Cancers de la sphère ORL (voies aérodigestives supérieures) : quels traitements ?
Trois types de traitements sont utilisés, seuls ou en combinaison, pour traiter les cancers des voies aérodigestives supérieures (aussi appelés dans le langage courant, cancers de la gorge, du nez ou de la bouche) : la chirurgie, la radiothérapie et les médicaments anticancéreux (chimiothérapie classique et thérapie ciblée). Des médicaments d’immunothérapie commencent également à être utilisés ; ils s’adressent à des patients dont la maladie a progressé après un premier traitement.
Selon les cas, ces traitements ont pour objectifs de :
- supprimer la tumeur, les ganglions atteints ou les métastases ;
- réduire le risque de récidive, c’est-à-dire la réapparition d’une lésion cancéreuse au même endroit ou dans une autre région du corps ;
- ralentir le développement de la tumeur ou des métastases ;
- prévenir et de traiter les symptômes et les complications engendrés par la maladie et/ou les traitements afin de maintenir la meilleure qualité de vie possible.
La chirurgie, la radiothérapie et les traitements médicamenteux des cancers des Voies aérodigestives supérieures sont réalisés au sein d’établissements qui sont autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité de ces traitements.
Comment s'effectue le choix de vos traitements ?
Le choix de vos traitements est adapté à votre cas personnel.
L’adaptation du choix en fonction de la tumeur
Il dépend aussi des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint :
- l’organe concerné ;
- l’endroit où il est situé sur cet organe (la topographie) ;
- son type histologique c’est-à-dire le type de cellules impliquées ;
- son grade, c'est-à-dire son degré d’agressivité ;
- son stade, c'est-à-dire son degré d’extension : taille de la tumeur, atteinte ou non des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses, présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps (classification TNM) ;
- la présence ou non d’une autre tumeur primitive, dite synchrone des VADS, de l’œsophage ou des poumons.
Ces caractéristiques sont déterminées grâce aux examens du bilan diagnostique.
L’adaptation du choix en fonction de votre situation personnelle
Votre âge, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, votre état de santé global (notamment votre état nutritionnel), les contre-indications éventuelles à certains traitements ainsi que vos souhaits sont également pris en compte.
Enjeux intégrés au choix du traitement
Préserver au maximum vos fonctions respiratoire, phonatoire (votre voix), de déglutition ainsi que votre qualité de vie sont des enjeux qui influent le choix du plan de traitement.
L’arrêt du tabac et de l’alcool
L’arrêt du tabac et/ou de l’alcool est primordial notamment pour limiter le risque de complications pendant et après les traitements. Poursuivre la consommation de ces substances a également un impact sur le risque de second cancer et la survie.
Il existe de nombreux recours pour vous aider. Parlez-en avec l’équipe qui vous suit.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le dépliant ci-dessous en le téléchargeant.
Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ?
Une concertation pluridisciplinaire pour vous proposer vos traitements
Votre situation est discutée au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Elle rassemble au moins trois médecins de spécialités différentes : chirurgien cervico-facial, chirurgien maxillo-facial, oncologue médical, oncologue radiothérapeute, radiologue, pathologiste…
Les médecins établissent une proposition de traitement. Pour cela, ils tiennent compte des spécificités de votre situation personnelle et professionnelle. Ils s’appuient également sur des outils d’aide à la décision appelés recommandations de bonnes pratiques. Ils peuvent aussi vous proposer de participer à un essai clinique.
Un bon « état nutritionnel » est indispensable
Votre état nutritionnel, c’est-à-dire le bon équilibre entre ce que vous mangez et ce que vous dépensez, peut être altéré par la maladie et entraîner une perte de poids voire une dénutrition. Or, la dénutrition peut générer notamment :
- une baisse des défenses immunitaires ;
- un retard de cicatrisation ;
- une diminution de la réponse à certains traitements.
Il est donc important de surveiller votre poids régulièrement (une fois par semaine). Un accompagnement nutritionnel adapté permet de limiter le risque de dénutrition et ses conséquences sur votre état de santé.
Pour aller plus loin, rendez-vous sur la page consacrée à la nutrition dans ce dossier.
Le choix de vos traitements est discuté avec vous
La consultation d’annonce : un moment important avec votre médecin
Lors d’une consultation spécifique, la consultation d’annonce, le médecin vous explique les caractéristiques de votre maladie. Il vous présente :
- la proposition de traitement retenue,
- les bénéfices attendus,
- les effets indésirables possibles.
C’est l’occasion pour vous d’en discuter avec lui et de donner votre avis sur la proposition qui a été retenue pour vous.
Cette consultation est importante. Il peut être utile d’être accompagné par l’un de vos proches ou la personne de confiance que vous avez choisie.
Conseils : avant la consultation, notez toutes les questions qui vous viennent en tête. Prenez le temps de les poser à votre médecin.
Cet échange vous permettra de mieux comprendre et intégrer les informations données par le médecin. Cela sera particulièrement important pour celles sur le traitement envisagé. Vous pourrez prendre avec votre médecin les décisions adaptées à votre situation.
Une personne de confiance, pour quoi faire ?
La personne de confiance est une personne que vous désignez par écrit. Elle peut :
- vous accompagner lors des entretiens médicaux ;
- vous aider dans vos décisions ;
- être consultée si vous vous trouvez dans l’incapacité de recevoir des informations sur votre état de santé et exprimer votre volonté.
Elle appartient ou non à votre famille. À tout moment, vous pouvez modifier votre choix.
Pour aller plus loin :
- rendez-vous sur les pages dédiées aux personnes de confiance dans le dossier Vos Droits ou dans Aider un proche malade ;
- consultez les fiches sur les droits des usagers sur le site du ministère en charge de la Santé.
Le programme personnalisé de soins
Qu’est-ce que le programme personnalisé de soins ?
Après votre accord sur la proposition de traitement, un document appelé programme personnalisé de soins (PPS) vous est remis. Il décrit les modalités de la proposition de traitement. Il comporte notamment :
- les dates prévisionnelles de vos différents traitements,
- leur durée,
- les coordonnées des membres de l’équipe soignante,
- un volet social qui doit permettre de repérer précocement d’éventuelles difficultés et de mettre en place un accompagnement adéquat.
Un exemplaire de ce document est également transmis à votre médecin traitant, qui sera un de vos interlocuteurs privilégiés.
Le programme personnalisé de soins peut évoluer au fur et à mesure de votre parcours de soins en fonction de votre état de santé et de vos réactions aux traitements.
Pourquoi écrire ses directives anticipées ? Comment les rédiger ?
Vous avez la possibilité de rédiger seul, ou avec l’aide de votre médecin des directives anticipées. Il s’agit de formuler, à l’avance et par écrit, vos choix en matière de traitements pour le cas où vous seriez dans l’incapacité de les exprimer.
Les directives anticipées permettent de faire prendre en considération vos souhaits sur les conditions de limitation ou l’arrêt d’un traitement.
Elles sont modifiables et révocables à tout moment.
Pour en savoir plus :
- retrouvez deux modèles de directives anticipées, suivant la situation sur le site du Journal officiel ;
- vous pouvez en parler avec votre médecin pour qu’il vous conseille dans leur rédaction ;
- le site de la Haute Autorité de santé (HAS) donne aussi des informations et des conseils pour les rédiger.
Une consultation paramédicale, temps d’accompagnement et d’écoute
Après cette consultation avec le médecin, une consultation avec un autre membre de l’équipe soignante, le plus souvent un infirmier ou une infirmière, peut vous être proposée ainsi qu’à vos proches.
C’est un temps d’accompagnement et d’écoute. Vous pouvez ainsi revenir sur les informations qui vous ont été données par le médecin, vous les faire expliquer à nouveau ou poser d’autres questions.
L’infirmier évalue aussi vos besoins en soins et soutiens complémentaires (sur le plan social, psychologique ou nutritionnel, par exemple). Il vous oriente si besoin vers les professionnels concernés.
Des professionnels de santé présents pour vous accompagner
Les médecins et les membres de l’équipe soignante, mais aussi votre médecin traitant et votre pharmacien, sont là pour vous accompagner. Ce sont vos interlocuteurs privilégiés ; n’hésitez pas à leur poser toutes vos questions.
Ces échanges contribuent à renforcer le dialogue et la relation de confiance avec l’ensemble de ces professionnels.
Participer à un essai clinique, pour quoi faire ?
L’équipe médicale peut vous proposer de participer à un essai clinique. Les essais cliniques sont des études scientifiques menées avec la participation de patients.
Les cancers des VADS font l’objet de nombreuses études qui visent à :
- identifier des altérations moléculaires (c’est-à-dire les anomalies survenant au niveau de l’ADN) des gènes pour les cellules cancéreuses. Ceci permettra de proposer aux patients les thérapies ciblées les plus adaptées ;
- tester de nouveaux traitements anticancéreux (médicaments de chimiothérapie, d’immunothérapie ou de thérapie ciblée) ;
- évaluer différentes façons d’utiliser les traitements existants en mettant en place de nouvelles combinaisons de molécules. Ces nouvelles stratégies thérapeutiques ont notamment pour but d’améliorer l’efficacité des traitements et de réduire leurs effets indésirables ;
- comparer l’efficacité des médicaments utilisés pour soulager les symptômes (médicaments contre la douleur par exemple) ;
- étudier la qualité de vie, la déglutition, la parole, l’état dentaire ou nutritionnel après un traitement.
Chaque essai clinique a un objectif précis. Pour y participer, les patients doivent répondre à un certain nombre de critères, appelés critères d’inclusion, spécifiques à chaque essai et fixés dans le protocole.
Les essais cliniques sont indispensables pour faire progresser la recherche et, à terme, la manière dont les patients sont soignés. C’est grâce à ces études que des avancées sont réalisées en matière de traitements contre les cancers. Dans certains cas, un essai clinique peut vous permettre d’accéder à un nouveau traitement.
Pour en savoir plus :
- consultez notre article sur les essais cliniques ;
- pour les essais en cours, consultez le registre des essais cliniques.
Et si le traitement lié à l’essai clinique ne vous convient pas ?
Si vous participez à un essai clinique et que le traitement administré ne vous convient pas, le médecin peut décider d’y mettre fin et vous proposer un autre traitement. À tout moment, vous pouvez également décider de quitter un essai clinique sans avoir à justifier cette décision.