Médecine de précision préventive et prédispositions génétiques

La médecine de précision ne permet pas seulement d’adapter le traitement aux caractéristiques d’un patient ou de sa tumeur. Elle permet également d’identifier une éventuelle prédisposition à une maladie et ainsi d'offrir une prévention adaptée.

La médecine de précision préventive s’attache à estimer, avant tout signe de maladie, le risque de survenue d’un cancer chez une personne par la mise en évidence d’une prédisposition génétique, permettant alors la mise en place d’une prise en charge personnalisée.

Qu’est-ce qu’une prédisposition génétique ?

Il s’agit d’une anomalie génétique présente dans toutes les cellules de l'organisme et qui prédispose à la survenue de cancers. Ces anomalies génétiques sont dites constitutionnelles et font partie du patrimoine génétique d’un individu. Elles sont donc héréditaires, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à la descendance.

On parle d’anomalie constitutionnelle en opposition aux anomalies dites somatiques. Les anomalies somatiques apparaissent au cours de la vie et ne sont présentes que dans la tumeur des patients. Elles ne sont donc pas héréditaires (comme les mutations de BRAF dans les mélanomes, les translocations BCR-ABL dans les leucémies ou encore les surexpressions de HER2 dans les cancers du sein).

Il y a prédisposition génétique lorsqu’une anomalie constitutionnelle est susceptible d’augmenter le risque de cancer pour une personne par rapport au risque moyen de la population générale.

Comment sont-elles identifiées ?

Il existe aujourd’hui des tests permettant d’identifier les anomalies génétiques d’un individu. Ces tests génétiques sont réalisés à partir de simples prélèvements de sang et de salive.

Lorsque qu’une forme héréditaire de cancer est suspectée (selon les antécédents médicaux, personnels et/ou familiaux d’un patient), un test visant à détecter l’existence d’une prédisposition génétique est réalisé chez le patient. Si ce test s’avère positif, il est vivement recommandé que les membres de la famille du patient, susceptibles d’être concernés, soient également testés, pour vérifier s’ils sont eux aussi porteurs de cette prédisposition. Si c’est le cas, un suivi personnalisé devra être mis en place.

Le diagnostic des prédispositions génétiques est effectué dans le cadre du dispositif national d'oncogénétique.

Quelle prise en charge pour les personnes non malades présentant une prédisposition génétique ?

La prise en charge des personnes non malades chez lesquelles une prédisposition génétique a été identifiée repose sur la détection précoce d’un cancer, grâce à des suivis par imagerie plus complets et plus fréquents, et sur des mesures préventives comme la chirurgie prophylactique (c’est-à-dire une opération chirurgicale réalisée sur un organe sain dans le but de prévenir l’apparition d’une tumeur). Ces différentes mesures sont adaptées aux risques tumoraux associés aux prédispositions génétiques.

Un exemple : les prédispositions dans le cancer du sein et de l’ovaire

Environ 2 à 5 % des cancers du sein et de l'ovaire sont dus à une prédisposition génétique. Ce syndrome, appelé syndrome seins-ovaires, est lié, le plus souvent, à une anomalie des gènes BRCA1 et BRCA2. Ces mutations accroissent particulièrement le risque de développer un cancer du sein ou un cancer de l’ovaire.

Pour les femmes présentant cette prédisposition, le suivi comprend des examens cliniques et d’imagerie plus fréquents et plus complets. Une chirurgie préventive peut également être proposée (ablation des seins) ou recommandée (ablation des ovaires) en fonction de l’âge et de l’histoire personnelle de chaque patiente.

Depuis décembre 2014, un traitement, l’olaparib (un inhibiteur de PARP), est autorisé pour les femmes ayant un cancer de l’ovaire, des trompes de Fallope ou du péritoine présentant une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2. La prescription de ce traitement, comme pour les autres médicaments de la médecine de précision, dépend du stade de la maladie et de la réponse aux traitements précédents.  

Ce traitement ainsi que d’autres inhibiteurs de PARP font actuellement l’objet de nombreux essais cliniques, particulièrement chez des patientes atteintes de cancer de l’ovaire ou de cancer du sein.