Les effets indésirables de la chimiothérapie
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Les médicaments de chimiothérapie sont actifs essentiellement sur les cellules qui se divisent rapidement. C'est le cas des cellules cancéreuses, mais aussi de certaines cellules saines. Les médicaments utilisés en chimiothérapie n'étant pas sélectifs, ils peuvent détruire ou endommager les cellules saines qui se renouvellent rapidement, comme les cellules du système pileux, de la bouche, du tube digestif ou de la moelle osseuse. Les effets indésirables de la chimiothérapie sont variables en fonction des médicaments et des personnes et ils peuvent être plus ou moins importants.
Effets secondaires et efficacité de la chimiothérapie
La présence, ou l'absence, d'effets secondaires n'est pas liée à l'efficacité des médicaments. Ne ressentir aucun effet secondaire ne signifie pas que le traitement est inefficace et, inversement, ressentir de nombreux effets secondaires ne signifie pas qu'il est particulièrement actif.
Diminution de la production des cellules sanguines
La moelle osseuse produit en permanence des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes. Les médicaments de chimiothérapie sont susceptibles d'entraîner une baisse de la production des cellules sanguines.
La diminution du taux de globules rouges et d'hémoglobine (le pigment rouge intense qui donne sa couleur caractéristique au sang et qui se trouve dans les globules rouges) provoque, lorsqu'elle est importante, une anémie. Celle-ci s'accompagne généralement d'une sensation de fatigue. Elle peut également se traduire par d'autres signes, comme une pâleur, des vertiges, un essoufflement ou des difficultés de concentration. La plupart des protocoles de chimiothérapie peuvent provoquer une anémie légère ou modérée. Il est parfois nécessaire de prescrire un traitement pour la corriger. Il existe en effet des médicaments, appelés facteurs de croissance, qui stimulent la production de globules rouges. Lorsque l'anémie est importante, il est possible de recourir à une transfusion de globules rouges.
La chimiothérapie entraîne fréquemment une baisse des polynucléaires neutrophiles, un type de globules blancs présents dans le sang. On parle alors de neutropénie. Celle-ci peut être importante, mais elle est toujours transitoire. Le rôle des polynucléaires neutrophiles est primordial dans la lutte contre les infections bactériennes. Un taux trop bas de polynucléaires neutrophiles peut conduire à diminuer les doses de la chimiothérapie, voire à retarder un cycle, pour ne pas exposer le patient à un risque d'infection. Il est parfois également nécessaire de prescrire des facteurs de croissance pour corriger la neutropénie.
En cas de fièvre (plus de 38°C pendant plus de 6 heures) ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, mal de gorge, sensation de brûlures en urinant, diarrhées ou vomissements importants, etc.), consultez immédiatement votre médecin. Ne prenez pas de médicament sans avis médical.
La thrombopénie correspond à une diminution du taux de plaquettes dans le sang, provoquant une moins bonne coagulation. Un taux de plaquettes trop bas peut entraîner la survenue de saignements (au niveau des gencives ou du nez par exemple) et d'hématomes. En cas de coupure, le saignement risque également d'être plus important et plus long. Il est parfois nécessaire de recourir à une transfusion de plaquettes.
Le nombre de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes peut baisser simultanément de façon important ; on parle alors d'aplasie.
Ces effets indésirables sur les cellules sanguines sont plus sévères avec une chimiothérapie basée sur le protocole BEACOPP que dans le cas d'une chimiothérapie reposant sur le protocole ABVD.
Au cours du traitement, des prises de sang sont réalisées régulièrement pour vérifier les taux des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes.
Chute des cheveux et des ongles
La chute des cheveux, nommée également alopécie, concerne tous les poils du corps (cheveux, sourcils, cils, barbe). Elle est variable selon les médicaments et les personnes : il est possible que toute la chevelure tombe ou simplement qu'elle se raréfie. Certaines personnes ressentent des démangeaisons, des picotements au niveau du cuir chevelu, juste avant et au moment de la chute.
La chute de cheveux est systématique avec toutes les chimiothérapies utilisées contre le lymphome hodgkinien. Elle survient la plupart du temps deux à trois semaines environ après la première cure de chimiothérapie.
Dans tous les cas, l'alopécie est temporaire ; les cheveux repoussent une fois la chimiothérapie terminée (environ deux mois après). Au début, les cheveux qui repoussent peuvent avoir une texture ou une couleur différente de ceux d'origine. Mais, avec le temps, la chevelure reprend généralement son aspect initial.
Les ongles des mains ou des pieds peuvent aussi changer d'aspect. Les ongles peuvent devenir cassants, striés et ondulés et finissent parfois par tomber, sans occasionner de douleur. Avant qu'un ongle ne se détache, un nouvel ongle a commencé à pousser en dessous. Il est conseillé de porter des chaussures confortables et des gants de protection pour le jardinage et les travaux ménagers, de se couper les ongles courts, afin d'éviter qu'ils ne se fissurent ou se soulèvent.
Afin de limiter ce phénomène, l'équipe soignante peut vous proposer de porter des gants ou des chaussons réfrigérants. Vous pouvez aussi utiliser un vernis pour protéger vos ongles : la veille ou le jour de la séance de chimiothérapie, appliquer deux couches de vernis au silicium (vendu en pharmacie), puis deux couches de vernis foncé (non nacré), ce qui masquera la coloration de l'ongle. Le vernis doit être conservé pendant toute la durée du traitement. S'il s'écaille, il faut le retirer avec un dissolvant sans acétone et renouveler la pose des quatre couches. Il existe également des solutions protectrices pour les ongles, vendues en pharmacie, à utiliser cette fois sans vernis.
Vous trouverez des informations complémentaires dans le guide Cancer info Traitements du cancer et chute des cheveux et dans notre rubrique dédiée sur la chute des cheveux.
Conseils pratiques pour prendre soin de ses cheveux
- Se sécher les cheveux en les tamponnant avec une serviette plutôt qu'en les frottant.
- Utiliser une brosse douce ou un peigne à larges dents pour se coiffer.
- Éviter les rouleaux et les sèche-cheveux.
- Éviter de tirer les cheveux en arrière ou de les attacher serré (queue-de-cheval).
- Éviter les colorations ou tout autre produit chimique.
- Penser aux perruques, foulards, turbans ou chapeaux de toile.
- Éviter d'exposer au soleil une chevelure qui se raréfie (il est recommandé de porter un chapeau).
Nausées et vomissements
La chimiothérapie peut provoquer des nausées (envies de vomir) ou des vomissements. Ces effets indésirables surviennent fréquemment le jour de l'administration de la chimiothérapie, mais ils peuvent se produire plus tardivement.
Les nausées durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements. Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l'entrée dans l'hôpital, avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l'anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation. Il existe des médicaments, appelés antiémétiques, qui préviennent efficacement les nausées et les vomissements. Ils sont généralement prescrits de manière préventive avant, pendant et après l'administration de la chimiothérapie.
Si ces effets secondaires apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.
Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements
À faire
- Privilégier les aliments froids ou tièdes, moins odorants que les aliments chauds, et plus généralement, les aliments que vous aimez et qui vous font envie.
- Privilégier plusieurs petits repas, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer.
- Manger lentement et au calme afin de faciliter la digestion.
- Manger légèrement avant et après le traitement.
À éviter
- Les aliments lourds, difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés ou à goûts forts.
- Boire pendant les repas. Il est conseillé de boire plutôt avant ou après. Les boissons gazeuses fraîches aident parfois à diminuer les nausées.
- Le tabac.
Mucite et aphtes
L'apparition d'aphtes au niveau de la bouche est un des effets indésirables possibles de la chimiothérapie. Leur survenue dépend des médicaments administrés. Des bains de bouche, à réaliser après les repas, peuvent être prescrits par le médecin pour prévenir leur apparition ou soulager les sensations désagréables. Il faut éviter les bains de bouche contenant de l'alcool, car ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent d'entraîner des sensations de brûlure.
La muqueuse de la bouche peut devenir rouge, douloureuse et s'irriter au cours d'une chimiothérapie. On parle alors de mucite. Des infections de la bouche et de la gorge provoquées par un virus ou un champignon (mycose) peuvent également survenir. L'équipe soignante doit être informée de toute douleur persistante au niveau de la gorge. Un examen clinique et, éventuellement, la réalisation d'un prélèvement permettent dans ce cas de déterminer la présence ou non d'une infection. Il existe plusieurs médicaments pour soigner ce type d'infections.
Afin de réduire le risque d'infections de la bouche, le médecin peut demander au patient de consulter un dentiste pour un examen complet et un nettoyage avant de commencer une chimiothérapie.
Conseils pratiques pour limiter les maux de bouche
- Garder la bouche propre. Utiliser une brosse à dents souple, un dentifrice non abrasif et un stick à lèvres.
- Après les repas, réaliser des bains de bouche prescrits par le médecin. Éviter les bains de bouche qui contiennent de l'alcool.
- Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l'eau et des sorbets, des bonbons à la menthe.
- Manger des aliments mous ou mixés.
- Éviter la nourriture trop chaude, les aliments trop épicés ou acides (agrumes, vinaigrette, moutarde, tomates...).
- Éviter d'utiliser le fil dentaire, en particulier en cas de taux de plaquettes diminué.
- Éviter le tabac et l'alcool.
Diarrhées et constipation
La diarrhée est un des effets indésirables possibles de la chimiothérapie. Le plus important, en cas de diarrhées, est d'éviter la déshydratation, en buvant régulièrement. Des médicaments permettent de prévenir ou de limiter les diarrhées. Toute diarrhée s'accompagnant de pertes de sang ou de fièvre doit être signalée rapidement à l'équipe soignante.
Pour limiter les diarrhées, privilégiez une alimentation pauvre en fibres, à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.
À l'inverse, la constipation est une complication fréquente des chimiothérapies des lymphomes hodgkiniens. Elle survient en général deux à quatre jours après la perfusion et doit être traitée dès son apparition. Il faut prévenir son médecin qui prescrira un régime alimentaire adapté et des médicaments laxatifs.
Modification du goût et perte d'appétit
La chimiothérapie entraîne chez certaines personnes une modification du goût (dysgueusie) et des odeurs. Certains aliments appréciés jusqu'alors peuvent ne plus être appétissants du tout. De même, des odeurs deviennent écœurantes. Dans ce cas, privilégiez les aliments qui vous attirent le plus ainsi que les modes de cuisson et les plats qui dégagent le moins d'odeurs. Une baisse ou une perte d'appétit peut se produire pendant la chimiothérapie. Pour maintenir un bon équilibre nutritionnel, il est conseillé de faire quatre ou cinq petits repas au cours de la journée. Vous pouvez également prendre conseil auprès d'un diététicien.
Autres effets
Les facteurs de croissance G-CSF, parfois prescrits pendant la chimiothérapie, peuvent entraîner des douleurs osseuses qui seront traitées par des médicaments antalgiques adaptés. Avec la bléomycine, une pigmentation de la peau comme des taches peuvent également apparaître. Elles sont généralement transitoires et peuvent être prévenues en évitant de se gratter et de s'exposer au soleil.
D'une manière générale, l'exposition prolongée au soleil est déconseillée.