Cancers de la sphère ORL (VADS) : le suivi après traitement

Après les traitements initiaux d'un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS), un suivi clinique régulier est mis en place. Il est indispensable et doit être effectué selon le programme prévu. Le plus souvent, il doit être poursuivi à vie.

Quels sont les objectifs du suivi après traitement ?

Le suivi a trois principaux objectifs :

  • surveiller une éventuelle récidive de la maladie, c’est-à-dire la réapparition de cellules cancéreuses, au même endroit ou dans une autre région du corps ;
  • surveiller la possible apparition d’une tumeur différente de celle qui a été traitée. C’est d’autant plus important si vous présentez un ou plusieurs facteurs de risque, comme une exposition professionnelle ou si vous fumez. Les zones pouvant plus particulièrement être concernées sont les voies aérodigestives, l’œsophage ainsi que les poumons. Ce risque est notamment lié à la consommation d’alcool ou de tabac. Il est donc indispensable de se faire accompagner, si besoin médicalement, pour le sevrage de ces deux addictions ;
  • mettre en œuvre les soins de support nécessaires pour rétablir et/ou préserver au mieux votre qualité de vie. Cela concerne la détection et la gestion des effets indésirables des traitements et complications de la maladie mais aussi la gestion des conséquences psychologiques de la maladie sur votre vie sociale et professionnelle, etc.

La poursuite du sevrage de l’alcool et du tabac est primordiale

Ce sevrage est essentiel pour limiter le risque de complications et de survenue d’un second cancer. La consommation d’alcool et de tabac influe négativement sur la survie.

En cas de reprise de la consommation, parlez-en avec l’équipe qui vous suit ou avec votre médecin traitant, car il existe plusieurs moyens de vous faire aider.

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En quoi consiste le suivi après traitement ?

L’équipe spécialisée ayant administré le traitement joue un rôle essentiel dans le suivi, en lien avec votre médecin traitant. En fonction des effets indésirables des traitements ou des complications de la maladie elle-même, d’autres professionnels peuvent également intervenir.

Les modalités et le rythme du suivi sont adaptés au cas par cas. Ces rendez-vous sont importants ; ils doivent se dérouler selon le programme prévu.

Un suivi clinique régulier

Le suivi comprend une consultation au cours de laquelle votre médecin vous interroge sur d’éventuels symptômes que vous pouvez ressentir et sur votre consommation d’alcool et de tabac. Il vous propose des stratégies pour arrêter si nécessaire.

Il procède ensuite à un examen clinique qui comporte :

  • un examen des voies aérodigestives supérieures (VADS) dont une palpation des aires ganglionnaires ;
  • une nasofibroscopie. Cet examen est non douloureux mais désagréable. Il est pratiqué le plus souvent sous anesthésie locale à l’aide d’une petite fibre optique que le médecin introduit dans une des narines jusque dans l’arrière de la gorge. Il sert à bien visualiser l’arrière de la gorge et le larynx ;
  • une évaluation de votre état nutritionnel (s’assurer que vous n’êtes pas dénutri) et de votre poids ;
  • un contrôle de l’état de vos dents ;
  • une appréciation de votre capacité à parler, à avaler et à respirer.

Quand a lieu la surveillance clinique ?

Le suivi clinique a lieu, habituellement :

  • 4 à 8 semaines après la fin du traitement ;
  • puis tous les 2 mois la première année ; 
  • tous les 3 mois la deuxième année ; 
  • tous les 4 mois la troisième année ; 
  • tous les 6 mois à partir de la quatrième année, à vie.

Dans certaines situations, la surveillance se limite aux 5 premières années.

La surveillance peut être effectuée de façon alternée entre votre oncologue médical, votre oncologue radiothérapeute ou encore votre chirurgien.

En fonction de vos éventuels symptômes et des résultats de l’examen clinique, une endoscopie des VADS réalisée sous anesthésie générale peut compléter le suivi. Des examens d’imagerie comme un scanner, une IRM ou une TEP peuvent également être prescrits.

Votre suivi bucco-dentaire est essentiel

Un suivi bucco-dentaire doit être effectué deux fois par an ou plus si cela est nécessaire, par exemple en cas de douleur. Votre dentiste examine votre denture et réalise les soins qu’il juge nécessaire, par exemple un détartrage ou le traitement d’une carie.

Pour la pose d’appareillage ou d’implants et les extractions dentaires, il est impératif de consulter votre chirurgien oncologue au préalable. Si des soins sont réalisés, des antibiotiques vous sont prescrits et votre chirurgien-dentiste / chirurgienne-dentiste ou votre médecin s’assure de la bonne cicatrisation.

Si vous avez été traité par radiothérapie, pensez à bien le signaler à votre chirurgien-dentiste ou chirurgienne-dentiste. Les produits anesthésiants utilisés pour les soins dentaires ne doivent pas contenir des agents vasoconstricteurs (adrénaline). La vasoconstriction augmente le risque de nécrose (c’est-à-dire de mort non programmée des cellules) pour une mâchoire irradiée.

Il est important d’appliquer les gouttières fluorées quotidiennement (5 minutes par jour) et « à vie ».

Surveillance de votre thyroïde

Lorsque vous avez été traité pour un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS), le fonctionnement de votre thyroïde peut être diminué.

Votre médecin vous prescrit alors un dosage de la TSH dans le sang. Il s’agit d’une hormone utilisée comme indicateur de l’activité de la thyroïde. Ce dosage est effectué tous les 6 mois pendant deux ans puis tous les ans.

Si le dosage est élevé, c’est que la thyroïde ne fonctionne pas assez. Il est alors important de prendre un traitement hormonal (des hormones thyroïdiennes de synthèse) qui va remplacer l’action de la thyroïde et maintenir une TSH à un taux normal. Un nouveau dosage doit être effectué dans les deux mois pour vérifier que la TSH s’est normalisée grâce au traitement.

Quels sont les symptômes à surveiller ?

Le médecin vous indique également les symptômes qui doivent vous conduire à consulter en dehors des rendez-vous programmés. Cela peut se faire en cas :

  • d’apparition ou de la réapparition de douleurs ;
  • d’une gêne lorsque vous déglutissez ou que vous respirez ;
  • d’une modification de votre voix… 

Cette liste est non exhaustive. Si vous ressentez des symptômes nouveaux ou inexpliqués, consultez votre médecin traitant qui évaluera la nécessité de vous orienter vers votre équipe hospitalière.

Le risque de récidive ou de deuxième tumeur justifie cette surveillance régulière ; ne la négligez pas.