Apparition de la douleur

Le circuit normal de la douleur : un mécanisme de défense

Le plus souvent, la douleur se déclenche lorsque le corps détecte une anomalie ou un danger venant de l’intérieur ou de l’extérieur : une brûlure, une infection, un corps étranger, un virus, une blessure…

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 Cette détection se fait grâce au système nerveux. Le système nerveux est composé de trois parties : les nerfs, la moelle épinière et le cerveau :

  • Les nerfs sont reliés à des récepteurs sensibles à la douleur, les nocicepteurs. Ce mot est la contraction de « nocif » et de « récepteur ». Les nocicepteurs sont présents dans tout l’organisme. Lorsqu’ils repèrent une situation nocive pour l’organisme, ils donnent l’alerte en déclenchant un message douloureux (1). Ce message est ensuite véhiculé par les nerfs(2) jusqu’à la moelle épinière ;
  • La moelle épinière réceptionne le message douloureux (3), déclenche des réactions de défense si nécessaire (comme retirer sa main en cas de brûlure) et transmet le message de douleur au cerveau ;
  • Le cerveau reçoit, localise et interprète la douleur. C’est à cet instant qu’elle est ressentie : nous avons mal (4).

La douleur a donc une fonction d’alerte et de protection : grâce à elle, nous sommes avertis du danger, nous pouvons nous protéger et nous soigner.

Comme les nocicepteurs sont à l’origine de ces douleurs, on les appelle douleurs nociceptives ou douleurs par excès de nociception. Ce sont les douleurs les plus fréquentes, celles qui nous sont familières.

Lorsque le circuit de la douleur est endommagé

Il arrive que le système nerveux soit abîmé et ne fonctionne plus normalement :

  • Un nerf peut être sectionné lors d’une opération chirurgicale ;
  • Les nerfs, la moelle épinière ou le cerveau peuvent être comprimés ou envahis par une tumeur ;
  • Les structures nerveuses peuvent être endommagées par certains médicaments, en particulier des médicaments utilisés pour la chimiothérapie.

Lorsque le système nerveux est endommagé, il ne joue plus son rôle normalement. Il déclenche alors parfois, de manière anarchique, des douleurs bien particulières appelées douleurs neuropathiques.

Le terme neuropathique est composé de neuro « système nerveux » et pathique, qui vient du grec pathos : « la souffrance ». Ces douleurs surviennent sans raison apparente. C’est comme si le système nerveux «déraillait».

Les douleurs neuropathiques peuvent être permanentes ou survenir sous forme de crises soudaines. Elles sont d’intensité variable. Parfois ce sont juste des sensations désagréables, pas vraiment douloureuses. Elles ne sont pas immédiates et apparaissent généralement quelques jours voire plusieurs mois après que le système nerveux a été abîmé.

Les douleurs neuropathiques se reconnaissent par les sensations « bizarres », inhabituelles qu’elles provoquent :

  • Une sensation de brûlure ou de décharges électriques ;
  • Une douleur au froid, à la chaleur ou aux changements de température ;
  • Des fourmillements et des picotements désagréables, sur et sous la peau ;
  • Des troubles de la sensibilité dans la zone douloureuse. Par exemple, le patient ressent une douleur dans la main, mais ne ressent rien lorsqu’il touche un objet ; ou au contraire, le contact d’un objet normalement non douloureux déclenche des douleurs dans la main.

« Le simple contact des vêtements sur ma peau était douloureux »

Pendant un cancer, les douleurs neuropathiques sont fréquentes. Elles nécessitent un traitement spécifique, souvent à long terme. Lorsque ces deux types de douleurs (nociceptives et neuropathiques) existent en même temps, on parle de douleur mixte.