Lymphome non hodgkinien : comment fonctionne le traitement par immunothérapie ?

L’immunothérapie désigne l’ensemble des traitements qui visent à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses. Il existe plusieurs types d’immunothérapies pour le traitement des lymphomes non hodgkiniens. 

En première ligne de traitement, ce sont des anticorps monoclonaux dits "anti-CD20", le rituximab ou l’obinutuzumab, qui sont prescrits. Pour traiter les lymphomes en récidive ou réfractaires aux traitements initiaux, d’autres immunothérapies existent, notamment les cellules CAR-T.

Le rituximab et l’obinutuzumab peuvent aussi être prescrits pour traiter des lymphomes non hodgkiniens en récidive ou réfractaires.

Quels sont les anticorps monoclonaux utilisés ?

Que sont les anticorps monoclonaux ?

Les anticorps sont des protéines fabriquées par les lymphocytes B. Leur rôle est de repérer et de neutraliser certaines substances étrangères comme les virus ou les bactéries, ainsi que les cellules anormales ou cancéreuses. Pour les neutraliser, l’anticorps se fixe sur une cible très précise, l’antigène, présent sur la surface de la substance étrangère ou de la cellule anormale ou cancéreuse, et permet son élimination par le système immunitaire.

Les anticorps monoclonaux sont des anticorps produits en laboratoire, à partir d’un clone de cellule (plusieurs cellules identiques, d’où le terme monoclonal). Grâce à la recherche médicale, des anticorps monoclonaux "anticancer" peuvent aujourd’hui être fabriqués. Ces anticorps ont la capacité de repérer et de bloquer certains mécanismes spécifiques des cellules cancéreuses ou de repérer la cellule cancéreuse elle-même pour qu’elle soit détruite.

Quelle utilisation pour le traitement par rituximab ?

Le rituximab est le premier anticorps monoclonal à avoir reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de certaines formes de lymphomes. Ce médicament cible l’antigène CD20 qui est présent à la surface de la plupart des lymphocytes B. Le rituximab détruit à la fois les cellules cancéreuses et les lymphocytes B sains portant l’antigène CD20. Mais comme les cellules qui donnent naissance aux lymphocytes B normaux ne possèdent pas l’antigène CD20, la production de lymphocytes B sains peut se poursuivre. Par ailleurs, tous les autres tissus et cellules sont épargnés.

Le traitement par rituximab est autorisé pour le traitement de nombreux lymphomes, notamment le lymphome folliculaire et le lymphome diffus à grandes cellules B. Souvent associé à une chimiothérapie, le rituximab est administré par perfusion intraveineuse ou par injection sous-cutanée.

Après une immunochimiothérapie jugée efficace sur certains lymphomes indolents à risque de récidive, le traitement par rituximab peut être poursuivi comme traitement d’entretien pendant deux ans.

Traitement par obinutuzumab

L’obinutuzumab est également un anticorps monoclonal qui cible l’antigène CD20. Le traitement par ce médicament est actuellement autorisé pour traiter les lymphomes folliculaires en première ligne.

 Quelques protocoles de traitements médicamenteux des lymphomes non hodgkiniens de première ligne 

Cette liste de protocoles médicamenteux est donnée à titre d'exemple. Elle n'est pas exhaustive et l'ordre des protocoles ne reflète pas nécessairement leur fréquence d'utilisation.
Abréviation Médicaments
CHOP
  • Cyclophosphamide
  • Doxorubicine
  • Vincristine
  • Prednisone
R-CHOP CHOP + Rituximab
O-CHOP CHOP + Obinutuzumab
CHOEP
  • Cyclophosphamide
  • Doxorubicine
  • Etoposide
  • Vincristine
  • Prednisone
R-CHVP
  • Cyclophosphamide
  • Doxorubicine
  • Etoposide
  • Prednisone + Rituximab
R-CVP
  • Cyclophosphamide
  • Vincristine
  • Prednisone + Rituximab
R-ACVBP
  • Doxorubicine
  • Cyclophosphamide
  • Vindesine
  • Prednisone
  • Bleomycine + Rituximab
R-COP
  • Cyclophosphamide
  • Vincristine
  • Prednisone + Rituximab
R-COPADEM
  • Méthotrexate
  • Cyclophosphamide
  • Vincristine
  • Doxorubicine
  • Prednisone + Rituximab
R-DHAC
  • Cytarabine
  • Dexaméthasone
  • Carboplatine + Rituximab
R-DHAOx
  • Cytarabine
  • Dexaméthasone
  • Oxaliplatine + Rituximab
RCD
  • Cyclophosphamide
  • Dexaméthasone + Rituximab
CYVE
  • Cytarabine
  • Etoposide
CYM
  • Cytarabine
  • Méthotrexate
R-bendamustine Bendamustine + Rituximab
R-chlorambucil Chlorambucil + Rituximab

Pour en savoir plus sur les médicaments, vous pouvez consulter la Base de données publique des médicaments.

Des anticorps monoclonaux couplés, pour quoi faire ?

Il existe également des anticorps monoclonaux couplés, composés d’un anticorps monoclonal lié à une substance ayant une activité contre les cellules cancéreuses. Dans ces cas, l’anticorps monoclonal agit comme un vecteur pour mieux cibler les cellules malignes afin de réduire la toxicité du traitement, mais ce n’est pas lui qui détruit directement les cellules cancéreuses.

Par exemple, l’ibritumomab tiuxetan, utilisé pour traiter certains lymphomes non hodgkiniens exprimant l’antigène CD20 en récidive ou réfractaires, est constitué d’un anticorps monoclonal couplé à une molécule radioactive. Le brentuximab vedotin associe un anticorps ciblant l’antigène CD30 avec une chimiothérapie appelée MMAE.

Comment fonctionnent les cellules CAR-T ?

Depuis 2018, une nouvelle méthode d’immunothérapie est disponible pour le traitement de certains types de lymphomes en récidive ou réfractaires aux traitements initiaux : les cellules CAR-T (pour "chimeric antigen receptor T").

Les cellules CAR-T sont des lymphocytes T d’un patient modifiés pour qu’ils deviennent actifs contre ses propres cellules cancéreuses. Dans un premier temps, des lymphocytes T sont prélevés chez le patient avant d’être modifiés génétiquement en laboratoire. L’objectif est de faire en sorte qu’ils expriment un récepteur chimérique (c’est-à-dire créé artificiellement) spécifique d’une cible exprimée par les cellules malignes. Cette molécule permet aux lymphocytes T de reconnaître plus efficacement les cellules cancéreuses et de s’activer pour les détruire. Les lymphocytes T modifiés sont ensuite réinjectés au patient.

Les cellules CAR-T sont un médicament dont la fabrication est individualisée pour chaque patient : les cellules CAR-T produites avec les lymphocytes T d’un patient sont injectées uniquement à ce patient.

Pour en savoir plus sur les médicaments d’immunothérapie, consultez le numéro de notre série "Regard sur…".