Rémission

Après la fin des traitements du cancer, on parle de rémission. D'autres traitements peuvent être commencés ou poursuivis à cette étape pour traiter d'éventuelles séquelles (douleurs, problèmes hormonaux) ou pour diminuer le risque de récidive dans les années suivantes (par exemple une hormonothérapie pour le cancer du sein).

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est une période qui n'est pas toujours très simple à vivre. Jusqu'alors, la maladie et les traitements occupaient la vie du patient, le tourbillon dans lequel il se trouvait s'arrête. Le patient peut avoir l'impression d'être laissé tombé, ou abandonné. Il a souvent des difficultés à se sentir en sécurité alors qu'on ne lui demande plus de s'investir dans les traitements. À cette période, l'entourage est très important. Le patient qui vient d'être soigné d'un cancer est fragilisé en raison des traitements et de la sensation de menace de mort suspendue au-dessus de sa tête. Car le patient en a souvent conscience : il faut plusieurs années pour que les médecins parlent de guérison. En attendant, il s'agit d'une rémission. Et cette incertitude est difficile à gérer.

« Le proche est là pour continuer la vie et non la maladie » Jean- Pierre

Certaines opérations, notamment celles qui ont pu affecter les cordes vocales, vont être difficiles à vivre pour le patient et son entourage. La communication s'en trouve affectée. Il peut être frustrant de ne pas pouvoir partager certaines émotions à cause d'une voix transformée. Ceci est un exemple des séquelles de traitements qui touchent profondément la vie intime du patient et qui ont des répercussions dans ses relations avec les autres. Ce n'est pas uniquement la gêne occasionnée par ce handicap qui affecte le patient, mais l'impact de cette modification dans la transmission de ses émotions. Il faudra du temps pour que ce type de changement puisse être discuté avec l'entourage. Chacun va apprendre ce qui affecte le plus l'autre et découvrir ensemble ce qui les touche le plus. Le patient a besoin de temps pour sortir de sa maladie, retrouver une autre image de lui-même et récupérer de l'énergie, tant au niveau physique que psychologique.

Les proches doivent comprendre que le patient peut se sentir encore fatigué et lui laisser du temps. Il arrive souvent que des patients remettent en cause des aspects de leur vie, alors que leurs proches désirent avant tout que la vie redevienne « comme avant ». Ils peuvent être inquiets de certains changements de vie auxquels le patient aspire. Le patient peut se sentir bousculé, tout en se culpabilisant de ne pas parvenir à être comme avant la maladie. Il est important d'accepter que cette réadaptation prenne du temps. Pour la personne malade, les choses ne seront désormais plus tout à fait comme avant.

« Après son cancer du sein, ma femme s'est investie dans des activités associatives et a laissé tomber un certain nombre d'activités d'avant. Son quotidien a changé après la maladie, et le mien aussi. Ma femme m'a dit qu'après l'épreuve qu'elle a traversée, sa vie ne pouvait plus être comme avant. Au début, j'ai eu du mal à comprendre cela, mais de la voir aussi épanouie aujourd'hui me conforte dans l'idée qu'il ne faut pas obliger à ce que la vie redevienne comme avant, c'est impossible. Je partage aujourd'hui certaines de ses nouvelles activités. Notre vie s'est réinventée » Maxime

D'autres proches veulent protéger la personne comme si elle était encore malade, mais celle-ci ne le désire pas toujours. Traverser la maladie est une épreuve pour tous et chacun a besoin de temps pour se retrouver. Il est important de se laisser du temps pour comprendre, échanger et reconstruire les relations avec son entourage. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire face à cette épreuve : chacun réagit à sa façon, selon son caractère, son vécu et son histoire. Discuter de ce que l'on ressent, des besoins de chacun permet d'éviter les malentendus et de trouver un nouvel équilibre au sein de la famille.

Le patient doit prendre soin de lui après cette période de traitements. Parfois, la présence d'une aide à domicile ou d'une infirmière s'il reste des soins à effectuer, permet d'éviter une fatigue supplémentaire et de l'aider de façon transitoire. Les proches, mais aussi les bénévoles d'associations peuvent accompagner le patient lors du retour à domicile. Les premières nuits à domicile sont souvent angoissantes. Ce peut être le moment de les solliciter. Ils sont souvent disponibles pour écouter le patient et prêts à l'aider. Il est normal d'avoir envie ou besoin de pleurer. Oser pleurer n'est néfaste ni pour le patient, ni pour ses proches. Bien souvent, extérioriser son angoisse permet d'aller mieux après. Chacun peut tenter de comprendre et accepter les réactions des uns et des autres, même si elles sont un peu vives. Il arrive cependant que les attitudes de la personne qui a été malade et de ses proches s'opposent, ce qui peut devenir difficile à vivre.

Lors de cette période, l'incertitude sur l'avenir reste présente à l'esprit de tous. Parfois, l'un se montre optimiste et insouciant, tandis que l'autre au contraire manifeste sa préoccupation. Inversement, il peut arriver à d'autres moments que l'un soit prévenant et affectueux et que l'autre se trouve alors trop protégé et revendique plus d'indépendance. Il est difficile de ne pas se trouver en phase lorsque l'on souhaite oublier le souci de la maladie. Chacun se sent si démuni et vulnérable qu'il a de la peine à trouver tout seul un peu de sérénité et oublie que l'autre fait « ce qu'il peut ». Il ne faut pas hésiter à faire partager de telles difficultés avec d'autres : professionnels de santé, amis... Il est important de laisser aux uns et aux autres le temps d'accepter les changements engendrés par la maladie et de retrouver un nouvel équilibre.