Des facteurs de risque spécifiques

Un certain nombre de substances rencontrées dans le cadre professionnel sont susceptibles d'augmenter les risques d'apparition de cancers. Quelques-unes, comme l'amiante, ont été formellement identifiées tandis que d'autres sont encore seulement suspectées.

Amiante, poussières de bois, substances CMR, rayonnements ionisants... Chacun d'entre nous peut être exposé à une ou plusieurs substances, ou agents, cancérigènes sur son lieu de travail, souvent sans le savoir. Ces agents peuvent être de différentes natures : chimiques, physiques et/ou biologiques.

Plusieurs centaines de facteurs de risque

Il existe plusieurs centaines d'agents sûrement ou potentiellement cancérigènes en milieu de travail, mais aussi dans la vie quotidienne, et dont les effets peuvent s'ajouter les uns aux autres. De ce fait, reconnaître un cancer lié au travail est une tâche difficile. Il est toutefois possible de prévenir certains de ces risques.

Quels sont les agents cancérigènes les plus courants en milieu de travail ?

  • Les facteurs reconnus cancérigènes (groupe 1 selon le classement du CIRC) :
    • amiante (interdite en France depuis 1997) : cancers du poumon, de la plèvre-mésothéliome, du larynx et de l’ovaire ;
    • poussières de bois : cancers nasosinusiens ;
    • rayonnements ionisants : hémopathies malignes, cancers du poumon, du sein et de la thyroïde ;
    • radon : cancers des bronches et du poumon
    • silice : cancers du poumon
    • métaux : cadmium, chrome VI, nickel, cobalt : cancers du poumon
    • benzène : hémopathies malignes
    • brouillards d'acides forts minéraux : cancers du larynx
    • hydrocarbures aromatiques polycycliques - HAP : cancers du poumon, de la peau et de la vessie, lien suggéré avec les cancers du sein…
  • Les facteurs reconnus cancérigènes mais sur lesquels on manque de données ou l'on méconnaît les mécanismes toxicologiques :
    • arsenic : cancers du poumon
    • béryllium : cancers du poumon
    • oxyde d'éthylène : hémopathies malignes

Les travailleurs peuvent également être exposés à des agents cancérigènes physiques comme le radon (cancers du poumon et des bronches) et les rayonnements ionisants (leucémies, cancers du poumon, du sein, de la thyroïde), ainsi qu'à différents agents biologiques.

Enfin, certains contextes, comme le travail de nuit ou le travail en plein air, sont également considérés comme pouvant provoquer des cancers.

L'amiante : exemple d'un agent cancérigène certain

L'amiante est classée par le CIRC comme un agent cancérigène pour l'homme. Bien qu'elle soit interdite en France depuis 1997, on dénombrait encore 81 400 salariés exposés en 2010, principalement dans les entreprises de retrait de ce matériau et dans le BTP (démolition et réhabilitation de bâtiments).

L'amiante fait l'objet d'une surveillance ciblée sur les cancers auxquels elle est associée. Selon l'Inserm, environ 12 % des cancers du poumon chez les hommes de plus de 55 ans et 7 % chez ceux de 35 à 55 ans peuvent être imputés à une exposition à l'amiante au cours de la vie professionnelle. Elle constitue le seul facteur de risque professionnel reconnu pour 85 % des cas de cancer de la plèvre (mésothéliome). Dans une moindre mesure, elle est à l'origine de cancers du larynx et de l'ovaire.

Quel lien entre les pesticides en milieu professionnel et les cancers ?

L'exposition professionnelle aux pesticides peut se produire dès la fabrication de ces produits et jusqu'au nettoyage du matériel dont on s'est servi pour l'application. Actuellement, seuls les insecticides arsenicaux sont reconnus comme cancérigènes certains.

Le captafol et le dibromure d’éthylène, le glyphosate (herbicide), le malathion et le diazinon (insecticides) entrent dans la catégorie des cancérigènes probables et plusieurs autres dans celle des cancérigènes possibles.

En France, l'exposition aux pesticides touche une population très large :

  • salariés des industries de fabrication et des établissements agricoles ;
  • personnes en charge des voiries, voies ferrées, espaces communaux, terrains de sports et de loisirs ;
  • jardiniers et paysagistes ;
  • personnes intervenant dans le traitement du bois.

Chez les agriculteurs en particulier, l'usage de pesticides est associé à un risque accru de cancers hématologiques (lymphomes non-hodgkiniens (LNH), myélomes multiples) et de la prostate.

De nombreuses substances toujours à l'étude

Le caractère cancérigène de certaines autres substances utilisées en milieu de travail reste à prouver : exposition aux nanomatériaux (matériaux issus des nouvelles technologies, dites "nanotechnologies", d'une dimension comprise entre 1 et 100 nanomètres), aux champs électromagnétiques de radiofréquences, aux champs électriques et magnétiques à extrêmement basse fréquence, à certaines fibres minérales artificielles ou aux perturbateurs endocriniens.

 

Les cancers liés au travail : interview de Thierry Philip, directeur du département Cancer et environnement, Economie de la santé, Centre Léon Bérard (Lyon).


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