Cancers du pancréas : quels traitements ?

La chirurgie et la chimiothérapie conventionnelle, parfois associées à une radiothérapie, sont les principaux traitements des cancers du pancréas.

Ces traitements peuvent être utilisés seuls ou associés les uns aux autres.

Selon les cas, ils ont pour objectifs de :

  • supprimer la tumeur ou les métastases, ou en réduire la taille ;
  • ralentir le développement de la tumeur ou des métastases ;
  • réduire le risque de récidive ;
  • prévenir et traiter les symptômes et les complications engendrés par la maladie et les traitements pour assurer la meilleure qualité de vie possible.

L’arrêt du tabac et de l’alcool

L’arrêt du tabac et de l’alcool est très utile, notamment pour limiter le risque de complications pendant et après les traitements.

Il existe de nombreux recours pour vous aider : parlez-en avec l’équipe qui vous suit.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le dépliant Traitement du cancer et tabac, disponible ci-dessous au téléchargement.

Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?

Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter notre page sur L'arrêt du tabac et de l'alcool.

 

Les cancers rares du pancréas

Ce dossier web présente uniquement les traitements des adénocarcinomes canalaires pancréatiques. Ils représentent 90 % des cancers du pancréas.

D’autres formes de cancers du pancréas, rares, existent, notamment les tumeurs neuroendocrines, qui se développent à partir des cellules endocrines du pancréas, et les cystadénocarcinomes, qui sont des évolutions malignes d’une tumeur bénigne appelée cystadénome mucineux.

Les traitements de ces formes rares de cancers ou des tumeurs de l’enfant ne sont pas développés dans ces pages.

Si vous recherchez de l’information sur les cancers rares du pancréas, contactez Maladies Rares Info Service au 01 56 53 81 36 (service et appel gratuits).

Comment est établi le choix de vos traitements ?

Votre traitement est adapté à votre cas personnel (votre âge, votre état de santé global, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, les contre-indications éventuelles à certains traitements) et dépend des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint :

  • l’endroit où il est situé sur le pancréas (tête ou corps et queue) ;
  • son type histologique, c’est-à-dire le type de cellules impliquées ;
  • son stade, c’est-à-dire son degré d’extension (taille de la tumeur, atteinte ou non des vaisseaux, existence éventuelle et importance de l’atteinte des ganglions lymphatiques, présence de métastases dans d’autres parties du corps) ;
  • la résécabilité de la tumeur, c’est-à-dire si elle peut être retirée complètement par chirurgie ou non.

Opérable ou résécable ?

Si le qualificatif « opérable » se rapporte au patient, le terme « résécable » concerne la tumeur.

Un patient est dit opérable quand il présente, malgré son cancer, un bon état général qui lui permet d’accéder à une intervention chirurgicale sous anesthésie générale et de supporter les éventuelles complications de la chirurgie.

Une tumeur est dite résécable lorsqu’elle peut être retirée complètement par chirurgie, notamment parce qu’elle est accessible ou parce qu’elle est suffisamment petite et localisée, ou parce que sa résection (encore appelée exérèse ou ablation) ne compromet pas les organes vitaux.

Des examens pour proposer un traitement adapté

Les caractéristiques de votre cancer sont déterminées grâce au bilan diagnostique qui comprend notamment des examens d’imagerie, comme un scanner, qui peut être complété par d’autres examens tels que l’écho-endoscopie associée à la biopsie.

Un bilan préthérapeutique est systématiquement effectué pour orienter le choix de vos traitements. Il comprend notamment une évaluation de votre état général et nutritionnel, ainsi qu’un bilan biologique (examen de sang).

Exemples de questions à poser à l’équipe médicale

  • Où le cancer est-il situé exactement ?
  • Connaît-on son étendue?
  • Quel est l’impact possible sur ma vie quotidienne?
  • Quelle est sa gravité?

Le choix de vos traitements fait l’objet d’une concertation pluridisciplinaire

Votre situation est discutée au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui rassemble au moins trois médecins de spécialités différentes : gastroentérologue, chirurgien, oncologue médical, radiologue, oncologue radiothérapeute, pathologiste….

En tenant compte des spécificités de votre situation et en s’appuyant sur des outils d’aide à la décision appelés recommandations de bonnes pratiques, les médecins établissent une proposition de traitements.

Ils peuvent aussi vous proposer de participer à un essai clinique.

Participer à un essai clinique, pour quoi faire ?

L’équipe médicale peut aussi vous proposer de participer à un essai clinique.

Les essais cliniques sont des études scientifiques menées avec la participation des personnes malades. Cela ne peut être fait qu’après votre information et votre accord écrit.

Le cancer du pancréas fait l’objet de nombreuses études qui visent notamment à :

  • tester de nouveaux médicaments anticancéreux (notamment de chimiothérapie, d’immunothérapie ou de thérapie ciblée) ;
  • évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques associant différents traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, etc.) ;
  • évaluer différentes façons d’utiliser les traitements existants en mettant en place de nouvelles combinaisons de molécules. Le but est notamment d’améliorer l’efficacité des traitements et de réduire leurs effets indésirables ;
  • étudier des marqueurs qui permettent de prédire les réponses aux traitements ;
  • évaluer l’impact des soins de support et des soins palliatifs sur la qualité de vie ;
  • comparer l’efficacité des médicaments utilisés pour soulager les symptômes (médicaments contre la douleur, par exemple).

Chaque essai clinique a un objectif précis. Pour y participer, les patients doivent répondre à un certain nombre de critères d’inclusion et ne doivent également présenter aucun des critères d’exclusion. Ces critères sont spécifiques à chaque essai et fixés dans le protocole de l’essai. C’est le médecin qui vérifie la possibilité que vous puissiez participer ou non.

Les essais cliniques sont indispensables pour faire progresser la recherche et, à terme, la manière dont les patients sont soignés. C’est grâce à ces études que des avancées sont réalisées en matière de traitements contre les cancers. Dans certains cas, un essai clinique peut vous permettre d’accéder à un nouveau traitement en le testant.

Si le traitement administré dans le cadre de l’essai clinique ne vous convient pas, le médecin peut décider d’y mettre fin et vous proposer un autre traitement. À tout moment, vous pouvez également décider de quitter un essai clinique sans que cela ne modifie ni la qualité de vos soins, ni votre rapport avec votre médecin.

Pour en savoir plus sur les essais cliniques

Pour connaître les essais cliniques en cours sur le cancer du pancréas, vous pouvez aussi consulter le registre des essais cliniques.

La proposition de traitements est discutée avec vous

Lors d’une consultation spécifique, la consultation d’annonce, le médecin vous explique les caractéristiques de votre maladie. Il vous présente la proposition de traitements retenue, les bénéfices attendus et les effets indésirables possibles. C’est l’occasion pour vous d’en discuter avec lui et de donner votre avis sur la proposition qui vous est faite.

Cette consultation est importante. Il est très utile d’être accompagné par l’un de vos proches ou par la personne de confiance que vous avez choisie

Avant la consultation, notez toutes les questions qui vous viennent en tête et prenez le temps de les poser à votre médecin.

Cet échange vous permettra de mieux comprendre et d’intégrer les informations données par le médecin, en particulier celles sur le traitement envisagé avec ses conséquences sur l’organisation de votre vie quotidienne, et de prendre avec lui les décisions adaptées à votre situation.

La personne de confiance et les directives anticipées : faire connaitre vos choix

La personne de confiance est une personne que vous désignez par écrit. Elle peut :

  • vous accompagner lors des entretiens médicaux ;
  • vous aider dans vos décisions ;
  • être consultée par l’équipe soignante si vous vous trouvez dans l’incapacité de recevoir des informations sur votre état de santé et d’exprimer votre volonté.

Elle appartient ou non à votre famille.

À tout moment, vous pouvez modifier votre choix.

Pour aller plus loin :

Les directives anticipées

Il vous est possible de les rédiger seul ou avec l’aide de votre médecin. Il s’agit de formuler, à l’avance et par écrit, vos choix en matière de traitements pour le cas où vous seriez dans l’incapacité de les exprimer.

Les directives anticipées permettent de faire prendre en considération vos souhaits en ce qui concerne les conditions de limitation ou l’arrêt d’un traitement. Elles sont modifiables et révocables à tout moment.

Pour en savoir plus :

Le programme personnalisé de soins

Qu’est-ce que le programme personnalisé de soins ?

Les modalités de la proposition de traitement sont décrites dans un document appelé programme personnalisé de soins (PPS).

Il comporte :

  • les dates de vos différents traitements ;
  • leur durée ;
  • les coordonnées des membres de l’équipe soignante.

Quand vous avez donné votre accord sur la proposition de traitement, le document vous est remis et un exemplaire est transmis à votre médecin traitant, qui est un de vos interlocuteurs privilégiés.

N’hésitez pas à le présenter aux infirmiers libéraux et au pharmacien qui vont vous suivre pendant votre parcours de soins. Le programme personnalisé de soins peut évoluer en fonction de votre état de santé et de vos réactions aux traitements.

Le PPS contient également un volet social qui doit permettre de repérer précocement d’éventuelles difficultés et de mettre en œuvre un accompagnement adéquat.

Une consultation paramédicale, temps d’accompagnement et d’écoute

Après cette consultation avec le médecin, une consultation avec un autre membre de l’équipe soignante, le plus souvent un infirmier, vous est proposée, ainsi qu’à vos proches. C’est un temps d’accompagnement et d’écoute.

Vous pouvez revenir sur les informations qui vous ont été données par le médecin, vous les faire expliquer à nouveau ou poser d’autres questions. L’infirmier évalue avec vous vos besoins en soins et soutiens complémentaires (sur le plan social, psychologique ou nutritionnel, par exemple) et vous oriente si nécessaire vers les professionnels adaptés.

Des professionnels de santé présents pour vous accompagner

Les médecins et les membres de l’équipe soignante sont là pour vous accompagner. Ce sont vos interlocuteurs privilégiés ; n’hésitez pas à leur poser toutes vos questions. Ces échanges contribuent à renforcer le dialogue et la relation de confiance avec l’ensemble de ces professionnels tout au long de votre parcours de soins.

Les traitements possibles en fonction de l’étendue du cancer

Le choix et l’ordre des traitements des cancers du pancréas sont définis en fonction des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint, et en particulier de son stade, c’est-à-dire de son étendue au moment du diagnostic.

Comment détermine-t-on les stades d’un cancer ?

Pour déterminer le stade du cancer, les médecins s’appuient sur un système international de stadification, le système TNM (pour Tumor, Nodes, Metastasis, ce qui signifie tumeur, ganglions, métastases).

Dans ce système, les médecins prennent en compte :

  • la taille et le développement de la tumeur vers des vaisseaux sanguins proches du pancréas (T) ;
  • l’atteinte ou non, par des cellules cancéreuses, des ganglions lymphatiques situés à proximité du pancréas (N) ;
  • la présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps (M).

Il existe quatre stades différents, numérotés de I à IV :

  • les stades I et II correspondent aux cancers limités au pancréas et/ou qui ont atteint peu de ganglions lymphatiques, uniquement à proximité du pancréas ;
  • le stade III correspond aux cancers qui peuvent avoir atteint des vaisseaux sanguins importants proches du pancréas et/ ou plusieurs ganglions lymphatiques ;
  • le stade IV correspond aux cancers qui présentent des métastases à distance.

L’évaluation de l’étendue du cancer détermine notamment si une intervention chirurgicale est réalisable. Les médecins évaluent ainsi la résécabilité de la tumeur pour déterminer le choix des traitements.

Une chirurgie n’est possible que si la tumeur est résécable, c’est-à-dire qu’elle peut être retirée complètement lors de l’intervention et si votre état général et vos antécédents vous permettent d’être opérable.

Une tumeur est résécable si elle est limitée au pancréas ou, si elle s’est propagée, n’a pas envahi de vaisseaux sanguins importants comme l’artère mésentérique supérieure, l’artère hépatique ou le tronc cœliaque.

L’anatomie du pancréas

L'anatomie Du Pancréas - copyright

Où se déroulent les traitements ?

La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie sont réalisées au sein d’établissements autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité de ces traitements.

Retrouvez la liste des établissements autorisés par région. 

Exemples de questions à poser à l’équipe médicale

  • Quels sont les traitements préconisés dans ma situation ?
  • Pourquoi ?
  • Quels sont les objectifs de chacun de ces traitements ?
  • Quels en sont les effets indésirables ?
  • Comment les prévenir et les soulager ?
  • Où et quand se déroulent les traitements ?
  • Avec quels médecins et équipes médicales ?
  • Quelle est leur durée ?
  • Comment suis-je suivi pendant les traitements ?
  • Quel est l’impact possible sur ma vie quotidienne ?

Dans ce dossier web sont indiqués uniquement les traitements administrés en première intention, c’est-à-dire après le diagnostic.

Toutes les situations possibles ne sont pas décrites sur cette page.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter les pages consacrées à la chirurgie ou à la chimiothérapie dans ce dossier.

Formes localisées (stade I à III)

Tumeur résécable (qui peut être retirée par chirurgie)

Si le patient est opérable, la chirurgie est le traitement de référence. Le type d’intervention dépend de la localisation de la tumeur :

  • duodénopancréatectomie céphalique (DPC) en cas de cancer de la tête du pancréas ;
  • splénopancréatectomie gauche (SPG) en cas de cancer du corps ou de la queue du pancréas ;
  • très rarement, pancréatectomie totale en cas d’extension tumorale à l’ensemble du pancréas et si votre état de santé le permet.

La chirurgie est suivie d’une chimiothérapie conventionnelle dite adjuvante, c’est-à-dire réalisée après le traitement de référence (ici, la chirurgie). Le traitement par chimiothérapie est débuté, idéalement, dans les 12 semaines suivant la chirurgie, et dure 6 mois.


Tumeur de résécabilité limite (dite borderline) ou localement avancée (non résécable en l’état)

Une chimiothérapie conventionnelle dite d’induction peut être proposée, surtout pour les tumeurs « borderline ». Ce traitement vise à rendre possible une intervention chirurgicale dans un second temps pour retirer la tumeur.

Une chimiothérapie associée à une radiothérapie (chimioradiothérapie) peut également être proposée après une première chimiothérapie.


Tumeur localement avancée (non résécable d’emblée) ou restant non résécable malgré le traitement d’induction

Après 3 à 6 mois de chimiothérapie, une radiothérapie est parfois proposée en association avec une chimiothérapie, en traitement dit de clôture. On parle alors de chimioradiothérapie.


Formes métastatiques (stade IV)

Le choix des traitements dépend de votre état de santé général.

En l’absence de contre-indication, la chimiothérapie conventionnelle est le traitement de référence.

Dans de très rares cas, des métastases peuvent être retirées par chirurgie, uniquement si la chimiothérapie a traité efficacement la maladie.

Dans tous les cas, des soins visant à soulager vos symptômes et améliorer votre qualité de vie sont mis en œuvre.