Les freins au dépistage : sensibiliser et convaincre

Le fait d'être incitée au dépistage par un professionnel de santé avec lequel une relation de confiance est établie est un facteur favorisant essentiel, souligne la Haute Autorité de santé (HAS). En ce sens, vous avez un rôle déterminant dans la sensibilisation des femmes à l'importance d'un dépistage régulier du cancer du col de l’utérus.

Principaux freins connus à la participation au dépistage

Plusieurs catégories de freins au dépistage ont été identifiées. Ces freins interviennent souvent simultanément. Ils sont parfois plus difficiles à lever quand les femmes sont en situation socio-économique défavorable et/ou isolées culturellement ou géographiquement.

Freins liés au dépistage des cancers

Les freins liés au dépistage des cancers en tant que tel :

  • sentiment de fatalité face à la maladie ;
  • peur du cancer ;
  • peur du résultat ;
  • inégalités face à la prévention ;
  • manque de temps.

Freins liés au cancer du col de l’utérus

Freins spécifiques au dépistage du cancer du col de l'utérus :

  • méconnaissance de la pathologie et de son dépistage ;
  • ne se sent pas concernée (âge, symptômes…) ;
  • gêne à l’égard de la localisation (sujet tabou, partie intime) ;
  • jamais proposé en consultation par un professionnel de santé ;
  • sans accès à un suivi gynécologique (délais, coût…) ;
  • peur des traitements (laser, conisation…) ;
  • précédents tests normaux ;
  • caractère intrusif de l’examen ou mauvaise expérience ;
  • facteurs d’inégalités (niveau d’éducation, CSP, culture, pathologies chroniques, obésité, handicap…).

Quelles femmes ne se font pas dépister régulièrement ?

Le taux de couverture national du DOCCU est de 59% sur la période 2018-2020. Ce chiffre, globalement stable depuis 2012, masque d'importantes disparités. Ainsi, la couverture nationale diminue significativement avec l'âge, en particulier après 50 ans et atteignant seulement 45% chez les femmes de 60-65 ans, alors que l’âge médian au diagnostic de ce cancer est de 53 ans.

De plus, des variations géographiques marquées persistent : certains DROM affichent des taux inférieurs à 50 %, contrastant avec des valeurs dépassant 67 % en métropole – à l'exception notable de La Réunion (source : Observatoire Géodes de Santé publique France).

Par ailleurs, environ 40% des femmes ciblées par ce dépistage ne s’y soumettent pas ou n'effectuent pas de dépistage régulier, avec des groupes de non-participation identifiés.

Agir pour favoriser la réalisation régulière des dépistages 

Il convient d'accorder une vigilance particulière aux femmes susceptibles de ne pas se faire dépister régulièrement, en particulier les femmes sans suivi gynécologique et notamment les femmes ménopausées et/ou éloignées du système de santé, et de les interroger sur la date de réalisation de leur dernier dépistage. L’information délivrée doit être adaptée à l’âge et aux facteurs de risque de chaque femme, et en adéquation avec ses attentes.

Vous pouvez ainsi agir :

  • en interrogeant systématiquement vos patientes sur la date de leur dernier dépistage, qu’elles soient ou non vaccinées contre les HPV. S’il a été réalisé dans un délai supérieur aux intervalles recommandés, ou si la femme ne se souvient pas de la date de son dernier dépistage, vous pouvez lui proposer de lui en faire ou de lui en prescrire un ;
  • en rappelant que le dépistage se poursuit après la ménopause, en raison notamment de la lenteur d’évolution des anomalies liées aux HPV ; 
  • en réalisant un test ou en adressant vos patientes à un gynécologue ou, le cas échéant, à un généraliste, à une sage-femme, à un centre de santé, à un centre mutualiste ou à un centre de planification familiale. Le dépistage du cancer du col de l’utérus peut aussi être effectué dans certains laboratoires de biologie médicale ou cabinets d’anatomocytopathologie sur prescription médicale ; 
  • en proposant un test de dépistage aux femmes enceintes, n’ayant pas été dépistées dans les intervalles recommandés, au moment de la première consultation prénatale, au 1er trimestre (avant 16 semaines d'aménorrhée, soit 14 semaines de grossesse), ou en post-partum. 

Il est essentiel d’informer vos patientes sur l’histoire du cancer du col de l’utérus, ses facteurs de risque, sa prévention et son dépistage, en leur livrant des messages adaptés à leur âge, leur situation et leur niveau de compréhension. Pour ce faire, l’Institut national du cancer met à votre disposition plusieurs documents et outils à destination des femmes :


Documents et liens utiles pour votre pratique