Les effets indésirables des molécules de chimiothérapie et des thérapies ciblées
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Sensations d’engourdissement ou de fourmillement
Certains médicaments de thérapie ciblée (notamment le thalidomide et le bortezomib) ont un effet toxique sur les nerfs. Ils peuvent entraîner des troubles de la sensibilité, appelés paresthésies, qui se manifestent par des sensations d’engourdissement, de fourmillements ou de picotements qui peuvent être douloureuses et handicapantes. Ils peuvent également se manifester par des troubles de la coordination ou une perte de force dans les muscles. Ils touchent d’abord les pieds, puis les mains. Ces symptômes sont nommés troubles neuropathiques périphériques.
Il est très important de les signaler immédiatement à votre médecin sans attendre le rendez-vous suivant et même si vous les supportez bien. Ils peuvent rendre nécessaire une diminution des doses ou un arrêt du traitement.
Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes
Les médicaments contre le myélome ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse. Ainsi, peuvent survenir :
- Une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits.
- Une diminution du taux de globules rouges et d’hémoglobine qui provoque, lorsqu’elle est importante, une anémie. L’anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos.
- Une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), qui participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’hématomes et de saignements.
Une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d’aplasie.
La baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut également être une conséquence de la maladie elle-même.
Par ailleurs, avec certaines molécules comme le bortezomib, des médicaments visant à prévenir une infection virale vous seront prescrits.
Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance en raison de la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges. Une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut également être réalisée.
Avant chaque cure, des prises de sang permettent de vérifier les taux de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, la prise de traitement peut être reportée à une date ultérieure.
En cas de fièvre, si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), ou en cas de saignements, contactez immédiatement votre médecin.
Nausées et vomissements
Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion de chimiothérapie. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.
Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l’entrée dans l’hôpital, avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l’anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.
Il arrive que pendant la chimiothérapie, des personnes ressentent un mauvais goût dans la bouche ou soient particulièrement sensibles aux odeurs. Cela entraîne parfois l’apparition de nausées. Diverses alternatives sont alors proposées :
- sucer des bonbons mentholés diminue le goût désagréable ;
- pratiquer des exercices de relaxation avant et pendant la perfusion de chimiothérapie. Sollicitez des conseils à ce sujet auprès des soignants ;
- regarder la télévision, écouter la radio ou de la musique, jouer à des jeux de société, lire, discuter, etc. pendant la perfusion. Ces activités contribuent parfois à diminuer la sensation de nausées.
Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger. Les vomissements ne persistent en général pas plus de 48 heures après la perfusion.
Un traitement est le plus souvent prescrit avant, pendant et après la chimiothérapie pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s’agit de médicaments appelés antiémétiques. Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.
Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements
A faire :
- Privilégier les aliments froids ou tièdes qui sont moins odorants que les aliments chauds.
- Privilégier plusieurs petits repas, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer.
- Boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées.
- Manger lentement afin de faciliter la digestion.
- Manger légèrement avant et après le traitement.
A éviter :
- Consommer des aliments lourds, difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés.
- Boire pendant les repas.
- Fumer.
Diarrhées
Des diarrhées sont possibles, notamment lors du traitement par chimiothérapie classique ou par thérapie ciblée (bortézomib et lénalidomide). Un traitement dit antidiarrhéique pourra vous être prescrit afin de les limiter.
Conseil pratique pour limiter les diarrhées : privilégier une alimentation pauvre en fibres, à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.
En cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre ou des vomissements, contactez rapidement votre médecin.
Constipation
D’autres médicaments de thérapie ciblée, notamment le thalidomide entraînent au contraire une constipation, à laquelle contribuent parfois les médicaments antiémétiques, les médicaments à base de morphine prescrits contre la douleur et le ralentissement de l’activité physique. Un traitement préventif (laxatif) pourra vous être prescrit.
Conseils pratiques pour limiter la constipation :
- Boire au moins 2 litres d’eau par jour.
- Privilégier une alimentation riche en fibres, à base de fruits et légumes frais, de compote de pruneaux.
- Consommer des céréales et du pain complet.
- Si possible, faire de l’exercice de façon adaptée et régulière.
- Boire au réveil un verre d’eau ou un jus de fruits bien froids.
Perte d’appétit
Parfois, les traitements médicamenteux entraînent une perte de l’appétit. Si elle se prolonge, elle peut entraîner un amaigrissement et à terme une situation de dénutrition. La dénutrition a de nombreuses conséquences, comme une fonte des muscles ou une fatigue importante. Elle peut également empêcher le bon déroulement de votre traitement, c’est pourquoi il faut la limiter le plus précocement possible.
Un diététicien ou un nutritionniste peuvent vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement. En cas de nécessité, des compléments alimentaires pourront vous être prescrits, pour éviter un amaigrissement trop important.
Conseils pratiques pour entretenir l’esprit convivial des repas et stimuler votre appétit :
- Si possible, manger accompagné et non seul.
- Travailler la présentation des plats.
- S’installer à table, de préférence dans un cadre agréable.
Fatigue
En dehors de la fatigue causée par la maladie elle-même ou par l’appréhension des examens, la fatigue peut être liée aux traitements médicamenteux. Elle dépend de votre tolérance à ce traitement et des effets indésirables. Des douleurs, une anémie, un fonctionnement altéré de la thyroïde, une perte d’appétit, ou encore une fièvre peuvent contribuer à cette fatigue. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit prise en charge le mieux possible.
Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements. Parlez-en avec votre équipe soignante.
Pour en savoir plus, consulter le guide Cancer info "Fatigue et cancer".
Chute des cheveux
La chute des cheveux (appelée alopécie) survient parfois lors du traitement par cyclophosphamide ou melphalan. Avec cette dernière molécule, elle dépend des modalités d’administration du traitement et des doses prescrites. La chute des cheveux est ainsi plus fréquente lorsqu’il s’agit de perfusions administrées à haute dose. Les thérapies ciblées, quant à elles, ne provoquent qu’exceptionnellement une chute de cheveux.
Lorsque la chute des cheveux survient, elle peut être difficile à vivre car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est parfois précédée de douleurs ou de sensibilité du cuir chevelu. Elle est en général temporaire. Elle commence habituellement 2 à 3 semaines après la première perfusion. Les cheveux commencent à repousser environ 6 à 8 semaines après la fin du traitement. Les cils, les sourcils et les poils pubiens peuvent également tomber provisoirement.
Pour en savoir plus, consulter le guide Cancer info "Traitements du cancer et chute des cheveux".
Troubles auditifs
Avec certaines molécules, des troubles auditifs de type difficultés à entendre ou bourdonnements d’oreille peuvent apparaître. Il est important de les signaler à l’équipe soignante afin qu’une prise en charge adaptée soit mise en place.
Thrombose (phlébite et embolie pulmonaire)
La formation d'un caillot sanguin dans les veines, appelée thrombose veineuse ou phlébite, se produit parfois. Cette complication peut être induite par le myélome lui-même ou bien survenir au cours du traitement, notamment causée par le thalidomide ou le lénalidomide.
Le caillot sanguin se situe le plus souvent au niveau des jambes. Dans les cas les plus graves, il peut se détacher et circuler jusqu'à un poumon. C'est ce qui s'appelle une embolie pulmonaire (abrégé en EP). Celle-ci peut se manifester par un essoufflement et parfois une douleur.
Le fait de cesser de fumer réduit le risque de formation de caillots sanguins. Le fait de changer de position fréquemment, de faire des exercices pour les jambes et les chevilles et de se déplacer réduit également ce risque.
Le médecin peut aussi vous prescrire un traitement préventif à base de faibles doses d'anticoagulants, qui réduit la probabilité de formation de caillots sanguins chez les personnes à risque. Des bas de contention pourront également vous être prescrits, selon les cas. Si vous recevez du thalidomide ou du lénalidomide, un traitement préventif vous sera systématiquement prescrit.
Il est important de signaler en urgence à votre médecin la présence d’une rougeur, d'un gonflement, d'une douleur au niveau du mollet ou de la poitrine, ou un essoufflement anormal.
Somnolence et troubles de la mémoire
Une somnolence peut être ressentie peu de temps après la prise de thalidomide et, dans une moindre mesure, de lénalidomide. Pour limiter le désagrément, il est conseillé de prendre ce médicament le soir, au coucher.
Des troubles de la mémoire peuvent également apparaître au cours du traitement avec ces molécules.
Troubles cutanés
Certains médicaments de thérapies ciblées (lénalidomide et thalidomide) peuvent entraîner des troubles au niveau de la peau. Parmi ces troubles, des rougeurs, une sécheresse, ou des éruptions peuvent survenir. Ces éruptions se caractérisent notamment par des petits boutons ou des plaques appelés rash cutanés, et surviennent surtout au cours des premiers cycles de traitement. Il est important de les signaler à votre médecin.
Plus rarement, au cours du traitement par bortezomib, un syndrome appelé syndrome main-pied peut apparaître. Il se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Il se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques. Quelques conseils pratiques peuvent contribuer à limiter cette formes de troubles cutanés
Conseils pratiques pour limiter certains syndromes cutanés dont le syndrome main-pied
À faire :
- Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras).
- Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).
- Porter des vêtements amples et des chaussures souples.
À éviter :
- S’exposer les mains et les pieds à la chaleur (soleil, bains chauds).
- Pratiquer des activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…).
- Appliquer des pansements adhésifs ou des bandages serrés.
- Marcher de manière prolongée et courir en cas de syndrome main-pied.
Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux, peux les soulager.
Réactions allergiques
Comme tout médicament, les médicaments de chimiothérapie ou de thérapies ciblées peuvent être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, de difficultés à respirer ou d’essoufflement, de fièvre, de réactions cutanées (démangeaisons, rougeurs, boutons), de difficultés à respirer ou de tout autre trouble inhabituel.
Traitement du myélome et sexualité
La libido peut être modifiée pendant le traitement et quelque temps après. Les effets indésirables des médicaments comme la fatigue physique et psychologique, la modification de l’image de soi, etc. peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique. Cette diminution de la libido est normale et généralement temporaire.
En cas de difficultés, n’hésitez pas à en parler à votre équipe médicale qui vous orientera vers une solution adaptée à votre situation. Par exemple, une prise en charge psychologique dédiée peut être mise en place pour vous accompagner, à laquelle votre partenaire pourra être associé(e).
Fertilité
Les traitements contre le cancer génèrent parfois un trouble de la fertilité. Si vous envisagez un projet de grossesse ou de paternité, parlez-en avec votre médecin avant le début des traitements.
Pour en savoir plus, consulter le site internet des CECOS, qui propose une liste de questions fréquentes et une information détaillée et pratique sur la préservation de la fertilité.
Malformations fœtales
Certains traitements, notamment le thalidomide et le lénalidomide, provoquent des malformations fœtales : on dit qu’ils sont tératogènes. Une grossesse est donc formellement contre-indiquée pendant les traitements. Pour cette raison, une contraception adaptée doit être mise en place, pour les femmes susceptibles de procréer (dès 4 semaines avant le début du traitement) comme pour les hommes. Elle doit être poursuivie pendant toute sa durée et jusqu’à 4 semaines après la fin des traitements. Le cas échéant, des contrôles réguliers par tests de grossesse peuvent avoir lieu. Avant le début du traitement, vous signez un document appelé accord de soin qui précise ces obligations.
N’hésitez pas à poser toutes vos questions à l’équipe médicale.
Autres effets indésirables possibles
D’autres effets indésirables sont possibles tels qu’un ralentissement du rythme cardiaque ou des syncopes, notamment si vous prenez du thalidomide.
Il est important de les signaler à l’équipe soignante, afin qu’ils soient pris en charge et afin d’adapter votre traitement si besoin.