Prévenir les cancers chez les personnes vivant avec le VIH
En 2010, la survenue d'un cancer, qu'il soit ou non « classant sida », était la première cause de mortalité parmi les patients vivant avec le VIH. Depuis l'avènement des traitements antirétroviraux en 1996, l'espérance de vie de ces personnes s'est allongée mais elle s'accompagne d'une diversification des causes de morbidité et de mortalité.
On distingue les cancers dits « classant SIDA », dont la présence peut définir l’apparition de la phase sida chez les personnes vivant avec le VIH, des cancers « non classant SIDA », dont certains ont une incidence plus importante chez ces personnes que dans la population générale.
Avant la diffusion des traitements antirétroviraux dits hautement spécifiques (Highly active antiretroviral therapy (HAART)), trois types de cancers étaient dits « classant SIDA ». Il s'agissait du sarcome de Kaposi, des lymphomes non hodgkiniens et, depuis 1993, du cancer du col utérin.
Plusieurs enquêtes de cohorte ont ensuite montré l’existence de cancers plus fréquents chez les personnes vivant avec le VIH que dans la population globale : maladie de Hodgkin, cancer du canal anal, cancers cutanés, de la lèvre, du poumon et du foie.
En France, une étude publiée en 2011 sur des données 20061 confirme la forte incidence des cancers chez les patients VIH (14 pour 1 000 patients-années).
Cancer du poumon : un sur-risque lié en partie au tabagisme
Le tabac en lui-même est cancérigène mais, avec une infection par le VIH, le risque de cancer du poumon est multiplié par 3 ou 4. Le cancer du poumon représente ainsi la première cause de décès par cancer « non classant sida » pour les personnes infectées par le VIH.
L'existence d'un tabagisme élevé dans cette population (près de 50 % de patients fumant 17 cigarettes/jour en moyenne) est ainsi particulièrement préoccupante. Cette situation nécessite d'inclure plus systématiquement une sensibilisation et un accompagnement au sevrage tabagique dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.
Cancers dus aux HPV : le VIH favorise la persistance virale
Le cancer de l'anus est le 3ème cancer le plus fréquent chez l'homme et le 7ème cancer chez la femme dans la population infectée par le VIH.
L'infection par les virus HPV dans la zone ano-génitale (col utérin, vagin, vulve, pénis, anus...) est fréquente dans la population générale, le plus souvent à l'occasion de rapports sexuels ou lors de caresses intimes. L'infection par le VIH augmente ce risque et favorise la persistance des virus HPV et, de ce fait, l'apparition de lésions bénignes (condylomes) et/ou précancéreuses susceptibles d'évoluer en cancers, en particulier au niveau du col de l'utérus et de l'anus.
Il est donc recommandé de proposer systématiquement aux femmes infectées par le VIH un dépistage des lésions induites par HPV, grâce à la réalisation d'un frottis cervical lors de la découverte de la séropositivité, puis de façon annuelle (recommandation du groupe d'experts français dans le rapport 2010 sur la prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH).
De même, un examen proctologique systématique est recommandé chez les personnes les plus à risque de cancer de l'anus, c'est-à-dire :
- les personnes ayant des rapports sexuels anaux ;
- tout patient avec un antécédent de condylomes anogénitaux ;
- les femmes avec une dysplasie ou un cancer du col de l'utérus (recommandation du groupe d'expert français dans le rapport précédemment cité).
1. Lanoy E, Spano JP, Bonnet F et coll. The spectrum of malignancies in HIV-infected patients in 2006 in France: the ONCOVIH study. Int J Cancer 2011 ; 129(2) : 476-475, 2011 July 15
2. Morlat Ph, Roussillon C, Henard S et al, Evolution of the causes of deaths among HIV-infected patients between 2000 and 2010; results of the French National survey « ANRS EN 20 Mortalité 2010. 19th CROI ; Seattle (USA) ; 5-8 mars 2012