L’immunothérapie

L’immunothérapie est un traitement qui vise, pour les molécules utilisées dans le mélanome, à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses. Deux types de molécules d’immunothérapie sont utilisés : les anticorps monoclonaux et l’interféron alpha.

Une immunothérapie spécifique : les anticorps monoclonaux

L’immunothérapie spécifique par anticorps monoclonaux est indiquée dans le traitement de certains mélanomes :

  • de stade III dans le cadre d’essais cliniques ;
  • de stade III non opérables ;
  • de stade IV.

Indications et molécules

Les anticorps sont des protéines fabriquées par le système de défense de l’organisme (système immunitaire). Leur rôle est de repérer et de neutraliser certaines substances étrangères comme les virus, les bactéries ainsi que les cellules anormales ou cancéreuses. Pour les neutraliser, l’anticorps se fixe sur une molécule, l’antigène présent sur la surface de la substance étrangère ou de la cellule anormale ou cancéreuse, et permet son élimination par le système immunitaire.

Les anticorps monoclonaux sont des anticorps produits en laboratoire, à partir d’un clone de cellule (plusieurs cellules identiques, d’où le terme monoclonal). Grâce à la recherche médicale, des anticorps monoclonaux « anticancer » ont pu être fabriqués. Ces anticorps ont la capacité de repérer et de bloquer certains mécanismes spécifiques des cellules cancéreuses ou de repérer la cellule cancéreuse elle-même pour qu’elle soit détruite.

Les principaux anticorps monoclonaux utilisés dans le traitement des mélanomes sont (au moment de l’impression du document) :

  • le nivolumab (anticorps anti-PD1) en perfusion intraveineuse (associé dans certains cas à l’ipilimumab) ;
  • l’ipilimumab (anticorps anti CTLA4) en perfusion intraveineuse (associé dans certains cas au nivolumab) ;
  • le pembrolizumab (anticorps anti-PD1) en perfusion intraveineuse.

La prescription de ces molécules implique la remise au patient par son médecin, d’une carte d’Alerte Patient. Si vous êtes dans cette situation, il est important de la conserver sur vous pendant toute la durée du traitement.  Présentez-la à tout professionnel de santé que vous serez amené à rencontrer durant votre parcours de soins (médecin traitant, infirmières, pharmaciens …) afin qu’ils soient informés de ce traitement en cours.

En pratique

L’ipilimumab est administré par voie intraveineuse durant 90 minutes, suivi d’une période de repos de 3 semaines. Le traitement complet comprend 4 injections. Le pembrolizumab est administré par voie intraveineuse durant 30 minutes. L’injection se fait toutes les 3 semaines, tant que l’efficacité du traitement est observée. Le nivolumab est également administré par voie intraveineuse durant 60 minutes, toutes les 2 semaines tant que l’efficacité du traitement est observée.

La pose d’une chambre implantable peut être proposée pour l’administration de ces molécules.

Toutes les injections sont effectuées à l’hôpital. En cas d’effets indésirables trop importants, elles peuvent être espacées ou interrompues.

L’interféron alpha

Désormais rarement proposé, l’interféron alpha peut être utilisé en traitement adjuvant, c’est-à-dire en complément de la chirurgie :

  • pour les mélanomes de stade II dont l’épaisseur est supérieure à 1,5 millimètre et/ou en cas d’ulcération ;
  • après une chirurgie pour certains mélanomes de stade III.

L’interféron alpha est administré en perfusion intraveineuse ou par injection sous-cutanée.

Il s’agit d’une option de traitement qui doit être discutée avec le patient, en prenant en compte :

  • le bénéfice attendu. Pour le moment, seule une augmentation de la durée de la survie sans récidive du mélanome a été démontrée. Cela signifie que l’interféron recule la date d’apparition d’une récidive (sans toutefois modifier la survie globale) ;
  • les effets indésirables ;
  • les modalités d’administration.

Un temps de réflexion est le plus souvent donné aux patients avant de débuter un traitement par interféron alpha afin qu’ils puissent donner ou non leur accord pour recevoir ce traitement.

L’immunothérapie par interféron n’est pas recommandée dans certaines situations, notamment chez les malades atteints de maladies auto-immunes et chez les personnes ayant des troubles psychiatriques ou dépressifs. En effet, le traitement peut provoquer l’apparition ou la dégradation d’un état dépressif.

Le traitement commence rapidement après la chirurgie et dure entre un an et 18 mois selon la dose prescrite. Il est administré par des injections sous la peau (sous-cutanées) réalisées en ambulatoire ou en perfusion intraveineuse.

Deux protocoles sont actuellement utilisés en fonction de l’envahissement ganglionnaire :

  • si les ganglions ne sont pas envahis, l’interféron alpha est administré à raison de 3 injections sous cutanées trois fois par semaine pendant 18 mois ;
  • si les ganglions sont envahis, l’interféron alpha peut être proposé à plus forte dose en perfusion intraveineuse, 5 jours sur 7, pendant 1 mois suivi d’une dose un peu plus faible en sous-cutanée, trois fois par semaine pendant 11 mois. Une hospitalisation est alors souvent nécessaire, mais le traitement peut être réalisé en ambulatoire. Ce traitement à forte dose est rarement prescrit en France du fait des effets indésirables très lourds.

Pour en savoir plus sur ces médicaments, vous pouvez consulter la base de données publique des médicaments du ministère chargé de la santé.

Les médicaments employés, les doses administrées, le rythme des cures ou encore la durée du traitement peuvent varier d’une personne à l’autre, en fonction des caractéristiques du mélanome et de la tolérance au traitement, sur la base de doses et de rythmes prédéfinis. C’est pourquoi le plan de traitement est déterminé au cas par cas.