Leucémie lymphoïde chronique : quels sont les effets indésirables possibles des traitements médicamenteux ?

Les effets indésirables des traitements médicamenteux de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) varient selon les médicaments utilisés, les dosages et les personnes.

Certains effets indésirables peuvent être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques. Néanmoins, s’ils deviennent trop importants ou si vous ne supportez pas l’un des médicaments utilisés, le traitement peut être modifié ou interrompu pour permettre à l’organisme de récupérer.

Les effets indésirables les plus fréquents des médicaments utilisés pour traiter la LLC sont présentés ci-après. En fonction du protocole qui vous a été proposé, votre médecin vous indique de façon précise ceux qui peuvent vous concerner et vous informe sur les moyens d’y faire face.

Chez les patients âgés, certains effets indésirables des traitements nécessitent une vigilance particulière. Les troubles digestifs de type diarrhées et vomissements peuvent entraîner une déshydratation. Les lésions de la bouche et la perte d’appétit peuvent accélérer ou entraîner une dénutrition. La fatigue peut entraîner une perte d’autonomie.

La présence ou l’absence d’effets indésirables n’est pas liée à l’efficacité du traitement administré. Ne ressentir aucun effet indésirable ne signifie pas que le traitement est inefficace et, inversement, ressentir de nombreux effets indésirables ne signifie pas qu’il est particulièrement actif.

Quels sont les effets indésirables les plus fréquents des traitements médicamenteux ?

Certains effets indésirables sont communs aux médicaments de thérapies ciblées et d’immunochimiothérapie utilisés pour traiter la LLC.

Il s’agit :

  • de la fatigue ;
  • des nausées et vomissements ;
  • de la diarrhée ;
  • de la baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes ;
  • de l’augmentation temporaire des globules blancs ;
  • d’un risque d’infections ;
  • de troubles cutanés ;
  • de la fragilisation des ongles ;
  • de réactions allergiques.

Fatigue

La fatigue est un effet indésirable très fréquent. En dehors de celle causée par la maladie elle-même, par l’appréhension des examens ou encore par les déplacements quotidiens, la fatigue peut être liée au traitement. Elle dépend de votre tolérance à ce traitement, du nombre de cycles et des effets indésirables. En effet, une anémie, une perte d’appétit, des nausées et des vomissements, une fièvre peuvent contribuer à cette fatigue. Elle peut impacter votre qualité de vie, c’est pourquoi elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit traitée le mieux possible. Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche Activité physique et cancer.

Conseils pratiques pour limiter la fatigue

À faire :
• pratiquer une activité physique quotidienne adaptée
• organiser et adapter les activités
• se divertir

À éviter/limiter :
• les siestes de plus de 1 heure
• l’utilisation d’écran avant de dormir

Nausées et vomissements

Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la prise du traitement. Dans le cas de la LLC, elles concernent surtout les médicaments d’immunochimiothérapie et de thérapie ciblée pris par voie orale, mais elles peuvent aussi se produire pour les formes injectables (en perfusion intraveineuse). Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.

Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger. Les nausées ou vomissements ne persistent, en général, pas plus de 48 heures après le traitement.

Un traitement est le plus souvent prescrit pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s’agit de médicaments appelés antiémétiques. Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.

Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements

À faire :
• privilégier les aliments froids ou tièdes qui sont moins odorants que les aliments chauds
• privilégier plusieurs petits repas, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer
• boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées
• manger lentement en mastiquant bien, afin de faciliter la digestion
• manger légèrement avant et après le traitement

À éviter/limiter :
• les aliments lourds, difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés
• boire pendant les repas
• le tabac

Diarrhées

Des diarrhées sont possibles pendant le traitement. Votre médecin peut vous prescrire un traitement préventif ou curatif (antidiarrhéique).

Conseils pratiques en cas de diarrhées :
• Boire beaucoup pour éviter le risque de déshydratation, surtout si la diarrhée est importante, au moins deux litres de liquide (eau, thé, eau de riz, bouillon de légumes, jus de carottes ou boissons gazeuses à température ambiante).
• Privilégier une alimentation pauvre en fibres, à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.

Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Les médicaments de thérapies ciblées utilisés ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse. Ils peuvent entraîner :

  • une baisse du nombre de polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection, car les moyens de défense du corps sont réduits ;
  • une baisse du nombre de globules rouges et du taux d’hémoglobine (anémie). L’anémie se manifeste principalement par une pâleur, une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos, un essoufflement à l’effort, des étourdissements ou des vertiges ;
  • une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), qui participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’ecchymoses et de saignements ;
  • une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d’aplasie.

Avant chaque cycle, des prises de sang permettent de vérifier les taux de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, la séance peut être remise à plus tard.

Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante. Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être réalisée.

En cas de fièvre (plus de 38 °C pendant plus de 72 heures ou supérieure à 38,5 °C) ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), consultez immédiatement votre médecin.

Augmentation temporaire des globules blancs

Une augmentation du nombre des lymphocytes dans le sang, appelée lymphocytose, peut apparaître, notamment causée par l’ibrutinib ou l’acalabrutinib (thérapies ciblées). Elle augmente immédiatement en quelques jours sans conséquence, même si le taux de lymphocytes est multiplié par un facteur de 2 à 10, se stabilise ensuite pendant quelques semaines, puis diminue progressivement avec un retour à un taux normal ou proche de la normale de lymphocytes en quelques mois.

Risque d’infections

Les médicaments de thérapies ciblées orales et d’immunochimiothérapie génèrent un risque accru d’infections, qu’elles soient bactériennes, virales ou fongiques. En cas de fièvre ou de frissons, contactez immédiatement votre médecin.

Troubles cutanés

Certains médicaments d’immunochimiothérapie (chlorambucil, fludarabine, bendamustine) et de thérapies ciblées (ibrutinib, acalabrutinib) entraînent des troubles au niveau de la peau : rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillement…, ainsi que des éruptions cutanées aussi appelées rashs cutanés.

Conseils pratiques pour limiter les troubles cutanés

À faire :
• appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras) sans alcool ou parfum
• réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne)
• porter des vêtements amples et des chaussures souples

À éviter :
• les activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…)
• les pansements adhésifs ou les bandages serrés

Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Fragilisation des ongles

Les ongles peuvent devenir cassants, striés et ondulés et finir - rarement - par tomber. Il est conseillé de porter des chaussures confortables et des gants de protection pour le jardinage et les travaux ménagers, de se couper les ongles courts, afin d’éviter qu’ils ne se fissurent ou ne se soulèvent.

Certaines équipes conseillent d’utiliser un vernis au silicium pour protéger les ongles tout au long de la période des traitements.

Vous pouvez solliciter votre équipe soignante à ce sujet pour en savoir plus et demander si une socio-esthéticienne est disponible dans l’établissement où vous êtes suivi.

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Réactions allergiques

Comme tout médicament, les médicaments d’immunochimiothérapie ou de thérapie ciblée peuvent être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, de difficultés à respirer ou d’essouffle- ment, de fièvre, de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons) ou de tout autre trouble inhabituel.

Quels sont les effets indésirables les plus fréquents des médicaments de thérapies ciblées (ibrutinib, acalabrutinib, vénétoclax) ?

Les thérapies ciblées peuvent entraîner des effets indésirables :

  • troubles cardiovasculaires ;
  • hypertension artérielle ;
  • céphalées ;
  • complications métaboliques et troubles rénaux ;
  • douleurs articulaires.

Vie intime et sexualité

Comme avec tout traitement, la libido peut être modifiée pendant le traitement et quelque temps après. Les effets indésirables des médicaments comme la fatigue, les nausées et les vomissements peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique. De même, le stress et l’inquiétude entraînent souvent une baisse de désir. La sexualité ne se limite pas aux rapports sexuels ; elle englobe l’affection, la tendresse, la parole…

Avec le temps, lorsque le traitement est terminé et que les effets indésirables disparaissent, le désir revient petit à petit à son niveau habituel.

Pour les patients en âge de procréer, une contraception adaptée doit être mise en place durant les traitements par chimiothérapie ou par thérapies ciblées.

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Troubles cardiovasculaires

Des perturbations du rythme cardiaque, de l’hypertension artérielle ainsi que des ecchymoses et des saignements peuvent apparaître, notamment avec l’ibrutinib et l’acalabrutinib. Cette toxicité justifie une surveillance rapprochée, mise en place avant, pendant et après le traitement, et peut éventuellement nécessiter un traitement spécifique. Ces mêmes molécules peuvent entraîner un trouble du rythme cardiaque, voire une insuffisance cardiaque. Les principaux signes d’alerte d’une insuffisance cardiaque sont des difficultés à respirer ou le gonflement des jambes (œdème). Un suivi et une détection précoce doivent être mis en place.

Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle est un des effets indésirables fréquents de ces traitements (inhibiteurs de BTK). Elle nécessite un suivi régulier avec, si possible, automesures ; l’achat d’un tensiomètre peut s’avérer utile.

Céphalées

Les traitements à base d’ibrutinib et surtout d’acalabrutinib peuvent générer des maux de tête. Votre médecin pourra vous prescrire un traitement médicamenteux adapté.

Complications métaboliques et troubles rénaux

Le vénétoclax peut parfois être très rapidement efficace sur les cellules de LLC dont la destruction peut alors libérer divers composants, tels que de l’acide urique ou du potassium, qui peuvent perturber la fonction rénale (on parle de syndrome de lyse tumorale). Pour prévenir ce risque, il est d’usage d’augmenter progressivement la dose de vénétoclax d’une semaine sur l’autre pour arriver à la dose pleine en un mois. Il est important de bien s’hydrater durant cette période.

Douleurs articulaires

Les molécules de thérapies ciblées administrées par voie orale peuvent provoquer des douleurs articulaires (arthralgies). Pensez à boire beaucoup d’eau. Parlez-en à l’équipe soignante afin qu’elles soient traitées le mieux possible.

Quels sont les effets indésirables les plus fréquents des traitements par immunochimiothérapie ?

L’immunochimiothérapie peut entraîner :

  • des lésions de la bouche ;
  • une perte d’appétit ;
  • une constipation.

Lésions de la bouche

La fludarabine ou la bendamustine peuvent entraîner des lésions à l’intérieur de la bouche et le long du tube digestif (aphtes, rougeurs, douleurs). On parle de stomatite (mucite de la bouche).

Conseils pratiques pour limiter les lésions de la bouche

À faire :
• réaliser un bilan dentaire et les soins nécessaires avant le démarrage du traitement
• après les repas, réaliser des bains de bouche prescrits par le médecin
• se brosser régulièrement les dents avec une brosse à dents souple
• utiliser du dentifrice au fluor sans menthol
• sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l’eau et des sorbets, des bonbons à la menthe
• boire beaucoup (eau minérale, thé, tisane, boisson à base de cola)
• privilégier les aliments sans acidité, de texture molle, voire mixée
• se graisser les lèvres en appliquant un lubrifiant (vaseline, beurre de cacao)

À éviter :
• les aliments qui favorisent l’apparition d’aphtes, comme les noix, le gruyère ou l’ananas
• les bains de bouche à base d’alcool, antifongiques ou antiseptiques : ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure
• le tabac et l’alcool, surtout dans les semaines qui suivent le traitement
• les aliments trop épicés ou acides (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs, croquants ou durs

Dès que vous constatez des aphtes ou ressentez des douleurs, prévenez votre médecin afin de recevoir un traitement antidouleur adapté.

Perte d’appétit

Parfois, la fludarabine entraîne une perte de l’appétit. Afin de stimuler votre appétit, essayez de manger accompagné, de travailler la présentation des plats et de manger dans un cadre agréable. Évitez de manger différents aliments en même temps ainsi que des aliments mixés. Privilégiez les aliments chauds. La perte d’appétit augmente le risque de dénutrition. Pour limiter ce risque, il peut vous être conseillé de consulter un diététicien ou un nutritionniste qui pourra vous guider sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement.

Constipation

Le cyclophosphamide peut entraîner une constipation à laquelle contribuent parfois les médicaments antiémétiques et le ralentissement de l’activité physique.

Conseils pratiques pour limiter la constipation :

• boire au moins 2 litres d’eau par jour
• privilégier une alimentation riche en fibres, à base de fruits et légumes frais, de compote et de pruneaux
• consommer des céréales et du pain complet
• si possible, faire de l’exercice de façon adaptée et régulière
• boire un verre d’eau glacée ou un jus de fruits consommé froid au réveil

Quand faut-il consulter votre médecin ?

Si vous présentez l’un des symptômes suivants, il faut prévenir votre médecin ou votre équipe soignante :

  • fièvre, frissons ;
  • difficultés respiratoires ;
  • réactions allergiques ;
  • diarrhées ;
  • saignements ou hématomes