Chercher pour mieux prévenir

Pourquoi dit-on que le cancer est une maladie « multifactorielle » ? Quels sont les principaux facteurs de risque de cancers ? Manger sainement, ne pas fumer, etc., est-ce vraiment utile ?

Chercher pour mieux prévenir les cancers, c'est comprendre les mécanismes des facteurs de risque, ainsi que les interactions existant entre les facteurs identifiés, découvrir comment limiter l'impact des risques considérés comme évitables et identifier les moyens de prévenir, ou de détecter au plus tôt, certains cancers touchant des populations à risque non évitable. C'est un enjeu de société très important : on estime qu'environ un tiers des cancers pourraient être évités grâce à la prévention.

La recherche en prévention vise aussi à évaluer les substances ou actions susceptibles de contribuer à la protection de la population contre les cancers.

Limiter l'impact des facteurs de risque évitables

 

 

« Mangez 5 fruits et légumes par jour », « Evitez de vous exposer au soleil entre 11h et 15h »... Derrière ces messages préventifs bien connus, des études épidémiologiques, menées sur un nombre important de personnes durant plusieurs années ou dizaines d'années, ont permis d'identifier de nombreux facteurs de risque d'apparition de cancers. Certains sont évitables, d'autres ne le sont pas.

Les principaux facteurs évitables sont liés à des comportements à risque : tabagisme, alcoolisme, obésité, sédentarité, manque de protection aux expositions au travail, exposition excessive au soleil... De nombreux moyens de réduction de ces risques sont connus, comme l'interdiction de fumer dans les lieux publics et le soutien au sevrage tabagique, la sensibilisation de la population aux effets de l'alcool et des expositions solaires excessives, ou l'importance d'une alimentation équilibrée.

Il existe aussi certains vaccins préventifs ciblant des virus « oncogènes », c'est-à-dire susceptibles de provoquer un cancer, comme dans le cas du cancer du col de l'utérus provoqué par des papillomavirus. Une équipe de l'Institut Pasteur travaille ainsi spécifiquement sur la découverte de nouveaux vaccins préventifs contre ces virus.

Mieux comprendre les facteurs de risque non évitables

D'autres facteurs de risque sont considérés comme non évitables :

  • Liés à notre environnement : pollution, ondes électromagnétiques...
  • Liés à notre patrimoine génétique : prédisposition familiale, terrain personnel fragilisé... C'est le cas, par exemple, des femmes porteuses d'un gène muté BRCA 1 ou BRCA 2, ce qui les prédispose aux cancers du sein et de l'ovaire. L'hérédité joue un rôle majeur chez 5% des personnes atteintes d'un cancer.

En ce qui concerne ces risques, la recherche en prévention se concentre sur les moyens d'aider les personnes concernées à modifier leurs comportements à risques mais aussi de détecter, le plus tôt possible, les cancers susceptibles de toucher les populations exposées. Pour ce faire, les chercheurs peuvent observer l'effet du facteur de risque étudié sur un biomarqueur dont la modification est censée précéder l'apparition des symptômes d'un cancer donné. Ce type d'études est appelé à se multiplier : de plus en plus de biomarqueurs sont identifiés pour chaque type de cancer.

Mieux cerner l'interaction des risques

L'une des difficultés de la recherche préventive, c'est que le cancer est une maladie multifactorielle : il n'existe pas aujourd'hui de type de cancer qui puisse être attribué à une cause unique. L'apparition de ces pathologies est généralement le résultat de plusieurs interactions entre différents types de facteurs, or ces processus sont complexes et de nombreuses inconnues demeurent. En effet, certains risques potentiels ne sont pas évalués, faute de preuves suffisantes de leur impact sur la santé.

Les chercheurs poursuivent ainsi leurs travaux sur l'identification des facteurs de risque potentiels. Ils travaillent également à mieux comprendre les relations et les interactions entre les facteurs de risque connus, afin de déterminer pourquoi un cancer donné est plus susceptible de se déclarer chez certaines personnes que chez d'autres. Pour ce faire, ils peuvent notamment s'appuyer sur les résultats des études épidémiologiques dont ils disposent.

Ils disposent aussi, désormais, d'outils qui leur permettent de comparer en laboratoire les gènes de personnes atteintes d'un cancer en particulier avec ceux de personnes saines. Ces études sur le génome peuvent ouvrir la voie à de nouvelles pistes visant à trouver d'autres facteurs de risque de cancers, ou à mieux cerner l'impact combiné de facteurs déjà connus.