Cancers de la thyroïde : le traitement hormonal ou hormonothérapie
Le traitement hormonal, ou hormonothérapie, consiste à prendre quotidiennement des hormones thyroïdiennes de synthèse sous forme d’un médicament, la lévothyroxine. Il est systématiquement mis en place après une thyroïdectomie totale et le traitement à l’iode radioactif, s’il a lieu. S'il n’est pas correctement ajusté, vous pouvez ressentir les symptômes d’une hyperthyroïdie ou d’une hypothyroïdie.
L’hormonothérapie nécessite un suivi régulier, afin d’adapter les dosages de lévothyroxine si nécessaire.
Ce traitement agit de deux façons, selon le niveau de TSH souhaité. La TSH est une hormone produite par l’hypophyse qui agit sur la thyroïde en stimulant la production d’hormones thyroïdiennes.
Il est déterminé selon l’étendue du cancer et le risque de récidive. La dose d’hormones est ajustée en fonction de ce taux et en fonction de la tolérance.
À dose normale, on parle d’hormonothérapie substitutive et à dose élevée, d’hormonothérapie frénatrice ou très frénatrice.
- Avec une hormonothérapie substitutive, le dosage de lévothyroxine prescrit correspond à un niveau normal d’hormones thyroïdiennes. Le traitement vise ainsi seulement à remplacer les hormones thyroïdiennes qui ne sont plus produites par la thyroïde, maintenant ainsi la thyréostimuline (TSH) dans le sang dans les normes de référence.
- Une hormonothérapie frénatrice ou très frénatrice est indiquée lorsque le risque de récidive est élevé ou que les traitements initiaux n’ont pas réussi à supprimer la totalité des cellules cancéreuses. Dans ce cas, le dosage de lévothyroxine prescrit est supérieur, ce qui remplace les hormones thyroïdiennes à un niveau plus élevé que la normale, limitant ainsi la production de TSH dont le taux dans le sang sera alors maintenu en dessous des normes de référence. L’objectif est de limiter la stimulation de ces cellules cancéreuses par la TSH.
Exemples de questions à poser à l’équipe médicale
- Comment le traitement se déroule-t-il ?
- Quelles vont être les conséquences sur ma vie de tous les jours ?
- Y a-t-il des effets indésirables ?
- Comment lutter contre les effets indésirables ?
- Quand dois-je les signaler ?
- Quels professionnels assureront le suivi de mon traitement ?
- À quel rythme s’effectue le suivi ?
- Quelles précautions dois-je prendre pendant ce traitement ?
Dans quels cas le traitement hormonal est-il indiqué ?
La lévothyroxine remplace les hormones naturelles qui étaient produites par la thyroïde avant qu’elle ne soit retirée lors de la chirurgie. Une hormonothérapie est donc systématiquement mise en place, rapidement après la thyroïdectomie totale ou après le traitement à l’iode radioactif s’il a lieu. Elle peut être nécessaire après une lobo-isthmectomie (ablation partielle de la thyroïde).
Elle doit être prise à vie. Le traitement est adapté au cours du temps, par exemple en cas de grossesse, source d’une augmentation des besoins en hormones thyroïdiennes.
Comment se déroule le traitement en pratique ?
La lévothyroxine se présente, la plupart du temps, sous forme d’un comprimé à avaler 1 fois par jour à distance du repas. Si vous ne pouvez pas avaler de comprimé, parlez-en à votre médecin.
Précautions à observer avec certains aliments, compléments ou médicaments
Quelques précautions sont à respecter autour de la prise de ce médicament. Certains aliments (le soja) et certaines plantes comme le millepertuis diminuent son absorption. Évitez donc d’en consommer.
Si vous devez prendre des compléments en fer, en calcium ou des complexes de vitamines et minéraux, attendez au moins deux heures après avoir pris la lévothyroxine.
Associer la lévothyroxine avec d’autres médicaments, comme les pansements gastriques, peut également entraîner des effets indésirables ou diminuer l’efficacité du traitement. Ne prenez pas de médicaments sans ordonnance ou de compléments alimentaires avant d’avoir signalé à votre pharmacien que vous suivez une hormonothérapie thyroïdienne. Si vous consultez un médecin spécialiste, signalez-le-lui également.
Un suivi régulier pour ajuster le traitement si nécessaire
Comme tous les traitements hormonaux, l’hormonothérapie nécessite un suivi régulier. La dose initiale de lévothyroxine est calculée à partir de la quantité estimée d’hormones en fonction de votre poids, de votre âge et de votre sexe. Les besoins peuvent être très différents d’une personne à une autre.
Des bilans sanguins sont effectués pour mesurer votre taux d’hormones thyroïdiennes et de TSH dans le sang. Votre médecin ajuste ainsi votre traitement en fonction des résultats du bilan sanguin, des objectifs de TSH fixés à votre niveau de risque de récidive, et de votre ressenti.
La lévothyroxine a une durée d’action et d’élimination très longue : après chaque changement de dosage, il faudra attendre au moins 6 à 8 semaines avant de refaire un bilan sanguin.
Une supplémentation en vitamine D et en calcium si besoin
Après une thyroïdectomie totale, une baisse du fonctionnement des glandes parathyroïdes est possible. Le dysfonctionnement est transitoire ou plus durable, et nécessite la prise de vitamine D, notamment de 1,25 vitamine D, et de calcium, dont la durée et les doses sont adaptées au bilan calcique régulier. Un suivi spécifique est nécessaire en cas d’hypoparathyroïdie définitive.
Quels sont les effets indésirables possibles du traitement hormonal ?
Le traitement hormonal par lévothyroxine entraîne généralement peu d’effets indésirables et n’a pas de conséquences sur votre vie quotidienne ou sur votre activité professionnelle.
En cas de mauvais ajustement du traitement
Si votre traitement n’est pas correctement ajusté (sous-dosage ou surdosage), vous pouvez ressentir les symptômes d’une hypothyroïdie (sous-dosage) ou d'une hyperthyroïdie (surdosage).
Les principaux signes de sous-dosage (hypothyroïdie) sont la fatigue, des gonflements, de la frilosité, la constipation, une prise de poids, une faiblesse musculaire, une difficulté de concentration, une tendance dépressive, des troubles de la mémoire, une perte de cheveux.
Les principaux signes d’un surdosage (hyperthyroïdie) sont une fatigue, une agitation, une irritabilité, des palpitations, un essoufflement à l’effort, des tremblements, une transpiration excessive, une diarrhée, une perte de poids ou une prise de poids après une perte de muscles, des crampes, des insomnies, une faiblesse musculaire, une perte des cheveux…
Ces signes sont donnés à titre indicatif et peuvent avoir une autre cause qu’une hyper ou une hypothyroïdie. Cela signifie que si vous présentez un de ces symptômes, il n’est pas nécessairement provoqué par le traitement hormonal.
Si des effets d’hypothyroïdie ou d’hyperthyroïdie surviennent, il est important d’en discuter avec votre médecin pour qu’il adapte, si besoin, votre traitement et vous conseille sur la façon de réduire ces effets.
Important : ces signes varient souvent au cours du temps et d’une personne à l’autre, et n’ont pas de rapport avec l’évolution du cancer.
Autres effets secondaires de l'hormonothérapie
L’hormonothérapie, en particulier frénatrice (c’est-à-dire avec des doses élevées de lévothyroxine), peut parfois provoquer ou aggraver des troubles cardiaques existants (insuffisance cardiaque, troubles du rythme cardiaque…).
Chez les femmes ménopausées, elle peut provoquer ou aggraver la perte de masse osseuse.