Effets indésirables : en pratique

Certains effets indésirables sont susceptibles de vous gêner au quotidien :

Troubles cutanés

Les médicaments notamment de thérapie ciblée et d’immunothérapie peuvent entraîner des troubles au niveau de la peau. Pour vous aider à les soulager, un suivi régulier avec votre dermatologue doit être programmé dès le début des traitements. Parmi ces troubles, des démangeaisons, une dépigmentation, des rougeurs, une sécheresse ou des lésions kératosiques (sous forme de boutons ou plaques) peuvent survenir.

Avec les molécules de thérapies ciblées, des tumeurs cutanées, le plus souvent sans gravité peuvent se développer ; leur éventualité justifie une surveillance  en dermatologie. Un syndrome main-pied peut également apparaître. Celui-ci se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds et se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques. Quelques conseils pratiques peuvent contribuer à limiter cette forme de troubles cutanés.

Conseils pratiques pour limiter le syndrome main-pied

À faire :

  • Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).
  • Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras).
  • Porter des vêtements amples et des chaussures souples.

À éviter :

  • L’exposition des mains et des pieds à la chaleur (soleil, bains chauds).
  • Les activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…).
  • Les pansements adhésifs ou les bandages serrés.
  • La marche prolongée et la course à pied

Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Photosensibilité

Avec certains traitements, notamment certaines molécules de thérapies ciblées (cobimétinib et vémurafenib, parfois le dabrafénib) et de chimiothérapie classique (dacarbazine), votre peau peut devenir plus sensible au soleil. Il est important de limiter les expositions solaires notamment entre 12h et 16h, de porter des vêtements couvrants et de se protéger avec une crème solaire d’indice 50 au moins en renouvelant l’application toutes les deux heures. En cas de réactions importantes, contactez votre médecin.

Diarrhées

Des diarrhées importantes sont possibles pendant le traitement. Elles peuvent être dues aux médicaments d’immunothérapie, de thérapie ciblée ainsi qu’à une molécule de chimiothérapie classique, la fotémustine. Votre médecin peut vous prescrire un traitement préventif ou curatif (en général un antidiarrhéique).

Conseils pratiques pour limiter les diarrhées

Privilégier une alimentation pauvre en fibres à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.

Une hospitalisation en urgence doit être envisagée en cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre ou des vomissements.

Colites

Les immunothérapies spécifiques peuvent provoquer des inflammations du côlon appelées colites. Elles peuvent se traduire par des douleurs abdominales, des diarrhées (selles liquides ou molles ou perte de selles), du mucus ou du sang dans les selles,  ou des vomissements. Vous pouvez les limiter en évitant de manger des plats trop épicés, en prenant le temps de bien mastiquer les aliments et en vous hydratant fréquemment. Des médicaments anti-diarrhéiques pourront également vous être prescrits. Si les diarrhées persistent plusieurs jours malgré la prise de ces médicaments, il est important de prévenir votre médecin sans attendre car une hospitalisation et un traitement par corticoïdes peuvent être nécessaires.

Constipation

À l’inverse, d’autres médicaments à savoir l’immunothérapie spécifique et les thérapies ciblées (tramétinib, dabrafénib et vémurafenib) peuvent entraîner une constipation à laquelle contribuent parfois les médicaments antiémétiques et le ralentissement de l’activité physique.

Conseils pratiques pour limiter la constipation

  • Boire au moins 2 litres d’eau par jour ;
  • Privilégier une alimentation riche en fibres, à base de fruits et légumes frais, de compote de pruneaux ;
  • Consommer des céréales et du pain complet ;
  • Si possible, faire de l’exercice de façon adaptée et régulière ;
  • Boire un verre d’eau glacée ou un jus de fruits consommé froid au réveil.

Fièvre

Certaines molécules de thérapie ciblée (dabrafénib seul ou associé au tramétinib) et d’immunothérapie, peuvent générer de la fièvre, parfois accompagnée de courbatures. Il est important de la signaler à l’équipe soignante dès les premiers symptômes afin que des soins adaptés soient mis en place. 

Œdèmes

Des gonflements, appelés œdèmes, peuvent apparaître au niveau des membres (bras et jambes) et du visage. Ils sont notamment dus aux traitements d’immunothérapie spécifique et également à certaines molécules de thérapie ciblée (vémurafenib et tramétinib). Pour les limiter, il est conseillé de réduire votre consommation de sel, de porter des bas de contention et de surélever les pieds et les jambes lorsque vous êtes assis ou allongé. Il est également déconseillé de porter des vêtements trop serrés.

Fatigue

L’appréhension des examens et des traitements, les déplacements fréquents, l’attente lors des rendez-vous et les traitements eux-mêmes peuvent provoquer une fatigue physique ou morale. La fatigue dépend de votre tolérance à ce traitement et des autres effets indésirables. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit contrôlée le mieux possible.

Vous trouverez des informations complémentaires dans le guide Cancer info Fatigue et Cancer.

Nausées et vomissements

Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la prise du traitement. Dans le mélanome de la peau, elles concernent les médicaments pris par voie orale mais elles peuvent aussi se produire pour les formes injectables (en perfusion intraveineuse). Elles sont plus fréquentes avec les molécules de chimiothérapie classique. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.

Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l’entrée dans l’hôpital, avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l’anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.

Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger. Les nausées ou vomissements ne persistent, en général, pas plus de 48 heures après le traitement.

Un traitement est le plus souvent prescrit avant, pendant et après l’administration des médicaments pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s’agit de médicaments appelés antiémétiques. Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.

Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements

À faire :

  • Privilégier les aliments froids ou tièdes qui sont moins odorants que les aliments chauds ;
  • Privilégier plusieurs petits repas moins copieux, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer ;
  • Boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola, notamment, aident parfois à diminuer les nausées. Ne pas hésiter à utiliser une paille pour boire afin de diminuer le volume absorbé à chaque prise.

À éviter :

  • Les aliments lourds difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés ;
  • Boire pendant les repas ;
  • Le tabac.

Perte d’appétit et modification du goût

Les médicaments d’immunothérapie et certains médicaments de thérapie ciblée (vémurafenib et dabrafénib) peuvent entraîner une perte de l’appétit. Une modification de la perception du goût peut également être ressentie avec le vémurafenib et le pembrolizumab : elle disparaît progressivement dès la fin des traitements. 

Si la perte d’appétit se prolonge, elle peut entraîner un amaigrissement et à terme une situation de dénutrition. La dénutrition a de nombreuses conséquences, comme une fonte des muscles ou une fatigue importante. Elle peut également empêcher le bon déroulement de votre traitement, c’est pourquoi il faut la limiter le plus précocement possible.

Un diététicien ou un nutritionniste peuvent vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement. En cas de nécessité, des compléments alimentaires pourront vous être prescrits, pour éviter un amaigrissement trop important.

Conseils pratiques pour entretenir l’esprit convivial des repas et stimuler votre appétit

  • Si possible, manger accompagné et non seul ;
  • Travailler la présentation des plats ;
  • S’installer à table, de préférence dans un cadre agréable. 

Douleurs musculaires et articulaires

Des douleurs musculaires ou articulaires peuvent apparaître en particulier avec les molécules de thérapies ciblées et d’immunothérapie. Des médicaments antidouleur (comme le paracétamol) peuvent être prescrits par votre médecin. Vous pouvez également limiter ces douleurs, en vous hydratant fréquemment, en pratiquant une activité physique adaptée et en évitant les gestes répétitifs. Ces douleurs peuvent également être contenues grâce à l’aide de votre kinésithérapeute.

Chute et modification de la texture des cheveux

Les médicaments de thérapie ciblée (tramétinib, dabrafénib, vémurafenib) et d’immunothérapie peuvent provoquer la chute de vos cheveux ou en modifier la texture. Ils peuvent devenir plus fins et se mettre à onduler ou friser.

La chute des cheveux (appelée alopécie) peut être difficile à vivre, car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est souvent progressive et toujours temporaire. Elle commence en général deux à trois semaines après le début du traitement. Les cheveux commencent à repousser environ six à huit semaines après la fin du traitement. Les cils, les sourcils et les poils pubiens peuvent également tomber provisoirement.

Vous trouverez des informations complémentaires dans le guide Cancer info Traitements du cancer et chute des cheveux.

Affections oculaires

Pendant le traitement, des troubles oculaires peuvent apparaître en particulier avec les molécules de thérapie ciblée et d’immunothérapie spécifique. Un gonflement, une rougeur des yeux, une sécheresse oculaire, une baisse de la vision et des douleurs peuvent apparaître. Si ces troubles surviennent, n’hésitez pas à les signaler à votre ophtalmologue qui mettra en place des soins adaptés.

Modification de l’humeur

L’interféron alpha peut entraîner une réaction dépressive. Si vous constatez un changement d’humeur, ne le banalisez pas et signalez-le à votre médecin.

Traitements médicamenteux et sexualité

Comme avec tout traitement, la libido et la vie intime peuvent être modifiées pendant le traitement et quelque temps après. Les effets indésirables des médicaments comme la fatigue, les nausées et les vomissements peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique. De même, le stress et l’inquiétude entraînent souvent une baisse de désir. La sexualité ne se limite pas aux rapports sexuels ; elle englobe l’affection, la tendresse, la parole... Avec le temps, lorsque le traitement est terminé et que les effets indésirables disparaissent, le désir revient petit à petit à son niveau habituel.

Grossesse

Certains traitements provoquent des malformations fœtales : on dit qu’ils sont tératogènes.

Une contraception efficace est nécessaire pendant toute la durée du traitement et au moins 6 mois après son arrêt. Consultez votre médecin pour savoir combien de temps après l’arrêt de votre traitement une grossesse pourra être envisagée. N’hésitez pas à en parler et à informer rapidement votre médecin si vous êtes enceinte.

Fertilité

Si vous envisagez un projet de grossesse ou de paternité, parlez-en à votre médecin avant le début des traitements. Certains médicaments sont en effet susceptibles de provoquer une baisse de la fertilité voire une infertilité. Celle-ci n’est pas forcément définitive. Cela dépend notamment de votre âge et du type de traitement employé. Une consultation dans une structure spécialisée dans la conservation des gamètes et tissus germinaux (CECOS) peut vous être proposée. Il est en effet possible d'envisager une congélation de sperme avant de commencer le traitement. Les spermatozoïdes sont recueillis et congelés pour une utilisation ultérieure. Pour les femmes en âge d'avoir des enfants, le recours à une équipe spécialisée dans la mise en œuvre de mesures permettant de préserver la fertilité peut être proposé dans certains cas.

D’autres effets indésirables nécessitent d’être suivis au plan biologique par votre équipe médicale afin d’éviter toutes complications

Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Les médicaments de chimiothérapie classique, d’immunothérapie et de thérapie ciblée (tramétinib, dacarbazine) ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse. Ils peuvent entraîner :

  • une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
  • une baisse du nombre des globules rouges et de l’hémoglobine (anémie). L’anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos ;
  • une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), qui participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’ecchymoses et de saignements.

Une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d’aplasie.

Avant chaque cure, des prises de sang permettent de vérifier le nombre de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, le traitement peut être remis à plus tard. 

Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante. Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être réalisée.

En cas de fièvre (plus de 38°C pendant plus de 6 heures) ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), consultez immédiatement votre médecin.

Mauvais fonctionnement du foie

Les traitements d’immunothérapie et de thérapie ciblée (tramétinib, vémurafenib) peuvent altérer le fonctionnement du foie. Cette altération, qui peut être d’origine immunologique, peut se traduire cliniquement par différents symptômes dont un jaunissement du blanc des yeux et de la peau, des douleurs au niveau du côté droit du ventre, des bleus qui apparaissent plus fréquemment, des saignements. Les urines peuvent également être plus foncées et les selles décolorées.

Mauvais fonctionnement de la thyroïde et d’autres glandes endocrines

Les molécules d’immunothérapie peuvent altérer le fonctionnement des glandes hormonales, notamment de la thyroïde. Ces troubles peuvent se traduire par une prise ou une perte de poids inexpliquée, une modification de la voix qui devient plus grave, une sensation de froid ou encore une accélération du rythme cardiaque. Des maux de tête, une augmentation de la transpiration et une grande fatigue peuvent également être ressentis. Prévenez également votre médecin sans attendre.

Troubles rénaux

Certaines molécules, notamment les immunothérapies spécifiques et les thérapies ciblées, peuvent avoir une incidence sur la fonction rénale, le plus souvent sans générer de symptôme. Toutefois, la quantité d’urine pourra être plus faible et la couleur pourra également être modifiée. Il est important de signaler ces troubles, qui peuvent être d’origine immunologique, à l’équipe soignante.

Dans de rares cas, il existe des complications importantes qui nécessiteront votre hospitalisation.

Troubles respiratoires

 Avec les immunothérapies spécifiques et les molécules de thérapie ciblée, des difficultés à respirer, un essoufflement, des douleurs thoraciques peuvent être ressenties. Une touxpeut également apparaître. Ces symptômes peuvent alerter sur la présence d’une infection ou d’une réaction pulmonaire au traitement. N’hésitez pas à les signalez à votre équipe soignante.

Réactions allergiques

Comme tout médicament, ceux de chimiothérapie classique, de thérapie ciblée et d’immunothérapie peuvent être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, de difficultés à respirer ou d’essoufflement, de fièvre, de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), ou de tout autre trouble inhabituel.

Diabète

Les immunothérapies spécifiques peuvent provoquer l’apparition d’un diabète. Il peut se manifester par une perte de poids, un besoin d’uriner plus fréquent ainsi qu’une sensation de soif et de faim plus importante que d’habitude. Vous devez signaler sans attendre ces symptômes à votre médecin.

Insuffisance cardiaque

Les molécules de thérapie ciblée peuvent entraîner une insuffisance cardiaque. Une surveillance est effectuée pendant la durée du traitement, plus particulièrement en cas d’antécédents de maladies cardiaques.

D’autres effets indésirables sont possibles, mais ils sont moins fréquents. Votre médecin vous explique ceux qui peuvent survenir dans votre cas. Il est important de les signaler à l’équipe soignante, afin qu’ils soient pris en compte et que votre traitement soit adapté si besoin.

Afin de garantir une amélioration continue de la sécurité des traitements pour les patients, il vous est possible de signaler les effets indésirables susceptibles d’être dus à un médicament, directement au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) dont vous dépendez. Cette démarche concerne uniquement les effets indésirables inattendus, c’est-à-dire dont la nature, la sévérité ou l’évolution ne correspondent pas aux informations réglementaires du médicament. Elle n’a pas pour objectif une gestion individuelle de vos effets indésirables.

La procédure ainsi que les formulaires de déclaration sont disponibles sur le site de l’ANSM.