Effets indésirables possibles

Les effets indésirables des traitements médicaux varient selon les médicaments utilisés, les dosages et les personnes.

Certains effets indésirables peuvent être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques. Néanmoins, s’ils deviennent trop importants ou si vous ne supportez pas l’un des médicaments utilisés, le traitement peut être modifié ou interrompu pour permettre à l’organisme de récupérer.

Le pamplemousse est connu pour interagir avec certains médicaments, dont le docétaxel. Il ne réduit pas son efficacité mais augmente la fréquence et la gravité des effets indésirables. Il est donc recommandé de s’abstenir de consommer ce fruit comme d’en boire le jus.

Les effets indésirables les plus fréquents des médicaments utilisés pour traiter les cancers de la prostate sont présentés ci-après. En fonction du protocole qui vous a été proposé, votre médecin vous indique de façon précise ceux qui peuvent vous concerner et vous informe sur les moyens d’y faire face.

Effets indésirables et efficacité du traitement

La présence ou l’absence d’effets indésirables n’est pas liée à l’efficacité de la chimiothérapie. Ne ressentir aucun effet indésirable ne signifie pas que le traitement est inefficace et, inversement, ressentir de nombreux effets indésirables ne signifie pas qu’il est particulièrement actif.

Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Les médicaments de chimiothérapie ont souvent des effets indésirables sur le sang et la moelle osseuse. Ils peuvent entraîner :

  • une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
  • une diminution du taux de globules rouges et d’hémoglobine qui provoque, lorsqu’elle est importante, une anémie. L’anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos ;
  • une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), qui participent au phénomène de coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’ecchymoses et de saignements.

Une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d’aplasie.

Lors d’une chimiothérapie, un traitement préventif par facteurs de croissance peut être prescrit pour éviter une baisse trop importante de certains globules blancs. Il est également parfois nécessaire, au cours du traitement par chimiothérapie, de recourir à ces médicaments lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante. Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être réalisée.

Avant chaque cure de chimiothérapie, des prises de sang permettent de vérifier le nombre de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d’un certain seuil, la séance de chimiothérapie peut être remise à plus tard.

En cas de fièvre ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), contactez immédiatement votre médecin.

Sensations d’engourdissement ou de fourmillement

Le docétaxel comme le cabazitaxel peuvent avoir un effet toxique sur les nerfs et entraîner des troubles de la sensibilité, appelés paresthésies. Ils se manifestent par des sensations d’engourdissement, de fourmillements, de picotements ou de brûlures qui peuvent être douloureuses et handicapantes. Si ces symptômes persistent entre deux cures de chimiothérapie ou s’ils entraînent une gêne fonctionnelle, comme une difficulté à saisir un objet ou à marcher, votre médecin pourra décider de retarder votre prochaine cure de chimiothérapie, d’en modifier la posologie, voire d’arrêter ce traitement et de le remplacer par d’autres médicaments.

Troubles cutanés

Le docétaxel et le cabazitaxel peuvent entraîner des troubles au niveau de la peau : rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillement…

Le docétaxel peut provoquer des éruptions cutanées localisées essentiellement au niveau des pieds et des mains mais également au niveau des bras, du visage ou du thorax. Les lésions au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds peuvent prendre la forme d’un syndrome main-pied. Celui-ci se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques.

Conseils pratiques pour limiter les troubles cutanés liés au syndrome main-pied

À faire :

  • Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau (après la toilette avec un pain surgras).
  • Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).
  • Porter des vêtements amples et des chaussures souples.

À éviter

  • S’exposer les mains et les pieds à la chaleur (soleil, bains chauds).
  • Pratiquer des activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…).
  • Appliquer des pansements adhésifs ou des bandages serrés.
  • Marcher de manière prolongée et pratiquer la course à pied.

Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Modification de la couleur et fragilisation des ongles

Au cours du traitement par docétaxel, les ongles peuvent devenir cassants, striés et ondulés et finir parfois par tomber. Il est conseillé de porter des chaussures confortables et des gants de protection pour le jardinage et les travaux ménagers, de se couper les ongles courts, afin d’éviter qu’ils se fissurent ou se soulèvent.

Certains centres mettent parfois à disposition des patients, lors de l’administration du traitement, des gants ou des chaussons réfrigérants, ou proposent des bains des orteils dans de l’eau froide. Ces mesures ont pour effet de réduire l’afflux sanguin dans les extrémités et donc la quantité de produit de chimiothérapie qui affecte les cellules des ongles. Cela aide parfois à limiter la fragilisation des ongles.

Certaines équipes conseillent par ailleurs d’utiliser un vernis au silicium pour protéger les ongles tout au long de la période des traitements. Vous pouvez solliciter votre équipe soignante à ce sujet pour en savoir plus.

Nausées et vomissements

Les nausées peuvent commencer le soir ou le lendemain de la perfusion. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.

Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l’entrée dans le lieu de soin (l’hôpital ou la clinique), avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l’anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.

Il arrive que pendant la chimiothérapie, des personnes ressentent un mauvais goût dans la bouche ou soient particulièrement sensibles aux odeurs. Cela entraîne parfois l’apparition de nausées. Diverses alternatives sont alors proposées :

  • sucer des bonbons mentholés diminue le goût désagréable ;
  • pratiquer des exercices de relaxation avant et pendant la perfusion de chimiothérapie. Sollicitez des conseils à ce sujet auprès des soignants ;
  • regarder la télévision, écouter la radio ou de la musique, jouer à des jeux de société, lire, discuter, etc. pendant la perfusion. Ces activités contribuent parfois à diminuer la sensation de nausées.

Un traitement est le plus souvent prescrit avant, pendant et après la chimiothérapie pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s’agit de médicaments appelés antiémétiques. Si ces effets indésirables apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.

Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger. Les vomissements ne persistent, en général, pas plus de 48 heures après le traitement.

Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements

À faire

  • Privilégier les aliments froids ou tièdes, qui sont moins odorants que les aliments chauds.
  • Privilégier plusieurs petits repas plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer.
  • Boire plutôt avant ou après les repas. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées.
  • Manger lentement en mastiquant bien afin de faciliter la digestion.
  • Manger légèrement avant et après le traitement.

À éviter

  • Consommer des aliments lourds, difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés.
  • Boire pendant les repas.
  • Fumer.

Diarrhées

Des diarrhées sont possibles au cours du traitement par docétaxel ou cabazitaxel. Votre médecin peut vous prescrire un traitement préventif ou curatif (antidiarrhéique).

Pour limiter les diarrhées

Privilégier une alimentation pauvre en fibres à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes.

En cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre ou des vomissements, contactez rapidement votre médecin.

Constipation

À l’inverse, une constipation peut survenir, notamment au cours du traitement par cabazitaxel. Les médicaments antiémétiques, les médicaments à base de morphine prescrits contre la douleur et le ralentissement de l’activité physique peuvent également y contribuer. Un traitement préventif (laxatif) pourra vous être prescrit.

Conseils pratiques pour limiter la constipation

  • Boire au moins 2 litres d’eau par jour.
  • Privilégier une alimentation riche en fibres, à base de fruits et légumes frais, de compote de pruneaux.
  • Consommer des céréales et du pain complet.
  • Si possible, faire de l’exercice de façon adaptée et régulière.
  • Boire au réveil un verre d’eau, ou de jus de fruits, bien froid.

Lésions de la bouche

Le docétaxel peut entraîner des lésions à l’intérieur de la bouche et le long du tube digestif (aphtes, rougeurs, douleurs). On parle de mucite (inflammation d’une muqueuse) ou encore de stomatite (mucite de la bouche).

Conseils pratiques pour limiter les lésions de la bouche

À faire :

  • Réaliser des bains de bouche prescrits par le médecin après chaque repas.
  • Se brosser régulièrement les dents avec une brosse à dents souple.
  • Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l’eau et des sorbets, des bonbons à la menthe.
  • Boire beaucoup (eau minérale, thé, tisane, boisson à base de cola).
  • Privilégier les aliments sans acidité, mous voire mixés.
  • Se graisser les lèvres en appliquant un lubrifiant gras (vaseline, beurre de cacao).

À éviter :

  • Consommer des aliments qui favorisent l’apparition d’aphtes, comme les noix, le gruyère ou l’ananas.
  • Réaliser des bains de bouche à base d’alcool : ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure.
  • Consommer du tabac et de l’alcool, surtout dans les semaines qui suivent le traitement.
  • Consommer des aliments trop épicés ou acides (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs, croquants ou durs.

Dès que vous constatez des aphtes ou des douleurs, prévenez votre médecin afin de recevoir un traitement antidouleur adapté.

Perte d’appétit et modification du goût

Parfois, la chimiothérapie entraîne une perte de l’appétit. Une modification de la perception du goût peut également être ressentie : elle disparaît progressivement dès la fin des traitements (à ce sujet, voir également le paragraphe « nausées et vomissements » ci-dessus).

Si la perte d’appétit se prolonge, elle peut entraîner un amaigrissement et, à terme, une situation de dénutrition. La dénutrition a de nombreuses conséquences, comme une fonte des muscles, une baisse des défenses immunitaires ou une fatigue importante. Elle peut également empêcher le bon déroulement de votre traitement et modifier l’efficacité ou la tolérance de certains médicaments, c’est pourquoi il faut la limiter le plus précocement possible.

Un diététicien ou un nutritionniste peuvent vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement. En cas de nécessité, des compléments alimentaires pourront vous être prescrits pour éviter un amaigrissement trop important.

Conseils pratiques pour entretenir l’esprit convivial des repas et stimuler votre appétit

  • Si possible, manger accompagné.
  • Travailler la présentation des plats.
  • S’installer à table, de préférence dans un cadre agréable.

Chute des cheveux et du système pileux

La chute des cheveux (appelée alopécie) peut être difficile à vivre car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est souvent progressive et en général temporaire. Elle commence en général deux à trois semaines après la première perfusion. Les cheveux commencent à repousser environ six à huit semaines après la fin du traitement. Les cils, les sourcils et les poils pubiens peuvent également tomber provisoirement.

La perruque fait l’objet d’une prescription par le médecin ; elle est remboursée (entre 250 € et 350 € selon le type de cheveux, synthétique ou naturel) par l’Assurance maladie. Un complément pourra vous être remboursé par votre assurance complémentaire si vous en avez une.

Certains centres peuvent proposer l’application d’un casque réfrigéré (parfois appelé casque réfrigérant) lors de l’administration du traitement. Il s’agit d’un bonnet glacé qui a pour effet de réduire l’afflux sanguin dans le cuir chevelu et donc la quantité de produit de chimiothérapie qui affecte les cellules des cheveux. L’utilisation de ce dispositif limite ainsi parfois la chute des cheveux.

Vous trouverez des informations complémentaires dans le guide Cancer info Traitements du cancer et chute des cheveux.

Fatigue

L’appréhension des examens et des traitements, les déplacements fréquents, l’attente lors des rendez-vous et les traitements eux-mêmes peuvent provoquer une fatigue physique ou morale. La fatigue dépend de votre tolérance à ce traitement et des autres effets indésirables. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit gérée le mieux possible.

Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements.

Ces effets indésirables disparaissent le plus souvent en quelques semaines après la fin du traitement.

Vous trouverez des informations complémentaires dans le guide Cancer info Fatigue et Cancer.

Affections oculaires

Au cours du traitement par docétaxel, une augmentation des écoulements oculaires est possible. Rarement, une affection de l’œil, appelée œdème maculaire cystoïde, peut survenir. Elle se manifeste notamment par une baisse de l’acuité visuelle et d’autres troubles visuels. Il est très important de les signaler rapidement à votre médecin afin de procéder à un examen ophtalmologique complet.

Réactions allergiques

Comme tout médicament, les médicaments de chimiothérapie peuvent être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, de difficultés à respirer ou d’essoufflement, de fièvre, de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), ou de tout autre trouble inhabituel.

Fertilité et contraception

Pour en savoir plus à ce sujet, consulter la fiche « Sexualité et fertilité ».

Autres effets indésirables possibles

D’autres effets indésirables sont possibles, comme des troubles cardiaques, des écoulements nasaux, des saignements de nez, une toux, la présence de sang dans les urines ou encore des douleurs musculaires et/ou articulaires. Il est important de les signaler à l’équipe soignante, afin qu’ils soient pris en charge et afin d’adapter votre traitement si besoin.

Les effets indésirables des corticoïdes

Le traitement par corticoïdes peut générer certains effets indésirables parmi lesquels :

  • des modifications physiques, comme une fonte musculaire ou un gonflement du visage ;
  • des tendances à la dépression ou au contraire à l’agitation, avec notamment des insomnies ;
  • l’aggravation ou l’apparition d’un diabète.

Cette liste n’est pas exhaustive (pour plus de détails, vous pouvez consulter la notice du médicament qui vous a été prescrit).

La surveillance médicale dont vous bénéficiez tout au long du traitement permet de repérer les effets indésirables des corticoïdes, de les traiter et d’adapter votre traitement si besoin. Parlez-en avec votre équipe médicale.