Les formes d'antalgiques
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Les antalgiques existent sous différentes formes : en comprimés ou en gélules à avaler ou à dissoudre dans l’eau, en sirop, sous forme de patchs à coller sur la peau ou de liquide à injecter.
Selon leur forme et la manière dont les médicaments pénètrent dans l’organisme (leur voie d’administration), ils agissent plus ou moins vite et plus ou moins longtemps. Les médecins choisissent la voie d’administration du médicament en fonction des besoins de chacun.
Les antalgiques doivent toujours être pris à heure fixe, sans attendre que la douleur revienne. L’objectif est de soulager la douleur en continu.
Les opioïdes sont des médicaments essentiels dans le traitement des douleurs intenses du cancer. Ils peuvent être utilisés à long terme sans danger.En savoir plus sur les idées reçues sur la morphine
Les médicaments pris par la bouche
Lorsque le médicament est administré par la bouche, on dit qu’il est pris par voie orale. On utilise aussi per os, qui vient du latin per « à travers », et os « la bouche » (ou l’abréviation p.o. inscrite sur les boîtes de médicaments).
Les médicaments à prendre par la bouche sont les plus simples et les plus pratiques à utiliser. Chez la plupart des patients, ils permettent de soulager correctement la douleur. Cette forme de traitement est donc utilisée en priorité, sauf lorsque le patient se trouve dans l’incapacité physique d’avaler.Les médicaments à libération prolongée (LP)
Certains médicaments présentés sous forme de pilules, de comprimés ou de gélules sont recouverts d’un enrobage spécial qui ralentit et prolonge la diffusion du médicament dans le corps. C’est la forme à libération prolongée : sur les boîtes des médicaments, cette forme est représentée par les initiales LP.
La forme LP permet d’obtenir un effet antidouleur pendant 12 à 24 heures. Cet effet antidouleur n’est pas immédiat : les médicaments commencent à agir après quelques heures et l’efficacité maximale nécessite 2 ou 3 jours de traitement.
La forme LP est utile notamment pour éviter la réapparition de la douleur pendant la nuit, pour soulager les douleurs en continu tout en espaçant les prises. La plupart des patients qui ont un traitement continu contre la douleur (traitement « de fond ») utilisent cette forme à libération prolongée. Les comprimés doivent être pris à heure fixe, tous les jours, sans attendre la réapparition de la douleur.
Pour préserver leur effet prolongé, les comprimés LP doivent être avalés sans être croqués, ni écrasés, ni coupés en deux, ni sucés.Les médicaments à libération immédiate
D’autres médicaments à avaler ont une action rapide et plus courte. On parle de libération immédiate.
Ils agissent en une demi-heure à une heure et l’action antidouleur peut durer entre 2 et 4 heures. Ils sont souvent utilisés :- Au début du traitement, pour mesurer précisément la dose dont vous avez besoin pour être soulagé ;
- Sous forme d’interdose, en plus de votre traitement de fond, pour traiter rapidement un pic ou une augmentation soudaine de votre douleur (les médecins parlent d’accès douloureux) ;
- En prévention, avant un soin, un examen ou une activité douloureuse, pour empêcher l’apparition ou l’augmentation de la douleur.
Votre médecin vous indiquera quand et comment utiliser vos antalgiques pour qu’ils soient les plus efficaces possible.
Il est important de respecter la prescription et de continuer le traitement de fond même si vous ne sentez pas de douleur, jusqu’à ce que votre médecin vous dise de l’arrêter. Vous pouvez également demander des précisions sur l’utilisation de vos médicaments à votre pharmacien.
Des doses supplémentaires (interdoses) sont toujours prescrites au cas où le traitement de fond ne suffirait pas. Ces doses ne sont pas à prendre à heures fixes, mais lorsque vous en ressentez le besoin. Néanmoins, un délai d’au moins 1 heure doit être respecté entre chaque interdose.
Si, en plus de votre traitement de fond, vous avez besoin de prendre chaque jour plus de 4 à 6 interdoses, cela signifie que le traitement de fond est insuffisant. Votre médecin augmentera alors son dosage.Les interdoses
Votre médecin peut vous proposer des interdoses sous forme de comprimés à action rapide, d’injections ou de bâtonnets de fentanyl. Ces bâtonnets s’utilisent par la bouche mais ne s’avalent pas.
À l’aide de votre langue, vous devez frotter le bâtonnet contre votre joue jusqu’à ce qu’il soit totalement fondu. Le médicament passe alors directement dans le sang par les vaisseaux présents à l’intérieur de la bouche.Les médicaments sous forme de patchs
Certains antalgiques se présentent sous forme de patchs (le fentanyl, par exemple, un opioïde du palier n°3).
Les patchs sont des autocollants appliqués sur la peau. Ils diffusent le médicament à petites doses et en continu. On parle de la voie transdermique, ce qui signifie « à travers la peau ».
L’utilisation des patchs est réservée aux patients dont les douleurs sont d’intensité stable. Leur effet antidouleur n’est pas immédiat : il commence après quelques heures et est optimal au bout de 2 ou 3 jours.
En cas de crise soudaine de douleur, des interdoses sous forme de comprimés ou de bâtonnets à action rapide doivent être associées au patch, pour compléter son action.
En règle générale, les patchs se changent tous les 3 jours. Si vous le posez le lundi matin, vous devez le remplacer le jeudi matin. Ils doivent être collés à chaque fois à des endroits différents. La peau doit être plane (pas dans un pli), sèche, non irritée (pas de rasage récent) et sans poils.
Il est possible de se doucher ou de se baigner avec le patch. Celui-ci ne doit pas être appliqué dans la zone où vous recevez des rayons pour la radiothérapie.
Cette forme de traitement est souvent très appréciée par les patients, en particulier lors de douleurs chroniques qui nécessitent un traitement à long terme.Quelques recommandations d’usage
Soyez vigilants à ne pas appliquer de source de chaleur directement sur le patch (couvertures électriques, exposition solaire intense, bouillottes, saunas et bains chauds). La chaleur accélère le passage du médicament dans l’organisme et peut provoquer un surdosage.
Ce risque est également valable en cas de fièvre. Dans ce cas, contactez votre médecin pour savoir si vous devez décoller le patch et comment traiter votre douleur. Le premier signe de surdosage est la somnolence.Les médicaments sous forme d’injection
Les antalgiques peuvent être injectés directement sous la peau (voie sous-cutanée) ou dans une veine (voie intraveineuse). Cela permet d’obtenir un effet antidouleur rapide et puissant.
Les injections sont utilisées en cas d’urgence lorsque la douleur est très intense et nécessite d’être soulagée rapidement.
Si une seule injection est nécessaire, celle-ci est réalisée à l’aide d’une petite aiguille introduite directement dans la peau.
Chez les patients qui doivent recevoir plusieurs injections, on utilise de préférence une perfusion qui délivre le médicament en continu. Ce système peut rester en place pendant plusieurs jours et évite ainsi des piqûres répétées (que ce soit par voie veineuse ou par voie sous-cutanée).
Des pompes sont de plus en plus souvent utilisées pour les perfusions d’antalgiques. Elles sont munies d’un bouton qui permet au patient d’adapter lui-même le dosage du médicament en fonction de l’intensité de sa douleur.
Il suffit d’appuyer sur le bouton pour recevoir une dose supplémentaire d’antalgique. Ces pompes sont appelées PCA. Ce sigle vient de l’anglais (Patient Controlled Analgesia) et signifie « contrôle de l’analgésie, c’est-à-dire de l’action antidouleur, par le patient ». Les pompes PCA sont équipées d’un dispositif de sécurité qui supprime tout risque de surdosage. Elles peuvent même être utilisées sans danger par les enfants.
L’équipe soignante (le plus souvent une infirmière) programme la pompe suivant la prescription de votre médecin. Elle définit la dose délivrée en continu, le dosage délivré à chaque interdose et la période, entre deux interdoses, pendant laquelle la pompe ne délivrera pas de médicament, même si le bouton de demande est déclenché.L’antalgique le plus souvent utilisé dans ces pompes est la morphine.
Ce système de pompe est parfois utilisé pour traiter les douleurs après une opération. Il peut également être employé à domicile.
Votre médecin (ou l’équipe soignante) prendra le temps de vous expliquer précisément comment l’utiliser pour que vous soyez soulagé au mieux. N’hésitez pas à leur poser toutes vos questions.