Médecine de précision : et demain ?
Élargir l’accès à la médecine de précision en développant des médicaments contre de nouvelles cibles
À ce jour, tous les patients ne peuvent pas avoir accès à la médecine de précision car il n’existe pas de traitement disponible contre leur tumeur.
Certains de ces médicaments ciblent une population très restreinte de patients. Dans le cancer du poumon par exemple, la mutation du gène EGFR est présente dans la tumeur de moins de 11% des patients et les translocations des gènes ALK ou ROS1 ne sont présentes respectivement que dans la tumeur de 3% et 1.5% des patients. La prescription des inhibiteurs d’EGFR, d’ALK ou de ROS1 n’est possible que pour ces petits groupes de patients.
L’identification de nouvelles anomalies moléculaires pouvant être ciblées par un traitement est donc nécessaire pour proposer de nouvelles options thérapeutiques à d’autres groupes de patients.
À l’inverse, on retrouve une mutation du gène KRAS dans la tumeur de 25% des patients ayant un cancer du poumon, mais les chercheurs ont beaucoup de difficulté pour cibler cette anomalie moléculaire de manière efficace. Cette mutation est également retrouvée fréquemment dans certains autres cancers, environ 40% des cancers colorectaux et 90% des cancers du pancréas, ce qui explique la ténacité des chercheurs à explorer cette piste.
L’efficacité des nouveaux traitements d’immunothérapie a aussi mis en évidence l’intérêt de poursuivre le développement de thérapies contre de nouvelles cibles biologiques pour combattre la tumeur à différents niveaux.
Vers un traitement à la carte pour chaque malade grâce aux évolutions technologiques
Grâce aux nouvelles avancées de la recherche, la médecine de précision tend progressivement à s’adresser à des groupes de patients de plus en plus spécifiques.
Ces avancées sont rendues possibles, grâce aux évolutions technologiques majeures de ces dernières années, en particulier l’évolution technique du séquençage de l’ADN. En 2003, le projet « Génome humain » s’achevait 13 ans après son lancement, grâce au travail d’un consortium international. Ce projet a permis de séquencer les 3 milliards de paires de bases de l’ADN humain et d’identifier l’ensemble de nos gènes (environ 20 500). Peu de temps après ces premiers résultats, les appareils de séquençage ont connu d’importantes évolutions, apportant une réelle impulsion au séquençage de l’ADN. Aujourd’hui, seuls quelques jours sont nécessaires pour effectuer un séquençage complet du génome d’une tumeur.
Ces nouvelles technologies sont très largement utilisées depuis plusieurs années dans le domaine de la recherche et ont permis la mise en place de vastes programmes de coopérations nationales et internationales, comme, par exemple, l'International Cancer Genome Consortium auquel participe la France.
Ces nouvelles technologies commencent désormais à être utilisées pour établir le portrait moléculaire de la tumeur des patients afin de choisir le traitement le plus adapté. Aujourd’hui, les techniques de séquençage de nouvelle génération (appelé NGS) sont utilisées pour rechercher de manière simultanée, au cours d’une seule analyse, les anomalies moléculaires de plusieurs gènes dans la tumeur des patients. En analysant un plus grand nombre de gènes, on augmente ainsi les chances, pour chaque patient, de découvrir une anomalie susceptible d’être ciblée par un traitement de médecine de précision.
Demain, il sera possible d’analyser la séquence complète de la tumeur des patients. Ces avancées vont générer un très grand nombre de données qui devront être analysées à l’aide d’outils informatiques. Cela permettra d’établir une cartographie moléculaire complète de la tumeur de chaque patient, prenant en compte les cellules tumorales elles-mêmes et leurs interactions avec leur environnement. L’objectif sera d’aider les médecins à choisir le traitement le plus adapté et de permettre le développement d’une médecine entièrement personnalisée, car adaptée à chaque patient.