Aider vos patients à s'arrêter de fumer

Ne pas commencer à fumer, ou s'arrêter, constitue la meilleure stratégie pour réduire son risque individuel de cancer. Votre rôle est important pour faire prendre conscience à tous vos patients des dangers du tabac et leur recommander le sevrage tabagique.

Première cause de mortalité évitable en France, le tabagisme actif est responsable d’un quart des décès par cancer. Il augmente le risque de cancer pour 17 localisations différentes (poumon, VADS, vessie, pancréas, rein, col de l’utérus, estomac, ovaire, colon-rectum, certaines leucémies, sein…).

L’arrêt du tabac réduit les risques de mortalité prématurée et de survenue ou d’aggravation des pathologies associées. Un fumeur a 70 % plus de chances d’arrêter s’il reçoit l’aide d’un professionnel de santé. C’est pourquoi la Haute Autorité de santé (HAS) a précisé, en 2014, que « tous les professionnels de santé doivent conseiller à chaque fumeur d’arrêter de fumer, quelle que soit la forme du tabac utilisée, et lui proposer des conseils et une assistance pour arrêter ».

Pour vous aider à proposer, initier et soutenir la démarche de sevrage tabagique de vos patients, la HAS a actualisé ses recommandations de bonne pratique sur les méthodes de sevrage tabagique.

Conseiller l’arrêt du tabac, accompagner le sevrage, prévenir les rechutes : le site Tabac-Info-Service regroupe les conseils et outils pratiques destinés à vous aider à aborder la question de l’arrêt du tabac avec vos patients. Cette boîte à outils d'aide au sevrage aborde aussi certains cas particuliers, dont celui des patients atteints d’un cancer.

Accompagner les jeunes dans l’arrêt du tabac nécessite des outils techniques adaptés. C’est pourquoi la Fédération Addiction a édité, en partenariat avec le Réseau de prévention des addictions (RESPADD) et grâce au soutien financier de l’Institut, un kit « Jeunes et tabac : prévenir, réduire les risques et accompagner vers l’arrêt », composé d’un manuel pratique dédié aux professionnels de santé, d’une brochure à destination des jeunes : « Le tabac, t’en es où ? » et d’une affiche.

Aider vos patients atteints de cancer à s'arrêter de fumer

Environ 22 % des patients atteints d’un cancer fument au moment de leur diagnostic. L’accompagnement à l’arrêt du tabac doit constituer un élément à part entière du traitement d'un cancer et doit être commencé le plus tôt possible.

L'Institut a publié une synthèse : « Arrêt du tabac dans la prise en charge du patient atteint de cancer » pour faire le point sur les effets spécifiques de la poursuite du tabagisme pour les patients atteints de cancer. Elle propose une information complète sur les bénéfices de l’arrêt du tabac pour les patients atteints de cancer, ainsi que sur les modalités et les différents niveaux d’intervention.

Cette synthèse souligne notamment que, quelle que soit la localisation du cancer et dès le début des traitements, en particulier avant la chirurgie, l’arrêt du tabac permet :

  • de réduire les risques périopératoires : infection, retard à la cicatrisation, complications respiratoires ;
  • de réduire certaines toxicités liées aux traitements : persistance de mucite, nécrose, complications gastro-intestinales.
  • d’améliorer le pronostic : diminution de la mortalité toutes causes et spécifique au cancer ;
  • de réduire les risques de nouveaux cancers primitifs, en particulier du poumon ;
  • d’améliorer la qualité de vie physique et psychique des malades. 

Le dépliant pratique « Arrêt du tabac dans la prise en charge du patient atteint de cancer », dédié aux professionnels de santé, est basé sur cette synthèse et en reprend les principales recommandations de façon synthétique.

Outil complémentaire, le dépliant « Traitement du cancer et tabac - Pourquoi arrêter et comment me faire aider ? », destiné à vos patients, est également disponible. Il vise à les informer sur les bénéfices de l’arrêt et les moyens d’y arriver.

Une démarche en trois étapes

Accompagner vos patients atteints d’un cancer à l’arrêt du tabac comporte trois grandes étapes :

Etapes pour l'arrêt du tabac

Quels substituts nicotiniques prescrire ?

Proposer une aide au sevrage lors d’un diagnostic de cancer, surtout au début de la prise en charge, augmente les chances d’arrêt durable.

On considère qu’une cigarette vaut 1 mg de nicotine : un patient fumant un paquet par jour nécessitera donc un dosage de substitution proche de 20 mg/jour. Cette dose peut être adaptée par la suite, en fonction du ressenti du patient (surdosage ou sous-dosage).

Pour être remboursés par l’assurance maladie, les traitements par substituts nicotiniques (TNS) doivent être prescrits sur une ordonnance dédiée à ces produits, sans mention d'un autre traitement, et figurer sur la liste des substituts nicotiniques pris en charge.

L'assurance maladie rembourse les TNS à hauteur de 50 euros par bénéficiaire et par année civile. Ce montant est porté à 150 euros pour les patients en ALD cancer, les femmes enceintes, les personnes entre 20 et 30 ans et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (ancienne CMU-C).

Et la cigarette électronique ou système électronique de délivrance de la nicotine (SEDEN) ?

En janvier 2022, le Haut Conseil de la santé publique a actualisé son avis de 2016 sur les bénéfices et les risques de la cigarette électronique. Il souligne que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les systèmes électroniques de délivrance de la nicotine (SEDEN) comme aides au sevrage tabagique. Les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans cette démarche se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité.

Leur utilisation est déconseillée chez la femme enceinte fumeuse en l’absence de données sur l’efficacité, et par principe de précaution en l’absence de données sur les risques. Vous pouvez rappeler à vos patientes dans ce cas qu’il existe une alternative efficace et ayant prouvé son innocuité avec les Traitements par substituts nicotiniques (TSN).

Un patient atteint de cancer, présentant une forte dépendance nicotinique, et n’adhérant pas aux substituts ayant prouvé leur efficacité, doit être soutenu s’il souhaite utiliser les SEDEN. Cependant les traitements validés doivent être proposés en première intention.


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