Thérapies ciblées du cancer du poumon : les effets indésirables possibles

Les thérapies ciblées peuvent provoquer aussi :

  • des troubles de la vision ;
  • des affections de la peau et des ongles ;
  • des œdèmes (gonflements) ;
  • une hémorragie ;
  • des troubles rénaux ;
  • une toxicité sur le cœur.

L’anti-angiogénique peut conduire à :

  • une mauvaise cicatrisation ;
  • une phlébite et une embolie pulmonaire ;
  • de l’hypertension artérielle.

Certains inhibiteurs de tyrosine kinase peuvent induire :

  • une dyspepsie (digestion difficile et douloureuse) ;
  • des troubles hépatiques.

Des troubles de la vision

Les yeux peuvent être affectés par certaines thérapies ciblées. Les affections oculaires et les yeux qui pleurent sont très fréquents avec le bevacizumab. Les yeux peuvent devenir secs, puis rougir, gratter et faire mal avec l’erlotinib, le gefitinib et l’afatinib. Une conjonctivite (inflammation de la conjonctive, muqueuse qui tapisse l’intérieur des paupières et l’avant des yeux) et une blépharite (inflammation du bord libre de la paupière) surviennent alors fréquemment. En cas de blépharite, la paupière doit être nettoyée et des compresses chaudes appliquées. Une kératite (inflammation de la cornée, couche transparente à l’avant de l’œil) peut être associée à la prise de ces médicaments. Les porteurs de lentilles de contact doivent être vigilants au moindre symptôme, car leur utilisation constitue un facteur de risque de kératite. Le recours aux larmes artificielles permet de lutter contre le syndrome de l’œil sec. Les cils peuvent enfin être coupés avec précaution en cas d’allongement gênant. Cette pousse des cils est un effet indésirable possible notamment avec l’erlotinib, le gefitinib et l’afatinib. Elle est susceptible d’aggraver les conséquences de la sécheresse oculaire. Il est important de signaler sans délai la survenue rapide ou l’aggravation de symptômes oculaires (inflammation, larmoiement, sensibilité à la lumière, vision floue, douleur et/ou yeux rouges).

Avec le crizotinib, des stries ou des flashs lumineux à la périphérie du champ de vision peuvent survenir et persister moins d’une minute sans raison en situation de faible luminosité. Ces troubles visuels surviendraient moins fréquemment avec le temps. Ils ne sont pas graves. Mais des précautions doivent être prises en cas de conduite automobile nocturne ou dans un tunnel et en cas d’utilisation de machines en situation de faible luminosité.

Affections de la peau et des ongles

Des rashs, autrement dit des éruptions cutanées, sont très fréquents avec le crizotinib. Des éruptions cutanées (des folliculites, c’est-à-dire une inflammation de la peau autour des poils), une sécheresse de la peau avec des démangeaisons (encore appelées prurit) et des fissures sont fréquemment associées à la prise d’erlotinib, de gefitinib et d’afatinib. Les éruptions cutanées surviennent en début de traitement, dans les sept à dix jours après son instauration. L’exposition au soleil peut exacerber ces effets indésirables cutanés.

Conseils pratiques

À faire

Utiliser, pour la toilette, une base lavante sans parfum et de pH voisin de la peau (5,5).

Appliquer, après la toilette, une crème hydratante sur la peau une à deux fois par jour.

Protéger sa peau du soleil avec un chapeau, des vêtements et une crème solaire (indice de protection élevé, de 30 ou plus, à appliquer toutes les deux heures).

Porter des vêtements amples et des chaussures souples adaptées (avec éventuellement des semelles orthopédiques modifiant les points d’appui).

Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).

Couper les ongles de manière droite

Garder les mains au sec et hors de l’eau si possible.

Appliquer une solution antiseptique sur les folliculites.

En cas de paronychies (infections des ongles), appliquer des antiseptiques locaux, des corticoïdes locaux, une solution aqueuse de nitrate d’argent.

À éviter

Appliquer des crèmes grasses.

S’exposer à la chaleur (soleil, bains chauds) et au froid, en particulier les mains et les pieds.

S’exposer au soleil autour de midi lors des périodes estivales.

Pratiquer des activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (vaisselle, bricolage…).

Utiliser des pansements adhésifs ou des bandages serrés.

Marcher de manière prolongée et courir en cas de syndrome main-pied.

Couper les ongles trop courts

Recourir à des manucures et/ou pédicures personnelles traumatisantes.

Se ronger les ongles et/ou s’arracher la peau autour des ongles.

Porter des chaussures serrées et/ou à talon.

Exercer toutes pressions sur les ongles

Parmi les troubles cutanés, figure le syndrome main-pied qui se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Celui-ci se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques. Il peut survenir aussi avec le bevacizumab. Les ongles peuvent enfin être touchés surtout avec l’afatinib et également avec le gefitinib et l’erlotinib. Il s’agit d’infections (paronychies) et d’autres effets, qui surviennent plutôt tardivement après l’instauration du traitement et par poussées. Le fait de se ronger les ongles ou de s’arracher la peau autour des ongles est un facteur aggravant.

Si, malgré l’application de ces conseils, votre peau ou vos ongles deviennent sensibles ou douloureux, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Œdèmes

Des œdèmes (gonflements) des jambes, des bras… peuvent survenir avec le crizotinib notamment chez les femmes et en cas de facteurs favorisants (dont une baisse de l’albumine dans le sang). Chez les patients à risque, il peut alors être recommandé de porter des bas de contention et de suivre un régime pauvre en sel. Des œdèmes peuvent être observés sous bevacizumab. Le traitement par bevacizumab doit être définitivement arrêté si ces œdèmes sont associés à la présence de protéines dans les urines.

Risque d’hémorragie

Parmi les effets indésirables les plus graves du bevacizumab, figure le risque d’hémorragie (saignement important). En particulier, dans le cancer bronchique non à petites cellules, les hémorragies pulmonaires et les hémoptysies (crachats sanguinolents provenant des poumons) sont plus fréquentes avec ce médicament. Le gefitinib et l’erlotinib peuvent provoquer fréquemment aussi des hémorragies. Il est important de consulter rapidement un médecin si cet effet indésirable survient.

Troubles rénaux

L’erlotinib est responsable d’insuffisance rénale de manière fréquente. Le bevacizumab peut être responsable d’une toxicité rénale. Avant le début du traitement et au cours de celui-ci, il est nécessaire de surveiller le taux de protéines dans les urines. Le traitement par bevacizumab doit être définitivement arrêté si la présence de protéines dans les urines est associée à des œdèmes corporels. Avec l’afatinib, une surveillance rapprochée de la fonction rénale peut être mise en place dans certains cas. Cette thérapie ciblée n’est pas recommandée si vous avez une maladie sévère du rein. Le gefitinib peut fréquemment entraîner la présence de protéines dans les urines et une hausse du taux dans le sang de créatinine, composé témoin d’un dysfonctionnement des reins. Le crizotinib peut provoquer des kystes rénaux.

Toxicité cardiaque

Le crizotinib peut avoir un impact négatif sur le cœur, avec un risque de mort subite. Bien que ce risque soit relativement faible, il est favorisé par l’association de différents facteurs de risque comme une pathologie cardiaque déjà présente et/ou un âge élevé. Les principaux signes d’alerte d’une insuffisance cardiaque sont des difficultés à respirer, le gonflement des jambes… Un suivi et une détection précoce doivent être mis en place. Il existe aussi, avec le crizotinib, d’autres risques (syncopes, cœur qui bat moins vite…). Des effets cardiaques sont fréquemment observés avec le bevacizumab (accélération des battements du cœur appelée tachycardie, insuffisance cardiaque). L’afatinib pourrait aussi avoir une toxicité cardiovasculaire aggravée par des facteurs de risque.

Mauvaise cicatrisation

Le bevacizumab en particulier empêche une bonne cicatrisation des plaies après une intervention chirurgicale. C’est la raison pour laquelle ce traitement ne doit pas être commencé pendant au moins un mois après une intervention chirurgicale lourde ou tant que la plaie n’est pas totalement cicatrisée. En cas de complications de la cicatrisation d’une plaie pendant le traitement, celui-ci doit être interrompu jusqu’à la cicatrisation totale. Le traitement doit être suspendu lorsqu’une intervention chirurgicale est planifiée.

Risque de phlébite et d’embolie pulmonaire

Le bevacizumab en particulier peut également être responsable d’une phlébite pouvant provoquer une embolie pulmonaire qui peut se manifester par un essoufflement et parfois une douleur.

Le fait de cesser de fumer réduit le risque de formation de caillots sanguins.

Le fait de changer de position fréquemment, de faire des exercices pour les jambes et les chevilles et de se déplacer réduit également ce risque. Le médecin peut aussi vous prescrire un traitement préventif à base de faibles doses d’anticoagulants, qui réduit la probabilité de formation de caillots sanguins. Des bas de contention pourront également vous être prescrits, selon les cas.

Il est important de signaler en urgence à votre médecin la présence d’une rougeur, d’un gonflement, d’une douleur au niveau du mollet ou de la poitrine, ou un essoufflement anormal.

Hypertension artérielle

L’un des effets indésirables les plus fréquents du bevacizumab est l’hypertension artérielle, c’est-à-dire une tension trop élevée.

Digestion difficile et douloureuse

Certains inhibiteurs de tyrosine kinase peuvent provoquer une dyspepsie, c’est-à-dire une digestion difficile et douloureuse. Il est alors nécessaire d’adapter son régime alimentaire.

Troubles hépatiques

Certains inhibiteurs de tyrosine kinase peuvent avoir une incidence sur le fonctionnement du foie, surtout lorsque ce dernier fonctionne déjà mal. Une surveillance de certaines enzymes hépatiques est nécessaire, surtout en cas d’insuffisance hépatique, avec le crizotinib, le gefitinib, l’afatinib et l’erlotinib, car le taux de ces médicaments augmente alors dans le sang. Prévenez votre médecin en cas de symptômes évocateurs d’une atteinte hépatique (nausées, vomissements, fièvre, jaunisse – ictère – et douleurs abdominales).