Pesticides

Les pesticides sont des substances ou des préparations à usage agricole, destinées à protéger les végétaux, et utilisées pour la prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes jugés indésirables tels que plantes, animaux, champignons, bactéries. Très largement utilisés, ils ont un impact sur l'environnement et certains sont mis en cause dans la survenue de cancers. Des actions de santé publique ont été mises en place aux niveaux national et européen pour améliorer les connaissances sur leur mode d'action, sur l'exposition des populations ainsi que pour diminuer et sécuriser leur usage.

Effets sanitaires avérés ou suspectés

De fortes suspicions existent sur le rôle des pesticides dans le développement de pathologies chroniques (cancers, troubles neurologiques, troubles de la reproduction), notamment dans le cadre des expositions professionnelles, qui concerneraient entre 1 et 2 millions de personnes en France.

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé comme cancérogènes probables (2A) cinq organophosphorés : le malathion (utilisé en épandage aux Antilles pour la prévention du chikungunya), le glyphosate (principe actif du désherbant "Round Up" de Monsanto), le parathion, le diazinon et le tetrachlorvinphos.

L'association entre pesticides et risque de cancers est une question difficile à documenter, compte tenu des nombreux produits utilisés et de leur évolutivité en fonction de la période d'utilisation et des types de cultures, ainsi que des difficultés méthodologiques liées à ce type d'études. Ces difficultés empêchent de porter des conclusions précises quant à l'élévation d'un risque lié à une telle exposition. Néanmoins, les expositions aux pesticides ont été plus particulièrement mises en cause dans certains types de cancers (tumeurs cérébrales et hémopathies malignes chez l'adulte notamment).

Certaines substances, comme des pesticides organochlorés désormais interdits, interagissent avec le système endocrinien en induisant des effets nocifs sur les organismes et/ou leur descendance (perturbateurs endocriniens). Plusieurs études épidémiologiques ont recherché des associations entre ce type de pesticides et certains cancers hormono-dépendants :

  • cancer du sein : une association positive a été observée entre l'exposition au PCB et le cancer du sein. Dans le cas du DDT, une étude publiée en 2013 indique un risque accru chez les femmes exposées très tôt dans leur vie;
  • cancer de l'ovaire : les études sont encore insuffisantes ;
  • cancer du testicule : des études ont mis en avant un rôle potentiel des organochlorés sur la survenue de ce cancer mais les facteurs de risque patents n'ont pas été identifiés ;
  • cancer de la prostate : l'exposition à certains pesticides, en particulier chez les applicateurs et les employés des usines de production, serait responsable d'un risque accru de cancer de la prostate.

Par ailleurs, des chercheurs de l'Inserm ont montré, dans une étude épidémiologique publiée en juin 2010, une possible association entre une exposition chronique au chlordécone et la survenue d'un cancer de la prostate.

En juin 2020, l’Institut a diffusé un appel à candidatures visant l’élaboration d’un programme de recherche pluridisciplinaire sur le lien entre exposition à la chlordécone et survenue du cancer de la prostate aux Antilles, d’une durée de cinq ans.

La réglementation sur les produits phytopharmaceutiques

La réglementation sur les produits phytopharmaceutiques (pesticides) comporte deux volets :

  • au niveau de la communauté européenne, les substances actives doivent être autorisées (inscription sur une liste positive) ;
  • au niveau national, le produit doit être autorisé par l'Etat français (ministère chargé de l'agriculture, après avis de l'ANSES).

Le règlement européen n° 1107/2009 de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques est entré en vigueur en juin 2011. Il introduit des critères d'exclusion des substances actives les plus toxiques pour la santé publique et l'environnement. Les substances actives dont on envisage la substitution doivent faire l'objet d'une évaluation comparative qui conduira à leur substitution par des alternatives moins nocives, lorsqu'elles existent et selon les dispositions prévues à l'annexe IV du règlement.

D'un point de vue réglementaire, l'usage des produits phytopharmaceutiques contenant certaines substances (cancérogènes, mutagènes...) a été interdit dans les aires de jeux pour enfants et les cours de récréation ainsi que dans le périmètre de 50 mètres des bâtiments d'accueil ou d'hébergement des personnes vulnérables. Il a été restreint dans les parcs, espaces verts et terrains de sports ouverts au public (arrêté du 27 juin 2011).

L'épandage aérien a été interdit, sauf dérogation (arrêté du 31 mai 2011).

Enfin, la loi Grenelle 2 a prévu l'encadrement strict de la publicité pour les produits phytopharmaceutiques et l'encadrement de la vente des produits phytopharmaceutiques à destination des jardiniers amateurs (loi Labbé). Depuis 2019, seuls les produits de biocontrôle, les produits qualifiés à faible risque et les produits dont l'utilisation est autorisée dans le cadre de l'agriculture biologique sont autorisés à la vente pour ces publics.

Focus sur l'étude AGRICAN

Afin de mieux caractériser le niveau d'exposition et les risques liés aux pesticides, l'enquête AGRICAN (AGRIculture et CANcer), menée sur la santé en milieu agricole et les causes de décès, en particulier par cancer, suit, depuis 2005, une cohorte de 180 000 assurés agricoles actifs et retraités sur douze départements représentatifs des activités agricoles de la France métropolitaine et disposant d'un registre de cancers. Les premiers résultats, publiés en septembre 2011, montrent que, de manière générale, la santé des salariés et des exploitants agricoles est meilleure que celle du reste de la population française. En outre, l'enquête AGRICAN montre que le risque de décéder d'un cancer est moins élevé chez les hommes et les femmes de la population agricole que pour le reste de la population française. On observe notamment une sous-mortalité nette pour les cancers liés au tabagisme. Cependant, une surmortalité modérée est observée pour les mélanomes de la peau (+ 1 % chez les hommes et + 6 % chez les femmes), pouvant s'expliquer, en partie, par le travail en plein air. Enfin, on peut noter chez les femmes une tendance à une surmortalité observée pour les cancers de l'œsophage (+ 8 %), de l'estomac (+ 5 %) et les hémopathies malignes (+ 2 %).


Documents à télécharger


Textes de référence


Liens utiles