Cancer du col de l’utérus : la chirurgie

La chirurgie a pour objectif d’évaluer le stade d’évolution du cancer pour choisir le traitement le plus approprié, de supprimer la totalité de la tumeur et de limiter le risque de récidive.

Elle est principalement utilisée pour traiter les tumeurs de stades précoces (IA1, IA2, IB1, IB2 et IIA1).

Plusieurs types d’interventions existent. Le choix dépend de l’étendue précise du cancer. Votre âge et votre désir éventuel d’enfant peuvent aussi influencer la décision.

Comment se préparer à l’intervention ?

Important : l’arrêt du tabac quelques semaines avant l’intervention

L’arrêt du tabac est important pour réduire les risques de complications pendant et après l’opération (risques de complications pulmonaires, d’infection de la zone opérée et de problèmes de cicatrisation). Des moyens existent pour accompagner l’arrêt du tabac et soulager les symptômes de sevrage. Parlez-en avec l’équipe qui vous suit. Vous pouvez aussi avoir recours à des aides à distance.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre dépliant "Traitement du cancer et tabac" :

Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?

 
Deux consultations sont programmées quelques jours avant l’intervention : l’une avec le chirurgien, l’autre avec l’anesthésiste.

Un bilan préopératoire doit également être réalisé ; il repose sur les examens du bilan préthérapeutique.

La consultation avec le chirurgien

Le chirurgien vous explique les objectifs de l’opération, la technique qu’il va utiliser, les suites opératoires et les complications possibles. Cette consultation est l’occasion de poser toutes vos questions au sujet de l’intervention.

Lors de cette consultation, le chirurgien vous informe qu’un échantillon de la tumeur peut également faire l’objet d’une analyse dans le cadre de la recherche et être conservé après l’opération dans une tumorothèque, une bibliothèque de tumeurs, en vue de recherches ultérieures. Vous avez le droit de vous y opposer.

Exemples de questions à poser à l’équipe médicale :

  • Comment l’opération se déroule-t-elle ?
  • Quels en sont les risques ?
  • Comment puis-je me préparer au mieux ?
  • Que va-t-il se passer après l’intervention ?
  • Quelle est la durée d’hospitalisation ?
  • Quelles vont être les conséquences de l’opération sur ma vie de tous les jours et sur ma fertilité ?

La consultation avec l’anesthésiste

L’intervention est réalisée sous anesthésie générale. La consultation avec l’anesthésiste permet d’évaluer les risques liés à l’anesthésie, en prenant en compte vos antécédents médicaux et chirurgicaux.

Il est important de signaler tout problème de santé, notamment les allergies (rhume des foins, eczéma, allergie au latex, à certains médicaments...), les problèmes respiratoires (asthme, bronchite chronique), les problèmes cardiaques (hypertension artérielle par exemple), la prise de médicaments, les problèmes de coagulation liés à une maladie ou à une prise régulière de médicaments (aspirine, anticoagulants), ainsi que votre consommation d’alcool et de tabac.

L’anesthésiste aborde avec vous la question de la gestion de la douleur après l’opération. Cette consultation est l’occasion de poser toutes les questions que vous avez au sujet de l’anesthésie.

L’évaluation de votre état nutritionnel

Votre état nutritionnel, c’est-à-dire le bon équilibre entre ce que vous mangez et ce que vous dépensez, est souvent altéré par la maladie et aggravé par la chirurgie. Cela risque d’entraîner une dénutrition qui se manifeste par une perte de poids.

05 Les Conséquences De La Dénutrition - copyright

Un bon état nutritionnel est indispensable pour le bon déroulement des traitements.

Si l’équipe médicale constate une dénutrition avant ou après l’intervention, vous pourrez bénéficier d’un support nutritionnel complémentaire de votre alimentation visant à rétablir votre état nutritionnel.

Il peut s’agir, notamment :

  • de la prescription d’une alimentation enrichie en calories ou protéines ;
  • de compléments nutritionnels oraux (CNO) ;
  • d’une nutrition entérale (via une sonde gastrique).

Comment accéder à la tumeur ?

On appelle « voie d’abord » le chemin utilisé par le chirurgien pour accéder à l’organe ou à la zone à opérer.

Trois voies d’abord sont utilisées pour opérer un cancer du col de l’utérus :

  • la coelioscopie ;
  • la laparotomie ;
  • la voie vaginale.

Le choix de l’une ou l’autre dépend du stade du cancer et de ses caractéristiques (taille et localisation de la tumeur), de votre état de santé, d’éventuelles interventions chirurgicales antérieures, du type d’intervention ainsi que des habitudes et de l’expérience de l’équipe chirurgicale.

Plusieurs voies d’abord peuvent être utilisées au cours d’une même intervention.

Qu’est-ce que la laparotomie ?

La laparotomie consiste à effectuer une ouverture au niveau du ventre pour accéder aux organes (opération à ventre ouvert). Le chirurgien effectue soit une incision verticale (souvent du dessous du nombril au pubis), soit une incision horizontale au-dessus du pubis dont la cicatrice peut être cachée par les poils pubiens.

Qu’est-ce que la cœlioscopie ?

La cœlioscopie (ou laparoscopie simple ou robot-assistée) est une technique qui permet de ne pas ouvrir l’abdomen (opération à ventre fermé). Le chirurgien effectue plusieurs petites incisions qui lui permettent de passer un système optique ainsi que des instruments chirurgicaux à l’intérieur du pelvis et de l’abdomen. Le système optique est relié à un écran extérieur et le chirurgien opère en regardant l’écran.

Qu’est-ce que la voie vaginale, ou voie basse ?

La voie vaginale ou voie basse consiste à accéder à la tumeur en passant directement par le vagin. La principale limite de cette voie est l’impossibilité d’enlever les ganglions lymphatiques.

Comment se déroule l’intervention ?

Le type d’intervention réalisée dépend du stade du cancer, c’est-à-dire de son étendue au moment du diagnostic.

La colpo-hystérectomie élargie, intervention la plus fréquente

L’intervention la plus fréquemment réalisée est la colpo-hystérectomie élargie. Lors de cette intervention, le chirurgien retire l’utérus, la partie supérieure du vagin et les paramètres.

Il est souvent nécessaire de retirer les ganglions lymphatiques du pelvis. Cette intervention appelée curage ganglionnaire, ou lymphadénectomie pelvienne, est plus souvent réalisée en même temps que la colpo-hystérectomie élargie. Cependant, elle peut être réalisée avant la chirurgie de l’utérus.

Le retrait des ganglions est précédé, dans certains cas, de la technique du ganglion sentinelle. Cette technique permet de retirer uniquement le ou les premiers ganglions lymphatiques atteints et d’éviter ainsi, si cela est possible, de retirer la totalité des ganglions lymphatiques du pelvis.

La technique du ganglion sentinelle

Cette technique consiste à retirer le ou les ganglions lymphatiques les plus proches de la tumeur afin de déterminer s’ils sont envahis ou non par des cellules cancéreuses. Elle permet d’éviter de retirer la totalité des ganglions lymphatiques pelviens s’ils ne sont pas atteints. Elle peut être réalisée pour les stades précoces et permet d’éviter dans certains cas des curages plus extensifs. Son indication est discutée en RCP.

L’hystérectomie

Il s’agit de retirer uniquement l’utérus (hystérectomie simple) et, dans certains cas, les paramètres (hystérectomie élargie).

La chirurgie conservatrice : trachélectomie simple ou élargie

Lorsque le cancer est détecté à un stade très précoce ou chez une femme désirant avoir un enfant, il est parfois possible d’envisager une chirurgie conservatrice. Le chirurgien effectue alors une trachélectomie simple consistant à retirer uniquement le col de l’utérus.

Dans certains cas, le chirurgien retire également la partie supérieure du vagin, les paramètres et les ganglions lymphatiques. On parle alors de trachélectomie élargie.

Lorsque le col est retiré, le chirurgien réalise des points de suture particuliers (on parle de cerclage) pour fermer partiellement l’utérus à l’endroit où se trouvait le col. Le nouvel orifice formé permet l’évacuation du sang de l’utérus vers le vagin, lors des règles. Cette chirurgie permet de préserver la fertilité et d’envisager une grossesse ultérieure sous surveillance médicale.

Que se passe-t-il après l’intervention ?

Une fois l’intervention terminée, vous êtes amenée en salle de réveil où l’équipe médicale et paramédicale continue d’assurer votre surveillance. Si l’intervention a été lourde, vous pouvez être gardée dans un service de soins intensifs ou de réanimation quelques jours.

Bon à savoir

À tout moment, votre famille peut contacter le service pour prendre de vos nouvelles.

À votre réveil

À votre réveil, vous pouvez ressentir des nausées ou encore une somnolence, provoquées par l’anesthésie.

Un ou plusieurs drains peuvent être mis en place dans la zone opérée pendant l’intervention. Ces tuyaux très fins permettent d’évacuer les liquides (sang, lymphe) qui peuvent s’accumuler au cours de la cicatrisation. Ces drains ne sont pas douloureux et sont retirés sur décision du chirurgien, dans les jours suivant l’opération. Leur retrait peut être douloureux.

Qu’est-ce que la lymphe ?

La lymphe est un liquide légèrement coloré produit par le corps, qui transporte les globules blancs et évacue les déchets des cellules. La lymphe circule dans des vaisseaux dits lymphatiques.

Une sonde urinaire a pu être mise en place. Elle sert à recueillir les urines et à mesurer leur volume pour mieux contrôler le fonctionnement des reins. Elle est retirée quelques heures ou jours après l’intervention.

Pour éviter une phlébite pouvant être provoquée par un alitement prolongé après une opération chirurgicale ou par la chirurgie elle-même, les médecins vous prescrivent un médicament anticoagulant et vous demandent de vous lever dès que possible après l’intervention. De plus, le port de bas anti-thrombose (appelés bas de contention ou encore bas à varices) pendant la journée est préconisé après l’opération et pendant toute la durée prescrite par votre médecin.

La gestion de votre douleur

Comme après toute intervention chirurgicale, les douleurs sont systématiquement traitées, généralement par de la morphine ou l’un de ses dérivés. Il est important que vous décriviez ce que vous ressentez afin que votre équipe soignante puisse vous proposer le traitement le plus adapté.

Si vous n’êtes pas suffisamment soulagée, signalez-le sans tarder à l’équipe soignante afin que le traitement puisse être adapté.

La durée d’hospitalisation

Certaines interventions peuvent être réalisées en ambulatoire, telles qu’une conisation ou une hystérectomie simple. D’autres, telles qu’une hystérectomie élargie ou une trachélectomie élargie, nécessitent une hospitalisation traditionnelle dont la durée est de quelques jours. Elle peut être plus courte ou plus longue selon l’intervention pratiquée, votre état de santé général et la façon dont vous avez supporté la chirurgie.

Si besoin, un séjour en service de soins de suite et de réadaptation (SSR) ou une hospitalisation à domicile (HAD) peuvent vous aider à récupérer.

Les analyses de la tumeur pour en déterminer la propagation

Les tissus retirés lors de l’intervention chirurgicale sont transmis au service d’anatomopathologie pour être analysés. Cet examen est réalisé par un médecin spécialiste appelé anatomopathologiste.

L’examen consiste à observer, à l’œil nu puis au microscope, les tissus et les ganglions, lorsqu’ils ont été prélevés, afin de déterminer jusqu’où les cellules cancéreuses se sont propagées. Il permet aussi de vérifier si les bords du tissu qui entoure la tumeur (marges de sécurité) sont sains, ce qui prouve que la tumeur a bien été entièrement enlevée. Grâce à cet examen, le type de cellules concerné et le stade du cancer, c’est-à-dire son degré d’extension, sont confirmés.

Avec cette information, les médecins peuvent décider, lorsqu’il est nécessaire, quel traitement complémentaire réaliser après la chirurgie.

Quels sont les effets indésirables et les complications possibles ?

La survenue éventuelle d’effets indésirables est surveillée pendant votre hospitalisation et lors des consultations qui suivent. N’hésitez pas à décrire aux professionnels tous les signes et symptômes que vous ressentez.

Fatigue

Juste après l’intervention, vous pouvez ressentir de la fatigue, due notamment à l’anesthésie ou à l’anxiété générée par l’opération ainsi qu’à la survenue de la ménopause si une ovariectomie a été réalisée. La fatigue dépend de la façon dont vous avez supporté l’intervention et des autres effets indésirables. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit prise en compte le mieux possible.

Parfois, un séjour en service de soins de suite et de réadaptation pour un temps de convalescence peut vous être prescrit par votre médecin. C’est l’établissement de soins qui en fait la demande.

Douleurs localisées

Des douleurs localisées peuvent persister pendant quelques semaines après l’opération. Vous aurez un traitement antidouleur (antalgique) à prendre jusqu’à ce qu’elles aient totalement disparu.

Difficultés à cicatriser

Des problèmes de cicatrisation peuvent survenir. Il arrive qu’un hématome ou une infection apparaissent au niveau de la cicatrice. Ces effets indésirables guérissent souvent à l’aide de soins locaux réalisés par des infirmiers. Toutefois, s’ils ne disparaissent pas, une nouvelle opération est parfois nécessaire pour les traiter.

Difficultés à uriner

Une rétention urinaire peut survenir si les paramètres ont été retirés lors de l’intervention. Cette difficulté à uriner est due à l’ablation des nerfs qui contrôlent la vessie et qui sont localisés dans les paramètres. Ce trouble peut nécessiter la réalisation d’auto-sondages lors de votre retour à domicile. Cette technique permet l’évacuation des urines par une sonde que vous posez vous-même. Vous serez formée à l’auto-sondage par un professionnel de santé. Ce trouble disparaît en général en quelques jours ou quelques mois.

Apparition d’une fistule

Il peut également arriver qu’une fistule, c’est-à-dire une ouverture anormale, se crée entre le vagin et la vessie ou entre le vagin et les uretères. C’est une complication rare dont le traitement dépend de l’étendue. Elle nécessite généralement une intervention chirurgicale.

Lymphocèle et lymphœdème

Lorsque des ganglions lymphatiques ont été retirés, la lymphe peut s’accumuler au niveau de la zone où ils étaient situés, ainsi qu’au niveau du pubis. Cette complication, appelée lymphocèle, peut nécessiter un drainage sous contrôle radiologique, voire une nouvelle intervention chirurgicale dans certains cas.

Le retrait des ganglions lymphatiques proches de l’utérus peut également entraîner une accumulation de lymphe dans les membres inférieurs appelée lymphœdème. Cela se manifeste par un gonflement dans une ou les deux jambes. Un kinésithérapeute formé aux techniques du lymphœdème réalisera des bandages et des drainages lymphatiques manuels pour réduire le volume du lymphœdème. Des soins de peau (hydratation) ainsi que la pratique d’exercices physiques sous bandages vous seront également conseillés.

Retentissement sur la fertilité et sur la vie sexuelle

Si une chirurgie conservatrice de l’utérus a pu être réalisée (trachélectomie), une grossesse est possible, mais elle présente des risques (fausses couches, accouchement prématuré). Par ailleurs, en raison de la suture réalisée pour refermer l’utérus, le recours à une césarienne est impératif.

Le retrait de l’utérus rend impossible toute grossesse future et provoque un arrêt définitif des règles.

La chirurgie du col de l’utérus peut avoir des conséquences sur la vie sexuelle. Elles dépendent du type de chirurgie pratiquée et des traitements associés. L’activité sexuelle peut reprendre lorsque le vagin est cicatrisé, soit 6 à 8 semaines après l’opération. Il est indispensable qu’un examen gynécologique soit effectué avant la reprise des rapports pour confirmer la cicatrisation du fond du vagin.

L’opération peut générer des conséquences à plus long terme sur votre qualité de vie : fatigue, anxiété voire difficultés psychologiques… Parlez-en à votre équipe médicale. Elle vous renseignera sur des professionnels de la santé et des groupes de paroles en mesure de répondre à votre problématique. Vous pouvez aussi consulter notre carte des associations.