Mécanisme de cancérisation

Les étapes

Différentes étapes ont été identifiées dans le développement d'un cancer : l'initiation, la promotion et la progression.

Dans un premier temps, il se produit une lésion majeure au niveau de l'ADN d'une cellule ; il en résulte une transformation de cette cellule. Dans un second temps, la cellule transformée se développe et prolifère en formant un groupe de cellules transformées identiques.

Enfin, dans un troisième temps, la cellule acquiert les caractéristiques d'une cellule cancéreuse : elle se multiplie de façon anarchique, en perdant en partie son caractère différencié (son identité liée au tissu auquel elle appartenait).

L'évolution se fait d'abord localement, puis peut s'étendre via le sang et la lymphe à d'autres endroits du corps où se forment les métastases.

 

Les caractéristiques de la cellule cancéreuse

Cette transformation de la cellule normale en cellule cancéreuse est un processus long, qui peut durer des dizaines d'années. Au terme de cette transformation, la cellule cancéreuse a acquis un certain nombre de caractéristiques :

  • son indépendance vis-à-vis des signaux qui régulent (favorisent ou freinent) habituellement sa croissance et sa division,
  • sa capacité à échapper au processus de mort cellulaire programmée,
  • sa capacité à se diviser indéfiniment.

De la cellule cancéreuse à la tumeur

Ultérieurement, dotées de ces caractéristiques, les cellules cancéreuses parviennent à provoquer la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui irrigueront la tumeur et l'alimenteront en oxygène et en nutriments. C'est ce qu'on appelle l'angiogenèse.

Ce point est capital car, sans irrigation sanguine, la tumeur ne pourrait pas grossir au-delà d'un dixième de millimètre. Par ailleurs, les cellules cancéreuses deviennent capables de s'insinuer dans les tissus sains voisins et de migrer dans l'organisme pour donner des métastases.

Au delà, les cellules cancéreuses sont capables de corrompre les cellules qui les entourent et de les utiliser à leur avantage. Une tumeur est toujours formée par un agglomérat de cellules cancéreuses et de cellules normales, qui collaborent entre elles.

Les recherches actuelles tentent de mieux comprendre ces interactions afin de développer de nouveaux médicaments bloquant ces mécanismes. C'est le cas notamment avec la mise au point de médicaments anti-angiogéniques qui bloquent la formation des vaisseaux sanguins autour des tumeurs qui, privées de nourriture, meurent.

Autre caractéristique remarquable, il arrive que les cellules cancéreuses perdent leur identité, autrement dit les caractéristiques propres aux cellules du tissu auquel elle appartenait.

En effet, notre corps est constitué d'environ 200 types de cellules différentes de par leur fonction ou leur spécialisation. Une cellule de la peau, par exemple, n'a pas les mêmes caractéristiques qu'une cellule du muscle cardiaque. Or, les anomalies génétiques répétées à l'origine d'un cancer transforment les cellules de sorte qu'elles perdent plus ou moins leurs caractéristiques d'origine.

Lors de la découverte d'un cancer, il arrive ainsi que l'anatomopathologiste, le médecin en charge de l'analyse microscopique, n'arrive plus à définir l'origine de la cellule ; on parle de tumeur « indifférenciée ».

A l'inverse, certaines tumeurs sont constituées de cellules peu différentes de la cellule d'origine ; elles sont dites « différenciées ». Au sein d'une tumeur, la perte des caractéristiques d'origine des cellules, autrement dit la perte de leurs caractéristiques histologiques, constitue un des critères d'agressivité de la tumeur.

Le système immunitaire, barrière de défense naturelle

Toutes les cellules cancéreuses ne donnent cependant pas des cancers menaçant l'organisme. Le système immunitaire du corps dispose en effet d'armes spécialisées, les « cellules tueuses », qui sont capables de détecter les cellules anormales et de les éliminer.

C'est seulement si ces défenses immunitaires sont débordées que le cancer se développe.

Qu’est-ce que le système immunitaire ?

Le système immunitaire est composé d’un ensemble de cellules, de tissus, d’organes lymphoïdes et du réseau lymphatique.
La fonction du système immunitaire est d’identifier, maîtriser et détruire les particules étrangères (les bactéries et les virus par exemple) ainsi que les cellules anormales, avant qu’elles n’affectent notre organisme.
Il pourrait être comparé à une armée en état d’alerte permanent dont la mission est de protéger notre corps. Grâce au système immunitaire, malgré les attaques externes et internes répétées, la plupart des gens demeurent le plus souvent en bonne santé.

Lorsqu’une personne devient malade, à cause d’une infection par exemple, elle est généralement en mesure de guérir en un temps relativement court.

Le système immunitaire implique des mécanismes de défense :

  • Les mécanismes de défense non spécifiques, de type inflammatoire : on parle alors de réponse immunitaire innée ou naturelle. La peau et les muqueuses (du nez, de la bouche) sont les premiers remparts de notre système immunitaire ;
  • Les mécanismes de défense spécifiques, comme l’action dirigée des lymphocytes et la production d’anticorps spécifiques. Le système immunitaire identifie les particules étrangères et les cellules anormales ou cancéreuses grâce à des antigènes présents à la surface de toutes les cellules, qu’elles soient saines ou malignes. L’ensemble des antigènes présents sur une cellule pourrait être comparé à une carte d’identité cellulaire. Si le système immunitaire ne reconnaît pas la carte d’identité de la cellule comme une carte « valide », alors il réagit contre cette cellule via des anticorps produits ou portés par les cellules du système immunitaire. De même qu’une serrure ne fonctionne qu’avec une clé unique, chaque anticorps se fixe de manière spécifique sur un seul type d’antigène. Quand un antigène est reconnu par le système immunitaire, la réponse immunitaire s’engage contre les cellules qui portent cet antigène pour détruire, rejeter ou repousser les cellules anormales, tumorales ou non, et les particules étrangères.

Schéma montrant les agressions extérieures du système immunitaires
Qu’est-ce que le réseau lymphatique ?

Schéma du réseau lymphatique et des organes lymphoïdes

Le réseau lymphatique est constitué d’une série de canaux fins appelés vaisseaux lymphatiques qui se ramifient dans tout le corps. Les vaisseaux lymphatiques transportent la lymphe, un liquide qui contient les cellules du système immunitaire, dont les lymphocytes.

Les ganglions lymphatiques
Au sein de ce large réseau se trouvent des groupes de petits organes en forme de haricots que l’on appelle les ganglions lymphatiques. Ces ganglions contiennent des cellules du système immunitaire prêtes à réagir à d’éventuelles agressions extérieures. Les ganglions lymphatiques sont répartis dans tout le corps. Ils se trouvent le plus souvent le long des veines et des artères. Ils sont perceptibles notamment dans l’aine, le cou, les aisselles et, plus rarement, les coudes.

La lymphe
La lymphe est filtrée par les ganglions lymphatiques et par différents organes tels que la rate, les amygdales, la moelle osseuse et le thymus. Ils en extraient les bactéries, les virus et toute autre substance étrangère.

Quand les ganglions lymphatiques sont enflés

Quand un grand nombre de substances est filtré par un ou plusieurs ganglions lymphatiques, ces derniers peuvent augmenter de volume et devenir douloureux. Par exemple, quand on souffre d’un mal de gorge, les ganglions lymphatiques situés sous la mâchoire et dans le cou peuvent devenir plus volumineux. La plupart du temps, des ganglions enflés sont le signe d’une réaction du système immunitaire, souvent liée à une infection.