Cancers du pancréas : comment est établi le diagnostic ?

Quelles que soient les circonstances de découverte, un certain nombre d’examens doivent être réalisés pour confirmer le diagnostic du cancer du pancréas et en évaluer son degré d’extension. L’ensemble de ces examens constituent le bilan diagnostique.

Il comporte :

  • le bilan initial, qui a pour objectif de confirmer la présence d’un cancer, de le localiser et de définir de quel type de cancer il s’agit ;
  • le bilan d’extension, qui a pour but de déterminer les modalités de traitement.

Il consiste à évaluer l’étendue du cancer, c’est-à-dire à déterminer jusqu’où il s’est propagé et à chercher d’éventuelles métastases.

Les examens les plus souvent réalisés et leurs objectifs sont présentés ci-dessous. L’ordre dans lequel ils sont effectués peut varier d’une personne à l’autre. Ils ne sont pas tous systématiques et si besoin, d’autres peuvent vous être proposés.

Cette étape peut vous sembler longue, mais un bilan précis est indispensable pour vous proposer un traitement adapté.

Quels peuvent être les examens pour confirmer la présence d’un cancer (ou bilan initial) ?

Examen clinique

Systématique

Votre médecin procède d’abord à un examen clinique.

Il vous examine en réalisant, notamment, une palpation de l’abdomen.

Il vous interroge sur vos antécédents médicaux personnels et familiaux, ainsi que sur les symptômes que vous pourriez ressentir (perte de poids et d’appétit, douleurs abdominales ou douleurs ressenties dans le dos, par exemple).

Objectifs :

  • faire un bilan de votre état général ;
  • détecter des signes éventuels d’un cancer du pancréas et d’extension à des organes voisins (foie, péritoine, etc.) ;
  • s’informer sur vos antécédents médicaux personnels et familiaux, et sur vos traitements en cours ;
  • recenser vos facteurs de risque (dont le tabac, l’alcool, le surpoids).

Scanner thoracoabdominopelvien

Systématique

Un scanner thoracoabdominopelvien est ensuite systématiquement effectué.

Cet examen indolore d’imagerie permet, à l’aide de rayons X, d’obtenir des images du thorax, de l’abdomen (qui contient les organes du système digestif) et de la région pelvienne (vessie, utérus, ovaires, prostate, rectum…). On parle aussi de tomodensitométrie, abrégée en TDM.

Le scanner est le principal examen permettant d’évaluer si la tumeur est résécable, c’est-à-dire si elle peut être retirée complètement par chirurgie.

Pendant l’examen, un produit de contraste (contenant de l’iode) est injecté pour visualiser les vaisseaux sanguins et mieux distinguer les éventuelles anomalies dans les organes.

Objectifs :

  • faire le diagnostic de la tumeur et, souvent, affirmer sa nature maligne (adénocarcinome pancréatique) ;
  • préciser la taille de la tumeur et sa localisation dans le pancréas ;
  • évaluer l’extension du cancer sur les organes voisins et à distance du pancréas : développement de la tumeur sur des vaisseaux sanguins à proximité du pancréas, présence de métastases éventuelles, etc. Cela contribue au choix du traitement ;
  • évaluer la résécabilité de la tumeur, c’est-à-dire déterminer si la tumeur peut être retirée complètement par chirurgie.

Écho-endoscopie associée à une biopsie

Non systématique

Une écho-endoscopie est souvent réalisée.

Cet examen (qui associe une échographie à une endoscopie) permet d’explorer, par les voies naturelles, l’intérieur de l’abdomen à l’aide d’un endoscope, un tube souple équipé d’une caméra et d’une sonde d’échographie. Il est réalisé par un gastroentérologue, généralement sous anesthésie générale. Le médecin insère l’endoscope par la bouche et le fait glisser jusque dans l’intestin. Au bout de l’endoscope, une sonde d’échographie permet d’obtenir des images de l’intérieur de l’abdomen depuis l’intestin.

Lors de l’écho-endoscopie, le médecin prélève des fragments de tissus au niveau de la tumeur du pancréas ; c’est ce qu’on appelle la biopsie.

Objectifs :

  • déterminer précisément les relations entre la tumeur et les vaisseaux sanguins à proximité du pancréas ;
  • déterminer si une intervention par chirurgie est réalisable ;
  • cet examen permet également d’effectuer des prélèvements (biopsie pancréatique).

Ces échantillons sont ensuite analysés pour définir les caractéristiques de la tumeur et confirmer le diagnostic de cancer, avec l’examen anatomopathologique.


Examen anatomopathologique

Systématique (après une biopsie ou une exérèse)

Examen des tissus ou des cellules prélevés lors de la biopsie ou lors de la chirurgie.

Cet examen est réalisé à l’œil nu puis au microscope par un médecin spécialiste appelé anatomopathologiste, anatomo-cytopathologiste ou pathologiste.

Selon les situations, une analyse d’éventuelles altérations moléculaires est effectuée dans un échantillon de tumeur.

Objectifs :

Examen indispensable pour diagnostiquer de façon certaine un cancer. Il permet d’étudier les caractéristiques des cellules de la tumeur (histologie, altérations moléculaires si besoin) et d’identifier des facteurs pronostiques tels que la taille de la tumeur, un envahissement ganglionnaire éventuel, la distance entre la tumeur et les marges de résection.


Échographie abdominale

Prescrite si la réalisation d’un scanner n’est pas possible rapidement.

Non systématique

Examen indolore qui permet de regarder l’intérieur du corps à travers la peau.

Le médecin fait glisser sur l’abdomen une sonde qui produit des ultrasons (vibrations non audibles par l’oreille humaine). Quand ils rencontrent des tissus, les ultrasons sont renvoyés vers la sonde sous forme d’écho. Capté par un ordinateur, l’écho est transformé en image sur un écran.

Objectifs :

  • visualiser la tumeur ;
  • détecter une dilatation des canaux qui transportent la bile (cholédoque), provoquée par la tumeur ;
  • repérer une extension du cancer sur d’autres organes de l’abdomen (sur le foie, par exemple) ;
  • guider la biopsie d’éventuelles métastases hépatiques.

Bilan biologique

Systématique

Une prise de sang est systématiquement effectuée pour fournir des renseignements sur votre état de santé général.

Avant de débuter les traitements, on mesure dans le sang :

  • la quantité et la qualité des différentes cellules sanguines (on parle de numération formule sanguine (NFS) ou encore d’hémogramme) ;
  • le taux de créatinine, qui permet de vérifier le bon fonctionnement du rein ;
  • la clairance de la créatinine pour apprécier la vitesse de filtration du rein ;
  • le taux de certaines enzymes et protéines fabriquées par le foie (transaminases, albumine, etc.) pour évaluer l’état de la fonction hépatique ;
  • la glycémie, c’est-à-dire la quantité de glucose (sucre) présent dans le sang.

La prise de sang permet aussi de mesurer, dans certains cas, le taux de concentration d’un marqueur tumoral appelé CA 19-9, l’antigène carbohydrate 19-9. Il s’agit d’une protéine sécrétée par certaines cellules cancéreuses du pancréas.

Objectifs :

  • fournir des renseignements sur l’état de santé général, vérifier qu’il n’y a pas de contre-indications à certains examens ou traitements ;
  • le dosage du CA 19-19 peut donner une indication sur la présence d’une tumeur et l’évolution de la maladie.

En revanche, cette mesure n’a pas une valeur diagnostique parfaite, car un cancer du pancréas peut se développer ou évoluer sans que le taux de CA 19-9 augmente. À l’inverse, il existe d’autres causes d’augmentation du CA 19-9 (gêne à l’élimination de la bile, diabète, autres).


IRM pancréatique

Non systématique

L’IRM pancréatique est un examen d’imagerie qui associe un puissant aimant et des ondes radio pour obtenir des images « en coupe » du pancréas.

Objectifs :

  • visualiser la tumeur, préciser sa taille et sa localisation dans le pancréas, ses conséquences sur les canaux biliaires ;
  • préciser le diagnostic d’adénocarcinome pancréatique, lorsque les images du scanner sont douteuses ;
  • détecter des métastases hépatiques.

Biopsie

Systématique (sauf en cas de tumeur résécable d’emblée)

  • Prélèvement d’un échantillon de tissu qui semble anormal.
  • Sur le pancréas, la biopsie est réalisée en même temps que l’écho-endoscopie. L’aiguille qui sert au prélèvement est déployée par l’endoscope, puis guidée jusqu’à la tumeur.
  • En cas de métastase (hépatique le plus souvent), elle peut être faite sous guidage échographique.

Objectifs :

  • récupérer des échantillons de tissus qui semblent anormaux pour les analyser et déterminer s’ils sont de nature cancéreuse ou non (voir examen anatomopathologique) ;
  • ces échantillons peuvent également être conservés après l’opération dans une bibliothèque de tumeurs (tumorothèque), en vue de recherches ultérieures.

Quels examens permettent d’évaluer l’extension de la tumeur (bilan d’extension) ?

D’autres examens peuvent être prescrits pour mieux préciser l’extension du cancer.

IRM hépatique

Systématique (prescrite avant toute pancréatectomie)

L’IRM hépatique est un examen d’imagerie qui utilise un puissant aimant et des ondes radio pour obtenir des images « en coupe » du foie.

Une IRM hépatique permet de déterminer si des métastases se sont développées dans le foie.

Objectif :

l’IRM permet, en complément du scanner, de déterminer si des métastases se sont développées dans le foie, car elles sont parfois invisibles au scanner.


Ponctions et biopsie

Une biopsie, guidée par une échographie, des lésions hépatiques est effectuée avant une intervention chirurgicale de résection en cas de doute quant à la nature métastatique des lésions.

Plus rarement, une biopsie de des ganglions lymphatiques lombo-aortiques est effectuée si les examens d’imagerie laissent supposer une atteinte de ces ganglions (pour déterminer si des métastases sont présentes).

Objectifs :

  • déterminer si les lésions visibles sur le foie sont des métastases (en les différenciant d’un abcès, par exemple) ;
  • déterminer si des métastases ganglionnaires lombo-aortiques sont présentes.

Tomographie par émission de positons (TEP-TDM ou TEP Scan)

Non systématique

Cet examen indolore permet de réaliser des images « en coupe » du corps entier, après injection dans le sang d’un traceur faiblement radioactif. Ce traceur a la particularité de se fixer sur les cellules cancéreuses.

La TEP-TDM fournit des images de la répartition du traceur et donc des cellules cancéreuses dans tout le corps, visualisables par ordinateur. une atteinte de ces ganglions.

Objectif :

repérer des foyers de cellules cancéreuses partout dans le corps si le scanner (TDM) et/ou l’IRM sont insuffisants pour les détecter ou les caractériser.


En quoi consiste les examens du bilan préthérapeutique ?

Enfin, avant de commencer les traitements, un bilan préthérapeutique est réalisé.

Évaluation clinique et nutritionnelle initiale

Systématique

  • Calcul de l’IMC : indice de masse corporelle qui se calcule en divisant le poids d’une personne par sa taille au carré (poids en kg/taille en m x taille en m).
  • Dosage dans le sang des taux d’albumine, de pré-albumine et de CRP.

Un bon équilibre nutritionnel est indispensable avant le début du traitement, car il conditionne le pronostic. Cette évaluation permet d’identifier un état de dénutrition et d’y remédier par des mesures adaptées.

Quand parle-t-on de dénutrition ?

La dénutrition est un état de déficit en énergie (calories) et protéines consécutif à un déséquilibre entre apports nutritionnels et énergie dépensée par le corps. Une personne est généralement considérée comme dénutrie en cas de perte de plus de 5 % de son poids habituel en 1 mois ou de plus de 10 % en 6 mois (si une personne de 60 kilos perd 3 kilos en 1 mois ou 6 kilos en 6 mois, par exemple).

Au cours de la maladie, l’alerte doit être donnée dès que la perte de poids atteint au moins 5 % du poids habituel, quelle que soit sa vitesse d’apparition.

Si vous êtes en surpoids, vous êtes aussi à risque de dénutrition, donc vous devez aussi surveiller votre poids.

En cas de dénutrition, des solutions peuvent vous être proposées

Pour en savoir plus sur le rôle de la nutrition et sur la dénutrition, ainsi que sur ses risques, consultez notre dossier

La dénutrition

Illustration de Pierre Bourcier - Les Conséquences de la dénutrition

Un bon état nutritionnel est indispensable pour le bon déroulement des traitements.

Évaluation gériatrique

Systématique pour les personnes âgées de plus de 75 ans

Tests G8, VES 13, FOG, etc.

Il s’agit de tests visant à dépister la fragilité du patient reposant sur plusieurs composantes dont :

  • l’autonomie motrice ;
  • l’auto-évaluation de son état de santé ;
  • le nombre de médicaments pris au long cours, leurs indications et les risques d’interactions ;
  • l’évaluation nutritionnelle ;
  • l’état des fonctions cognitives ;
  • l’état psychologique.

Objectifs :

Cette évaluation en cancérologie permet d’adapter les traitements anticancéreux et de prendre en compte les spécificités des personnes âgées.

Les tumeurs bénignes du pancréas

Les tumeurs bénignes ne sont pas des cancers. Ce sont des masses, ou nodules, qui se développent sur le pancréas et qui, le plus souvent, ne provoquent pas de problèmes de santé. Elles sont rares et représentent environ 2 % des masses suspectes découvertes. Elles ont souvent un contenu liquidien (kystique).

Les formes les plus fréquentes de masses bénignes du pancréas sont le pseudokyste et le cystadénome séreux, qui restent toujours bénins.

En revanche, d’autres lésions kystiques doivent être surveillées, voire opérées, car elles ont un potentiel de transformation maligne. Il s’agit des tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses (TIPMP) et du cystadénome mucineux.