Un traitement par radiothérapie

La radiothérapie utilise des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses en les empêchant de se multiplier. Ce traitement consiste à diriger précisément ces rayonnements ionisants (appelés aussi rayons ou radiations) sur les cellules cancéreuses, tout en préservant le mieux possible les tissus sains et les organes avoisinants. Ces rayonnements, produits par un accélérateur de particules, sont dirigés en faisceau vers la vessie pour atteindre la tumeur et les ganglions voisins à travers la peau.

Les rayonnements ionisants, qu'est-ce que c'est ?

Les rayonnements ionisants sont des faisceaux de particules qui transportent une énergie telle qu'elle leur permet de traverser la matière et de la modifier. Le soleil émet des rayonnements ionisants naturels ; c'est le cas de certains rayons ultraviolets ou UV.

Dans le domaine médical, les rayonnements ionisants font l'objet de nombreuses applications ; ils sont en particulier à la base des techniques de radiothérapie. Dans ce cas, ils sont produits par un accélérateur, un appareil qui accélère les particules à une très grande vitesse, ce qui leur confère une forte énergie (radiothérapie externe). Les rayonnements utilisés sont des rayons X ou des photons.

Avant de démarrer une radiothérapie, l'oncologue radiothérapeute vous explique le principe, les objectifs et la technique qu'il va utiliser. Il vous informe également des effets secondaires possibles et des solutions qui existent pour les anticiper ou les limiter. N'hésitez pas à lui soumettre toutes les questions que vous vous posez au sujet de ce traitement.

Les indications de la radiothérapie

Si votre cancer a infiltré le muscle de la paroi de la vessie, mais que vous ne pouvez ou ne voulez pas avoir de cystectomie, une radiothérapie peut être effectuée en même temps qu'une chimiothérapie. On parle de radiochimiothérapie concomitante. Une résection transurétrale de vessie (RTUV) sera effectuée au cours de ce double traitement pour en évaluer l'efficacité. Si le cancer est encore présent, une cystectomie pourra être envisagée.

La technique de traitement utilisée

La technique de radiothérapie utilisée est une irradiation conformationnelle en trois dimensions. Cette technique permet d'adapter - de conformer - le plus précisément possible le volume irradié au volume à traiter.

La radiothérapie en pratique

Le déroulement d'une radiothérapie repose sur un travail d'équipe entre des manipulateurs, un physicien, un dosimétriste, coordonnés par l'oncologue radiothérapeute.

Avant le traitement proprement dit, une radiothérapie comporte une étape de repérage de la zone à traiter et une étape de calcul de la distribution de la dose, la dosimétrie. C'est pourquoi il existe toujours un temps d'attente entre le moment où il est décidé que vous allez avoir une radiothérapie et le début effectif du traitement.

Le repérage

La première tâche de l'oncologue radiothérapeute est de repérer la cible sur laquelle les rayons vont être dirigés et les organes à protéger : rectum, intestin et la néovessie si vous en avez une. Pour ce faire, vous passez un scanner centré sur la zone à traiter afin d'obtenir une image en trois dimensions de la tumeur et des organes voisins.

Pendant ce repérage, votre position est soigneusement définie. Vous devrez la reprendre lors de chaque séance. Pour cela sont utilisées des cales ou des contentions spécialement adaptées à votre morphologie qui permettent de conserver votre position. Un marquage très discret sur la peau est parfois effectué ; ce marquage peut être définitif.

La dosimétrie

Outre la dimension et l'orientation des faisceaux, l'étape de dosimétrie consiste à déterminer par une étude informatisée la répartition de la dose de rayons à appliquer à la zone à traiter. Avec l'oncologue radiothérapeute, le physicien et le dosimétriste optimisent ainsi l'irradiation de façon à traiter au mieux la tumeur tout en épargnant les tissus sains voisins. Cette étape ne nécessite pas votre présence.

Le plan de traitement définitif établit la dose et ses modalités de délivrance : la dose par séance, le nombre et la fréquence des séances, etc.

La dose de rayons en radiothérapie est exprimée en gray (abrégé en Gy), du nom d'un physicien anglais. Le gray correspond à une quantité d'énergie de 1 joule absorbée dans une masse de 1 kg.

La dose délivrée pour un cancer de la vessie dans le cadre d'une radiochimiothérapie concomitante est généralement de 1,8 à 2 Gy par séance, à raison de 5 séances par semaine. Les doses habituelles totales pour le pelvis sont de 40 à 50,4 Gy.

Si le résultat n'est pas suffisant, cette première radiothérapie peut être complétée par un traitement de 10 à 20 Gy, après éventuellement une interruption de 3 à 4 semaines.

Le traitement

Le traitement lui-même dure en moyenne 5 à 7 semaines, à raison d'une séance de 3 à 4 minutes tous les jours, du lundi au vendredi s'il n'y a pas d'interruption ; il peut aller jusqu'à 11 semaines.

En l'absence de contre-indication, la chimiothérapie est délivrée dans le même temps, juste avant la radiothérapie, avec le plus souvent une perfusion lors de la première semaine et de la quatrième semaine de la radiothérapie.

Le jour du traitement, vous entrez dans la salle dans laquelle se déroule la radiothérapie. C'est une pièce qui respecte les normes de protection contre les rayonnements ionisants.

Vous êtes installé par le manipulateur sur la table de traitement dans la position qui a été déterminée lors de la phase de repérage. Les rayons sont dirigés de façon précise vers la région à traiter et vous devez rester immobile.

Pendant la séance, vous êtes seul dans la salle, mais vous restez en lien continu avec les manipulateurs : vous pouvez communiquer avec eux par le biais d'un interphone et vous êtes surveillé par une caméra vidéo. La salle reste éclairée pendant la séance. En cas de besoin, le traitement peut être immédiatement interrompu.

Le temps de présence dans la salle de traitement est généralement de quinze minutes environ. Le temps d'irradiation lui-même est de courte durée, de l'ordre de quelques minutes. L'appareil tourne autour de vous sans jamais vous toucher. L'irradiation est invisible et indolore. Vous ne ressentez aucune sensation particulière.

Il est désormais obligatoire de mesurer directement sur vous la dose réelle de rayons que vous recevez lors de la première ou de la deuxième séance, ainsi qu'à chaque modification du traitement. On parle de dosimétrie in vivo. Elle permet de s'assurer que la dose délivrée ne diffère pas de façon significative de la dose prescrite. La dosimétrie in vivo est mise en place dans tous les centres de radiothérapie.

Les séances de radiothérapie externe ne rendent pas radioactif : il n'y a donc pas de précaution à prendre vis-à-vis de votre entourage une fois la séance terminée.

Le suivi

Durant toute la durée du traitement, des consultations avec le radiothérapeute sont programmées régulièrement, généralement une fois par semaine. L'objectif est de s'assurer que le traitement se déroule dans les meilleures conditions.

Des visites de contrôle sont également planifiées à l'issue de la radiothérapie.

Les effets secondaires possibles

La radiothérapie conformationnelle limite au mieux la dose de rayons délivrée aux tissus sains autour de la tumeur et aux organes avoisinants : les rayons sont dirigés précisément sur la tumeur. Néanmoins, en irradiant la tumeur, on ne peut pas éviter totalement d'irradier et d'altérer des cellules saines situées à proximité, et donc les organes avoisinants. C'est ce qui explique l'apparition des effets secondaires.

Ces effets secondaires varient selon la zone traitée, la dose de rayons délivrée, la technique utilisée, l'effet des autres traitements, votre propre sensibilité et votre état de santé général. Le traitement est soigneusement planifié et administré de façon à les réduire le plus possible. L'équipe médicale vous informe de ceux qui peuvent se produire dans votre cas et des moyens d'y faire face. Un suivi régulier permet de les détecter et de réajuster le traitement si nécessaire.

On distingue :

  • les effets secondaires dits immédiats, aigus ou précoces, qui se produisent pendant le traitement et les quelques semaines qui suivent. Ils sont souvent temporaires ;
  • les effets secondaires dits tardifs, qui peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard. Ils peuvent être durables ; on parle alors de séquelles.

Une radiothérapie en elle-même n'est pas douloureuse.

Les effets secondaires immédiats

Les rayons peuvent notamment provoquer une inflammation de la vessie (cystite radique), qui se manifeste par l'envie fréquente d'uriner (pollakiurie) et/ou des envies impérieuses d'uriner. Elle va régresser en 4 à 6 semaines. Des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunies) peuvent également survenir.

Des troubles digestifs apparaissent parfois, avec une inflammation du rectum qui peut provoquer des diarrhées et des faux besoins d'aller à la selle. Avec l'aide d'un régime et d'un traitement, elle disparait généralement en 4 à 6 semaines. Une rougeur de la peau semblable à un coup de soleil, appelée érythème cutané, constitue la réaction la plus fréquente. Elle survient habituellement à partir de la 4ème ou de la 5ème semaine de traitement. La rougeur disparaît lentement et laisse progressivement place à une coloration brunâtre pendant quelques semaines avant le retour à un aspect normal.

Conseils pratiques pour limiter les rougeurs de la peau

A faire :

  • Utiliser un savon surgras ;
  • Se sécher sans frotter ;
  • Porter des vêtements en coton et éviter le frottement au niveau de la zone irradiée ;
  • Appliquer une crème hydratante entre les séances (mais jamais juste avant la séance de radiothérapie).

A éviter :

  • les douches et les bains trop chauds ;
  • de savonner directement la zone irradiée ;
  • de frictionner la zone irradiée avec de l'eau de toilette, de l'alcool, du déodorant, du talc, de la crème ;
  • les expositions au soleil, au moins durant la première année qui suit la fin du traitement.

L'appréhension des examens et des traitements, les déplacements fréquents, l'attente lors des rendez-vous et la radiothérapie elle-même peuvent provoquer une fatigue physique ou morale, d'autant plus lorsqu'elle est associée à une chimiothérapie. La fatigue dépend de votre tolérance à ce traitement et des autres effets secondaires. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l'équipe soignante afin qu'elle soit prise en charge le mieux possible.

Les effets secondaires tardifs

Certains effets secondaires peuvent apparaître plus tardivement, 6 mois après la fin de la radiothérapie ; ils ne sont pas systématiques. Les progrès des techniques de radiothérapie ont rendu ces effets secondaires tardifs moins fréquents.

  • Les rayons peuvent provoquer une inflammation de la vessie, qui peut se manifester par des envies fréquentes d'uriner (pollakiurie), des envies impérieuses d'uriner (impériosités) et/ou des saignements dans vos urines (hématuries). Si c'est le cas, des examens complémentaires pourront être effectués pour vérifier que ces saignements ne sont pas liés à une réapparition du cancer ;
  • Rarement, il arrive que les rayons provoquent une inflammation de l'intestin grêle qui peut induire des diarrhées, une inflammation du rectum qui peut se manifester par des saignements ou des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunies) ;
  • Exceptionnellement, les rayons peuvent diminuer la taille de votre vessie, ce qui peut nécessiter son ablation.

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