L’apport des partenaires et des acteurs de la santé publique

Pendant toute l’année 2019, la concertation avec l’ensemble des acteurs a permis de recueillir les attentes de chacun autour de trois grandes orientations fixées pour guider l’élaboration de la future stratégie décennale de lutte contre les cancers :

  1. Faire de la prévention une priorité absolue ;
  2. Viser la réduction des séquelles et l'amélioration de la qualité de vie des personnes ;
  3. Lutter contre les cancers de mauvais pronostic, chez l’adulte et chez l’enfant.

Une question a guidé la réflexion : quelles actions engager demain pour améliorer la santé de tous nos concitoyens, et pour lesquelles l’initiative publique est indispensable ? 

Ce cadre posé, l’Institut national du cancer a mobilisé ses équipes ainsi que ses principaux partenaires. Après avoir recensé les avancées obtenues au cours des trois précédents Plans cancer, tous se sont attelés à identifier les défis restant à lever et les voies de progrès à explorer sur les dix années à venir. Ce travail s’est concrétisé par la rédaction d’une quarantaine de fiches actions. Les équipes de l’Institut ont aussi été invitées à partager leurs retours d’expériences et avis en tant que citoyens. Fondée sur le volontariat, cette consultation interne s’est déroulée sous la forme de trois groupes thématiques, chacun consacré à un axe de la future stratégie.

Les instances de l'Institut national du cancer 

Le conseil d’administration de l’Institut national du cancer (CA)

En 2019, l’élaboration de la future politique de lutte contre les cancers a été le leitmotiv des séances du CA. Toute l’année, ses membres se sont employés à guider et à accompagner les réflexions des équipes de l’Institut sur le sujet. Ils ont échangé avec tous les partenaires et parties investies dans la construction de la stratégie décennale. Le CA a rappelé les principaux enjeux de la lutte contre le cancer et a proposé des actions ambitieuses, en matière de prévention primaire et secondaire, de prévention et de gestion des séquelles et de lutte contre les cancers de mauvais pronostic. Le CA a insisté sur le rôle fondamental de la recherche et sur la nécessité de garantir à tous les Français un accès équitable et facilité à des soins de qualité. 

Le conseil scientifique international de l’Institut national du cancer (CSI) 

Le CSI s’est félicité de la place accordée à la prévention. Il a recommandé d’insister davantage encore sur la lutte contre les principaux facteurs de risque de cancer que sont le tabac et l’alcool. Les orientations prioritaires identifiées par le CSI visent à soutenir la recherche dans toutes ses dimensions. Il s’agit de proposer des actions, en poursuivant le développement de programmes d’excellence. Le tout, au service de l’ambition de renforcer le rôle de leader de la France sur la scène internationale. Afin de mener à bien l’ensemble des actions envisagées, le CSI recommande également de nouveaux investissements. 

Le comité de démocratie sanitaire de l’Institut national du cancer (CDS) 

Le CDS a été impliqué dès les prémices du processus d’élaboration de la stratégie décennale. Certains de ses membres ont notamment participé à la concertation citoyenne lancée par l’Institut en 2018. Il a, dès lors, déployé tous les moyens pour nourrir les débats et les réflexions. Brainstormings, réunions bilatérales avec l’Institut, groupes et ateliers de travail thématiques, contributions écrites individuelles, ont permis de faire émerger de nombreuses propositions concrètes. L’implication active des patients dans la recherche, le développement d’une prévention personnalisée (en particulier à destination des jeunes), l’accès des personnes à l’innovation, la recherche sur les cancers aujourd’hui encore difficilement curables et l’accompagnement renforcé des patients dans l’après-cancer constituent quelques-unes de ces propositions phares. Toutes intègrent un enjeu crucial : lutter contre les inégalités territoriales et sociales. 

Le comité de déontologie et d’éthique de l’Institut national du cancer (CDE) 

Le CDE a accompagné l’Institut tout au long du processus d’élaboration de la stratégie décennale. Il a été saisi pour identifier les principales questions éthiques et déontologiques qui traversent les missions de l’Institut et la stratégie décennale. Par exemple, le CDE s’est saisi de la question soulevée par les politiques préventives et prédictives. Il a, sur ce sujet, insisté sur l’importance de trouver un bon équilibre entre prévention de santé publique et responsabilité individuelle. Un second chantier « prioritaire » pourrait être rapidement lancé sur l’enjeu de la relation d’aide en cancérologie. 

Le groupe prospectif 

Le groupe prospectif a questionné les évolutions à venir dans de nombreux domaines : santé et recherche, environnement, économie, industrie, intelligence artificielle, médicament, et bien entendu les attentes des Français. Son intervention avait pour ambition d’imaginer la cancérologie de demain en tenant compte des enjeux sociaux, sociétaux, éthiques et sanitaires, tant au niveau national qu’international. Cette multiplicité d’expertises et d’éclairages a permis d’ouvrir largement la réflexion, allant de la prévention à la prise en charge des malades, jusqu’à l’après-cancer. Il s’agissait d’anticiper les évolutions susceptibles d’intervenir pour proposer les orientations et les actions les plus pertinentes possible pour les prochaines années, en réponse aux attentes des citoyens. L’accès à l’innovation a été au cœur des discussions : comment anticiper, évaluer et mettre à disposition des personnes les innovations diagnostiques et thérapeutiques, nombreuses en cancérologie, tout en garantissant la soutenabilité du système de santé ? 

Les membres du groupement d’intérêt public (GIP) 

La Ligue contre le cancer 

Vice-Présidente du CA de l’Institut national du cancer, la Ligue contre le cancer s’est mobilisée autour du projet de stratégie décennale. Participant à des groupes de travail, des réunions internes, des rencontres bilatérales, elle a formulé plusieurs propositions. Elles sont articulées autour de ses missions. Priorité majeure de la Ligue, celle-ci a notamment souligné l’urgence de changer de paradigme en matière de prévention pour trouver le moyen, enfin, de toucher le jeune public, peu réceptif aux discours sur les méfaits du tabac ou de l’alcool. Appelant au renforcement du droit à l’oubli, elle a aussi rappelé l’importance de l’accompagnement des personnes, depuis l’annonce de la maladie et tout au long du parcours. L’inclusion des proches aidants des patients atteints de cancer au récent dispositif d’indemnités journalières proposé aux aidants de personnes handicapées est une autre de ses attentes. Sur le chapitre de la recherche, la Ligue, insistant sur les cancers pédiatriques, a appelé à poursuivre les travaux pour limiter les conséquences des traitements sur l’avenir oncologique des enfants. 

La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer 

Membre éminent du CA de l’Institut national du cancer, la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a affirmé son entière adhésion aux priorités déterminées par l’Institut pour les 10 années à venir. Elle a souligné l’intérêt majeur de faire coexister tous les champs de la recherche, fondamentale, translationnelle clinique, thématisée ou non. Elle a également rappelé que c’est en laissant l’imagination des chercheurs se développer que l’on peut arriver à des avancées de rupture dans la prise en charge des cancers. Elle a enfin pointé la nécessité de mettre la recherche au service des orientations de la stratégie (prévention, séquelles, cancers de mauvais pronostic). La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer souhaite également accélérer le développement de la médecine de précision (thérapies ciblées, immunothérapies, chirurgie mini-invasive) et améliorer la prise en charge des enfants et adolescents atteints de cancer. La formation des médecins à la recherche est un autre sujet d’importance pour la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, qui souhaite que soit réaffirmé le soutien aux chercheurs et, particulièrement, aux plus jeunes d’entre eux. La levée des lourdeurs administratives et des procédures a aussi été abordée pour créer les conditions d’un transfert plus rapide des résultats de la recherche fondamentale en applications cliniques. La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a enfin rappelé l’impérieuse nécessité de donner à la lutte contre le cancer des moyens financiers adaptés à la hauteur de la tâche. 

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) 

Les progrès enregistrés dans la lutte contre le cancer doivent profiter à tous. Et ce souci d’égalité et d’équité doit commencer dès la prévention. La CNAM a ainsi appelé à trouver de nouveaux moyens pour accroître la participation de la population aux campagnes de dépistage. Elle souhaite aussi qu’une réflexion soit lancée sur l’élargissement du dépistage organisé aux cancers bronchopulmonaires. L’amélioration de l’accès aux soins et des parcours des populations les plus fragiles est une autre priorité. C’est pourquoi tous les outils et pratiques – numériques également – susceptibles de renforcer la coordination des soins et l’autonomie des malades devront être développés. Parallèlement, les efforts engagés pour limiter l’impact économique de la maladie et de ses suites sur les patients devront être approfondis. 

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) - Institut thématique multi-organisme cancer (ITMO cancer) 

La première priorité porte sur la poursuite du travail de compréhension des mécanismes fondamentaux de l’oncogenèse et d’identification des facteurs de risque de cancer pour faciliter la mise en place de mesures de prévention pertinentes. La deuxième concerne la prévention des rechutes. Elle nécessite de mieux comprendre la résistance au traitement des cancers et d’assurer un suivi, sur plusieurs années, des patients en rémission. Enfin, la troisième consiste en la réduction des séquelles, qui impose de mieux cerner la toxicité des traitements et d’adapter les thérapeutiques au risque individuel induit par le métabolisme de chaque patient. 

La Fédération Hospitalière de France (FHF) 

Patients et usagers doivent être au cœur des parcours de soins. La FHF Cancer suggère donc de créer des métiers et des outils pour y parvenir. L’intelligence artificielle doit également être mise au service des professionnels de santé. La création d’outils adaptés aux profils particuliers de certains patients – atteints de maladie psychiatrique, poly-pathologiques, par exemple – est une autre attente. La FHF Cancer appelle aussi à créer et à labelliser des centres experts sur la prise en charge des cancers, notamment de mauvais pronostic. La FHF demande que l’accès aux différentes plateformes, d’imagerie, moléculaires ou de conservation du patrimoine tumoral, soit rendu plus facile à l’échelle des territoires. Le développement des soins de support, l’élargissement du droit à l’oubli constituent, pour la FHF, des éléments clés de l’amélioration de la qualité de vie des patients. Les soins palliatifs ne doivent pas non plus être oubliés. Une réflexion éthique majeure doit, par ailleurs, être menée autour de l’accompagnement du décès. 

Unicancer 

Acteurs majeurs pour la prise en charge des cancers en régions, les centres de lutte contre le cancer (CLCC) exercent aussi un rôle fondamental de recherche et développement. Développer l’innovation au bénéfice des patients est au cœur des enjeux mis en avant par Unicancer pour les dix ans à venir. Dans le domaine de la prévention, l’innovation pourrait ainsi permettre de rechercher de nouvelles causes évitables de cancer et de faire évoluer les discours pour mieux toucher les publics visés. L’optimisation de l’organisation des soins, notamment territoriale, et l’harmonisation des pratiques sont deux autres enjeux majeurs identifiés par Unicancer. Elles devront permettre de continuer à amplifier l’accès des patients aux molécules innovantes, via les essais cliniques, et de progresser sur les très gros enjeux que représentent la réduction des complications et la recherche sur les cancers de mauvais pronostic. L’essor des nouvelles technologies au service des traitements est une autre piste avec, par exemple les logiciels d’aide à la décision médicale, le suivi numérique des patients ou encore les traitements des données par intelligence artificielle. Des projets sont déjà engagés dans la quasi-totalité des CLCC. La création de nouveaux métiers pourrait permettre d’accélérer ce virage numérique. 

La Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France (FHP) 

Lors de leurs discussions avec l’Institut, les représentants des établissements privés de santé ont partagé leur vision et les enjeux en cancérologie pour les dix ans à venir en s’attachant à leurs trois thématiques prioritaires : la poursuite et le développement des actions de prévention, le développement de l’articulation avec la ville pour l’après-cancer et l’accès à l’innovation pour tous. La FHP appelle en particulier à revoir les modèles de dépistage pour en améliorer l’adhésion et à tendre vers une mutualisation de l’information pour favoriser les partages et les retours d’expériences. Réaffirmant son soutien à la recherche et au référentiel des actes innovants hors nomenclature (RIHN), elle appelle à garantir un accès identique à l’innovation et aux nouveaux médicaments, à tous et sur tout le territoire. 

La Fédération des établissements hospitaliers et d’Aide à la Personne Privés Non Lucratifs (FEHAP) 

La FEHAP souhaite que la poursuite et le développement de la démarche d’amélioration du service rendu aux patients soient réaffirmés dans la stratégie. Elle préconise ainsi de développer les traitements au plus près du domicile en renforçant la coordination entre la médecine de ville et l’hôpital, et en développant les outils numériques. Elle attend également une évaluation des pratiques et une meilleure prise en compte des retours d’expérience des patients. Elle a enfin insisté sur la nécessaire adaptation des organisations aux besoins spécifiques des personnes vulnérables. 

L’Administration centrale - Direction générale de l'offre de soins (DGOS) 

La DGOS a identifié les enjeux majeurs à venir en termes de traitements et d’accompagnement des personnes malades en insistant sur l’accès à l’innovation et sur la nécessité de préserver la qualité de vie des patients pendant et après la maladie. La DGOS a mis en avant l’enjeu central de réduction des séquelles liées aux traitements, en favorisant les approches thérapeutiques les moins nocives (dosage, bonnes pratiques, dépistage précoce), en développant les thérapies ciblées, en renforçant l’accès aux soins de support ou encore en organisant les modalités de suivi à long terme. Toutes ces actions contribuent au même objectif : préserver la qualité de vie. 

Les partenaires institutionnels 

La Haute Autorité de Santé (HAS) 

La HAS a souhaité aborder tous les aspects de la cancérologie, de la prévention à la détection, en passant par les parcours de santé et l’innovation. Ses contributions s’articulent toutes autour d’une même priorité : placer le patient au cœur de la stratégie décennale. Pour parvenir à une approche globale du parcours de santé tout au long de la vie, la HAS préconise, par exemple, d’améliorer la coordination entre tous les acteurs de santé, sociaux, médico-sociaux en lien avec les usagers. Elle appelle aussi à mettre en place des processus d’évaluation des innovations plus rapides, afin d’accélérer leur mise à disposition au patient. 

Santé publique France 

Spécialiste des politiques de prévention, Santé publique France a appelé à intensifier la lutte contre le tabagisme. Celle-ci doit notamment viser à éviter l’entrée dans le tabac des jeunes et à étudier les effets du vapotage. Un effort important doit également être porté sur la réduction de la consommation d’alcool. Parallèlement, les actions menées en faveur de la vaccination anti-HPV et de la détection et prévention des cancers cutanés doivent être poursuivies et amplifiées. L’incidence de l’alimentation sur la santé globale et sur l’augmentation des risques de cancers est un autre axe prioritaire de prévention et de communication, tout comme la promotion de l’activité physique, notamment chez les enfants. Les expositions environnementales constituent enfin un facteur de risque encore trop mal connu. Il conviendra de mieux les identifier et de mieux les surveiller. Sur ce registre, Santé publique France suggère qu’une attention particulière soit portée dans les départements et régions d’outre-mer. Elle appelle également, de façon plus large, à développer les études sur les inégalités sociales et territoriales de santé. 

L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) 

Le traitement par radiothérapie des cancers a, depuis longtemps, fait la preuve de son efficacité. Ces dernières années, les innovations technologiques ont permis de gagner en précision et de limiter les doses reçues par les patients. Interrogés par l’Institut à l’occasion de l’élaboration de la stratégie décennale, les spécialistes de l’IRSN ont insisté sur la nécessité de poursuivre et d’accompagner ces innovations techniques et matérielles afin de réduire les séquelles et de préserver ainsi la qualité de vie des patients ; avec pour objectif de tendre vers une plus grande personnalisation des traitements. Dans ce registre, un apport accru de l’intelligence artificielle figure comme une piste majeure à explorer. L’IRSN souhaite également que des programmes de recherche soient lancés sur les doses limites, les toxicités et les effets des expositions. Des outils de suivi des séquelles pourraient, par exemple, être mis en place pour mesurer les effets post-traitements et améliorer leur prise en charge. 

La Mutualité Française 

Interrogée par l’Institut, la Mutualité Française a orienté la majeure partie de ses propositions sur la prévention. La Mutualité Française appelle à intensifier les actions sur tous les facteurs de risque. Elle insiste cependant pour qu’un accent particulier soit posé sur les dangers de l’alcool, via notamment l’instauration d’un « mois sans alcool ». Elle recommande aussi de mener des campagnes ciblées à destination des communautés d’outre-mer. Parallèlement, les actions de prévention secondaire devront se poursuivre et les campagnes de dépistage se développer et évoluer à mesure des avancées ces innovations techniques et matérielles afin de réduire les séquelles et de préserver ainsi la qualité de vie des patients. La piste de la télémédecine pourrait, par exemple, être explorée pour favoriser un dépistage plus précoce des cancers de la peau. L’intégration des facteurs de risques environnementaux dans la stratégie décennale est une autre attente importante de la Mutualité française. Impérative sur le plan sanitaire, elle constituerait aussi un signal fort de la prise en compte des interrogations de la population. La Mutualité française insiste sur l’importance du rôle de l’activité physique dans l’amélioration de la qualité de vie des patients. Elle recommande d’inclure l’activité physique adaptée dans le forfait post-cancer. 

Les structures territoriales et représentants des professionnels de santé 

Les Agences Régionales de Santé (ARS) 

Le réseau national des référents des ARS s’est fortement impliqué dans la réflexion sur la stratégie décennale de lutte contre les cancers. Le réseau a participé à plusieurs séminaires et rencontres permettant, d’une part, de dresser le bilan du Plan cancer 2014-2019 et, d’autre part, de faire émerger de nombreuses propositions dans tous les champs de lutte contre le cancer. Le réseau national des référents des ARS recommande notamment de mieux cibler les actions de lutte contre le tabac vers les publics prioritaires, sans oublier les patients, et de se mobiliser sur l’alcool, la nutrition et l’activité physique. Elles préconisent aussi de veiller à gommer les inégalités infra-territoriales d’accès aux dépistages organisés et d’élargir ces dispositifs à de nouvelles localisations. Pour faciliter les soins et les recentrer sur les patients, le réseau national des référents des ARS suggère de renforcer le rôle des infirmières de coordination afin de resserrer le lien ville-hôpital. Replacer les patients au cœur du dispositif impose aussi de leur assurer une qualité de vie optimale et de limiter les séquelles de la maladie. Cela implique de développer les soins de support, au premier rang desquels l’activité adaptée, la préservation de la fertilité, la prise en charge de la douleur et l’accompagnement nutritionnel. Puisqu’il constitue un gage majeur d’égalité face à la maladie, les ARS attendent enfin une accélération du développement des tests de biologie moléculaire et un élargissement des inclusions aux essais cliniques. 

Point sur les départements et régions d’outre-mer (DROM)

Interrogés par l’Institut, en lien avec la Direction générale des outre-mer (DGOM), les représentants des départements et régions d’outre-mer (DROM) ont insisté sur la nécessité d’adapter les politiques de prévention aux facteurs de risques spécifiques à ces territoires, à leurs langues et cultures. Ils ont aussi souligné l’importance d’assurer l’égalité d’accès aux soins, de favoriser la démocratie sanitaire et d’atténuer les conséquences sociales de la maladie. 

Les Siric (Sites de recherche intégrée sur le cancer) et les Cancéropôles

Pour améliorer la prévention, les Siric et les Cancéropôles ont insisté sur la nécessité de mieux comprendre les déterminants des conduites à risques. Ils appellent aussi à mieux appréhender les liens entre cancer et environnement, et à approfondir les connaissances sur les mécanismes héréditaires des cancers. Les deux entités se sont également rejointes sur l’urgence de faciliter l’accès aux programmes de dépistage organisés, existants ou à venir. Il conviendra d’en adapter l’organisation pour réduire les inégalités sociales et territoriales et prendre en compte le niveau de risque individuel. À cet effet, la recherche interventionnelle sera essentielle. La lutte contre les cancers de mauvais pronostic est un autre enjeu majeur qui doit mobiliser toutes les énergies. C’est pourquoi les programmes de recherche fondamentale dédiés (PAIR) devront être développés et de nouvelles stratégies de traitement lancées. 

Les Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) 

Sollicités à l’occasion de plusieurs rencontres bilatérales avec l’Institut et lors d’une session spécifique aux journées scientifiques du dépistage, les CRCDC ont rappelé l’urgence d’adapter les campagnes d’information et de promotion des dépistages à la diversité des publics. L’une de leurs priorités étant d’assurer la coordination des acteurs sur le terrain pour un meilleur accompagnement des publics prioritaires éloignés des dépistages. Les équipes des CRCDC ont aussi appelé à penser le dépistage de demain : nouveaux outils, nouvelles techniques, nouvelles localisations de cancer (poumon, par exemple). Toutes les évolutions techniques et technologiques qui émergeront dans la prochaine décennie devront être utilisées pour faciliter les dépistages, accroître leur efficacité et leur accessibilité et, in fine, améliorer la participation. 

Les Réseaux régionaux de cancérologie (RRC) 

Les RRC, consultés à l’occasion de séminaires de travail, ont rappelé l’importance de renforcer la coordination entre les nombreux acteurs intervenant dans le parcours de soins des patients à l’échelle des territoires. Le développement des nouveaux métiers de la coordination, le décloisonnement ville-hôpital et l’inclusion de la télémédecine dans l’organisation des parcours de soins sont autant d’améliorations déjà amorcées qu’il conviendra de renforcer. Les RRC recommandent de travailler à l’amélioration de l’accès aux soins, y compris aux essais cliniques et à l’oncogénétique dans les territoires isolés. Alertant sur les « infox » entourant le cancer, les RRC appellent également à combattre la désinformation autour des promesses miraculeuses associées aux médecines dîtes « parallèles » et aux compléments alimentaires. 

Le réseau des registres des cancers (Francim - France, cancer, incidence, mortalité) 

On ne combat bien que ce que l’on connaît bien. C’est le raisonnement qui a présidé à toutes les prises de paroles et contributions écrites des représentants de ce réseau. Garantir la pertinence des soins en cancérologie implique, par exemple, de les évaluer de bout en bout, en incluant les trajectoires, les progrès thérapeutiques et les effets indésirables dans les observations. L’amélioration du dispositif de surveillance épidémiologique dépend de la même logique. C’est pourquoi Francim recommande d’élargir la collecte et d’affiner l’exploitation des données, en renforçant notamment l’évaluation des dépistages. 

Le Collège de Médecine Générale (CMG) 

Référents naturels des parcours de soins et de santé de la population, les médecins généralistes jouent un rôle important dans la lutte contre le cancer. Ils ont, bien sûr, été consultés par l’Institut à l’occasion des travaux préparatoires à la future stratégie décennale. Leur volonté d’être associés à un grand nombre d’actions traduit leur implication sur le sujet. Après avoir rappelé le rôle important du médecin généraliste dans le domaine de la prévention, le CMG a insisté sur la nécessité de développer des outils et supports adaptés à leur pratique. La formation, initiale et continue est une autre attente forte dans le domaine de la cancérologie, tout comme l’amélioration de la coordination entre les acteurs de soins de ville et l’hôpital ou le développement de la recherche en médecine générale. Ces actions doivent permettre de renforcer la place du médecin généraliste à chaque étape de la maladie et jusque dans le suivi des séquelles et du parcours de l’après-cancer. 

La Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l’enfant et de l’adolescent (SFCE) 

Invitée à partager ses priorités avec l’Institut pour la décennie à venir, la SFCE a souhaité pointer trois thématiques majeures : la recherche, la qualité des soins et le suivi à long terme des patients. Une meilleure compréhension des cancers pédiatriques constitue un préalable indispensable. C’est pourquoi la SFCE appelle à soutenir et à développer la recherche fondamentale, l’épigénétique et la recherche épidémiologique, tout en facilitant le partage des données. La recherche clinique n’a pas été oubliée. Son développement devra permettre d’augmenter le taux de guérison. Dans ce domaine, la SFCE préconise également de développer des traitements de rupture, en parallèle de l’optimisation des traitements existants. L’amélioration des organisations territoriales et de leur évaluation est une piste complémentaire. Le suivi à long terme des jeunes patients implique de mieux évaluer les conséquences à long terme des thérapies et des séquelles sur la qualité de vie. 

La Société française de radiologie (SFR) 

L’imagerie médicale est un élément clé de la prise en charge des cancers – dépistage, diagnostic, soins, suivi. Il était donc indispensable pour l’Institut de recueillir l’éclairage de la SFR sur les grands enjeux à intégrer dans sa prochaine stratégie. L’amélioration de la qualité des soins est au cœur des recommandations établies par la SFR, pour qui le développement de l’intelligence artificielle représente une remarquable opportunité de gagner en efficacité. Elle évoque également la nécessité de garantir à tous les patients une prise en charge de proximité, dans les meilleurs délais. La limitation des séquelles est un autre objectif majeur auquel répond parfaitement le développement de la radiologie interventionnelle, comme alternative moins invasive à des actes de chirurgie. 

La Société française d’hématologie (SFH) 

Interlocutrice régulière, la SFH a naturellement été associée aux réflexions préalables à l’élaboration de la stratégie de lutte contre les cancers. Interrogés par l’Institut, ses représentants se sont exprimés sur les grands enjeux entourant l’onco-hématologie. La garantie de l’accès aux traitements figure parmi les premières priorités relevées, de même que l’organisation du suivi à long terme des patients. Pour y parvenir, la SFH a identifié trois principaux leviers : le soutien à la recherche – notamment aux nouvelles thérapeutiques –, le développement de l’intelligence artificielle et le partage des données. 

La Fédération des spécialités médicales (FSM) 

Parce qu’elle rassemble l’ensemble des expertises du paysage médical, la FSM s’est affirmée comme un interlocuteur majeur sur tous les sujets en rapport avec la qualité des soins. Ses représentants ont affirmé leur volonté d’être pleinement associés aux défis de la cancérologie . Le rôle des professionnels de santé doit, selon la FSM, être développé bien au-delà du seul soin. Il lui semble notamment nécessaire qu’ils puissent investir plus largement la prévention et participer plus activement à la réduction des séquelles. Plus généralement, la FSM préconise que la formation des professionnels soit renforcée sur tous les champs de la cancérologie, depuis la prévention et le dépistage jusqu’à la recherche, la désescalade thérapeutique ou l’après-cancer. 

La Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad) 

L’hospitalisation à domicile fait partie intégrante du parcours de cancérologie. La Fnehad appelle à l’élargir à la réhabilitation post-chirurgicale, aux soins de support, y compris palliatifs, et à la prévention tertiaire. Pour y parvenir, le développement de nouvelles solutions numériques, la formation des professionnels et le renforcement de l’interopérabilité ville-hôpital seront nécessaires. La Fnehad appelle à une large réflexion autour des organisations et financements des soins à domicile. Le développement de l’éducation thérapeutique est une autre piste incontournable. 

Ainsi la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 est en partie le fruit des multiples contributions des acteurs institutionnels, professionnels et associatifs. Mais aussi, elle s’appuie sur les conclusions du rapport d’évaluation du troisième Plan cancer 2014-2019 réalisée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).