Cancers du rectum : la chirurgie
La chirurgie est le traitement principal du cancer du rectum. Elle consiste à retirer la tumeur avec une marge de tissu sain autour. Le type de chirurgie réalisé dépend de l’endroit où est située la tumeur, de son degré d’infiltration et de sa distance par rapport au sphincter anal.
Dans certains cas, un curage ganglionnaire est également effectué : le chirurgien retire les ganglions lymphatiques voisins de la tumeur dans le mésorectum (tissu graisseux qui recouvre le rectum). Les ganglions sont ensuite analysés à l’aide d’un microscope pour déterminer s’ils contiennent ou non des cellules cancéreuses. C’est un facteur pronostique, c’est-à-dire que cela donne une indication sur l’évolution possible de la maladie.
Retrouvez nos explications sur ce que sont les ganglions lymphatiques.
Dans quels cas du cancer du rectum la chirurgie est-elle indiquée ?
Pour les cancers du tiers supérieur du rectum
Pour les cancers du tiers supérieur du rectum, la résection chirurgicale (si la tumeur n’est pas superficielle) est le traitement de référence pour les stades I.
Pour les stades II, en présence de facteurs de risque de récidive, elle peut être complétée par une chimiothérapie dite adjuvante, c’est-à-dire réalisée après la chirurgie.
Pour en savoir plus sur les différents stades du cancer.
Pour les stades III, la chirurgie est systématiquement suivie, dans un délai de 8 semaines, d’une chimiothérapie adjuvante, c’est-à-dire réalisée après la chirurgie.
Pour les stades IV, il est possible d’effectuer une chirurgie destinée à retirer les métastases et la tumeur primitive. Son intérêt est évalué en fonction de l’étendue de la maladie, de l’efficacité de la chimiothérapie, le cas échéant, et de votre état général.
Qu’est-ce qu’une tumeur primitive ? C’est la tumeur principale à partir de laquelle peuvent s’échapper des cellules cancéreuses pouvant former des métastases dans d’autres parties du corps.
Pour les cancers des deux tiers inférieurs du rectum
Pour les cancers des deux tiers inférieurs du rectum, la réalisation d’une chirurgie dépend du stade du cancer.
Pour les cancers de stade I, un traitement local par l’anus (par endoscopie) est proposé lorsque la tumeur est superficielle. Pour les tumeurs plus infiltrantes, une résection chirurgicale du rectum est réalisée. Dans de rares situations, ce traitement peut être complété par une radiothérapie ou une chimiothérapie.
Pour les stades II et III, la chirurgie est réalisée après un traitement par radiothérapie qui est souvent combiné dans le même temps à une chimiothérapie (le tout est appelé radiochimiothérapie).
Pour les stades IV, l’opportunité de réaliser une chirurgie de la tumeur située sur le rectum et/ou des métastases est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Comment se préparer à l’opération ?
Deux consultations sont programmées quelques jours avant l’intervention, une avec le chirurgien, l’autre avec l’anesthésiste.
Un bilan préopératoire doit également être réalisé ; il repose sur les examens du bilan préthérapeutique.
Arrêter de fumer quelques semaines avant une intervention
Cet arrêt est important pour réduire les risques de complications pendant et après l’opération (risques de complications pulmonaires, d’infection de la zone opérée et de problèmes de cicatrisation). Des moyens existent pour accompagner l’arrêt du tabac et soulager les symptômes de sevrage. Parlez-en avec équipe qui vous suit. Vous pouvez aussi recourir à des aides à distance ou télécharger ce dépliant :
Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?
La consultation avec le chirurgien
Le chirurgien vous explique :
- les objectifs de l’opération ;
- la technique qu’il va utiliser ;
- les suites opératoires et les complications possibles.
Si une stomie (« anus artificiel » et poche) est nécessaire, il vous explique son fonctionnement et sa gestion.
Cette consultation est l’occasion de poser toutes vos questions au sujet de l’intervention.
Exemples de questions à poser à l’équipe médicale
- Comment l'opération se déroule-t-elle ?
- Quels en sont les risques ?
- Comment puis-je me préparer au mieux ?
- Que va-t-il se passer après l’intervention ?
- Quelles vont être les conséquences de l’opération sur ma vie de tous les jours ? Comment seront-elles prises en compte ?
Lors de cette consultation, le chirurgien vous informe qu’un échantillon de la tumeur peut faire l’objet d’une analyse dans le cadre de la recherche et être conservé après l’opération dans une tumorothèque, une bibliothèque de tumeurs, en vue de recherches ultérieures. Vous avez le droit de vous y opposer.
La consultation avec l’anesthésiste
L’intervention étant réalisée sous anesthésie générale, la consultation en amont avec l’anesthésiste permet d’évaluer les risques liés à l’anesthésie, en prenant en compte vos antécédents médicaux et chirurgicaux.
Il est important de signaler :
- tout problème de santé, notamment les allergies (rhume des foins, eczéma, allergie au latex, à certains médicaments, etc.) ;
- les problèmes respiratoires (asthme, bronchite chronique) ;
- les problèmes cardiaques (hypertension artérielle, par exemple) ;
- la prise de médicaments ;
- les problèmes de coagulation liés à une maladie ou à une prise régulière de médicaments (aspirine, anticoagulants) ;
- votre consommation d’alcool et de tabac.
L’anesthésiste aborde avec vous la question de la gestion de la douleur après l’opération.
Cette consultation est l’occasion de poser toutes les questions que vous avez au sujet de l’anesthésie.
À savoir : un anticoagulant est un médicament qui diminue la coagulation (transformation d’une substance liquide en une masse solide) du sang, évitant ainsi la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins.
Évaluation de l’état nutritionnel afin de lutter contre une dénutrition
Votre « état nutritionnel », c’est-à-dire le bon équilibre entre ce que vous mangez et ce que vous dépensez, est souvent altéré par la maladie et aggravé par la chirurgie. Cela risque d’entraîner une dénutrition, qui se manifeste par une perte de poids.
Si l’équipe médicale constate une dénutrition avant ou après l’intervention, vous pourrez bénéficier d’un support nutritionnel complémentaire de votre alimentation visant à rétablir votre état nutritionnel. Il peut s’agir de la prescription :
- d’une alimentation enrichie en calories ou protéines ;
- de compléments nutritionnels oraux (CNO) ;
- d’une nutrition entérale (via une sonde gastrique).
Des compléments nutritionnels, pour quoi ?
Quel que soit votre état nutritionnel (dénutri ou non), un support nutritionnel complémentaire visant à stimuler votre système immunitaire, appelé immunonutrition, est recommandé au minimum une semaine avant l’intervention et jusqu’à 7 jours après, en cas de dénutrition. Il permet à l’organisme de se préparer à la chirurgie grâce à un apport en certains nutriments indispensables au système immunitaire. Il est le plus souvent envisagé par voie orale.
Des antibiotiques pour réduire le risque d’infection
L’intestin est l’organe qui contient le plus de bactéries. Leur présence y est normale. Mais si elles se déplacent dans la cavité abdominale, à la suite d’une coupure ou d’une perforation de l'intestin par exemple, elles peuvent engendrer une infection grave du péritoine (la membrane qui recouvre les organes abdominaux), appelée péritonite. Afin de réduire ce risque pendant et après l’intervention, des antibiotiques sont généralement administrés en même temps que les produits anesthésiques.
Un régime particulier pour préparer le côlon et le rectum
Le chirurgien peut vous demander de suivre un régime particulier la semaine qui précède l’intervention. Ce régime dit « sans résidu » consiste à ne consommer que des aliments qui produisent peu ou pas de selles, c’est-à-dire principalement pauvres en fibres et en matières grasses. Le plus souvent, le chirurgien vous prescrit un laxatif oral à prendre 1 à 2 jours avant l’intervention ; un lavement est réalisé lors de l’hospitalisation.
Comment le chirurgien accède à la tumeur ?
On appelle « voie d'abord » le chemin utilisé pour accéder à l'organe ou à la zone à opérer. Trois voies d’abord peuvent être utilisées pour opérer un cancer du rectum : la cœlioscopie, la laparotomie et l’abord transanal.
Qu’est-ce que la cœlioscopie (ou laparoscopie) ?
C’est une technique chirurgicale d’opération à ventre fermé. Le chirurgien effectue plusieurs petites incisions qui lui permettent de passer un système optique, ainsi que des instruments chirurgicaux, à l’intérieur de l’abdomen. Le système optique est relié à un écran extérieur. Le chirurgien opère en regardant l’écran.
La cœlioscopie apporte des bénéfices à court terme :
- diminuer la douleur et les complications après l’intervention ;
- réduire la durée d’hospitalisation ;
- préserver la paroi abdominale avec un bénéfice esthétique (pas de grande cicatrice).
À long terme, elle entraîne un risque moins important d’éventration de la paroi abdominale.
Cette technique est aussi efficace que la laparotomie pour enlever la portion du rectum malade.
Qu’est-ce que la laparotomie ?
Cette technique consiste à ouvrir le ventre pour accéder aux organes (opération à ventre ouvert). Le chirurgien effectue une incision verticale sur l’abdomen, en partant du dessus du nombril qu’il contourne, jusqu’au bas du ventre. Cette technique permet au chirurgien d’observer et de palper minutieusement toute la cavité abdominale avant de retirer la portion du rectum atteinte par la tumeur, ainsi que les ganglions les plus proches.
Qu’est-ce que l’abord transanal ?
Cette technique consiste à accéder à la tumeur directement par l’anus, sans incision. Cette voie est utilisée dans le cas du traitement chirurgical local (ou exérèse locale).
Elle a pour objectif de retirer la tumeur et une marge de tissu d’au moins un centimètre autour tout en conservant le rectum et le sphincter anal, et ainsi d'éviter les séquelles fonctionnelles d’une ablation (incontinence, selles fréquentes…). Cette intervention se déroule sous anesthésie générale. L’inconvénient de cette voie d’abord est l’impossibilité d’enlever le mésorectum, et donc les ganglions situés autour du rectum.
Elle n’est proposée que dans le cas des tumeurs du rectum superficielles et de petite taille.
Après l’intervention, l’examen anatomopathologique du tissu retiré permet de contrôler si les marges du tissu sont saines, c’est-à-dire qu’elles ne contiennent aucune cellule cancéreuse. Il permet aussi de vérifier si le stade de la tumeur est conforme à ce qui a été préalablement évalué. Dans le cas contraire, le chirurgien peut proposer de refaire une intervention par laparotomie ou cœlioscopie « classique » pour compléter la première intervention et retirer alors le rectum.
Pourquoi une technique plutôt que l’autre ?
Le choix de l’une ou l’autre de ces voies dépend notamment des caractéristiques du cancer (taille et localisation de la tumeur), ainsi que de votre morphologie et de la spécialisation de l’équipe chirurgicale.
Comment se déroule l’intervention selon la zone où est située la tumeur ?
Différents types de chirurgie du cancer du rectum existent.
Le choix dépend de la localisation de la tumeur et plus précisément de sa distance par rapport à l’anus.
On distingue :
- les tumeurs du haut rectum distantes de 10 à 15 centimètres de l’anus ;
- les tumeurs du moyen rectum (5 à 10 centimètres de l’anus) ;
- les tumeurs du bas rectum (moins de 5 centimètres de l’anus).
Que retire le chirurgien ?
L’intervention consiste à retirer :
- la partie atteinte du rectum – on parle d’exérèse rectale ou encore de proctectomie ;
- le mésorectum, tissu graisseux qui entoure le rectum et qui contient des vaisseaux sanguins et des ganglions lymphatiques. Cela permet de réduire le risque de récidive locale.
Le rectum et le canal anal
Après avoir enlevé la portion atteinte par la tumeur, le chirurgien pratique habituellement une suture entre le côlon et la portion de rectum restant ou l’anus. Cette connexion est appelée « anastomose ».
Réalisation d’une stomie pour permettre une cicatrisation plus facile
Il peut être nécessaire de dériver le flux fécal (des selles) pour permettre à la zone opérée de cicatriser plus facilement. Une stomie – appelée parfois « anus artificiel » – est alors effectuée. Il s’agit d’une petite ouverture faite dans le côlon (colostomie) ou l’intestin grêle (iléostomie) et sur la paroi de l’abdomen, par laquelle seront évacuées les selles, ensuite recueillies dans une poche.
Réalisation d’une stomie
Une stomie, dans quels cas ?
Cette stomie est dite de « protection » lorsqu’elle est temporaire. Elle est habituellement refermée lors d’une deuxième intervention chirurgicale (en moyenne 2 à 3 mois après l’intervention initiale), après vérification de la bonne cicatrisation de l’anastomose (la connexion entre les deux segments du rectum) par une radiographie de contrôle.
Le circuit intestinal reformé, les selles pourront à nouveau être évacuées par la voie naturelle. C’est ce qu’on appelle le rétablissement de la continuité digestive ou intestinale.
Une stomie définitive peut être nécessaire dans les suites d’une chirurgie d’un cancer du bas rectum ayant nécessité une amputation abdomino-périnéale (ablation du rectum, du sphincter anal, de l’anus et des muscles autour de l’anus). Dans ce cas, il n’est plus possible ni de contrôler les selles et les gaz, ni de les expulser par l’anus. Les selles et les gaz sont donc définitivement recueillis au niveau de la peau de l’abdomen, à travers la stomie.
Quelle opération dans le cas des tumeurs du haut rectum ?
Le chirurgien retire le côlon sigmoïde (dernière partie du côlon) et le tiers supérieur du rectum en respectant une marge de tissu sain sous la tumeur (5 centimètres environ).
La continuité digestive est rétablie par la réalisation d’une anastomose – une suture – entre le côlon et le rectum restant. Le plus souvent, il n’est pas nécessaire de réaliser une stomie de protection.
Chirurgie d’une tumeur du haut rectum
Quelle opération dans le cas des tumeurs du moyen et bas rectum ?
Le chirurgien retire tout le rectum et tout le mésorectum. La continuité digestive est alors rétablie par une anastomose (une suture) entre le côlon et l’anus.
Le chirurgien réalise, le plus souvent, un « réservoir colique ». Il s’agit d’une poche créée avec le côlon pour remplacer le rectum. Elle permet de créer une zone où les selles sont stockées avant d’être évacuées et ainsi d’améliorer le résultat fonctionnel après l’opération (réduction du nombre de selles quotidiennes, notamment).
Dans ce cas, une stomie temporaire de protection est effectuée systématiquement afin de favoriser la cicatrisation de la couture entre le côlon et l’anus.
Chirurgie d’une tumeur du moyen rectum
Quelle opération dans le cas de tumeur du très bas rectum ?
Pour les tumeurs du très bas rectum (moins de 1 cm du sphincter anal), le chirurgien retire le rectum, l’anus et le sphincter de l’anus. Il accède à la tumeur par un abord classique abdominal et local, au niveau du périnée (l’ensemble de muscles situé entre l’anus et la vulve ou le pénis).
Dans ce cas, il n’est pas possible de réaliser une anastomose entre le côlon restant et le périnée. Une stomie définitive est effectuée.
Certains chirurgiens spécialisés en chirurgie colorectale peuvent conserver l’anus, même pour des tumeurs situées dans la partie très basse du rectum. Ils utilisent une technique particulière, appelée résection intersphinctérienne, qui consiste à ne retirer qu’une partie ou la totalité du sphincter interne de l’anus. Cette technique peut permettre d’éviter une stomie définitive, mais elle présente un risque de troubles de la continence anale (des fuites).
Chirurgie d’une tumeur du très bas rectum
Quelle opération dans le cas d’une propagation de la tumeur vers les organes voisins ?
La tumeur peut s’être propagée aux organes voisins, comme la vessie ou l’urètre (le conduit par lequel l’urine part de la vessie pour être évacuée), la prostate, les ovaires, le vagin ou l'utérus. Dans ce cas, le chirurgien enlève la tumeur du rectum, mais aussi les organes voisins touchés et les ganglions lymphatiques régionaux.
Lorsque la vessie est retirée, le chirurgien crée une stomie urinaire appelée urostomie. Cette intervention consiste à raccorder les uretères, canaux qui conduisent l’urine du rein à la vessie, directement à la peau. Le plus fréquemment, les uretères sont raccordés à un petit segment d’intestin grêle qui a été isolé et relié à la peau (intervention de Bricker). L'urine est recueillie à la surface de la peau, à l’aide d’une poche spéciale.
Ce type de chirurgie n’est pas réalisé systématiquement ; il est appliqué au cas par cas.
Quelle chirurgie en cas d’occlusion intestinale ?
Parfois, le cancer du rectum est découvert à cause d’une occlusion : en grossissant, la tumeur bloque le passage des selles et des gaz. Cela provoque des douleurs abdominales, des vomissements, un arrêt total ou partiel du transit et un gonflement de l’abdomen. Le côlon augmente de volume et finit parfois par se perforer. Cette obstruction ou occlusion nécessite donc, le plus souvent, une intervention en urgence.
Si l’occlusion est due à une tumeur du bas ou du moyen rectum, l’intervention consiste à effectuer une colostomie (petite ouverture faite dans le côlon) temporaire afin de dériver et évacuer les selles et de décomprimer rapidement le côlon. Ceci permet de réaliser le bilan complet de la tumeur et du rectum et de proposer, si nécessaire, une radiothérapie et/ou une chimiothérapie avant l’exérèse (le retrait) rectale.
Si l’occlusion est liée à une tumeur du haut rectum, il s’agit :
- soit de réaliser une stomie temporaire afin de dériver les selles et de décomprimer rapidement le côlon en évacuant les gaz et les selles. Une deuxième intervention est programmée une semaine plus tard, « à froid », pour retirer la tumeur, refermer la stomie et rétablir la continuité digestive ;
- soit de retirer d’emblée la tumeur en enlevant la portion du rectum atteinte. Pendant l’intervention, le chirurgien réalise un lavage du reste du côlon et rétablit le circuit digestif si le côlon n’est pas trop abîmé. Si le côlon a été trop abîmé, il réalise une stomie temporaire.
Quelle intervention en cas de métastases ?
Certaines métastases peuvent être retirées par chirurgie. On dit alors qu’elles sont résécables. Le déroulement de l’intervention dépend de la localisation et du nombre de métastases.
En cas de métastases résécables (au niveau des poumons, du foie…), l’intervention chirurgicale peut être pratiquée en deux temps, avec une chimiothérapie entre les deux opérations pour contrôler la maladie.
Si les métastases ne sont pas opérables en raison de leur nombre ou de leur inaccessibilité, des traitements médicaux sont proposés (chimiothérapie et thérapie ciblée).
Que se passe-t-il après l’intervention chirurgicale ?
Vos sensations à votre réveil
Une fois l’intervention terminée, vous êtes amené en salle de réveil où l’équipe médicale et paramédicale continue d’assurer votre surveillance.
À votre réveil, vous pouvez ressentir des nausées ou encore une somnolence, provoquées par l’anesthésie.
Un ou plusieurs drains peuvent être mis en place dans la zone opérée pendant l’intervention. Ces tuyaux très fins permettent d’évacuer les liquides (sang, lymphe) qui peuvent s’accumuler au cours de la cicatrisation. Ces drains ne sont pas douloureux et sont retirés sur décision du chirurgien, dans les jours suivant l’opération.
Qu’est-ce que la lymphe ?
La lymphe est un liquide légèrement coloré produit par le corps, qui transporte les globules blancs et évacue les déchets des cellules. La lymphe circule dans des vaisseaux dits lymphatiques.
De même, une sonde urinaire a pu être mise en place. Elle sert à recueillir les urines et à mesurer leur volume pour mieux contrôler le fonctionnement des reins. Elle est retirée quelques jours après l’intervention.
Les médecins vous prescrivent un médicament anticoagulant et vous demandent de vous lever dès que possible après l’intervention afin d’éviter une phlébite (c’est-à-dire une inflammation d’une veine pouvant provoquer son obturation par la formation d’un caillot de sang). Celle-ci peut en effet être causée par un alitement prolongé après une opération chirurgicale ou par la chirurgie elle-même.
De plus, le port de bas anti-thrombose (appelés bas de contention ou encore bas à varices) pendant la journée est préconisé après l’opération et pendant toute la durée prescrite par votre médecin.
Une douleur systématiquement traitée
Comme après toute intervention chirurgicale, les douleurs sont systématiquement traitées, généralement par de la morphine ou l’un de ses dérivés. Il est important que vous décriviez ce que vous ressentez afin que votre équipe médicale puisse vous proposer le traitement le plus adapté.
Si vous n’êtes pas suffisamment soulagé, signalez-le sans tarder à l’équipe médicale afin que le traitement puisse être adapté.
Pour en savoir plus, retrouvez notre dossier consacré à la Douleur
Une durée d’hospitalisation variable
La durée d'hospitalisation est en moyenne de 1 à 2 semaines ; elle varie cependant en fonction de l’intervention pratiquée, de votre état de santé général et de la façon dont vous avez supporté la chirurgie.
Si besoin, un séjour en service de soins de suite et réadaptation (maison de convalescence) peut vous aider à récupérer.
Si une stomie a été mise en place, une infirmière stomathérapeute vous apprendra comment vivre avec et en prendre soin.
La reprise du transit intestinal, couramment dans les 2-3 jours
Le soir de l’intervention, en général, vous reprendrez une alimentation légère avant de réintégrer progressivement des aliments solides. La reprise du transit intestinal intervient généralement dans les 2 ou 3 jours qui suivent l’opération. Il est marqué par une émission importante de gaz.
Il peut arriver que le transit ne reprenne pas de façon spontanée sous 4 jours ; c’est ce qu’on appelle un iléus paralytique. En plus de l’absence de gaz et de selles, cela se manifeste par un ballonnement, un hoquet, des nausées, voire des vomissements. Pour vous alimenter, la pose d’une sonde nasogastrique peut être nécessaire durant quelques jours. La sonde nasogastrique est introduite par le nez pour atteindre l’estomac.
Les analyses de la tumeur : déterminer la propagation de la tumeur
Tout ce qui est a été retiré lors de l’intervention chirurgicale est transmis au service d’anatomopathologie pour être analysé. Cet examen est réalisé par un médecin spécialiste appelé anatomopathologiste.
L’examen consiste à observer, à l’œil nu puis au microscope, les tissus prélevés afin de déterminer jusqu’où les cellules cancéreuses se sont propagées : paroi du rectum, péritoine, ganglions lymphatiques, organes voisins. Grâce à cet examen, le type de cellules concerné, le stade du cancer, c’est-à-dire son degré d’extension, ainsi que son degré d’agressivité sont définis.
Une analyse des altérations moléculaires de la tumeur peut être réalisée. Avec cette information, les médecins peuvent décider si un traitement complémentaire (chimiothérapie ou radiothérapie) est nécessaire après la chirurgie.
Quels sont les effets indésirables et complications possibles ?
La survenue éventuelle d’effets indésirables est surveillée pendant votre hospitalisation et lors des consultations qui suivent. Décrivez aux professionnels de santé qui vous accompagnent tous les signes et symptômes que vous rencontrez.
La fatigue
Juste après l’intervention, vous pouvez ressentir de la fatigue. Elle est notamment due à l’anesthésie ou à l’anxiété générée par l’opération. La fatigue dépend de la façon dont vous avez supporté l’intervention et des autres effets indésirables.
Agir contre la fatigue
Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit prise en compte le mieux possible. Parfois, un séjour en maison de soins de suite et de réadaptation pour un temps de convalescence peut être prescrit par le médecin. C’est l’établissement de soins qui en fait la demande.
Des douleurs localisées
Des douleurs localisées peuvent persister pendant quelques semaines après l’opération. Vous aurez un traitement antidouleur (antalgique) à prendre jusqu’à ce qu’elles aient totalement disparu.
Des difficultés à cicatriser
Des problèmes de cicatrisation peuvent survenir. Il arrive qu’un hématome (une accumulation de sang localisée sous la peau ou dans une cavité, dans un organe ou un tissu à la suite d’une rupture de vaisseaux sanguins) ou une infection apparaissent au niveau de la cicatrice. Ces effets indésirables guérissent souvent à l’aide de soins locaux. Cependant, s’ils ne disparaissent pas, une nouvelle opération est parfois nécessaire pour les traiter.
Des troubles urinaires
Les troubles urinaires (comme l’impossibilité d’uriner) sont fréquents (30 à 50 % des cas) et concernent principalement les hommes. Ils nécessitent parfois de garder la sonde urinaire durant quelques jours, mais ils disparaissent assez rapidement.
La fistule anastomotique : la complication la plus grave
La principale et la plus grave complication est la fistule anastomotique : la suture entre le côlon et l’anus cicatrise mal, générant un écoulement de liquide digestif dans l’abdomen par cette couture. Ce risque est d’environ 15 %, mais les conséquences des fistules sont réduites par la réalisation d’une stomie temporaire qui permet de dériver les selles.
Comment la repérer et comment est-elle traitée ?
Cette complication survient environ une semaine après la chirurgie et se traduit par de la fièvre, une douleur abdominale et, parfois, des sécrétions sales au niveau du drain abdominal. Le plus souvent, un scanner* de l’abdomen est réalisé. En fonction de la sévérité de la complication, le traitement varie de la mise sous antibiotiques à la réalisation d’une nouvelle intervention.
Des saignements de l’abdomen
Les autres complications chirurgicales sont des saignements dans l’abdomen, qui nécessitent le plus souvent une nouvelle intervention chirurgicale.
Un risque de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire
Il existe également un risque de thrombose veineuse (ou phlébite, c’est-à-dire qu’une veine se bouche par un caillot de sang, ce qui bloque la circulation du sang), voire d’embolie pulmonaire (le caillot de sang obstrue l’artère pulmonaire ou l'une de ses branches).
Agir contre la thrombose
Si cette complication survient, elle nécessite un traitement par des anticoagulants pendant quelques mois associé au port, dans la journée, de bas anti-thrombose (appelés bas de contention ou encore bas à varices).
Des troubles digestifs fréquents
L’ablation partielle ou totale du rectum entraîne souvent des troubles digestifs et une altération de la fonction ano-rectale, pouvant aller jusqu’à l’incontinence anale. Après fermeture de la stomie, l'augmentation du nombre des selles, le fractionnement (évacuation en plusieurs fois dans un temps limité), les impériosités (incapacité à se retenir), les troubles de la continence aux gaz ou de souillures minimes sont fréquents. Le fractionnement est le trouble le plus spécifique. Après chaque exonération, une sensation de rectum plein et de besoin réapparaît rapidement, et cela se répète sur une période de temps prolongé pouvant aller jusqu'à une, voire plusieurs heures, obligeant le patient à rester à proximité des toilettes.
Une amélioration pendant la première ou la deuxième année suivant l’opération
Ces troubles sont plus ou moins marqués selon les patients et surtout, selon que le rectum a été retiré en partie ou en totalité. Ils s’améliorent pendant la première ou la deuxième année qui suit l’opération.
Un traitement adapté possible
Lors des consultations de suivi avec le chirurgien ou le gastroentérologue, un traitement adapté au cas par cas est proposé au patient. Par exemple, des lavements ou des exonérations aidées par suppositoire, ainsi qu’une adaptation de votre alimentation, peuvent réduire ces troubles et permettre de retrouver une meilleure qualité de vie.
En cas d’incontinence anale, il existe des méthodes permettant de rééduquer le sphincter anal même lorsque les nerfs entourant le rectum ont été sectionnés.
Bon à savoir
Aucun régime alimentaire particulier n’est recommandé.
Des complications liées à la stomie
Des complications peuvent apparaître à la suite de la réalisation d’une stomie : l’orifice de stomie peut se rétrécir (sténose) ou une partie de l’intestin peut se déplacer en dehors de son emplacement normal (prolapsus).
L’éventration de la stomie est assez fréquente et se manifeste par l’apparition d’une tuméfaction (grosseur) autour de la poche, souvent en dedans de l'orifice. Elle n’est généralement pas douloureuse, mais cela crée un risque d'étranglement de l'intestin dans l'orifice qui peut conduire à une occlusion intestinale.
Cette hernie peut, en outre, gêner l'appareillage de la stomie et favoriser les fuites entre le support et la peau.
Selon les cas, une intervention chirurgicale de correction peut être pratiquée, notamment lorsque l’appareillage de la stomie ne peut plus se faire correctement ou lorsque la fonction d'évacuation de la stomie n'est plus satisfaisante.
Des troubles de la fonction sexuelle
Des troubles de la fonction sexuelle peuvent survenir.
Chez l’homme, le réseau de nerfs qui entoure le rectum a un rôle dans l’érection et l’éjaculation. La chirurgie et la radiothérapie, réalisées avant l’intervention, peuvent abîmer ces nerfs et entraîner des troubles de ces deux fonctions. Pour cette raison, un prélèvement de sperme en vue de sa conservation sera conseillé aux hommes jeunes avant de commencer le traitement. Ils seront orientés vers un Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS).
Chez la femme, les troubles se traduisent le plus souvent par une sécheresse vaginale, une perte de libido (désir) et des douleurs pendant les rapports sexuels. Ces douleurs sont liées à la cicatrice du périnée ou au déplacement du vagin, qui n’est plus maintenu en arrière lorsque le rectum a été retiré.
Par ailleurs, chez certaines personnes, la stomie modifie l’image de soi, ce qui peut entraîner des difficultés dans la relation de couple. Le patient ne doit pas hésiter à parler de ces troubles au médecin qui effectue son suivi. Ce dernier peut lui proposer des solutions ou l'orienter vers un spécialiste des problèmes sexuels.
Pour en savoir plus, consultez notre page sur la sexualité et la fertilité.
Des diarrhées chroniques
Une diarrhée peut persister et devenir chronique. Si elle est confirmée et dans de rares cas, il pourrait vous être préconisé un régime alimentaire adapté, fondé notamment sur une diminution de la consommation de fibres. Des médicaments antidiarrhéiques peuvent également vous être prescrits.
À savoir
Une diarrhée se définit par l’émission d’au moins trois selles liquides par jour.
Une dénutrition possible
La chirurgie du rectum, selon sa nature, peut entraîner un état de dénutrition qui se traduit par une perte de poids.
Cela est le plus souvent lié à une perte d’appétit et à l’inflammation secondaire à l’intervention.
Agir contre la dénutrition
Pour retrouver un état nutritionnel satisfaisant, un accompagnement adapté vous est proposé. Il peut d’abord s’agir de conseils pratiques pour améliorer et enrichir vos prises alimentaires au quotidien, l’objectif étant d’augmenter le nombre de calories sans nécessairement augmenter le volume des portions ingérées.
Si votre alimentation ne couvre pas tous vos besoins nutritionnels, vous pouvez ensuite bénéficier d’un support nutritionnel complémentaire. Il peut s’agir de la prescription d’une alimentation enrichie en calories ou protéines, de compléments nutritionnels oraux (CNO) ou d’une nutrition entérale (via une sonde gastrique). Votre médecin vous prescrira ce qui vous convient le mieux ou vous adressera à un diététicien ou un médecin nutritionniste spécialisé en nutrition clinique.
Un rétrécissement du diamètre du tube digestif
Une sténose est un rétrécissement du diamètre du tube digestif. Lorsque ce resserrement se produit au niveau de l’anastomose (la suture faite après qu’une partie du rectum ait été retirée), on parle de sténose anastomotique. Elle peut gêner, voire empêcher, la circulation des selles et des gaz, avec un risque d’occlusion intestinale.
Comment la repérer et la traiter ?
En cas de vomissements, de constipation ou encore de gaz et/ou de ballonnements persistants (météorisme intestinal), parlez-en à votre équipe médicale. Si une sténose est décelée, plusieurs traitements sont possibles. Ils dépendent de la localisation de l’anastomose et de l’avancée de la sténose. La dilatation manuelle ou la dilatation endoscopique sont ainsi possibles, mais une nouvelle intervention chirurgicale peut parfois être nécessaire.
Et à plus long terme ?
L’opération peut avoir des conséquences à plus long terme sur votre qualité de vie : fatigue, anxiété voire difficultés psychologiques, etc.
La stomie peut notamment affecter l’estime de soi. Parlez-en à votre équipe médicale. Elle vous renseignera sur des professionnels de la santé (stomathérapeutes) et des groupes de parole qui aident les personnes ayant une stomie à faire face aux changements corporels.