Pilules contraceptives et risque de cancers

Les pilules contraceptives sont utilisées par les femmes pour prévenir des grossesses non prévues. Les débats se poursuivent sur l'augmentation du risque de développer certains cancers pouvant être liés à la prise de ces médicaments.

La pilule, c’est quoi ?

Tous les mois, l’organisme féminin fabrique naturellement deux familles d’hormones en vue d’une grossesse : les œstrogènes, en première partie du cycle menstruel, et la progestérone, de l’ovulation jusqu’aux règles suivantes.

Les contraceptifs oraux, dits « pilules », contiennent des substances synthétiques qui miment l’action de ces hormones. L’objectif est d’éviter une grossesse soit en empêchant les ovaires de libérer un ovule, soit en faisant obstacle à la fécondation et à l’implantation d’un œuf.

Il existe deux sortes de pilules :

  • les pilules œstroprogestatives, dites « combinées », qui contiennent à la fois un œstrogène et un progestatif ;
  • les pilules microprogestatives, qui contiennent seulement un progestatif.

Les pilules combinées sont les plus couramment prescrites en France et c’est à leur propos qu’on parle de « générations » : plus une « génération » est avancée dans le temps, plus la pilule sera faiblement dosée en hormones de synthèse.

Ces pilules peuvent toutefois provoquer des effets secondaires. Les risques les plus importants concernent l’augmentation de certaines maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral) et de formation de caillots de sang dans les veines (accidents thromboemboliques), surtout chez les femmes qui fument. C’est pourquoi il est fortement recommandé de ne pas fumer quand on prend ce moyen de contraception.

Pilules contraceptives et cancers

Selon une expertise du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) menée en 2005 et actualisée en 2012, les pilules combinées entraîneraient  une légère hausse du risque de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie :

  • une femme sous pilule combinée semble accroître légèrement son risque de cancer du sein, en particulier les jeunes femmes qui la prennent depuis peu et celles qui l’utilisent depuis 10 ans ou plus. Le risque revient à la normale 10 ans après avoir cessé de la prendre ;
  • l’utilisation d’une pilule combinée à long terme, c’est-à-dire 5 ans ou plus, ferait augmenter le risque de cancer du col de l’utérus. Ce risque diminue au fil du temps après l’arrêt ;
  • l’utilisation à long terme de la pilule fait légèrement augmenter le risque d’un type de cancer du foie appelé carcinome hépatocellulaire chez les femmes dont le risque d’être atteintes d’une hépatite B est faible. Dans la mesure où ce cancer est très peu fréquent (2 cas pour 100 000 femmes par an), il reste très rare parmi les jeunes femmes.

La pilule microprogestative peut elle aussi faire augmenter le risque de cancer du sein et de l’utérus.

En revanche, plusieurs études suggèrent que les femmes sous pilule combinée risqueraient moins d’être atteintes d’un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre. Cet effet protecteur est retrouvé même chez des femmes n’ayant pris la pilule que pendant quelques années et se prolonge au-delà de la cinquantaine, âge auquel le cancer de l’endomètre commence à se manifester. Cet effet bénéfique se renforce avec la durée d’utilisation : une étude britannique indique que la prise d’une pilule pendant 5 ans réduirait de 25 % le risque d’avoir un cancer de l’endomètre avant 75 ans.

Selon une grande étude épidémiologique américaine, plus la contraception orale dure longtemps, plus le bénéfice en termes de réduction des risques des cancers de l'ovaire et de l'endomètre est important. Cette étude montre qu'une contraception orale durant au moins 10 ans diminue le risque de cancer de l'ovaire de 40% par rapport à l'absence de contraception orale ou une utilisation de moins d'un an.

D’autres études laissent entendre que la pilule pourrait également contribuer à réduire le risque de cancer colorectal. Ces résultats ne font cependant pas l’unanimité dans la communauté scientifique.

A noter : les nouveaux contraceptifs hormonaux (timbre, anneau vaginal, implant cutané, injection) sont d'apparition trop récente pour qu’on puisse évaluer leur risque potentiel avec assez de recul.

Quelle contraception choisir ?

La pilule n'est pas le seul moyen de contraception existant. Votre médecin ou une sage-femme peuvent vous aider à choisir la contraception qui vous conviendra le mieux, avec ou sans hormones, notamment en fonction de votre histoire personnelle et familiale. La méthode choisie peut évoluer au fil de la vie et des situations que vous rencontrerez.

Une femme qui consulte pour une première demande contraceptive doit bénéficier d’une consultation uniquement dédiée à ce motif, quel que soit son âge.(HAS juillet 2019)

Pour en savoir plus sur ce thème et comparer les moyens contraceptifs qui peuvent vous être proposés, l’agence nationale de santé publique - Santé publique France vous propose un outil sur son site dédié : choisirsacontraception.fr.

L'Agence nationale de sécurité des produits de santé (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) ont également produit un document pour vous aider à mieux comprendre les effets possibles de la pilule.