Qui est concerné ?
Un travailleur sur dix est exposé à un ou plusieurs agents cancérigènes dans le cadre de son activité professionnelle. La majorité d'entre eux sont des ouvriers, principalement des hommes. Tous les secteurs d'activité sont concernés mais certains, comme la construction ou l'industrie, le sont plus que d'autres.
Une exposition qui concerne majoritairement les hommes
Ouvrier du BTP, plombier, agriculteur, radiologue... D'après la dernière enquête sur la surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (SUMER 2017), 10 % de l'ensemble des salariés en France – soit plus de 1,8 millions de personnes – sont exposés à au moins un agent cancérigène (particules Diesel, poussière de bois, silice, arsenic...) par le biais de leur activité professionnelle.
Tous les travailleurs ne sont pas exposés de manière homogène aux agents cancérigènes. Ainsi, les hommes représentent 96 % des salariés touchés par un cancer reconnu d’origine professionnelle. Il s’agit à 80 % d’ouvriers. Et pour cause : les secteurs les plus concernés par l'exposition aux substances CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) ont longtemps été essentiellement masculins. Cette situation est le reflet de la structure de l’emploi du dernier demi-siècle. Elle ne reflète pas encore les évolutions qui ont eu lieu dans le monde du salariat depuis.
Chez les femmes, le travail de nuit est la principale source professionnelle responsable de cancers (en l’occurrence, du sein).
Par ailleurs, de nombreux jeunes y sont exposés : 15,7 % des moins de 25 ans et 11,7 % des 25-29 ans en 2010.
Une surveillance post-professionnelle peut être mise en œuvre pour les demandeurs d'emploi et les retraités ayant été exposés, au cours de leur activité professionnelle, à des substances reconnues comme cancérigènes par la réglementation française. Cette surveillance permet notamment, même plusieurs années après la cessation de cette activité, de déclarer et de faire reconnaître comme maladie professionnelle un cancer lié au travail.
Les principaux secteurs d'activité concernés
Parmi les 22 grands domaines professionnels distingués dans l'enquête SUMER 2010, cinq exposent particulièrement leurs salariés :
Domaine professionnel | % de salariés exposés |
---|---|
Maintenance | 43 % |
BTP | 32 % |
Mécanique/travail des métaux | 31 % |
Matériaux souples, bois, industries graphiques | 30 % |
Artisanat | 29 % |
Toutefois, aucun métier ni secteur professionnel ne peut être formellement exclu.
A titre d'exemple, de nombreux employés de pressings sont exposés au perchloroéthylène, un solvant puissant considéré par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme peut-être cancérigène (groupe 2B).
Les agriculteurs aussi sont concernés par un risque significatif de cancers en lien avec leur exposition aux pesticides. À l’échelon national, l’étude épidémiologique AGRICAN (AGRIculture et Cancers) se penche actuellement sur le risque de cancers en milieu agricole.
Expositions et inégalités socioprofessionnelles
Les études effectuées en milieu professionnel montrent aussi que les ouvriers sont les travailleurs les plus exposés à au moins un produit cancérigène, alors qu'ils ne représentent qu'un tiers des salariés français :
Catégorie socioprofessionnelle | % d'exposition |
---|---|
Ouvriers (qualifiés et non qualifiés) | 47 % |
Employés et professions intermédiaires | 13 % |
Cadres et assimilés | 2.3 % |
Source : Enquête Sumer 2010
En 2017, les salariés les plus exposés restent ceux du secteur de la construction et les ouvriers qualifiés.
Les salariés des TPE sont plus fortement exposés aux produits chimiques cancérigènes que ceux des entreprises comptant plus de 500 salariés.
Par ailleurs, le risque est plus élevé pour les intérimaires (14,2 %) que pour les personnes embauchées en CDI (10,7 %) ou en CDD (7,1 %).
Une dernière disparité concerne le nombre de substances concernées et l'importance de l'exposition. Ainsi, dans 38 % des cas, les expositions sont estimées comme étant de durée et/ou d'intensité importante.
Dans 90% des cas, les personnes atteintes de cancer d’origine professionnelle ont été exposés au risque pendant plus de dix ans.
Multi-exposition : la potentialisation des risques
Un cancer est souvent provoqué par l'interaction de plusieurs causes combinées. Des facteurs qui ont une influence limitée lorsqu'ils sont isolés peuvent avoir un effet important s'ils sont conjugués à d'autres facteurs. C'est ce qu'on appelle la "potentialisation" des risques.
L'enquête SUMER 2010 montre qu'environ 1 % des salariés – et le double pour les moins de 30 ans – sont exposés à au moins 3 agents cancérigènes dans le cadre de leur travail. Les ouvriers travaillant dans la maintenance et le BTP sont particulièrement concernés.
Ces risques se potentialisent aussi avec d'autres facteurs cancérigènes. Ainsi, les travailleurs exposés qui fument courent un risque de cancer plus élevé que les travailleurs exposés qui ne fument pas.
Les cancers liés au travail : interview de Thierry Philip, directeur du département Cancer et environnement, Economie de la santé, Centre Léon Bérard (Lyon).
Documents à télécharger
- Présentation de l’enquête SUMER 2010 (PDF, 2013)
- Premiers résultats de l'enquête SUMER 2017
Liens utiles
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- Le site de la FNATH dédié aux cancers professionnels
- Le rapport de l’assurance maladie : "Cancers reconnus d’origine professionnelle – évolution statistique, actions de prévention et d’accompagnement des salariés exposés" (avril 2019)
- Brochure de l'INRS sur son site : "Agir aujourd'hui pour éviter les cancers professionnels de demain" (2012)