpital ou à domicile ? Combien de temps dure-t-il ?
  • Comment et par qui est effectué le suivi pendant les traitements ?
  • Y a-t-il des conseils alimentaires particuliers à respecter ?

Quels sont les traitements médicamenteux utilisés ?

Les médicaments de chimiothérapie conventionnelle les plus fréquemment utilisés

  • le 5-fluoro-uracile, appelé aussi 5-FU (voie injectable) et la capécitabine (comprimés à avaler), qui sont des fluoropyrimidines ;
  • l’oxaliplatine, qui fait partie des sels de platine (voie injectable) ;
  • l’irinotecan, qui est un inhibiteur de la topoisomérase I (voie injectable).

Un médicament peut être employé seul ou, le plus souvent, associé à d’autres médicaments.

Lorsque plusieurs médicaments de chimiothérapie sont associés, on parle de schéma ou de protocole de chimiothérapie.

À noter : pour une radiochimiothérapie, la chimiothérapie associée est le plus souvent prise par voie orale (la capécitabine).

À savoir avant tout traitement à base de 5-FU et de capécitabine

Il existe des toxicités rares, précoces et potentiellement graves, survenant généralement au cours des 2 premiers cycles de chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5-FU et capécitabine), qui peuvent être dues à un déficit d’une enzyme, la dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD). Cette enzyme est responsable de la dégradation du 5-FU et de la capécitabine et permet ainsi d’éliminer ces médicaments de l’organisme.

Chez les personnes qui présentent un déficit en enzyme DPD, il peut y avoir une accumulation de ces médicaments dans le corps à un niveau toxique.

Une recherche de ce déficit est obligatoirement réalisée avant le lancement d’un traitement à base de fluoropyrimidines. Il s’effectue par un dosage du taux d’uracile dans le sang, à partir d’une simple prise de sang.

Vous devez conserver précieusement le résultat de la recherche d’un déficit en DPD et en informer les professionnels de santé impliqués dans le traitement de votre cancer lors de la première consultation.

Pour en savoir plus, consulter la fiche Patients de l’ANSM.

Les médicaments de thérapie ciblée

Dans les cas de cancer du rectum en situation métastatique, une thérapie ciblée peut être associée, dans certains cas, à un traitement par chimiothérapie conventionnelle.

Trois médicaments de thérapie ciblée sont utilisés en première ligne de traitement :

  • le bevacizumab (anti-angiogénique) ;
  • le cetuximab (anti-EGFR) ;
  • le panitumumab (anti-EGFR).

Ils font partie de la famille des anticorps monoclonaux.

Qu’est-ce qu’un anticorps monoclonal ?

Les anticorps monoclonaux sont des protéines fabriquées par les lymphocytes B. Leur rôle est de repérer et de neutraliser certaines substances étrangères comme les virus, les bactéries, ainsi que les cellules anormales ou cancéreuses. Pour les neutraliser, l’anticorps se fixe sur une cible très précise, l’antigène présent sur la surface de la substance étrangère ou de la cellule anormale ou cancéreuse, et permet son élimination par le système immunitaire. Les anticorps monoclonaux sont des anticorps produits en laboratoire, à partir d’un clone de cellules (plusieurs cellules identiques, d’où le terme monoclonal).

Grâce à la recherche médicale, des anticorps monoclonaux « anticancer » sont aujourd’hui produits industriellement. Ces anticorps ont la capacité de repérer et de bloquer certains mécanismes spécifiques des cellules cancéreuses ou de leur environnement, et de détecter la cellule cancéreuse elle-même pour qu’elle soit détruite. Les noms de ces médicaments se terminent en -mab.

Il existe plusieurs types d’anticorps monoclonaux indiqués dans les cancers du rectum :

  • ceux agissant contre l’angiogenèse, c’est-à-dire contre la formation de nouveaux vaisseaux sanguins par la tumeur maligne, qui est ainsi privée des éléments dont elle a besoin pour se développer et qui se trouvent dans le sang (l’oxygène et les nutriments). C’est le cas du bevacizumab ;
  • ceux dont l’action consiste à bloquer la transmission de certaines informations au sein des cellules en se fixant sur les récepteurs EGF présents en grand nombre à la surface de certaines cellules tumorales. Ils les empêchent ainsi de se diviser et de proliférer de façon anarchique. Parmi ceux-là, certains médicaments comme le cetuximab et le panitumumab bloquent le récepteur du facteur de croissance épidermique des cellules (EGFR pour epidermal growth factor receptor). Ils sont appelés anti-EGFR.

Comment agissent les thérapies ciblées ?

Comment agissent les thérapies ciblées - Illustration de Pierre Bourcier

Comment sont choisis et administrés ces médicaments de thérapie ciblée ?

Le choix de l’un ou l’autre de ces médicaments, administrés en association avec la chimiothérapie conventionnelle, est essentiellement déterminé par les résultats de la recherche de mutation du gène RAS.

En effet, les anti-EGFR (cetuximab et panitumumab) n’ont pas d’action sur les tumeurs présentant une mutation du gène RAS (environ 50 % des patients).

De forme injectable, ils sont administrés par perfusion.

Un plan de traitement au cas par cas

Les médicaments employés, les doses administrées, ainsi que le rythme des cures (ou la durée du traitement pour une thérapie ciblée) varient d’une personne à l’autre, en fonction des caractéristiques du cancer et de la tolérance au traitement, sur la base de doses et de rythmes prédéfinis.

C’est pourquoi le plan de traitement est déterminé au cas par cas.

Pour en savoir plus sur ces médicaments et leurs effets indésirables, vous pouvez consulter la base de données publique des médicaments du ministère chargé de la Santé.

Comment se déroule le traitement en pratique ?

Le traitement peut être administré sous forme orale ou par voie injectable, selon les cas.

Le déroulement du traitement est planifié par l’équipe médicale en fonction de votre situation et résumé dans votre programme personnalisé de soins (PPS). 

Le médecin qui vous suit vous remet un calendrier qui détermine le lieu et les jours de traitement, ainsi que les noms des médicaments utilisés.

Important

Pour les médicaments par voie orale, il est fondamental de respecter rigoureusement les doses et les modalités de prise indiquées par le médecin, pour obtenir la meilleure efficacité du traitement tout en évitant un surdosage.

Une durée de traitement variable

La durée totale du traitement est variable.

Il se déroule soit de façon continue, tous les jours pendant une période donnée pour les traitements oraux, soit par cures intermittentes séparées par des périodes de repos pour les traitements injectables.

En cas de cures intermittentes, il est généralement administré tous les 15 jours pendant 48 heures (avec l’aide d’une pompe ou diffuseur) sur une période qui peut varier d’un cas à l’autre.

Avant chaque cure (lorsqu’elle est intermittente), un examen clinique et des examens de sang sont réalisés pour vérifier que votre état de santé permet de poursuivre le traitement.

En cas d’anomalies, comme une baisse importante du taux de globules blancs (les cellules qui participent au système de défense de l’organisme) par exemple, le traitement peut être reporté ou modifié.

Lorsque les médicaments sont injectés dans une veine, par perfusion, le traitement se déroule généralement à l’hôpital en ambulatoire. Vous ne restez que le temps de la perfusion « courte » et rentrez chez vous le jour même : on parle aussi d’hospitalisation de jour.

Pour les perfusions « longues » (48 heures), une pompe portable (diffuseur) vous sera proposée pour une administration du traitement au domicile. Un infirmier de ville viendra chez vous pour débrancher la pompe sans que vous ayez besoin de retourner à l’hôpital.

Le diffuseur portable pour une perfusion sur 48 heures

12 Le Diffuseur Portable Pour Une Perfusion Sur 48 Heures - copyright

Une hospitalisation complète est possible si votre traitement est réalisé loin de votre domicile ou si votre état général le nécessite.