Reconstruction mammaire

La reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge du cancer du sein, en particulier après une chirurgie mammaire non conservatrice. Beaucoup de femmes y ont recours après une chirurgie mammaire non conservatrice (ou mastectomie).

Une reconstruction est plus rarement nécessaire après une chirurgie conservatrice (ou tumorectomie) mais, même dans ce cas, vous pouvez en bénéficier, notamment lorsque les résultats esthétiques ne vous satisfont pas pleinement (différence de forme ou de volume trop marquée entre les deux seins ou déformation importante du sein traité).

La reconstruction mammaire est prise en charge à 100 % dans le cadre de l'ALD (affection longue durée) sur la base du tarif de l'Assurance maladie. Cependant, certains établissements pratiquent des dépassements d'honoraire qui restent à votre charge. L'information concernant les coûts doit être claire et vous devez en être informée avant de faire votre choix. N'hésitez pas à vous renseigner avant l'intervention.

Plusieurs mesures ont été prises en 2014, dans le cadre du Plan cancer 2014-2019, pour améliorer l’accès de toutes les femmes à la reconstruction mammaire après un cancer du sein en agissant sur les restes à charge parfois élevés qui pèsent sur les malades et induisent des inégalités. Ainsi, les tarifs de remboursement de six actes de reconstruction mammaire ont été revalorisés de 23 % entre 2013 et 2015. Par ailleurs, depuis juin 2014, l’assurance maladie prend également en charge des actes de symétrisation mammaire (mastoplastie unilatérale de réduction ou d’augmentation avec pose d’un implant) quand ils sont réalisés après un traitement du cancer du sein par chirurgie.

Les motivations d’une reconstruction mammaire

Parmi les diverses motivations qui peuvent conduire une femme à choisir une reconstruction mammaire, on peut trouver :

  • Le désir de combler la perte du sein, parfois vécue comme une mutilation ;
  • Le souhait d'éviter d'avoir à porter une prothèse mammaire externe ;
  • L'envie de se sentir plus désirable et à l'aise dans son corps ;
  • La volonté d'oublier ce qui rappelle le cancer du sein ;
  • La possibilité de varier sa garde-robe, en particulier les soutiens-gorge. 

Certaines femmes ne ressentent pas le besoin de reconstruire leur sein. Ce choix est personnel. Vous avez le choix de retrouver un volume mammaire ou de garder un buste plat. 

La Haute Autorité de Santé (HAS) a développé en partenariat avec l’Institut national du cancer un ensemble d’outils pour les femmes qui vont avoir ou ont eu une mastectomie totale. Ces outils visent à faciliter leurs échanges avec les professionnels de santé qui les accompagnent dans leur prise de décision concernant leur reconstruction mammaire ou leur souhait de garder un buste plat.
Retrouvez le dossier web dédié sur le site de la HAS
Téléchargez :
- La brochure : Que faire en cas de mastectomie ?
- Une infographie sur les principales techniques chirurgicales

Reconstruction immédiate et reconstruction différée

La reconstruction mammaire se fait parfois en même temps que la chirurgie du cancer, on parle dans ce cas de reconstruction immédiate. Plus souvent, elle est réalisée après la fin des traitements, au cours d'une nouvelle intervention ; on parle cette fois de reconstruction différée, ou encore de reconstruction secondaire.

Dans d'autre cas, vous pouvez choisir le moment de la reconstruction qui vous semble le plus adapté. Il est alors important de prendre le temps nécessaire pour réfléchir, discuter avec l'équipe soignante, poser toutes les questions qui vous préoccupent et prendre votre décision en fonction des avantages et des inconvénients respectifs des deux solutions :

  • la reconstruction du sein immédiate évite une seconde opération. Elle engendre aussi moins de stress puisqu'à aucun moment, vous ne serez « sans sein ». Elle nécessite une double compétence du chirurgien (en cancérologie et en chirurgie plastique).
  • la reconstruction du sein différée vous permet de vous concentrer pleinement sur votre traitement puis de décider plus tard si vous ferez reconstruire votre sein. Elle vous donne le temps d'accepter la perte de votre sein, ce qui peut vous aider à accepter le sein reconstruit. Elle vous donne aussi le temps de déterminer avec votre chirurgien la meilleure technique de reconstruction. L'inconvénient majeur de cette option est de devoir subir, plus tard, une seconde intervention chirurgicale et de devoir supporter pendant un temps plus ou moins long l'absence d'un sein et le port de la prothèse externe.

Conserver un buste plat

Le terme « buste plat » s’entend pour un buste sans volume mammaire d’un côté ou des deux, selon qu’il y a eu mastectomie unilatérale ou bilatérale. Le but est d’apporter un confort et un aspect esthétique qui puissent vous satisfaire. Cette chirurgie est appelée par certaines personnes « reconstruction à fini plat ».

Lors de la réalisation de la mastectomie totale (tout le sein est retiré avec l’aréole et le mamelon), les chirurgiens s’efforcent de créer une cicatrice peu visible et de donner à la paroi du thorax un aspect le plus esthétique possible.

Si vous souhaitez conserver votre buste plat du côté du sein retiré, parlez-en avant la mastectomie avec le chirurgien. Il en tiendra compte durant l’opération. Vous pouvez évoquer avec votre chirurgien les aspects suivants :

  • la cicatrice (sa forme, sa longueur, son aspect) ;
  • les bourrelets de peau, de graisse, de tissu excédentaire qui sont parfois gênants après une mastectomie ;
  • l’inconfort parfois ressenti après l'opération et les solutions qui existent pour l’améliorer.

Les résultats peuvent ne pas être satisfaisants dès la mastectomie. Dans ce cas, des « retouches chirurgicales » peuvent être réalisées après la mastectomie, dans le cadre d’une chirurgie réparatrice (et non esthétique).
Ces « retouches chirurgicales » sont adaptées à chaque femme. Les « retouches chirurgicales » après la mastectomie (aussi appelées « retouches de paroi ») sont réalisées dans le but d’améliorer votre confort et l’aspect de la paroi du thorax afin qu’elle soit plus lisse et/ou plus plate. Cela consiste, suivant les situations, à retirer de la peau, de la graisse ou d’autres tissus excédentaires, à combler d’éventuels creux, à retoucher une cicatrice inesthétique, à éviter des adhérences, etc.

Les chirurgiens parlent par exemple de :

  • lipomodelage (ou lipofilling) ou comblement de rétraction de paroi : on vous injecte de la graisse provenant d’un autre endroit de votre corps. Cela permet par exemple d’assouplir la cicatrice ;
  • exérèse ou excision superficielle de peau : le chirurgien retire par exemple de la peau excédentaire ou une cicatrice disgracieuse.

D’autres retouches chirurgicales sont possibles, renseignez-vous auprès de votre chirurgien pour connaître celles qui vous seraient utiles ainsi que leurs conditions de remboursement.

Il peut être difficile cependant d’obtenir un résultat entièrement satisfaisant dès la mastectomie. Cela dépend de votre corpulence, de la qualité de votre peau, des traitements de radiothérapie éventuellement reçus auparavant, de la taille du sein retiré, etc. Une vision claire du résultat ne sera possible que plusieurs mois après l’opération. Il sera toujours possible de faire alors des retouches pour améliorer le confort et l’aspect de votre buste.

Reconstruction par prothèse interne et reconstruction par lambeau

Il existe deux principales méthodes de reconstruction mammaire, parfois associées : la mise en place d'une prothèse interne (implant mammaire) et l'utilisation de tissus provenant d'autres parties du corps (reconstruction par lambeau ou reconstruction autologue avec ou sans microchirurgie).

N'hésitez pas à interroger votre chirurgien sur toutes les techniques de reconstruction dont vous pouvez bénéficier (y compris celles qu'il ne pratique pas).

Le type de chirurgie reconstructive choisi dépend de :

  • l'étendue de la chirurgie du cancer et de la quantité de tissu retirée du sein ;
  • les traitements complémentaires, comme la radiothérapie, qui peut engendrer des changements cutanés ;
  • la quantité de tissu disponible pour la reconstruction ;
  • la santé du tissu dans la région à reconstruire ;
  • la taille et de la forme de l'autre sein ;
  • votre état de santé général et de vos troubles de santé existants éventuels ;
  • votre constitution corporelle ;
  • vos préférences et de vos attentes.
Couverture de la fiche info patiente Reconstruction mammaire

Vous envisagez une reconstruction mammaire par pose de prothèses (implants mammaires internes) : 

Consultez la fiche d'information patiente sur la Reconstruction mammaire

Reconstruction mammaire par injection de graisse ou lipomodelage 

La technique de reconstruction mammaire par injection de graisse ou lipomodelage (ou lipofilling) consiste à prélever des cellules graisseuses par liposuccion dans des zones du corps où il existe une réserve de graisse (ventre, cuisse, etc.) et à les réinjecter dans le sein reconstruit après les avoir purifiées par centrifugation.
Elle est parfois utilisée seule (lipomodelage exclusif) ou le plus souvent en complément d’une autre technique de reconstruction d’un volume mammaire. Cela permet d’en augmenter le volume et d’en améliorer l’aspect esthétique.
Elle est également utilisée pour améliorer le confort ou l’aspect esthétique d’un buste plat.

Les étapes de la reconstruction

Quelle que soit la méthode retenue, une reconstruction mammaire nécessite le plus souvent deux ou trois interventions, avec un intervalle de 3 à 6 mois entre chacune d’entre elles.

  1. La première opération a pour but de reconstruire le volume du sein.
  2. La seconde consiste à harmoniser les deux seins afin d’améliorer le résultat esthétique. Elle n'est pas toujours nécessaire mais fait partie intégrante de la prise en charge médicale du cancer du sein ;
  3. La troisième, qui peut parfois être groupée avec la seconde, consiste à refaire la zone de l’aréole et du mamelon.

Chaque cancer est particulier et nécessite une reconstruction appropriée (immédiate ou différée, par implant ou par lambeau). Au cours de la consultation et après vous avoir examinée, le chirurgien vous explique la ou les techniques les mieux adaptées à votre situation. Un temps de réflexion vous est toujours proposé afin de vous familiariser avec les options proposées.